La maladie rénale chronique est souvent diagnostiquée lorsque plus de 70% des néphrons (cellules) du reins sont détruits, les reins ne sont donc alors plus bien fonctionnels. Souvent le vétérinaire prescrira un changement d’alimentation. Pourquoi ? Afin de donner les meilleures chances au chat qui est atteint par cette maladie qui ne se soigne pas, qu’on ne peut que ralentir. On cherche à augmenter la durée de survie en stabilisant l’évolution, améliorer les symptômes pour un meilleur confort de vie du chat…
Table des matières
Nourrir un chat insuffisant rénal c’est tout d’abord nourrir un chat…
Le chat est un néophobique alimentaire, c’est à dire qu’il n’aime pas le changement, il aura tendance naturellement, même en excellente santé, à bouder toute nouvelle nourriture qu’on lui propose.
Il faut donc tenir compte de ses habitudes et préférences, de ses goûts…
La transition alimentaire lors d’un changement devra être assez longue (au moins deux semaines, voire trois).
Beaucoup de chats préfèrent les aliments croustillants, mais l’idéal pour un chat, et surtout pour un chat insuffisant rénal, serait un aliment humide afin d’éviter la déshydratation.
Pour favoriser la prise de boisson, on conseille en effet la bi-nutrition, un bol d’eau très propre et assez large pour ne pas que les moustaches ne touchent les bords…
L’avantage d’une ration humide en pâtée est qu’on peut la tiédir pour la rendre plus appétente pour le chat.
Il faut bien se rappeler que la meilleure nourriture du monde, l’alimentation la plus adaptée à la maladie du chat ne vaut rien si elle n’est pas avalée. Un aliment imparfait mais très bien consommé sera toujours mieux qu’un aliment spécialement formulé pour l’insuffisance rénale mais qui n’est pas mangé par le chat.
Comment nourrir idéalement un chat insuffisant rénal chronique
L’alimentation d’un chat insuffisant rénal doit répondre à plusieurs objectifs :
- Un apport en eau augmenté : l’idéal est donc d’apporter un aliment humide (pâtée en boite ou en sachet), croquettes humidifiées, etc…
- Une ration peu volumineuse et fractionnée en plusieurs petits repas dans la journée : aliment riche en énergie et en lipides, au moins 3 repas par jour.
- Un apport en phosphore réduit afin de prévenir ou ralentir la fibrose du rein.
- Des protéines de bonne qualité et très digestibles, au moins 5 g de protéines par kg de poids vif du chat
- Un apport augmenté en acides gras essentiels Oméga 3 : sous la forme d’huile de poisson ou de colza par exemple, ou un aliment assez riche en Omégas 3, avec un ratio Oméga 6/Oméga 3<1
Important : le cas des protéines : est-ce qu’un chat insuffisant rénal doit manger moins de protéines ? La réponse est non.
Le chat est un hypercarnivore. Son besoin en protéines est très important. Un chat castré a besoin de 5,2g de protéines par kilo de poids vif pour maintenir sa masse maigre et contrairement à ce que l’on croit : un chat insuffisant rénal a des besoins en protéines supérieurs à un chat en bonne santé.
Il n’existe pas d’étude randomisée en double aveugle prouvant le bénéfice d’une restriction protéique dans l’alimentation d’un chat insuffisant rénal.
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Ph. Geluck
Points forts :
. Un aliment de tous les jours de bonne qualité (aliment « premium »), adapté à l’âge et à l’état physiologique de l’animal (chien en croissance, chatte stérilisée, animal âgé…), participe au maintien d’une bonne santé, et à la prévention d’un certain nombre de maladies (calculs urinaires, par exemple).
. En cas de maladie, des aliments spéciaux pourront être prescrits : ils feront partie du traitement, au même titre que les médicaments.
. Les principales indications sont, entre autres, la dissolution et la prévention des calculs urinaires, l’insuffisance rénale, l’obésité, les troubles digestifs, allergies et intolérances alimentaires, le diabète, voire même l’anxiété et certains cancers.
Des progrès très importants ont été accomplis depuis une vingtaine d’années en diététique des chiens, chats, lapins, rongeurs et autres nouveaux animaux de compagnie. L’alimentation intervient de deux manières dans la santé de nos compagnons à quatre pattes : dans la vie de tous les jours, lorsque l’animal est en bonne santé, (aliments physiologiques), mais aussi en cas de maladie, et l’aliment devra alors être considéré comme un véritable médicament.
LES ALIMENTS DE TOUS LES JOURS
Alimentation ménagère :
Il est possible de nourrir son chien ou son chat avec une ration ménagère : il faut alors éviter les restes de table, les viandes « pour chien », et construire une ration équilibrée en
protides, glucides et lipides, vitamines et sels minéraux. Ce résultat est assez difficile à obtenir quotidiennement sur le long terme, et un animal habitué au steack haché depuis son plus jeune âge ne sera pas très content si l’on prétend, un jour, le faire passer aux croquettes.
De façon très schématique, une ration ménagère se compose d’un tiers de viande (poulet, steack hâché), un tiers de riz, et un tiers de légumes, le tout représentant 40 grammes par kg de chien, et par jour (le double pendant la croissance). Chez le jeune en croissance, des vitamines et des sels minéraux (calcium, phosphore…) devront être ajoutés, mais sans excès ! (sous forme de fromage blanc, ou de comprimés tout prêts). Un sujet polémique : os, ou pas os ?mâcher des os permet de lutter contre l’installation du tartre, et d’avoir une bouche en meilleur état. Mais tous les chiens ne digèrent pas bien les os, et s’il y en a un qui se coince dans l’œsophage ou dans l’intestin… les ennuis commencent !
On considère classiquement que la quantité journalière devrait être divisée en quatre repas chez le jeune chiot (avant l’âge de trois mois), en trois repas jusqu’à six mois, en deux repas jusqu’à un an, puis en un ou deux repas pour la suite. Il nous semble qu’il est préférable de rester à deux repas par jour chez l’adulte, afin d’éviter que le chien n’avale goulument une grosse ration après un jeûne de vingt-quatre heures, ce qui favorise, par exemple, les dilatations et torsions d’estomac dans les grandes races, voire dans les races moyennes.
En ce qui concerne le chat, vous trouverez plus d’infos en suivant ce lien.
Attention, une ration mal équilibrée peut avoir des conséquences sur la santé de l’animal : on peut citer l’exemple des chatons nourris avec un régime « tout viande » qui se retrouvent carencés en calcium (hyperparathyroïdie secondaire d’origine nutritionnelle), avec pour conséquence un retard de croissance et des os extrèmement fragiles, qui se brisent au moindre choc (photo de droite : ce minuscule chaton, nourri exclusivement à la viande, a six mois ! voir ses radios ci-dessous).
Radiographies du jeune chat à régime « tout viande » photographié ci-dessus : sur la photo de gauche, les os (colonne vertébrale, bassin, fémurs), sont si peu calcifiés qu’ils sont presque invisibles. Les deux fémurs sont cassés, le bassin est cassé et « enfoncé ». Photo de droite : radiographie de contrôle après traitement (en l’occurrence, retour à une alimentation correcte, avec des croquettes de bonne qualité (aliment « premium » pour chaton) : les os ont repris un aspect normal, avec une corticale d’épaisseur correcte. Un gros cal osseux est visible en haut de chaque fémur, sur l’emplacement des anciennes fractures. En revanche, le bassin reste rétréci, ce qui gêne le passage des selles, et sera cause d’une constipation chronique.
Autre exemple de trouble lié à une alimentation de mauvaise qualité : les chats nourris avec une marque bien connue de croquettes d’entrée de gamme, qui ont un risque augmenté de présenter des calculs urinaires (photos ci-dessous, et voir aussi plus loin).
Calculs de struvite chez un chat. Photo de gauche : radiographie montrant les calculs à l’intérieur de la vessie. Photo de droite : les deux calculs, après leur retrait chirurgical.
Alimentation en croquettes ou en boîtes :
Depuis quelques années, chiens et chats ont à leur disposition des aliments « premium » : il s’agit d’aliments haut de gamme, élaborés dans des centres de recherche par des vétérinaires diététiciens, en utilisant des matières premières de qualité et des procédés de fabrication élaborés (extrusion pour conserver les vitamines, par exemple), pour coller au plus près aux besoins alimentaires des animaux. La majorité de ces aliments se présente sous forme de croquettes (meilleure conservation une fois entamés, meilleur rapport qualité/prix)… mais les aliments humides reviennent à la mode depuis quelques mois, notamment chez le chat ! (meilleure prévention des maladies du bas appareil urinaire, composition plus proche du régime du chat dans la nature…)
Les besoins (en énergie, en protéines…) n’étant pas les mêmes pour tous, différents types d’aliments sont disponibles en fonction de l’âge, du format ou de l’activité de l’animal : un jeune chien de grand taille en pleine croissance trouvera ainsi dans ses croquettes une quantité importante d’énergie, de protéines et de calcium, tandis que des protéines de haute qualité, mais en quantité réduite, un faible taux de phosphore, et des omégas 3 augmentés caractériseront l’aliment du vieux toutou. Les croquettes des chiens de petit format sont conçues pour abraser la surface des dents lors de la mastication, et prévenir ainsi la formation de la plaque dentaire. Les aliments pour chats stérilisés participent à la prévention de l’obésité…
Les quantités à donner sont indiquées sur le sac ou sur la boîte : à considérer comme une base de départ, et à adapter ensuite en fonction de l’appétit et de l’embonpoint de l’animal. Chez le chien, le nombre de repas est le même que celui indiqué plus haut pour la distribution d’une ration ménagère (de préférence deux repas par jour chez l’adulte). Chez le chat, une douzaine de petits repas quotidiens (ou une alimentation en libre service) est souhaitable, pour reproduire le comportement alimentaire du félin dans la nature.
Les vétérinaires et les assistantes des cliniques de Villevieille et de Calvisson pourront vous conseiller dans le choix de vos aliments.
ET EN CAS DE MALADIE ?
Les aliments jouent un rôle dans la prise en charge d’assez nombreuses maladies, et dans certaines indications, ils constituent même la clef de voute du traitement. Quelques exemples :
Les calculs urinaires
Il s’agit probablement de la plus ancienne indication dans laquelle l’alimentation est utilisée, en médecine vétérinaire. Chiens et chats peuvent fabriquer des calculs (semblables à des cailloux), ou de simples cristaux (semblables à du sable), dans leur appareil urinaire : reins et vessie. Calculs et cristaux sont parfois découverts fortuitement chez des animaux qui ne semblent pas trop en souffrir, à l’occasion d’une radiographie ou d’une échographie réalisées pour un tout autre motif. Mais ils peuvent aussi provoquer une cystite (l’animal se met en position pour uriner en permanence, sans rien faire, et ses urines sont rouges (photo de droite)), ou être à l’origine de problèmes beaucoup plus dramatiques. Par exemple, l’obstruction de l’urètre chez un chat, ou plus rarement chez un chien : les urines ne pouvant plus s’écouler hors de la vessie, celle-ci gonfle, devient énorme et dure comme un caillou, et l’animal peut mourir en un jour ou deux si l’obstruction urétrale n’est pas levée rapidement. De même, l’obstruction d’un uretère par des calculs empêchera les urines de sortir du rein, ce qui conduira à la destruction progressive de ce dernier. Une fois les deux reins détruits, l’animal décède d’insuffisance rénale.
Image échographique de deux calculs, dans la vessie d’un chat (photo de gauche), et leur aspect après retrait chirurgical (photo de droite). Voir aussi des images de calculs uretéraux, dans l’article consacré à l’échographie.
L’origine des calculs est variée : le plus souvent, elle est due à la somme de plusieurs facteurs : une alimentation trop sèche, des urines trop ou pas assez acides, une infection urinaire passée inaperçue… Plus rarement, certains médicaments (allopurinolà haute dose), certaines malformations (shunts porto-systémiques), peuvent provoquer l’apparition de calculs urinaires. (Photo de droite : plusieurs gros calculs dans la vessie et dans les deux reins d’un chien).
Lorsqu’un chat est « bouché », ne peut plus uriner et que sa vessie menace d’éclater, il faut l’endormir très rapidement, pour pouvoir passer une sonde lui permettant de vider sa vessie. Ensuite… il y a une trentaine d’années, le chat se rebouchait de façon répétée, ce qui ne laissait le choix qu’entre une intervention assez importante pour élargir l’urètre (urétrostomie) et permettre par la suite l’évacuation des urines et des calculs, ou… la mort de l’animal.
Il existe aujourd’hui des aliments, (à la fois corquettes et aliments humides), qui
permettent, dans le meilleur des cas, de dissoudre et de faire disparaître les calculs (cas des struvites (photo de droite : cristaux de struvite, susceptibles de s’agglomérer et de former un bouchon dans l’urètre)), ou au moins de diminuer le risque de les voir récidiver après exérèse chirurgicale (cas des oxalates (photo de gauche)). Les aliments agissent (entre autres) sur la quantité d’eau ingérée, sur l’acidité des urines (les struvites se forment en milieu basique, on va donc acidifier les urines pour les dissoudre), et sur la composition même du calcul (un aliment pauvre en phosphate et en magnésium diminuera le risque de voir se former des calculs de struvite = phosphates ammoniaco-magnésiens).
En évitant à de nombreux chats de se faire opérer, (grâce à l’alimentation, l’urétrostomie est aujourd’hui une intervention relativement rare), en évitant les rechutes à répétition, les aliments à objectifs spéciaux ont certainement sauvé la vie de très nombreux chats depuis une trentaine d’années.
L’insuffisance rénale
Lorsque les deux tiers des reins sont détruits chez un animal, que ce soit à cause d’une maladie héréditaire (dysplasie rénale, maladie polykystique…), d’une infection (leptospirose, leishmaniose…), de calculs rénaux ou urétéraux, d’une tumeur… ou simplement de l’âge, le tiers restant ne suffit plus à assurer sa fonction, et l’animal se retrouve en état d’insuffisance rénale : l’urée et la créatinine sanguine augmentent, le chien ou le chat cesse de s’alimenter, vomit, maigrit, et finit par décéder.
On décrit des insuffisances rénales aiguës (IRA) dans lesquelles ce processus survient de façon très rapide (lors de leptospirose, par exemple), l’évolution se faisant alors en quelques jours vers la guérison, si le traitement est efficace et la maladie pas trop avancée, ou bien malheureusement vers la mort. Lorsque la maladie est plus lente (insuffisance rénale chronique : IRC), urée et créatinine sanguines augmentent progressivement, et l’animal se maintient pendant des semaines ou des mois dans un état d’équilibre instable, avec un appétit capricieux, une perte de poids, des vomissements occasionnels… jusqu’à ce qu’un seuil soit dépassé, ou qu’une poussée d’IRA conduise finalement au décès de l’animal. (ci-dessus à droite : un petit chat souffrant d’un lymphome rénal)
Deux causes d’insuffisance rénale, diagostiquées à l’échographie. Photo de gauche : lymphome rénal (même cas que le chat ci-dessus) : la structure rénale normale a totalement disparu. Photo de droite : obstruction de l’uretère par des calculs, qui empêchent les urines de s’écouler, provoquant une importante dilatation du rein.
Autre cause d’insuffisance rénale : la maladie polykystique des reins (PKD), particulièrement fréquente chez les chats persans. Maladie débutante chez un jeune chat (photo de gauche), et très évoluée chez un chat âgé, avec deux reins de très grande taille, et un tissu rénal complètement remplacé par une multitude de kystes (photo de droite). Pour comparaison, aspect d’un rein normal de chat (ci-dessous à droite).
Chez l’humain, il existe des traitements efficaces pour l’insuffisance rénale (dialyse et greffe de rein), mais ces traitements sont lourds et inaccessibles à la médecine vétérinaire, tout au moins en routine. Alors quelles solutions pour nos chiens et nos chats atteints d’insuffisance rénale ?
On peut évidemment traiter la cause de la maladie… si toutefois cette cause est connue, (les investigations nécessaires au diagnostic (biopsies rénales), sont parfois trop invasives pour un animal très affaibli), et à condition aussi qu’un traitement soit possible. Il peut s’agir d’antibiotiques dans le cas d’une leptospirose, d’une chimiothérapie dans le cas d’un lymphome rénal, de l’exérèse chirurgicale d’un calcul qui obstrue l’uretère… On peut mettre l’animal sous perfusion, notamment lors d’IRA. Chez un animal en IRC qui se dégrade, quelques jours de perfusion (avec rééquilibrage du sodium et du potassium), permettront parfois de revenir à l’état d’équilibre dans lequel le chien ou le chat se trouvait encore, quelques jours plus tôt. On pourra également donner des médicaments qui diminuent la fuite de protéines par les urines, ainsi que la fibrose et l’hypertension à l’intérieur du rein, injecter un analogue de l’EPO pour lutter contre l’anémie…
L’alimentation occupe une place importante, et peut-être même la première place, au sein de cet arsenal : un apport de protéines de haute qualité en quantité restreinte, diminuera l’accumulation de déchets toxiques, tout en satisfaisant les besoins essentiels de l’organisme. Des quantités restreintes de phosphore et de sodium lutteront contre l’hyperphosphorémie et l’hypertension artérielle, et ralentiront l’évolution de la maladie rénale. Une supplémentation en omégas 3, en vitamines du groupe B et en anti-oxydants, facilitera le travail des reins, et luttera contre les pertes urinaires excessives. Les aliments spéciaux pour insuffisants rénaux contribuent ainsi à maintenir plus longtemps un certain nombre de chiens ou de chats, dans un état d’équilibre satisfaisant. Ces aliments existent en croquettes (certains chats, habitués aux aliments secs, ne voudront jamais rien manger d’autre), mais aussi en pâtée ou en sachets fraîcheur, afin de les rendre plus appétents pour des patients insuffisants rénaux ayant souvent un appétit diminué et capricieux.
L’obésité
Ph. Geluck
Comme chez l’humain, sédentarité et excès de table sont causes d’obésité chez nos animaux de compagnie. On considère que l’obésité commence à 20% au-delà du poids optimal de l’animal.
Le risque n’est évidemment pas le même pour tous : une chienne labrador, stérilisée, sans aucune activité physique, aura plus de risques de se retrouver obèse, qu’un setter irlandais qui fait son footing tous les jours avec son maître. On pourra impunément accorder quelques friandises ou restes de table au second, alors qu’on ne donnera une friandise à la première que si l’on augmente en parallèle son activité physique, ou que l’on diminue sa ration de croquettes. Pour un tel animal à risque, il sera de toute façon prudent de donner d’emblée un aliment adapté (dès la fin de la croissance et la stérilisation).
On aurait tort de traiter l’obésité à la légère : elle est source de nombreux problèmes, comme le diabète, des maladies hépatiques (voir plus loin la lipidose hépatique), des troubles articulaires (arthrose, rupture du ligament croisé antérieur du genou), des problèmes de peau par impossibilité mécanique de se toiletter… Globalement, l’obésité diminue de deux ans en moyenne la durée de vie d’un chien ou d’un chat.
Il est donc conseillé de surveiller régulièrement l’embonpoint de son animal : on peut observer son allure générale ; lui toucher les côtes (un critère simple, mais efficace : on ne doit pas les voir, mais on doit les sentir). En cas de doute, seule la pesée nous dira réellement où l’on en est. Les chats et les tout petits chiens pourront être placés dans une balance de cuisine ou dans un pèse-bébé (photo de gauche). Les chiens de plus grande taille seront pris dans les bras, et vous pourrez vous peser avec et sans eux, avant de faire la différence. Une balance est à votre disposition dans la salle d’attente des cliniques de Villevieille et de Calvisson (photo de droite) : vous pouvez à tout moment, sans rendez-vous et sans passer par une consultation, venir peser votre animal dans l’une de nos deux cliniques.
Si une augmentation du poids est constatée, il faudra réagir : en cas de prise de poids légère, une réduction de la ration, une augmentation de l’activité, le passage à un aliment allégé suffiront. Si l’augmentation est sérieuse et/ou constante dans le temps, il faudra impérativement passer à un aliment adapté : pauvre en matières grasses, à teneur élevée en fibres, enrichi en L-carnitine, L-lysine et antioxydants. N’hésitez pas à demander conseil aux vétérinaires et aux assistantes de nos deux cliniques.
Les troubles digestifs et les allergies alimentaires
Les troubles digestifs sont fréquents chez le chien et le chat, depuis la « simple » diarrhée occasionnelle qui va passer en 24 heures, jusqu’à des affections chroniques, beaucoup plus contraignantes à la fois pour l’animal et pour son propriétaire (insuffisance pancréatique chez le chien, maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) chez le chat, par exemple), et qui peuvent conduire in fine à la mort de l’animal (certains cas de lymphangiectasie, tumeurs digestives…)
Lymphangiectasie chez un jeune yorkshire terrier : ventre gonflé par de l’ascite (liquide dans l’abdomen). L’échographie confirme l’ascite, et montre une paroi intestinale à la muqueuse échogène et hétérogène, très évocatrice d’une lymphangiectasie. À droite, le liquide d’ascite après ponction : aspect « eau de roche » caractéristique.
Comme pour les autres affections évoquées plus haut, l’alimentation peut constituer l’unique traitement de certains problèmes digestifs : la diarrhée chronique de certains chiens ou chats cesse définitivement après un changement alimentaire, de préférence pour un aliment hyperdigestible. Elle peut aussi n’être qu’une partie du traitement, par exemple dans l’insuffisance pancréatique exocrine où les aliments hyperdigestibles sont associés à des extraits pancréatiques, ou dans la lymphagiectasie où ils sont associés à des anti-inflammatoires.
Les aliments utilisés ont une digestibilité élevée, une teneur restreinte en matières grasses pour limiter les vomissements, et une quantité augmentée de fibres solubles qui nourrissent les cellules du tube digestif et restaurent la flore intestinale. Electrolytes, vitamines du groupe B et antioxydants sont également en quantités augmentées.
Un certain nombre de ces maladies de l’appareil digestif (lymhangiectasie, MICI…), mais aussi les allergies ou intolérances alimentaires, responsables de symptômes cutanés (démangeaisons, croûtes…) et/ou digestifs, sont traitées par d’autres types d’aliments, non plus seulement hyperdigestibles, mais hypoallergéniques.
On peut essayer des régimes hypoallergéniques ménagers : il faut trouver une source de protéines et une source d’hydrates de carbone, avec lesquelles l’animal n’a jamais été en contact auparavant (attention, y compris sous forme de composants dans les croquettes !), ce qui oblige à aller chercher des aliments assez rares : certains poissons, cheval, voire autruche, manioc… Si le chien ou le chat cesse de se gratter après quelques semaines de ce régime, l’idéal est de réintroduire l’un après l’autres les aliments précédemment utilisés, et de voir lequel provoque le retour des symptômes. On voit que ce processus est assez lourd, avec des régimes difficiles à équilibrer (en sels minéraux, oligo-éléments…) et astreignants à préparer… sachant que ce sera pour toute la vie de l’animal !
Une solution plus confortable est offerte par les régimes hypoallergéniques en boîtes ou en croquettes, constitués soit de composants rares, pour reprendre le principe des régimes ménagers, soit (et c’est la tendance actuelle), de protéines hydrolysées, les protéines de faible poids moléculaire (en dessous de 10 000 daltons) n’étant pas détectées par le système immunitaire, minimisant ainsi les réactions allergiques. Il s’agit par ailleurs d’aliments hyperdigestibles, enrichis en acides gras essentiels et antioxydants pour leur effet protecteur sur la peau.
… Et l’anorexie !
Il existe de nombreuses situations dans lesquelles un chien ou un chat cesse de s’alimenter : maladies digestives ou rénales occasionant des nausées, coryza qui empêche le chat au nez bouché de sentir l’odeur des aliments, affections qui rendent la bouche douloureuse, notamment chez le chat, traumatisme et/ou chirurgie lourde après lesquels l’animal ne « redémarre » pas…
Dans tous ces cas, l’anorexie rend la guérison plus problématique : elle gêne la cicatrisation, diminue les défenses de l’organisme, favorise les complications et les carences diverses… Il arrive même qu’elle soit à l’origine d’une nouvelle maladie, qui vient s’ajouter à la première, ou prendre sa suite : c’est le cas de la lipidose hépatique, qui affecte particulièrement les chats obèses qui cessent de s’alimenter : pour une raison encore mal connue, de la graisse s’accumule dans leur foie, le transformant en un véritable « foie gras » semblable à celui d’une oie, et conduisant à une hépatite sévère avec anorexie renforcée, jaunisse, vomissements, etc.
Pour éviter d’en arriver là, il est essentiel que l’animal reste le moins longtemps possible sans manger. S’il refuse de s’alimenter pour l’une des raisons citées plus haut (entre autres), on lui proposera tout d’abord des aliments appétents (croquettes s’il ne mange que ça, mais le plus souvent aliments humides), et à la composition adaptée : quantité augmentée en protéines, matières grasses, omégas 3, zinc, potassium… Si le chien ou le chat persiste à ne pas manger, on le nourrira dans un premier temps à la seringue, en plusieurs petites prises réparties tout au long de la journée, et en cas d’échec ou d’impossiblité, par l’intermédiaire d’une sonde : celle-ci peut passer par le nez, le pharynx ou aller directement dans l’intestin en court-circuitant les premières voies digestives, par exemple en cas de lésion étendue de l’œsophage.
Ces quelques exemples étaient destinés à illustrer le rôle de l’alimentation dans la médecine actuelle du chien et du chat. Mais il existe bien d’autres indications, pour le diabète, les maladies cardiaques et hépatiques, les affections bucco-dentaires (voir les fiches conseil : « Hygiène de mon animal : les dents », et « Tartre et maladie parodontale » chez le chien et le chat), l’anxiété et le vieillissement cérébral du chien, l’hyperthyroïdie féline depuis peu, et même en traitement d’appoint de certains cancers.
Après 40 ans de pratique vétérinaire, j’en viens à la conclusion que les chats insuffisants rénaux se portent bien mieux, vivent plus longtemps et conservent un aspect moins misérable, lorsqu’ils sont nourris avec de la viande crue, la plus grasse possible, du foie, une fois par semaine et un complément en vitamines B. Je sais que cela va à l’encontre de la pensée moderne, mais ceci est mon observation.
Une des explications de cette observation est peut-être à rechercher du côté d’un nouveau chélaleur du phosphore. Cette substance, en abondance dans la viande fraîche, est ni plus ni moins que la vitamine B3. Plusieurs études menées chez l’homme depuis 2013 démontrent l’efficacité de la vitamine B3 pour abaisser le taux de phosphore dans le sang. En effet, pour traverser la barrière intestinale, le phosphore passe au travers de canaux, qui se ferment en présence de vitamine B3. C’est pourquoi la vitamine B3 se comporte comme un chélaleur du phosphore. Vingt cinq milligrammes par jour de B3 (sous un forme particulière), soit l’équivalent de 130 g de viande de poulet, diminue le phosphore dans le sang de 20 % en moins d’un mois chez le chat (données personnelles non publiées). .
La nature n’est-elle pas bien faite? Je vous laisse réfléchir…
Références:
(1) DOBENECKER B. et al – Effect of a high phosphorus diet on indicators of renal health in cats – Journal of Feline Medicine and surgery (2017).
(2) GEDDES R.F. – The Effect of Moderate Dietary Protein and Phosphate Restriction on Calcium-Phosphate Homeostasis in Healthy Older Cats – J Vet Intern Med (2016).
(*) Abréviations:
- P = Phosphore
- kcal EM = kilocalories d’énergie métabolisable.
Les reins du chat
Il convient ainsi de nourrir son chat de préférence à l’aide de nourriture humide. Il peut s’agir par exemple de croquettes correctement réhydratées (au minimum 40cl pour 100g), d’humide en pâtées ou émincés, ou de frais. Puisque certains chats ne boivent pas assez après l’ingestion de leurs croquettes sèches, cela cause des concentrations de toxines dans le sang qui, répétées, abîment les reins.
Ensuite, diminuer l’apport de toxines dans l’alimentation est recommandé. Les reins ont déjà du reste suffisamment de travail à filtrer le sang de votre chat des toxines qu’il produit naturellement par la dégradation naturelle de ses cellules. Nul besoin par conséquent d’y ajouter des agents toxiques supplémentaires inutiles, comme certains colorants ou additifs artificiels. Si votre chat en a ingéré et que vous souhaitez le détoxifier, la meilleure détox reste dans ces conditions l’alimentation saine ayant connu le moins de transformations possibles.
Enfin, si malheureusement votre chat a déjà des atteintes rénales, certains aliments peuvent les aider à fonctionner plus facilement, comme les antioxydants naturels, par exemple les cranberries.