Table des matières
- Gestion d’un cas de prurit facial chez un chat
- Motif de consultation
- Commémoratifs
- Anamnèse
- Examen général
- Examen dermatologique
- Diagnostic différentiel
- Examens complémentaires immédiats
- Diagnostic
- Traitement et évolution
- Examens complémentaires
- Traiter le prurit cervico-facial félin
- [GRIF’Explique] SMOKEY ou comment soigner un chat allergique.
Gestion d’un cas de prurit facial chez un chat
Motif de consultation
Une chatte européenne âgée de 2 ans nous est référé pour un prurit cervicofacial récidivant depuis 4 mois (août 2005).
Commémoratifs
Cette chatte née dans un jardin, a été adoptée à l’âge de 3 mois, et vit depuis dans un appartement avec un autre chat qui n’a pas de problème. Elle a eu un coryza au départ, mais n’a pas eu de rechutes depuis. Elle était nourrie jusqu’à l’apparition de sa dermatose avec diverses croquettes et boîtes de supermarché. L’entente est bonne avec l’autre chat, mais la propriétaire nous dit que Lin Fa reste très peureuse et anxieuse depuis le départ.
Anamnèse
Le premier épisode a commencé 4 mois avant, suivi d’un deuxième, 2 mois après. Les lésions ont toujours été exclusivement faciales (en avant des oreilles, paupières et lèvres). Un effet positif des corticoïdes a été noté. Un premier régime d’éviction bien suivi avec un aliment hypoallergénique Royal Canin, n’a pas empêché la deuxième rechute. L’épisode en cours date d’environ 15 jours. Depuis elle mange de l’aliment Hill’s Feline Z/D en croquettes, et semble aller un peu mieux au niveau dermatologique quand elle nous est présentée.
Examen général
La chatte paraît plus fatiguée depuis quelques jours, et mange moins. Une rhinite purulente, ainsi qu’une conjonctivite modérée, sont remarquées, et nous notons une hyperthermie à 40°1. La propriétaire nous précise que la rhinite ne date que de quelques jours.
Examen dermatologique
La chatte présente des lésions exclusivement faciales, et relativement symétriques, en avant des oreilles, sur le bas de la face interne du pavillon des oreilles (la partie verticale des 2 conduits est aussi enflammée), au niveau des paupières, et des lèvres. Sont notés un érythème, des croûtes, un squamosis, et par endroit une hyperpigmentation. Le peignage avec un peigne à puces ne met rien en évidence.
Érythème, excoriations et croûtes à la base et en avant des oreilles
Érythème, excoriations et croûtes sur les paupières
Érythème, excoriations et croûtes sur le bas du pavillon
interne des oreilles et au niveau de la gueule
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel du prurit cervicofacial félin est difficile.
Par rapport aux signes cliniques et aux commémoratifs, nous pouvons envisager les hypothèses suivantes:
Étiologie |
Arguments pour |
Arguments contre |
Examens complémentaires |
Dermatose allergique |
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Herpesvirose cutanée |
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Dermatose d’origine comportementale |
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Consultation de comportement |
Dermatophytie |
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Examens complémentaires immédiats
- Calques cutanés: neutrophiles, avec coccis phagocytés et d’autres extracellulaires. Quelques Malassezia sont remarquées.
- Raclages négatifs
- Examen avec une lampe de Woog négatif
- Prélèvement pour mycologie: résultat différé négatif
Diagnostic
à ce stade, il n’est pas encore possible d’établir un diagnostic, à part la présence d’une pyodermite superficielle secondaire.
Traitement et évolution
Le traitement régulier contre les puces pour les 2 chats déjà mis en place depuis le début de la dermatose est maintenu.
Le régime d’éviction commencé est maintenu pour vérifier que le début d’amélioration se confirme.
Nous prescrivons uniquement une antibiothérapie marbofloxacine (Marbocyl®) à la dose d’environ 2mg/kg/ jour pendant 3 semaines et un maintien des soins locaux, pour traiter la surinfection, et de l’acide tolfénamique (Tolfédine 20*) à raison d’1/2 comprimé par jour pendant 5 jours pour son action antipyrétique et antiinflammatoire pour le coryza.
Dans les semaines qui suivent, l’épisode de coryza guérit en environ 8 jours, et la dermatose continue à s’améliorer au départ, puis stagne, et environ 4 semaines après les lésions s’aggravent à nouveau. La chatte paraît à nouveau plus apathique, mais elle n’a cependant pas d’hyperthermie, ni de signes respiratoires.
Examens complémentaires
Nous décidons alors de réaliser des biopsies cutanées, afin d’une part de rechercher la présence d’herpesvirus et de calicivirus dans la peau par PCR quantitative (laboratoire Scanelis), et d’autre part de réaliser une histologie (LAPVSO).
La PCR est négative. L’histologie ne montre que des lésions non spécifiques de dermatite périvasculaire superficielle, qui oriente plutôt vers une allergie.
Même si la propriétaire a déjà réalisé correctement 2 régimes d’éviction, étant donné que ces régimes ont des ingrédients communs entre eux, et avec les aliments antérieurs, nous convainquons la maîtresse de faire un dernier régime ménager avec de l’agneau et des pommes de terre.
En moins de 3 semaines, toutes les lésions disparaissent, et 6 mois après la dermatose n’avait toujours pas rechutée.
Le diagnostic d’allergie alimentaire paraissait très probable, mais seul un test de provocation positif permet un diagnostic de certitude. Il fallait pour cela convaincre la propriétaire de réintroduire méthodiquement d’autres ingrédients (par période de 2 semaines) jusqu’à provoquer à nouveau des lésions. Finalement, elle s’est décidée, et – nous avons eu de la chance! – dès l’introduction du poulet en quelques jours des lésions sont réapparues à nouveau.
Nous pouvions donc conclure à un prurit facial en rapport avec une allergie alimentaire au poulet
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Traiter le prurit cervico-facial félin
Animaux de compagnie
Chat européen atteint de PCFF.
© D.R.
Fiches pratiques
La prise en charge du prurit cervico-facial félin constitue souvent un véritable défi thérapeutique. Sa rapidité est essentielle car le prurit est vite auto-entretenu par le grattage. Le traitement ne doit aucunement se résumer à une corticothérapie orale et doit être raisonné. Les fiches pratiques Afvac* Éditions publiées dans La Dépêche Vétérinaire font le point :
>> Les mesures physiques et le traitement des surinfections (cliquer sur le lien)
Les mesures physiques doivent très souvent accompagner la prise en charge du prurit cervico-facial félin. Les collerettes élisabéthaines sont à limiter compte tenu de la localisation des lésions et de l’anxiété induite en cas de port prolongé…
Les surinfections bactériennes (prolifération bactérienne de surface, folliculite et furonculose) et fongiques (dermatite à Malassezia) sont largement sous-estimées. Leur non prise en compte est une des causes d’échec thérapeutique…
>> Les traitements antiprurigineux (cliquer sur le lien)
Le traitement symptomatique du prurit cervico-facial félin doit être raisonné et raisonnable.
Les antihistaminiques (cétirizine) n’ont pas démontré une réelle efficacité… La corticothérapie systémique est efficace et bien tolérée chez le chat. Son utilisation précoce donne de bons résultats… ■
* Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie
Chacun sait que le chat passe une grande partie de son temps à faire sa toilette. C’est, pour lui, un rite indispensable car il ne supporte pas d’être souillé et se nettoyer l’apaise.
Il pourra nous arriver de voir des chats que l’on appelle « négligé ». Leur poil n’est pas soigné, n’est pas lisse et à la longue, il finit par y avoir de la « BOURRE ».
Cela signifie parfois qu’ils ne vont pas bien et « dépriment ». Ils n’ont plus envie de prendre soin d’eux. Parfois c’est tout simplement parce qu’ils ont mal au dos et ne PEUVENT plus se toiletter.
Une visite chez le vétérinaire permet d’éclaircir la situation, surtout s’il pratique l’ostéopathie.
Mais, parfois, le chat pratique un toilettage abusif sur certaines parties de son corps, pouvant aller jusqu’à s’occasionner des lésions sur les zones trop souvent soumises au toilettage incessant du chat. N’oublions pas que la langue du chat est très râpeuse et s’il insiste fortement sur une zone, il finit par l’éroder, puis la blesser. Dès lors qu’elle est blessée, il a désormais une raison pour la lécher de plus en plus fréquemment ce qui finit par entraîner une vraie infection cutanée – une dermite.
Le cou et la base des oreilles du chat son également une zone que le chat adore nettoyer : ses pattes pour les oreilles, sa langue et ses pattes pour le cou. Chacun se rappelle qu’auparavant, on disait qu’il allait pleuvoir car le chat insistait sur le toilettage des oreilles (je n’ai personnellement pas d’explications sur cette « légende « du chat météorologiste). Ce que je sais, par contre, c’est que lorsque le chat décide de se toiletter avec insistance sur cette zone, il est capable de lésions très impressionnantes. Il m’est arrivé fréquemment de voir des chats avec des ulcérations très importantes de la face (base des oreilles ou les joues).
C’est une cause de consultation fréquente.
On appelle cela le » prurit cervico-facial du chat ou dermite faciale du chat « . Si le diagnostic est facile, déterminer la cause n’est pas toujours aisé. Surtout que souvent, il n’y a pas de véritable cause car elle est psychogène. En médecine, lorsque nous n’avons pas d’explication pour une maladie on dit qu’elle est » idiopathique « . Cela signifie que c’est le malade lui-même qui se la crée. Pour la dermite faciale du chat, il faut avant toute chose, éliminer les autres causes de démangeaison avant de parler de trouble idiopathique ou comportemental.
CAUSES DE DEMANGEAISONS CHEZ LE CHAT (cervico-faciale ou autres)
Causes :
- Bactérienne
- Mycosique
- Parasitaire
- Allergique
Parasites :
Il convient donc d’effectuer toutes les recherches pour mettre en évidence une de ces causes ou effectuer un traitement qui permet d’éliminer déjà les parasites qui peuvent être présents même si on n’en voit pas de traces. Nous avons désormais à notre disposition des traitements très efficaces contres tous les parasites cutanés.
Mycoses :
Les mycoses (champignons) sont moins fréquents mais sont souvent des opportunistes qui profitent d’une immunité locale ou générale déficiente (le léchage entraîne un milieu plus favorable à leur développement) pour s’installer, aggraver le prurit et entraîner des lésions cutanées.
Bactéries :
Les bactéries, elles, arrivent très rapidement, dès que la peau est lésée.
Une visite chez le vétérinaire est donc indispensable dès que l’on remarque un grattage compulsif anormal chez un chat.
Lorsque les causes potentielles auront été trouvées et traitées et que le grattage continue, il faut également éliminer les causes allergiques.
Causes allergiques :
Pour détecter une allergie nutritionnelle, un régime d’éviction peut être mis en place.
Les produits de nettoyage (nettoyant de surface ou lessive) ou les acariens peuvent causer des allergies de contact (plus rare chez le chat surtout sur la zone faciale).
Lorsque toutes ces causes auront été traitées ou éliminées, et que le chat continue à se gratter, jusqu’à la mutilation,
Nous pourrons conclure à une dermatite ulcérative AUTO INDUITE COMPORTEMENTALE.
Comme le léchage et le grattage sont une activité normale du chat, lorsqu’il en arrive à se mutiler, cela est dû à une stéréotypie (TOC) de MAL-ETRE.
TRAITEMENT
Le traitement consistera donc à modifier l’environnement du chat de telle manière qu’il cesse d’être dans le mal être. Il est important d’essayer de cibler la cause de ce mal être.
Si les divers entretiens avec les propriétaires ont permis de comprendre la VRAIE RAISON du stress comportemental du chat, le retour à la maison se fera dans les meilleures conditions et les risques de récidive seront diminués.
Les chats d’intérieur sont beaucoup plus fréquemment atteints par cette pathologie car leur environnement ne leur permet pas toujours de changer d’air voire d’occuper leur esprit à d’autres choses que leur TOC.
Le chat est, comme chacun sait, une éponge pour nos émotions voire nos maladies ; s’il y a dans son environnement un membre de la famille qui va mal, physiquement ou psychologiquement, cela peut être une des causes de cette pathologie.
Personnellement, lorsque je dois traiter un chat atteint de cette pathologie, ou d’une autre pathologie comportementale, je le garde quelques jours à la clinique. En plus de le sortir de son environnement (cause de son mal être), cela permet d’entrainer un stress environnemental qui va l’obliger à cesser son TOC car il y aura beaucoup de stimuli autour de lui qui nécessiteront son attention. Comme je pratique en plus l’ostéopathie, un traitement « énergétique » est mis en place chaque jour, ainsi qu’un traitement homéopathique.
Le traitement médical approprié ainsi que des crèmes adoucissantes locales et une collerette ou un bandana, sont bien sûr mis en place au début, mais il n’est pas rare qu’au bout de quelques jours on puisse arrêter tous les traitements car l’animal a stoppé son activité compulsive.
Marc LEGROS, vétérinaire
[GRIF’Explique] SMOKEY ou comment soigner un chat allergique.
Ah ! Mais comment faire pour la regagner? Smokey n’est pas vraiment du genre minou. Il a souvent le regard en dessous, la patte leste et l’oreille en casquette de rappeur. Mais voilà que, par je ne sais quel miracle, intuition de sa part ou échange d’énergies positives, il est rentré. J’ai pu ainsi entamer, à domicile, un traitement régulier à base d’antibiotiques et de cortisone sur une quinzaine de jours. Le mieux aurait été que j’applique un peu de Bétadine jaune, mais, ce fut non négociable ! Puis, il s’est malheureusement mis à déprimer et à refuser de manger.
Après une nuit de réflexion, j’ai décidé de le relâcher en espérant qu’il revienne, tout en redoutant le contraire. Mais le stress est contre productif dans un protocole de soins. Il a choisi de partir. Deux jours que je l’attends ! J’espère que ces deux semaines de traitement et bons soins, alliées à la liberté retrouvée auront réussi à améliorer son état. Sois prudent, Smockey, je me fais du souci pour toi, et je t’attends pour continuer le traitement…
Merci à toute ma famille qui a accepté de faire discrètement le gué pour moi.
=^..^=artine
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