Table des matières
- Des plaies et des sutures
- Pourquoi les plaies démangent-elles quand elles cicatrisent?
- Des cellules au travail
- Faire le point sur la cicatrisation
- Quels soins locaux dois-je apporter moi-même ?
- Quelle surveillance doit être réalisée ?
- J’ai mal : est-ce normal ?
- La cicatrisation des plaies opératoires
- La chirurgie programmée : des protocoles bien rodés
- Pour une cicatrice normale, esthétique et de qualité
- Les cicatrices anormales
- Facteurs pouvant retarder la cicatrisation
Des plaies et des sutures
Fourmis, chanvre, crin de cheval, boyau séché ou encore corde de violon… Tous ces éléments ont servi de matériel pour suturer les plaies de nos ancêtres. Les sutures existent depuis très longtemps, les premières techniques remontent aux dynasties chinoises et à l’Antiquité égyptienne. Aujourd’hui encore, on referme les plaies avec du fil et une aiguille.
Quand on dit suture, on pense tous à la suture superficielle de la peau. La suture classique consiste à rapprocher les bords d’une plaie avec du fil, une aiguille et des ciseaux. Cette suture est souvent pratiquée avec une aiguille incurvée.
En fonction de la nature de la plaie, le praticien peut choisir entre différents points de suture : des points séparés, des points continus, des surjets, des points renversés…
Il existe deux types de fil : le fil résorbable et le fil non résorbable. Le fil résorbable s’élimine tout seul dans un délai allant de 10 jours à deux mois environ. Il existe également des agrafes ou encore des bandelettes adhésives, assez connues, idéales pour les plaies superficielles qui ne saignent pas.
Enfin, les outils les plus récents à disposition des médecins sont les colles chirurgicales. L’avantage de ces colles chirurgicales est qu’elles se détachent toutes seules en quelques jours. Au bloc opératoire, il arrive souvent que l’on utilise plusieurs de ces techniques à la fois.
Pourquoi les plaies démangent-elles quand elles cicatrisent?
« Ne pas gratter! » – tes parents te l’ont certainement déjà dit, quand tu ne pouvais pas résister à toucher une plaie en cours de cicatrisation.
Le prurit n’est en fait pas un mauvais signe, bien au contraire. Il se produit quand une plaie cicatrise bien et qu’une croûte se forme. Cependant, il est important pour la cicatrisation que la croûte ne soit pas grattée, sinon des bactéries et d’autres agents pathogènes peuvent causer une infection. Le prurit n’aide donc pas vraiment. Son origine n’est pas encore tout à fait certaine pour les chercheurs, mais une chose est sûre, le prurit montre qu’il y a de la « vie dans la plaie ».
Des cellules au travail
Le corps a beaucoup à faire pour cicatriser une plaie. Pour former la nouvelle peau, de nouvelles cellules doivent être produites au plus vite et au bon endroit. Il est important que chaque cellule sache où est sa place et quelle est sa tâche. Les cellules communiquent entre-elles en envoyant de petites molécules qui jouent le rôle de signal ou de message. Un de ces messages est appelé histamine.Elle est responsable du prurit de l’eczéma, une réaction allergique de la peau. L’histamine stimule les cellules nerveuses autour de la plaie en cours de cicatrisation. Ces cellules signalent au cerveau que la peau se cicatrise à cet endroit et que cette cicatrisation se déroule comme prévue. Le cerveau traduit ce signal comme une petite douleur et du prurit.
En outre, la nouvelle couche de peau est plus tendre et plus sensible que la croûte dure qui la recouvre. Ceci provoque une tension, un tiraillement, qui, à son tour, amplifie la démangeaison.
Pour résumer, le prurit indique à notre corps que les cellules travaillent et qu’une nouvelle couche de peau se forme. Il ne faut donc pas les interrompre: ne pas toucher et ne pas gratter! Refroidir la plaie peut par contre soulager, car dans ce cas, notre attention se focalise sur le froid et non plus sur le prurit.
Mis à jour en décembre 2019
La suture faisant suite à une blessure ou une chirurgie, elle peut concerner les patients de tout âge. La suture permet de réunir les berges d’une plaie au moyen de fils de suture ou d’agrafes. Ceux-ci sont retirés ou peuvent se résorber tout seul. Mais quelle vigilance faut-il y porter, au fil de la cicatrisation ?
Faire le point sur la cicatrisation
Elle est plus ou moins longue selon la localisation de la plaie et sa profondeur. Ainsi, le délai nécessaire avant le retrait du matériel de suture varie d’une plaie à l’autre. La vitesse de cicatrisation peut également varier d’un patient à l’autre : chaque corps cicatrise différemment. Certains traitements (tel que la cortisone) peuvent ralentir ce processus. De même, un patient atteint d’un diabète ou dénutri pourra voir sa plaie cicatriser plus tardivement.
Quels soins locaux dois-je apporter moi-même ?
Pendant cette période, vous pourrez être amené à prendre soin de votre plaie. Souvent, les médecins confient les soins et la surveillance des sutures à un(e) infirmier(e). Ces soins nécessitent de passer par plusieurs étapes :
1 – Le nettoyage de la plaie
Le lavage de la plaie dépend tout d’abord des conseils que vous a donné le médecin qui a pratiqué la suture, selon le type de suture et sa localisation. L’utilisation d’un produit désinfectant en solution moussante à base d’iode (exemple Bétadine®) ou de chlorexidine (exemple Hexomédine®) peut être prescrite. Parfois, certaines sutures se contenteront d’un nettoyage au savon doux et d’un rinçage à l’eau courante. Le rinçage minutieux s’effectue au sérum physiologique ou à l’eau stérile. Il est très important de bien suivre les recommandations de votre médecin et/ou du médecin qui a effectué la suture de la peau.
2 – Le retrait des croutes
Le soin permet d’éliminer doucement les croutes se formant au niveau de la plaie. Cela doit se faire en douceur, sans frotter excessivement. Parfois, selon la prescription, l’application d’un corps gras peut être nécessaire. Il peut s’agir de vaseline ou d’une tulle vaseliné (Tulle gras par exemple). Cela va permettre de ramollir les croutes pouvant se former et de faciliter leur retrait.
3 – Le choix du pansement
Les plaies suturées sont généralement peu exsudatives : c’est à dire qu’elles ne coulent pas et ne fabriquent pas de liquide. Mais cela peut être le cas lorsqu’il y a la présence d’un hématome sous la plaie ! Il peut se drainer naturellement au niveau des sutures. Dans ce cas, le pansement devra être plus absorbant.
Quelle surveillance doit être réalisée ?
Plusieurs phénomènes doivent être envisagés et surveillés au niveau d’une suture :
1 – L’inflammation
Une inflammation peut apparaître au niveau de la plaie. Elle se traduit par une rougeur et parfois une douleur. Celle-ci est à surveiller pour ne pas évoluer vers l’infection.
2 – L’infection
La présence d’une rougeur, d’une zone dure et/ou d’un écoulement, s’accompagnant ou non de signes généraux tels que la fièvre ou des frissons, peut indiquer la présence d’une infection. Celle-ci pourra être confirmée par un prélèvement bactériologique au niveau de la plaie.
3 – Le lâchage des sutures
Les berges de la plaie doivent rester bien unies. Lors d’un lâchage de suture, une partie ou la totalité des points peuvent ne plus assurer la cohésion des berges. L’usage de sutures adhésives stériles (type stéri-strips, en plus des fils déjà présents) peut y remédier lorsque le lâchage reste partiel, mais une consultation médicale chez son médecin traitant est conseillée.
4. Un hématome
Un hématome peut apparaître dans les jours qui suivent la suture. Parfois, la pose de drains (qui permettent d’évacuer l’hématome) peut être nécessaire, mais elle n’est pas systématique. L’hématome, s’il est important, peut provoquer des douleurs et exercer une pression au niveau des sutures, qui peuvent se rompre. Il est donc utile de revoir le médecin dans ce cas là. Un drainage peut être effectué à distance de la suture si cela est nécessaire.
J’ai mal : est-ce normal ?
La douleur peut être plus ou moins intense. De très petites sutures localisées au niveau des extrémités des doigts peuvent être extrêmement douloureuses. À l’inverse, une suture de prothèse de hanche, plus longue, peut l’être beaucoup moins. La douleur doit donc être évaluée à l’aide d’échelles validées, ceci évitant une évaluation subjective du soignant. Des médicaments contre la douleur peuvent être prescrits : il ne faut pas hésiter à le signaler à son médecin traitant.
Lorsque vos soins prennent fin, il est conseillé d’éviter d’exposer sa cicatrice au soleil. Pour cela, l’application d’un écran total est essentielle. Aussi, n’oubliez jamais les règles d’hygiène élémentaires lors de cette période de cicatrisation : vous limiterez les risques d’infections ! Des doutes subsistent concernant vos points de sutures ? Parlez-en à nos médecins, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.
La cicatrisation des plaies opératoires
Nous n’aborderons ici que la cicatrisation en première intention des plaies chirurgicales, notamment abdominales, réalisées de façon programmée (c’est-à-dire, sans caractère urgent), à l’exception des césariennes dont les soins sont différents, et des petites chirurgies (par exemple, l’extirpation d’un kyste sous-cutané) pouvant parfois être réalisées en cabinet médical.
La chirurgie programmée : des protocoles bien rodés
De nos jours, il existe des protocoles précis pour chaque type de chirurgie et la chirurgie programmée ne fait pas l’exception. Ainsi, les équipes ont le temps de mettre en œuvre toutes les phases du protocole chirurgical et de ce fait, les risques opératoires et en particulier le risque infectieux sont limités de façon importante.
Globalement, avant l’opération une préparation du patient est réalisée : douche avec un savon antiseptique, dépilation de la zone opératoire, asepsie, antisepsie, utilisation de champs stériles opératoires… Au bloc, toutes les conditions doivent être réunies pour diminuer au maximum le risque infectieux et hémorragique :
- Stérilisation du bloc et de tout le matériel ;
- Lavage scrupuleux des mains de tout le personnel soignant ;
- Utilisation de vêtements stériles couvrant de la tête aux pieds et de gants stériles.
En outre, les chirurgiens sont formés pour utiliser du matériel de suture adapté à chaque plan de l’incision, du péritoine à la peau, en exerçant une tension adéquate et en employant la cautérisation si besoin pour arrêter le saignement de petits vaisseaux et éviter ainsi la formation d’un hématome.
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Pour une cicatrice normale, esthétique et de qualité
Après la suture, la plaie sera couverte d’un pansement permettant sa cicatrisation en milieu humide. Ces pansements dits « modernes » sont imbibés de substances comme des hydrocolloïdes qui maintiennent la plaie humectée car il est démontré depuis les années 1960 que le fait de couvrir une plaie avec un pansement contenant une substance humidifiante contribue à accélérer la cicatrisation.
Après l’intervention, la douche du patient est permise en l’absence de risque infectieux et les changements de pansements se feront après un nettoyage de la plaie selon une fréquence prédéfinie en fonction de la plaie. Mais la surveillance doit être régulière pour vérifier le bon déroulement de la cicatrisation et pour éviter que le pansement ne s’engorge de sécrétions, ce qui pourrait provoquer une macération.
Par ailleurs, il est conseillé :
- De ne pas exposer la cicatrice au soleil ;
- D’éviter les bains, de fumer et de boire de l’ alcool pendant au moins un mois pour ne pas entraver la formation de la cicatrice primaire.
Le respect de ces mesures, cette surveillance et ces protocoles permettront la formation d’une cicatrice normale, c’est-à-dire, peu visible, souple à la palpation et d’une couleur similaire à celle du tissu autour de la cicatrice.
Les cicatrices anormales
Les cicatrices hypertrophiques
C’est une cicatrice qui évolue normalement jusqu’à la 3ème semaine environ mais qui continue de gonfler au-delà de cette période, pouvant devenir très rouge et douloureuse. Puis, au bout de quelques mois, elle présentera un relief relativement important qui cependant tend à diminuer spontanément après un ou deux ans.
Les cicatrices chéloïdes
Il s’agit d’une cicatrice boursoufflée fibreuse et dure au toucher, parfois douloureuse et pouvant être le siège de nombreux petits vaisseaux ( télangiectasies). Cette évolution se voit en général dès la phase inflammatoire de la cicatrisation. Les cicatrices chéloïdes peuvent générer du prurit et, contrairement à ce que l’on entend parfois, on ne connait pas la cause ni les facteurs favorisant la formation de ce type de cicatrice.
Les cicatrices atrophiques ou déprimées
Elles résultent souvent d’un manque de soutien sous-cutané et surviennent en cas de manque d’irrigation sanguine et peuvent être favorisées par un traitement corticoïde.
Les cicatrices rétractiles
Le plus souvent, elles se retrouvent après une brûlure. Ces cicatrices sont dures, fibreuses et présentent un relief. La rétraction peut souvent gêner les mouvements lorsque la cicatrice se trouve au niveau d’une articulation.
Les cicatrices pigmentées
Une pigmentation plus foncée peut apparaître en cas de troubles de la circulation ou sur des peaux noires ou très foncées.
Facteurs pouvant retarder la cicatrisation
Il existe de nombreux facteurs pouvant retarder la cicatrisation et de ce fait, favoriser la formation d’une cicatrice définitive anormale. Ces facteurs peuvent être locaux, généraux ou secondaires à des traitements.
- Parmi les facteurs locaux on peut citer : l’infection de la plaie, un déficit local de l’oxygénation des tissus, un hématome ;
- Parmi les facteurs généraux : le tabagisme, la malnutrition, le stress, une hypovolémie, des maladies vasculaires comme l’ artérite, le diabète, l’ insuffisance rénale, des déficits immunitaires et certaines maladies génétiques ;
- Parmi les facteurs liées à des traitements : les corticoïdes, les anti-inflammatoires non stéroïdiens ( AINS), les irradiations, la chimiothérapie, les anesthésiques locaux.
Au total, la cicatrisation normale d’une plaie chirurgicale et a fortiori la formation d’une cicatrice esthétique et de bonne qualité dépendent du respect des protocoles opératoires mais aussi de l’existence ou non de facteurs de risque pouvant retarder les différentes étapes du processus de cicatrisation.
Ecrit par:
Dr Jesus Cardenas
Directeur médical de Doctissimo
Révision médicale : Dr Jesus Cardenas, Directeur médical de Doctissimo, 07 juin 2018
Mis à jour le 21 janvier 2019
Sources :
- 1 – Principes généraux pour les soins des plaies. Hôpitaux Universitaires de Genève. Octobre 2014.
- 2 – Anne Aerts, Dorine Nevelsteen, Françoise Renard. Soins de plaies. Editions de Boeck, 1998.
- 3 – Société Francophone de Médecine d’Urgence. Prise en charge des plaies aux urgences. 12ème conférence de consensus. Clermont-Ferrand, 2 décembre 2005.
- 4 – Julie Vézina. Le soin des plaies : principes de base. Université du Québec, septembre 2006.
- 5 – Monique Malleret et Delphine Tixier. Gestion des plaies opératoires et cicatrisation. CHU de Clermont-Ferrand.
- 6 – A. Le Touze et M. Robert. La cicatrisation et la cicatrice. CHU de Brest.