UNE NOUVELLE LÉGISLATION
Depuis 2005, le Principe de Précaution est inscrit dans la Constitution. Dans la foulée, a été publié le 18 juin 2009 un « Arrêté relatif aux bonnes pratiques d’emploi des médicaments anticancéreux en médecine vétérinaire », avec l’objectif louable de protéger l’entourage et l’environnement des résidus de médicaments cytotoxiques secrétés par l’animal (dans sa peau, ses poils, sa salive, ses selles ou ses urines…), notamment pendant les jours suivant chaque séance de chimiothérapie. On pourra trouver certaines de ces dispositions un tantinet exagérées, par exemple lorsqu’il est demandé au propriétaire de ne plus caresser son chat à mains nues (met-on des gants et un masque pour faire la bise à une personne qui reçoit une chimiothérapie ?), ou de se munir d’une bouteille d’eau d’un litre minimum avant de partir en promenade, afin de diluer les urines du chien à chaque fois qu’il lève la patte contre un arbre !
Cette nouvelle législation est extrèmement contraignante pour les cliniques vétérinaires. Elle l’est moins pour les propriétaires et pour leur animal, mais elle entraîne tout de même quelques conséquences fâcheuses : en premier lieu, l’obligation d’hospitaliser le chien ou le chat pendant 24 heures après chaque séance de chimiothérapie (et parfois
davantage selon le produit utilisé : notion de « durée de surveillance accrue »). Cette obligation d’hospitaliser un animal atteint d’une maladie grave, et que l’on préfèrerait savoir dans son panier à la maison, plutôt que dans un box, même confortable, à la clinique vétérinaire, est souvent mal ressentie par les propriétaires. Elle a aussi conduit à une augmentation du coût de chaque séance, liée à l’augmentation du temps et du matériel nécessaires. Autres obligations un peu dérangeantes pour les propriétaires : quelques précautions à prendre à la maison, en particulier la collecte et l’élimination des déjections de leur animal. Tout ceci risque évidemment de réduire le nombre de chiens et de chats ayant accès à la chimiothérapie – mais tel était probablement l’objectif du législateur !
À titre indicatif, vous trouverez ci-dessous la liste des principales obligations créées par l’arrêté de juin 2009. Il est évidemment permis de zapper, mais une lecture, même en diagonale, est intéressante pour avoir une idée des contraintes engendrées par cette nouvelle législtation. Encore une fois, tous ces désagréments sont pris en charge par les cliniques vétérinaires : les animaux et leurs propriétaires n’en subiront pas de gêne, à l’exception de l’obligation d’hospitalisation déjà évoquée, (et du surcoût qui en découle), et de quelques précautions à prendre à la maison (par exemple la dilution des urines, mentionnée plus haut).
Donc pour information, et en résumé :
1 – Modalités d’habillage : le vétérinaire et l’assistante administrant la chimiothérapie doivent être équipés d’une blouse à usage unique, à fermeture dans le dos et à manches longues serrées au poignet, d’un masque à usage unique de type FFP2, d’une paire de lunettes de protection, d’une coiffe à usage unique, et de deux paires de gants superposées en latex, non talquées, d’une épaisseur minimum de 0,2 mm (photo ci-dessus à gauche, et en tête de l’article : administration, par perfusion, d’une chimiothérapie à l’adriblastine chez Chipie, plus de seize ans, récemment opérée de tumeurs mammaires cancéreuses).
2 – Modalités de stockage : les médicaments anticancéreux sont stockés à l’écart des autres, dans des rangements cloisonnés et très clairement identifiés (photo de droite : rangement dans le réfrigérateur). Une liste exhaustive doit en être tenue et contrôlée régulièrement. Tout médicament reconstitué doit être placé dans un sac hermétique de type zyploc, portant une étiquette réglementaire à bords rouges (voir point n° 4). Les consignes de sécurité et de conduite à tenir en cas d’accident doivent être affichées à proximité. L’élimination des médicaments entamés et périmés est bien définie (point n° 8).
3 – Modalités de signalement des locaux, cages, boxes… : des panneaux portant les mentions « Manipulation de produits très actifs / entrée réglementée », ou « Chimiothérapie : contact interdit pour les personnes non équipées », seront apposés respectivement sur la porte de la pièce où se déroule la chimiothérapie (photo de gauche), et sur le box de l’animal, pendant toute la durée de son hospitalisation (photo ci-dessous à droite).
4 – Une fiche de préparation est éditée, mentionnant l’identification de l’animal, son poids le jour de l’administration, le nom du médicament et le dosage utilisé, la dose par m2 ou par kg, la dose en mg, le conditionnement de la préparation, le solvant utilisé pour la reconstitution, le volume de solvant nécessaire à la reconstitution, le soluté nécessaire à la dilution, le volume de dilution, et la date de préparation. Cette fiche est contrôlée par un deuxième vétérinaire qui y appose son visa. On rédige ensuite deux étiquettes à liseré rouge, réglementaires pour les préparations de substances vénéneuses, et on y inscrit le nom de l’animal, le nom du médicament, la dose à administrer, le volume total de la préparation, un numéro d’enregistrement, la date de préparation, les conditions de conservation, et la date de péremption. L’une de ces étiquettes est collée sur la préparation, l’autre sur la fiche de préparation, qui est ensuite archivée.
5 – La salle est préparée (signalétique mise en place, portes fermées, climatisation ou ventilation arrêtées…), ainsi que tout le matériel spécifique (seringues à embout verrouillable, conteneur en plastique rigide dédié à l’élimination des déchets de chimiothérapie…)
6 – La reconstitution d’un médicament de chimiothérapie lyophilisé se fait de préférence sous une hotte à flux d’air laminaire, ou à défaut à l’aide de seringues à embout verrouillable, le flacon étant entouré d’une compresse stérile.
7 – Modalités d’hospitalisation : le chien ou le chat est hospitalisé dans une cage qui permet de recueillir toutes ses urines et toutes ses selles, munie d’une signalétique
appropriée (voir point n° 3), et située le plus loin possible des cages des autres animaux (photo de droite : Chipie, déjà présentée plus haut, prenant son mal en patience pendant
les 24 heures d’hospitalisation réglementaires : cage à métabolisme permettant de recueillir
toutes les déjections, alèze jetable, signalétique sur la cage…). Seul peut accéder à cette cage le personnel formé, compétent, autorisé par le vétérinaire, et convenablement équipé (voir point n° 1). Les propriétaires ne pourront visiter leur animal que » de manière aussi limitée que possible, sous conditions d’un équipement adapté, et sous le contrôle du vétérinaire « . La durée minimum de l’hospitalisation est de 24 heures après chaque administration de médicament anticancéreux, afin de » prendre en charges les effets aigus des protocoles, susceptibles d’accroître substantiellement les risques de contamination humaine « . Tous les incidents (vomissements, diarrhées, souillures…) devront être consignés, l’ensemble du matériel utilisé pour l’hospitalisation (alèzes, litières…) sera considéré comme contaminé, et éliminé par une filière spéciale. Si l’animal doit être lavé, ce sera avec la tenue précédemment décrite (voir point n° 1), et en évitant toute éclaboussure et tout aérosol. Nettoyage et décontamination des cages et des surfaces se font selon des procédures bien précises.
8 – Modalités de gestion des déchets : tous les déchets de chimiothérapie sont stockés dans des conteneurs répondant à des normes bien précises, un pour les objets (potentiellement) piquants ou tranchants (aiguilles, flacons, ampoules…), un autre pour les autres déchets. L’élimination se fait par une filière spécifique habilitée à traiter les déchets à risques chimique, toxique et biologique. L’intégralité de l’équipement de protection décrit plus haut doit être portée pendant cette phase, avec des protocoles bien définis. Les médicaments non utilisés, entamés ou périmés sont eux aussi éliminés par une filière spéciale.
9 – Modalités de nettoyage et de décontamination des surfaces et des objets : pour nettoyer le box d’un chien ayant reçu une chimiothérapie, ou toute autre surface considérée comme contaminée, il faut porter deux paires de gants en latex non talquées, une blouse à manche longue à usage unique, un masque à filtre réglementaire, et une paire de lunettes de protection. Nettoyage et décontamination se font selon des règles bien précises, avec des protocoles particuliers en cas de contamination de l’air ambiant, et d’éclaboussures ou de bris de flacon.
10 – Modalités d’information à l’attention des propriétaires ou détenteurs de l’animal : une notice d’information est remise à tout propriétaire de chien ou de chat envisageant une chimiothérapie pour son animal, différente selon que celui-ci sera traité ponctuellement, par injections, dans une clinique vétérinaire, ou quotidiennement, par comprimés, à la maison. Cette notice informe les propriétaires des risques d’une chimiothérapie de leur animal pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, pendant la durée de surveillance accrue, variable selon chaque médicament utilisé (2 à 7 jours). Pendant cette période, les déjections devront être éliminées ou gérées d’une façon particulière. Le propriétaire doit ensuite signer et remettre à son vétérinaire une feuille de consentement, attestant qu’il a bien été informé des risques et des contraintes liés à la chimiothérapie.
11 – Traçabilité : des registres doivent être tenus pour enregistrer les ordonnances, les traitements administrés (propriétaire, animal, produits utilisés (numéro de lot, posologie, voie d’administration), identification des personnes ayant participé à l’administration du traitement, incidents éventuels…), et l’élimination des déchets. La preuve de l’efficacité des sauvegardes devra être apportée, et des exercices de traçabilité régulièrement réalisés.
ET CONCRÈTEMENT ?
Les protocoles les plus souvent utilisés :
L Asparaginase / vincristine / cyclophosphamide / prednisolone :
Ce protocole est utilisé essentiellement pour les lymphomes : soit comme traitement unique, par exemple chez un chien dont tous les ganglions sont devenus de la taille d’une orange (on ne pourra pas les retirer tous), soit en complément d’une chirurgie, par exemple lorsqu’un seul ganglion est touché, et qu’on l’a retiré et analysé. (Photo de gauche : ponction de rate chez une chienne : lymphome de haut grade, avec une population constituée uniquement de grands lymphoblastes, dont certains en division).
Injection intra-musculaire de L asparaginase la première semaine
Injection de vincristine en intra-veineuse stricte, après pose d’un cathéter (sous peine de faire des trous dans les tissus) + prise de comprimés de cyclophosphamide huit à dix heures plus tard, aux semaines deux, trois, quatre et cinq, puis une fois chaque trois semaines. La prednisolone est administrée en comprimés, d’abord tous les jours, puis un jour sur deux.
Pour chaque séance, le chien est hospitalisé un matin, et sort le lendemain soir. Les comprimés de prednisolone sont donnés à la maison.
Les effets secondaires sont rares, avec ce protocole. Nous avons parfois rencontré une baisse des globules blancs dans les jours qui suivent l’injection, ce qui peut favoriser une infection opportuniste et l’apparition d’une fièvre : nous avons donc l’habitude de mettre le chien sous un antibiotique courant, pendant quelques jours après chaque séance. Des cystites sont parfois associées à l’administration du cyclophosphamide.
Un protocole similaire, mais se limitant à la vincristine et à la prednisolone, est utilisé chez le chat, dans les mêmes conditions (seul pour un lymphome inopérable, ou en complément d’une chirurgie, par exemple après exérèse d’une tumeur intestinale, qui s’avèrerait être un lymphome après analyse). Concrètement, le chat est hospitalisé le matin, et sort le lendemain soir, une fois par semaine pendant quatre semaines, puis une fois chaque trois semaines ; les séances s’espacent un peu au-delà de six mois de traitement. Comme chez le chien, ce protocole est habituellement bien supporté par le chat.
Conséquences de la nouvelle législation : la durée de surveillance accrue, pendant laquelle les propriétaires doivent prendre des précautions à la maison (avec les déjections de l’animal, lors des caresses à main nue…) est de deux jours pour la vincristine (injectée le premier matin de l’hospitalisation), et de trois jours pour la cyclophosphamide (administré chez les chiens le soir du premier jour d’hospitalisation). La durée de surveillance accrue à la maison se limitera donc à une nuit pour les chats, mais sera de deux nuits et deux jours pour les chiens ayant reçu cette chimiothérapie.
Adriblastine (ou doxorubicine) :
Cette molécule est utilisée dans pas mal de cancers. L’une de ses principales indications est constituée par les lymphomes, comme le protocole ci-dessus : soit en première intention, soit en protocole de secours lorsque vincristine-cyclophosphamide-prednisolone ne fonctionnent plus et que le chien rechûte… soit en association : dans ce cas, on utilise une fois vincristine-cyclophosphamide, l’adriblastine trois semaines plus tard, etc. Les adénocarcinomes, en particulier les tumeurs mammaires, constituent une autre indication fréquente. (Photo de droite : tumeur mammaire de très grande taille, pendouillant sous le ventre d’une chienne). Après retrait chirurgical de la tumeur mammaire, une série d’injections d’adriblastine est conseillée lorsque l’analyse histologique nous indique que cette tumeur mammaire était très agressive, et que des cellules cancéreuses ont été vues, en train de se disséminer, dans les vaisseaux sanguins ou lymphatiques de la tumeur.
Le protocole est simple : une injection chaque trois semaines, par l’intermédiaire d’une perfusion (voir les deux photos de Chipie, en début d’article). À ne surtout pas passer à côté de la veine : comme la vincristine, l’adriblastine fait des trous dans les tissus. Concrètement, le chien ou le chat est hospitalisé un matin, reçoit sa perfusion, et reste hospitalisé jusqu’au lendemain soir. Une fois rentré à la maison, il reste tout de même encore quatre jours de surveillance accrue à tirer ! (six jours en tout).
Une grosse limitation : une toxicité cumulative, cardiaque chez le chien, rénale chez le chat. Concrètement, cela signifie que lorsque le chien a reçu six ou sept doses d’adriblastine, son muscle cardiaque (myocarde) risque de se contracter moins efficacement. On contrôle donc le cœur du chien en échographie avant chaque séance, et on ne va généralement pas au-delà de six ou sept injections. Même chose chez le chat : là, les contrôles sont rénaux (prise de sang pour dosage de l’urée et de la créatinine), et on ne va généralement pas au-delà de sept ou huit séances.
En dehors de cette toxicité cumulative, que les examens de contrôle permettent d’anticiper, les effets secondaires sont habituellement limités : possibles fatigue et vomissements, dans les deux à quatre jours qui suivent l’injection. Certains anti-vomitifs permettent généralement d’éviter les vomissements.
Vinblastine :
Cette molécule est utilisée dans le traitement des mastocytomes, multicentriques (plusieurs tumeurs qui sortent sur le corps du chien), ou de haut grade (3/3, ou 2/3 avec un indice de prolifération élevé).
Photo de gauche : petite tumeur molle sur le doigt d’un chien. Photo de droite : ponction de la tumeur : tapis de mastocytes, permettant de diagnostiquer un mastocytome. Seul l’examen histologique, réalisé après exérèse chirurgicale, permet ensuite de déterminer le grade la tumeur, et de décider si une chimiothérapie sera nécessaire en complément de la chirurgie. Cela n’a pas été le cas dans l’exemple ci-dessus.
Elle aussi s’administre par voie intra-veineuse stricte, après pose d’un cathéter. Le protocole est le plus souvent d’une injection par semaine pendant un mois, puis d’une injection chaque quinze jours le deuxième mois, en association avec un corticoïde et un anti-acide, généralement poursuivis plus longtemps. Ce protocole est, bien sûr, variable (notamment en durée) selon le nombre et l’agressivité des mastocytomes, et les possibilités chirurgicales. (Tumeur unique avec exérèse chirurgicale large, tumeur étendue impossible à retirer complètement, nombreuses tumeurs impossibles à retirer toutes…). Concrètement, le chien est hospitalisé un matin, reçoit son injection, et rentre à la maison le lendemain soir.
La vinblastine est habituellement très bien supportée (effets secondaires chez moins de 1 % des chiens traités)
Avec une durée de surveillance accrue de deux jours pour la vinblastine, cette durée est quasiment terminée lorsque le chien regagne la maison, à l’issue de ses 36 heures d’hospitalisation (il ne reste alors qu’une nuit de surveillance accrue à la maison).
D’autres molécules sont utilisables pour traiter les mastocytomes : lomustine, masitinib et tocéranibe, s’administrent par voie orale, avec des avantages (les deux derniers échappent à la législation sur les chimiothérapies) et des inconvénients (coût, effets secondaires…), à discuter en fonction de chaque cas.
Melphalan, chlorambucil :
Il s’agit de deux agents alkylants qui ont l’avantage d’être peu onéreux, et de s’administrer par voie orale, en comprimés. Le melphalan est utilisé en prise quoitidienne, associé aux corticoïdes, pour le traitement du myélome multiple : il permet souvent des survies longues, supérieures à un an. On l’utilise aussi en complément de la chirurgie, dans le traitement d’un certain nombre de tumeurs, comme les adénocarcinomes des sacs anaux (glandes anales), surtout lorsqu’ils ont métastasé dans les ganglions de l’entrée du bassin : il est alors prescrit par cures de cinq à sept jours, chaque trois semaines. (Photo de droite : électrophorèse des protéines chez un chat atteint de myélome multiple : pic monoclonal caractéristique, à gauche sur la figure).
Le chlorambucil est utilisé en traitement d’entretien du myélome multiple, ou dans certains lymphomes peu agressifs, comme les lymphomes lymphocytaires de l’intestin du chat, ou encore dans les leucémies lymphoïdes chroniques. Il est souvent associé aux corticoïdes, avec des protocoles variables (quatre ou cinq jours de traitement chaque trois semaines, ou une prise un jour sur deux…)
Le principal effet secondaire, pour ces deux molécules, est une atteinte de la moelle osseuse (myélotoxicité) : celle-ci se traduit par une baisse des polynucléaires neutrophiles pour le chlorambucil (très rare, tardive, progressive, et réversible à l’arrêt du traitement), et par une chûte des plaquettes sanguines (plus rarement des polynucléaires), pour le melphalan. Celle-ci est longue à apparaître… mais également longue à disparaître à l’arrêt du traitement.
Peu onéreux, administration par voie orale, faible toxicité… ces médicaments auraient tous les avantages s’ils n’étaient en parfaite contradiction avec la loi de juin 2009, qui fait tout pour éviter l’administration de produits de chimiothérapie à la maison, et plus généralement ailleurs qu’en hospitalisation.
Plus rarement : Cisplatine et carboplatine :
Comme leur nom l’indique, il s’agit de deux composés du platine : on comprend donc que leur coût sera l’un des principaux facteurs limitant leur utilisation !
Le cisplatine s’utilise en complément de la chirurgie, sur les ostéosarcomes du chien (photo de gauche) : les ostéosarcomes sont des tumeurs osseuses très agressives, qui détruisent l’os, et métastasent très précocément. Certaines tumeurs de la vessie ou des cavités nasales (carcinomes), ainsi que de la plèvre ou de l’abdomen (mésothéliomes), constituent des indications moins fréquentes.
Le cisplatine est administré au chien par voie intra-veineuse stricte, au sein d’une perfusion abondante (diurèse forcée) pour limiter la toxicité rénale, le plus souvent en quatre séances à trois semaines d’intervalle. Il s’utilise aussi par voie locale (injection dans la tumeur elle-même, dans la plèvre…). Le cisplatine possède pour l’essentiel une forte toxicité digestive (100 % des chiens vomissent) et rénale (6 à 16 % d’insuffisance rénale après traitement), et une toxicité hématologique plus modérée (baisse des globules blancs). Il ne doit pas être utilisé chez le chat, chez qui il est systématiquement mortel (toxicité pulmonaire).
Le carboplatine est aussi efficace que le cisplatine sur les ostéosarcomes, en complément de la chirurgie, avec une survie médiane de dix mois et demi, et un taux de survie à un an de 34,5 %. Il est moins toxique pour les reins et l’appareil digestif, plus toxique pour les cellules du sang (globules blancs et plaquettes), mais on peut l’utiliser chez le chat. Il s’administre par voie intra-veineuse, en quatre séances à trois semaines d’intervalle chez le chien, quatre semaines chez le chat, ou par voie locale, en injection à l’intérieur de la tumeur.
Les anti-inflammatoires anti-COX 2 :
La cyclo-oxygénase (COX), et particulièrement l’une de ses formes (COX-2), est une enzyme réponsable de phénomènes inflammatoires. Cette enzyme est inhibée par les anti-inflammatoires, notamment les anti-COX2, qui combattent efficacement l’inflammation tout en ne provoquant que peu d’effets secondaires, notamment digestifs. Récemment, (puisque cette découverte ne remonte qu’à 1998 chez l’Homme), la COX-2 a été mise en évidence dans des tissus tumoraux, alors qu’elle est absente des tissus sains dont la tumeur est issue. Par exemple, la COX-2 est exprimée dans 100 % des carcinomes transitionnels de la vessie du chien, alors qu’elle est absente (0 %) de la vessie saine. On trouve également la COX-2 dans certaines tumeurs mammaires des chiennes (adénocarcinomes mammaires : 56-61 % vs 0-10 % dans la mamelle saine), dans les adénocarcinomes des cavités nasales (73 à 100 %), du rectum, du rein et de la prostate, dans les mélanomes (60 %), etc. En revanche, on ne trouve pas (ou très peu) de COX-2 dans les fibrosarcomes, ostéosarcomes ou lymphomes.
Les anti-inflammatoires, particulièrement les anti-COX-2, ont un effet sur les tumeurs exprimant la COX-2 : en particulier, ils contrarient la fabrication de vaisseaux sanguins par la tumeur (néo-vascularisation tumorale), et limitent la progression tumorale,
notamment en diminuant la production de protéines qui gênent la destruction des tumeurs (protéines anti-apoptose). Leur principale indication est le carcinome transitionnel de la vessie : cette tumeur se localise le plus souvent dans le trigone vésical (là où se situent l’arrivée des uretères et le départ de l’urètre), ce qui rend son
exérèse chirurgicale impossible. Les chimiothérapies classiques (cisplatine, carboplatine…) ne donnent pas de très bons résultats, et présentent de sérieux inconvénients (coût, effets secondaires). Les anti-inflammatoires (piroxicam, meloxicam…), constituent donc une alternative intéressante : ils présentent peu d’inconvénients (faible coût, peu d’effets secondaires, absence des contraintes liées à la chimiothérapie), et augmentent la médiane de survie des chiens atteints, permettant souvent une stabilisation, et parfois même une disparition de la tumeur. L’association au mitoxantrone améliore encore ces résultats. Il semble que les anti-COX-2 présentent également un intérêt dans le traitement des tumeurs mammaires de la chienne et de quelques autres tumeurs, mais les études n’en sont encore qu’à leur début. Les anti-COX-2 font aussi partie de la plupart des chimiothérapies métronomiques (voir ci-dessous).
Photo de gauche : carcinome transitionnel de la vessie chez une chienne Papillon de quinze ans et demi : la paroi de la vessie est épaisse, irrégulière, avec présence de masses dans l’épaisseur de la paroi. Le diagnostic a été confirmé par cytologie urinaire (ci-dessus à droite : cellules tumorales géantes, à plusieurs noyaux ou à noyaux anormaux). Photo de droite : aspect de la vessie sept mois plus tard, avec un traitement continu de meloxicam : normalisation de la paroi vésicale. Un an et demi après le diagnostic, la chienne ne présente aucun symptôme, et les contrôles échographiques montrent une disparition complète de la tumeur.
Et les chimiothérapies métronomiques :
Très à la mode actuellement, elles consistent à administrer quotidiennement de petites doses de produits que l’on utilisait jusque là à beaucoup plus forte dose, et de façon discontinue. L’exemple type en est le cyclophosphamide, administré tous les jours à petite dose à la maison, plutôt qu’à forte dose, une fois toutes les trois semaines, à la clinique. Le cyclophosphamide (ou d’autres produits) sont généralement associés aux anti-COX 2 évoqués plus haut.
Ces chimiothérapies présentent l’avantage d’être économiques, de se faire à la maison, et de provoquer moins d’effets secondaires (bien que l’on observe tout de même des cystites dues au cyclophosphamide, même administré à faible dose). Leur mode d’action a été partiellement éclairci : chez les chiens qui les reçoivent, il a été montré que la vascularisation des tumeurs (angiogenèse) diminue, et que les défenses de l’organisme (anticorps) dirigées contre la tumeur, faibles en début de traitement, remontent significativement pendant la chimiothérapie. Une augmentation des durées de vie a été constatée, avec deux limites malgré tout : ces traitements n’en sont qu’à leur début, et les études sur de grandes populations, avec groupe témoin non traité, font encore défaut. D’autre part, on les utilise surtout sur des tumeurs agressives, pour lesquelles on ne disposait pas jusque là de traitement très efficace, et l’augmentation de la durée de survie, si elle est significative, reste donc modeste (cinq-six mois vs deux mois en moyenne, après exérèse chirurgicale d’un hémangiosarcome de la rate chez un chien, selon que la chimiothérapie métronomique sera ou non utilisée).
Gros inconvénient de ces nouveaux protocoles : l’utilisation permanente de produits de chimiothérapie à la maison, en contradiction totale avec l’esprit de la nouvelle législation. L’animal se trouve ainsi en permanence sous le régime de la surveillance accrue.
Table des matières
- Les tumeurs mammaires chez la chienne : symptômes, traitement et prévention
- Peut-on prévenir leur apparition des tumeurs ?
- Le prix des soins vétérinaires pour chien
- Les soins réguliers
- Les imprévus
- Les maladies
- Souscrire à une assurance
- Tumeurs mammaires de la chienne : le Cancer Mammaire Inflammatoire
- Un modèle pour la pathologie comparée
- Aspects cliniques
- Aspects histologiques
- Diagnostic
- Evolution : des sites métastatiques particuliers
- Un profil antigénique très particulier
- Pronostic : un bilan d’extension particulier à prévoir
- Quel traitement ?
- Pour en savoir plus
- Résumé
- Plan
Les tumeurs mammaires chez la chienne : symptômes, traitement et prévention
Il est à noter que les tumeurs bénignes sont plus faciles à soigner et qu’une chienne sur deux survit à son cancer lorsque le traitement est mis en place tôt. Dans tous les cas, n’attendez pas. Une prise en charge précoce est le meilleur moyen de préserver les chances de survie de votre chienne.
Peut-on prévenir leur apparition des tumeurs ?
À ce jour, la meilleure prévention reste la stérilisation précoce de la chienne. En effet, la formation des tumeurs mammaires est favorisée par la production d’hormones sexuelles. Toutefois, si vous ne souhaitez pas stériliser votre chienne, ne lui donnez pas de contraceptifs, car ils augmentent le risque de tumeurs.
Il faut savoir que le risque qu’une chienne développe des tumeurs mammaires malgré une stérilisation dépend directement du moment où celle-ci est effectuée :
- Avant les premières chaleurs (6 à 7 mois de l’animal), le risque de tumeur est de 0,5 %.
- Avant les deuxièmes chaleurs, le risque passe à 8 %.
- Avant les troisièmes chaleurs, il atteint 26 %.
- Après les troisièmes chaleurs, le risque est équivalent à celui d’une chienne non stérilisée, mais le risque de pyomètre (accumulation de pus dans l’utérus) reste réduit.
Je fait un nouveau post comme tous mes ecrits ont été supprimes
.
Chienne bambine ayant une grosseur qui apparait et va de la tetine à la vulve
aout 2012 le veto lors d’1 exam de la chienne (paralysie totale du train arriere avec absence de reaction à la piqure du pied par une aiguille ) a trouve un nodule à une tetine (arr D) et a dit de surveiller qu’il ne grossisse pas
21/9/ 2013 je decouvre une zone dure à G–>consult
diag ce matin :mammite de la tetine arr G qui s’etend jusque autour de la vulve ,les glanglions sont gonfles
. T° normale
. il y a surement en plus une tumeur dans cette tetine car presence de granulations au toucher
. en pressant la tetine , ecoulement de liquide jaune-rouge
. en tatant toutes les tétines ,le nodule de la tetine arr D a un peu grossit ,presence d’1 grain de riz sous une tetine av D
.
la chienne est tres jalouse et devient mechante parfois (elle peut mordre l’autre chienne quand elle se fait caressser)
tres travailleuse ,peut rester des heures a regarder un troupeau ou les chiens du voisin(sans aller vers eux)
elle a 7 ans et déjà 2 crocs casses et dans les moignons restant c’est jaune dessus ,par contre je ne l’avais pas remarque car elle a toujours mange–>pas de douleur aux dents vraisemblablement
a 7 ans elle n’a fait que 2 fois des chiens alors qu’elle va voir un chien male 1 à 2 fois /an (elle n’accepte le male qu’1j par chaleur et choisit son male)
Debut mars 2013 avec l’arrivee d’un nouveau chien de 3 mois ,j’ai du recuperer son parc (pour mettre le chiot) et depuis elle est attachee(elle connaissait la chaine mais pour des durees de quelques heures seulement) .si elle voit le parc ouvert et vide elle a envie d’y retourner
est tres peureuse face à des chiens inconnus (chez le veto elle se cache sous les meubles ou la chaise si il y a d’autres chiens)
son inflammation du sein n’a pas l’air de lui faire mal ,ne la gène pas pour courir
depuis env debut 2013 je trouve qu’elle a grossit surtout devant et notament le cou
.
Apres essai de Calend (amel suivi d’un changement de remede peut etre à tort)
Le 2/10/13 je passe à PHYT7–>rien
Le 11/10 PHYT LM1–>le 16 chienne + vigoureuse pour sauter(le train arr la gene – surement)
26/10 suppuration liquide jaune-rouge
5/11 agg grosseur un grain grossit à D–>PHYT LM1 +dynamisé–>pas d’amel
.
29/11/13 forte agg–>PLB 5–>legere reduction grosseur et BAMBINE SE MET A JOUER AVEC LE JEUNE CHIEN
PLB 1f/semaine env–>cote D revient à un grain
Stagnation–>PLB 6 le 20/1
Stagnation–>18/2/2014 PLB LM 1
12/3 ne joue plus ,remord le jeune–> lm 1 + dynamisé
3 avril PLB LM 2
11/6/14 tumeur G grossit–> MED 30 1 fois
25/6 moins gros
8/7 PLB 4
16/7 PLB 3–>a légèrement rejoué un jour
La tumeur est tres gonflee,des zones rouges (très douloureuses) mais semble s’exterioriser comme un abces qui va eclater
La chienne n’hesite pas à sauter les barrières(–>peu douloureux) ,a maintenant tendance à lecher la tumeur
24/7 les 2 zones rouges se percent ,c’était du liquide jaune -rouge
25/7 PLB 5 car aucune evolution ni mentale ni de la tumeur
.
Anne me conseille de garder un oeil sur Sil pour :
– timide et tetu
– affectueux, craintive, peur des situations nouvelles
– amél par le magnétisme ( = toucher) donc par extension : action du magnétiseur sur arr train, et aime être caressé, cajolé
– attaché à leur habitude
– c’est le cas de l’élève modèle qui fait bien son travail
– lenteur de développement ( c’est sycotique mais ca appartient aussi à SIL, 1an pour dvt de la tumeur)
– SIL se retrouve dans bcp de rubrique de tumeur, induration, nodule, sein gauche ( 2 ou 3°)
– SIL fait murir les abcès
– SIL se retrouve dans les faiblesses, dl , raideurs des articulations, paralysie mb inf ( 2 ou 3°)
– rapport à l’orage
– en cherchant encore : tuméfaction ganglions indolore, sil est au 1°mais il y est
j’essaierai de confirmer par :
– sursaut pdt sommeil ? OUI elle sursaute si je le touche alors qu’il dort,elle en serait meme mechant sur le coup avant de me reconnaitre
– tendance aux abcès /suppuration de manière générale ? NON
– perte de poils ? elle a eu un trou de poil sur le dos à D juste apres les dernieres cotes le 27/9/13 le lendemain de la prise de Calend 200 et maintenant aucune perte de poils
.
Voici une photo actuelle
Au niveau mental elle ne joue pas avec l’autre mais n’est pas méchant
Au niveau vigueur elle va bien ,saute les barrières comme en 2012 ,est tres joyeuse avec ses patrons ,en gros si je ne savais pas cette tumeur je dirai qu’elle est en parfaite forme comme avant
Depuis env 1 an la tumeur a guère evoluée
Est elle en train de tourner en abcès ? ou d’evoluer vers la gravité ?
Aurais je du rester sur Calend ?
Apres PHYT LM 1 aurais je du passer à LM2,3..
MED devrait il etre renouvelé
Des PLB 12,18,30 seraient ils mieux
SIL parait pas mal mais il presente le risque de liberer dans tout le corps des cellules enkystees
Le prix des soins vétérinaires pour chien
Les soins réguliers
Ce sont les soins initiaux et réguliers que tout propriétaire de chien se doit de prendre en charge.
- les premiers vaccins du chiot, ceux contre les maladies canines courantes : hépatite de Rubarth, parvovirose, maladie de Carré, leptospirose, rage… Ces consultations vaccinales coûtent jusqu’à 70 € et deux fois plus au cours de la première année, puisqu’elles doivent être renouvelées.
- vermifuger son chien 2 à 4 fois par an : ce qui représente une dépense annuelle moyenne de 20 à 40 € – le prix dépend du poids du chien et du type de vermifuge.
- la castration et la stérilisation coûtent respectivement environ 150 à 200 € pour le mâle et entre 200 à 400 € pour la femelle. Le coût de ces chirurgies de convenance n’arrivera qu’une seule fois dans la vie de l’animal.
Les imprévus
Hélas, et malgré toutes les précautions que l’on peut prendre, le chien n’est jamais à l’abri d’un accident, qu’il soit domestique, sanitaire ou qu’il survienne à l’extérieur de la maison.
Il peut, par exemple, être percuté par une voiture (AVP : accident de la voie publique). Les blessures alors occasionnées peuvent aller de la simple plaie superficielle à la fracture multiple, avec de profondes lésions. Les soins légers, consistant à désinfecter et recoudre les plaies, coûtent autour de 100 à 150 €. Ceux plus lourds, nécessitant des radiographies et le traitement de fractures, peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines d’euros.
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Il se peut aussi qu’une blessure articulaire, musculaire ou osseuse survienne après un effort violent, prolongé ou un mouvement brusque faisant suite à un exercice inapproprié. La rupture des ligaments croisés du genou fait partie de ce type de risque, engendrant des coûts vétérinaires pouvant monter jusqu’à 1500 €.
Certaines races sont plus exposées à des accidents de santé spécifiques, comme la torsion de l’estomac – c’est le cas des chiens de grandes races. Les frais peuvent alors dépasser les 1500 € répartis entre la consultation vétérinaire d’urgence (jusqu’à 100 €), le bilan sanguin (50 à 100 €), la radiographie (50 €) l’intervention chirurgicale et l’hospitalisation (plus de 1000 €).
Parmi les imprévus que l’on peut aussi rencontrer : bagarre entre chiens, intoxications…
Les maladies
Tout comme l’être humain, le chien est exposé au risque de tomber malade, et ce, de manière occasionnelle ou chronique.
Le système digestif du chien est souvent mis à mal, tout comme sa peau, ses yeux, ses oreilles, ses facultés cardiaques et respiratoires, ainsi que ses articulations. Il peut s’agir de problèmes passagers, nécessitant une première consultation, la prise d’un traitement, puis une ou plusieurs visites de contrôle.
Il peut également s’agir d’une maladie chronique ou d’une affection grave, comme le cancer. Il faut alors compter une centaine d’euros pour l’analyse en laboratoire, puis 1200 à 1500 € pour les séances de radiothérapie. L’ablation d’une tumeur mammaire coûte, pour sa part, une moyenne de 600 €.
A lire aussi : « L’ostéopathie chez le chien »
Souscrire à une assurance
Les frais vétérinaires courants et exceptionnels peuvent donc représenter un budget faramineux. Si la santé d’un animal de compagnie, qui est un membre de la famille à part entière, est inestimable, il est aussi important de faire en sorte de garder des finances équilibrées.
Pour vous aider en cela, vous pouvez souscrire à l’une des assurances ou mutuelles santé dédiées aux animaux de compagnie. Elles se déclinent sous différentes formes et permettent de couvrir une variété de frais de prévention, de soins curatifs et de dépenses de santé spécifiques.
Les tumeurs mammaires sont des pathologies très fréquentes chez les chiennes non stérilisées. Notamment chez les femelles d’un certain âge ou chez celles manifestant des lactions nerveuses de manière récurrente.
Les tumeurs sont très fortement liées à l’imprégnation hormonale du tissu mammaire. C’est pourquoi la stérilisation précoce (avant les premières chaleurs) permet de limiter l’apparition de ces pathologies puisque les ovaires produisent les hormones impliquées. Cette stérilisation permet une protection de 99% des chiennes.
Il est donc vivement conseillé à un propriétaire ne souhaitant avoir de chiots de faire stérilser sa chienne le plus tôt possible!
On garde tout de même une bonne protection contre les tumeurs mammaires (>90%) en stérilisant avant l’âge d’un an, même si on laisse passer une fois des chaleurs. Car les tumeurs sont plus fréquemment bénignes dans cette espèce et d’évolution plus lente.
Il n’existe pas de traitement médical efficace contre les tumeurs mammaires. Les meilleurs traitements sont chirurgicaux:
- – exérèse d’une mammelle seule (non recommandée)
- – demi-chaine mammaire (incluant le ganglion)
- – chaine complète
Techniquement on ne pratique que rarement des biopsies préalables à une chirurgie chez les carnivores domestiques et cela pour plusieurs raisons :
- – les tumeurs sont fréquemment multiples (à la fois bénignes et malignes) donc on peut passer à côté d’une tumeur cancéreuse si la ponction est faite dans du tissu bénin et faire le mauvais choix en décidant de ne pas opérer. De plus une tumeur bénigne peut évoluer en tumeur maligne avec le temps.
- – le fait de ponctionner peut activer la tumeur et précipiter la dissémination de métastases.
- – une biopsie pour être réalisée dans de bonnes conditions doit être faite sous anesthésie générale. Le risque anesthésique étant le même, il est judicieux de procéder à l’exérèse de la tumeur et de la faire analyser en totalité, de façon à avoir le bon diagnostic.
Cependant le vétérinaire pourra vous proposer une radiographie du thorax avant de prendre la décision chirurgicale. En effet, dans les cas de tumeurs cancéreuses particulièrement agressives, le premier site de métastase est le poumon.
Enfin, procéder à l’analyse des tumeurs retirées par un laboratoire d’analyse anatomo-pathologique est toujours à conseiller.
Tumeurs mammaires de la chienne : le Cancer Mammaire Inflammatoire
08 Mai2014
Written by Cyrille Catoio. Posted in Actualités scientifiques, Articles
Photo Dr C. Muller
Les pathologistes du laboratoire vétérinaire LAPVSO ont assisté pour vous à
Annual seminar of the French Society of Veterinary Pathology
Canine and feline mammary tumors :new trends from old diseases
3 th- 5th November 2011
Institut Pasteur, Paris
25, rue du Docteur Roux – Paris
Pr Valentina Zappulli
(Padova, Italy)
Pr Robert Klopfleisch
(Berlin, Germany)
Pr Laura Peña Fernandez
(Madrid, Spain) Le Pr Laura Peña Fernandez, auteur de nombreux articles à ce sujet, a notamment exposé des données récentes concernant le :
Les tumeurs mammaires sont les néoplasies les plus fréquentes de la chienne, puisqu’elles représentent environ 50% de toutes les tumeurs pouvant l’affecter. Environ 50% d’entre elles sont malignes. Le cancer mammaire inflammatoire est une forme rare de tumeur mammaire de la chienne, qui se démarque par son développement brutal, son évolution fulminante et son pronostic sombre.
Un modèle pour la pathologie comparée
Le cancer mammaire inflammatoire (CMI) de la chienne est proposé comme modèle spontané du CMI de la femme avec lequel il partagerait des caractéristiques cliniques, histologiques et vraisemblablement génétiques et biologiques. Dans les deux espèces, il s’agit d’une forme de cancer mammaire localement très agressif dont le pronostic s’avère sombre. Chez la femme son incidence est de 1 à 5%, chez la chienne de 7,6% des tumeurs mammaires (4) . Dans ces deux espèces, l’incidence semble s’accroître depuis ces dernières années, la femme et la chienne étant vraisemblablement exposées aux mêmes carcinogènes environnementaux et nutritionnels, l’animal partageant souvent étroitement la vie de ses maîtres (4). La dénomination inflammatoire vient de l’aspect macroscopique des lésions se manifestant par une peau très enflammée et indurée avec œdème, érythème, chaleur et douleur, mimant un processus pathologique inflammatoire, comme une dermatite ou une mammite (1). Il s’agit dans les deux espèces de la forme de cancer mammaire la plus agressive.
Aspects cliniques
Le cancer mammaire inflammatoire n’est pas un type histologique de tumeur mammaire maligne, mais une entité clinique à part entière de survenue brutale et d’évolution fulminante. Il peut être primitif ou secondaire, c’est à dire apparaître avec ou sans antécédent de tumeur mammaire maligne. La forme secondaire se manifeste soit en post-opératoire après retrait d’une tumeur mammaire initiale, soit sans que cette tumeur mammaire primitive n’ait fait l’objet d’une exérèse chirurgicale préalable. Cette éventuelle tumeur mammaire primitive ne présente pas les caractéristiques d’un CMI (6). Les signes cliniques apparaissent en moyenne en 4,5j : en 2 à 7j dans un CMI primaire et 1 à 10j après la chirurgie d’une tumeur primitive dans les CMI secondaires (étude sur 12 cas)(6).
Le CMI peut atteindre plusieurs glandes mammaires d’emblée (en moyenne 2, avec une forte prévalence sur M4 et M5) (6). La peau est indurée, épaissie, érythémateuse, chaude, douloureuse. Des nodules peuvent être ou non présents (Fig 1 & 2). Dans une forte proportion des cas l’œdème sous-cutané et musculaire s’étend aux membres (le plus souvent les postérieurs), ce qui peut entraîner une boiterie de la chienne.
Fig 1 : Aspect érythémateux, œdémateux, induré, épaissi, douloureux de la peau des mamelles abdominales postérieures des deux chaînes mammaires et de la face interne de la peau des cuisses (photo Dr C. Muller).
Fig 2 : Aspect érythémateux, œdémateux, suintant, induré, épaissi, douloureux, focalement ulcéré de la peau des mamelles abdominales postérieures des deux chaînes mammaires et de la face interne de la peau des cuisses (photo Dr C. Muller).
Aspects histologiques
Plusieurs types histologiques de tumeurs mammaires malignes peuvent donner lieu au développement d’un cancer mammaire inflammatoire :
Fig 3 : carcinome mammaire à cellules lipidiques (HE X 400).
Fig 4 : Comédocarcinome mammaire (HE X 40).
Fig 5 : Comédocarcinome mammaire (HE X 200).
Fig 6 : Carcinome mammaire solide (HE X 20).
Fig 7 : carcinome mammaire solide (HE X 400).
Fig 8 : Carcinome mammaire anaplasique (HE X 100).
L’aspect macroscopiquement inflammatoire de la peau est dû à l’examen microscopique à un engorgement massif des vaisseaux lymphatiques dermiques par des emboles tumoraux (Fig 9,10,13).
Histologiquement, on ne constate pas de remaniements inflammatoires particuliers du tégument, l’aspect macroscopique inflammatoire n’est pas en relation avec un quelconque infiltrat inflammatoire du derme.
Par contre, on retrouve dans chaque cas, un œdème sous-cutané et musculaire de toute la région mammaire atteinte, le plus souvent associé à une infiltration tumorale du tissu adipeux et musculaire (Fig 11,12).
Fig 9 : Cancer mammaire inflammatoire : embolisation tumorale massive dans les vaisseaux lymphatiques dermiques ectasiés
(HE X 20).
Fig 10 : Cancer mammaire inflammatoire : les vaisseaux lymphatiques dermiques sont gorgés de cellules tumorales embolisées
(HE X 100).
Fig 11 : Cancer mammaire inflammatoire : infiltration tumorale massive du derme, de l’hypoderme et du tissu mammaire
(HE X 20).
Fig 12 : Cancer mammaire inflammatoire : infiltration tumorale massive du derme par des cellules tumorales anaplsiques en bague à chaton, dispersée au sein d’une dense stroma réaction fibreuse (acrcinome anaplasique)
(HE X 100) (même cas que Fig 11 à un grossissement supérieur).
Fig 13 : Cancer mammaire inflammatoire : les vaisseaux lymphatiques dermiques sont gorgés de cellules tumorales embolisées
(HE X 100) (même cas que Fig 11 à un grossissement supérieur).
Diagnostic
Il repose sur l’existence de manisfestations cliniques, histologiques et évolutives particulières :
- Evolution soudaine, extensive, fulminante,
- Aspect inflammatoire : érythémateux, œdémateux, douloureux et chaud, ainsi qu’induration localisée ou extensive de la peau d’une ou plusieurs mamelles,
- Découverte histologique d’un envahissement massif des vaisseaux lymphatiques dermiques par des emboles d’une tumeur mammaire de haut grade de malignité.
Evolution : des sites métastatiques particuliers
Dans 81 à 100% des cas (2,9,12), le CMI développe des métastases à distance, qui contrairement aux autres tumeurs mammaires malignes affectent moins les poumons, peu le rein et le foie et peu voire jamais les os, mais de façon toute particulière la vessie et l’appareil génital (ovaires, utérus, vagin), ces deux organes ne faisant pas partie des sites métastatiques habituels des autres cancers mammaires de la chienne (11) (Tableau I). L’envahissement métastatique de la vessie se manifeste par un épaississement pariétal œdémateux et diffus de cet organe sans formation de nodules dans la séreuse, ni d’inflammation particulière. Il ne s’agit pas d’un envahissement vésical par invasion locale directe de la paroi abdominale via le péritoine, mais d’une embolisation tumorale massive. Cette différence de comportement métastatique propre au CMI serait dû à un profil endocrinien, invasif, angiogénétique et lymphangiogénique très particulier (3,10).
Tableau I : comparaison des sites métastatiques entre cancers mammaires inflammatoires et autres tumeurs mammaires malignes (qui ne sont pas des CMI) d’après Clemente et al 2010 (11)
Fig 14 : Cancer mammaire inflammatoire : métastase au sein du lymphocentre de drainage (HE X 20) .
Un profil antigénique très particulier
L’angiogenèse, c’est la formation de nouveaux vaisseaux à partir de vaisseaux pré-existants chez l’adulte. L’angiogenèse tumorale peut se développer à partir de précurseurs médullaires de cellules endothéliales, des cellules endothéliales de vaisseaux pré-existants, mais récemment un nouveau mode a été découvert : c’est le mimétisme vasculaire ( » vascular or vasculogenic mimicry » des anglo-saxons) (VM). VM est la formation de novo de canaux vasculaires par les cellules tumorales elles-mêmes, sans aucune participation de cellules endothéliales. Il s’agit d’une dérégulation génétique agressive des cellules tumorales. Les canaux ne sont pas formés à partir de vaisseaux pré-existants, ce ne sont pas de réels vaisseaux sanguins, mais ils sont néanmoins capables de distribuer du plasma et des érythrocytes, voire des cellules tumorales et des leucocytes : ils miment les vaisseaux sanguins, voire les vaisseaux lymphatiques et usurpent littéralemement leur fonction (10). Ce phénomène est déjà connu dans certains cancers humains particulièrement agressifs. Il vient d’être décrit dans les tumeurs mammaires malignes de la chienne et serait plus fréquent dans le CMI que dans les non CMI (10).
Fig 15 : Cancer mammaire inflammatoire : mimétisme vasculaire des cellules tumorales : elles peuvent former des canaux, entre elles ou au sein même de leur cytoplasme, canaux qui peuvent héberger d’autres cellules tumorales, des érythrocytes et même des cellules inflammatoires, mimant et usurpant la fonction des vaisseaux sanguins voire lymphatiques (HE X 400)
Fig 16 : Légendes de la Fig 15 : flèches oranges = limites d’un tubule tumoral, étoile vert = lumière du tubule,pointe de flèche turquoise = noyau d’une cellule tumorale, pointe de flèche jaune = limites cytoplasmiques de la cellule tumorale, dessinant le contour de canaux, étoile rouge = lumière des canaux.
Pronostic : un bilan d’extension particulier à prévoir
Le pronostic du CMI est sombre, d’une part en raison d’un risque élevé de récidive locale après exérèse chirurgicale (les récidives survenant dans les semaines et maximum 1 mois suivant la chirurgie) et d’autre part en raison du risque élevé de diffsion métastatique. Le temps moyen de survie est de 25j chez 20 chiennes ayant reçu un traitement palliatif (antibiothérapie et corticothérapie) alors qu’il n’est que de 14 mois chez 79 chiennes atteintes de tumeurs mammaires malignes (non CMI) et varie, selon les études, de 25 à 60 jours (survie de 1 à 300j) quel que soit le traitement adopté (2,6,8,9). Un bilan d’extension complet et soigneux est impératif avec exploration de l’ensemble des deux chaînes mammaires et du tégument environnant, des nœuds lymphatiques de drainage (Tableau I), du thorax et de l’abdomen (radiographies thoraciques et échographie abdominale notamment vésicale et de l’appareil génital). L’exploration de l’hémostase est souhaitable .
Quel traitement ?
Il n’y a pas à l’heure actuelle de traitement recommandé chez la chienne. La chirurgie seule n’est pas conseillée. Chez la femme, un traitement d’emblée multimodal associant chimiothérapie et radiothérapie avant et/ou après la chirurgie, a amélioré la survie des patientes, mais le pronostic demeure sombre. Chez la chienne des traitements chimiothérapiques (mitoxantrone seule ou combinée à la vincristine et au cyclophosphamide) avaient déjà été signalés comme augmentant la médiane de survie par rapport à des traitements uniquement palliatifs (survie médiane passant de 35 à 57j avec traitement chimiothérapique)(7). Récemment, le CMI a révélè un profil immunohistochimique particulier exprimant une forte positivité au Cox-2 (5). L’expression du Cox-2 est positivement corrélée à la malignité du processus mammaire cancéreux et à la pauvreté du pronostic (5). Parmi les tumeurs mammaires malignes de la chienne, c’est le CMI qui exprime le taux le plus fort (5). Cette forte expression du Cox-2, suggère l’intérêt d’un traitement palliatif aux AINS COX-2 sélectifs. D’après une étude récente (6) portant sur 12 chiens atteints de CMI, il semblerait qu’une amélioration de l’aspect clinique des lésions (aspect moins érythémateux, moins œdémateux, moins douloureux) et de la qualité de vie (augmentation de l’activité et de l’appétit) ait été observée chez tous les chiens traités au piroxicam (0,3mg/kg/j per os) avec une survie moyenne et médiane, sans progression, de 171 et de 183 jours, respectivement. La médiane de survie de 3 chiens traités avec des protocoles à base de doxorubicine était de 7 jours, alors que celle des chiens traités au piroxicam était de 185 jours. Compte-tenu des mécanismes angiogénétiques particuliers du CMI, le développement de nouvelles thérapies anti-angiogéniques devraient également être susceptible d’améliorer la survie des sujets atteints.
Pour en savoir plus
Résumé
Les tumeurs mammaires affectent surtout les femelles entières vieillissantes. Les tumeurs malignes représentent 50 à 75 % des cas chez la chienne, et 80 à 96 % des cas chez la chatte. La majorité d’entre elles sont des carcinomes. Ces tumeurs s’expriment cliniquement par la présence de masses localisées dans le tissu mammaire. Lorsqu’elles sont malignes, une dissémination métastatique, locorégionale puis à distance, est fréquente. En l’absence de traitement, celle-ci conduit le plus souvent à la mort de l’animal. Le diagnostic de certitude repose sur l’analyse histologique de la tumeur. Une approche immunohistochimique complémentaire commence à démontrer son intérêt dans la précision du diagnostic. Le pronostic s’appuie sur le diagnostic histologique et sur le bilan d’extension de la tumeur, qui repose sur des éléments cliniques, des examens d’imagerie et sur l’analyse anatomopathologique des ganglions de drainage. Faute de moyens fiables d’aboutir à une identification de la tumeur au moment du diagnostic clinique, le traitement est souvent engagé avant de connaître la nature de la tumeur. Il repose sur l’exérèse chirurgicale précoce du tissu mammaire affecté. Pour chaque situation, l’intérêt de l’intervention chirurgicale est à soupeser sous l’angle de la balance bénéfices-risques. La douleur périopératoire est à prendre en compte. Au-delà de l’exérèse, des traitements adjuvants, fondés sur une chimiothérapie à base d’agents cytotoxiques ou sur l’administration d’inhibiteurs préférentiels des cyclo-oxygénases 2, peuvent être envisagés. Cette approche dépend du type et du grade histologique de la tumeur. Des traitements palliatifs, fondés sur une approche chirurgicale, une chimiothérapie et/ou un plan d’analgésie, sont à mettre en œuvre dans les stades avancés du cancer.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Mots-clés : Tumeur mammaire, Chien, Chat, Cancer, Mamelle, Mammectomie, Chimiothérapie