Table des matières
- Une marcheuse est mordue par un pitbull récidiviste
- Un pitbull attaque des handicapées
- ICI Radio-Canada
- Mythe 1 : Le pitbull est une race de chien
- Mythe 2 : Les pitbulls sont faciles à identifier
- Mythe 3 : Les pitbulls font plus de victimes que les autres chiens
- Mythe 4 : Les pitbulls représentent 6 % de la population des chiens
- Mythe 5 : Les pitbulls mordent avec plus de force que les autres chiens
- Mythe 6 : Les blessures causées par les pitbulls sont les plus graves
- Mythe 7 : Les pitbulls sont plus agressifs que tous les autres chiens
- Mythe 8 : Les pitbulls ont été utilisés dans les combats, car ils aiment se battre
- Mythe 9 : Les pitbulls ont gardé un instinct de combat dans leurs gènes
- Mythe 10 : Les pitbulls ont toujours été la race de chiens la plus crainte aux États-Unis
Une marcheuse est mordue par un pitbull récidiviste
Un pitbull qui a blessé une femme dans la quarantaine qui promenait ses deux chiens hier soir dans Lanaudière avait déjà été impliqué dans au moins deux autres agressions depuis l’automne dernier.
L’incident est survenu vers 17 h 30 sur la place Laval, à Sainte-Julienne. La marcheuse a été mordue à une main en s’interposant pour protéger l’un de ses deux petits chiens.
L’animal qui a été attaqué a subi des blessures sérieuses qui font craindre pour sa vie. Il a été transporté dans un centre vétérinaire local.
Selon la Sûreté du Québec, le molosse dont on n’a pas voulu préciser la race aurait réussi à se défaire de sa laisse. Il a été pris en charge par un inspecteur canin. Des enquêteurs devaient se rendre sur place pour éclaircir l’affaire et déterminer si des accusations pourraient être portées.
Selon des voisins, il s’agirait au moins de la troisième récidive de ce molosse de type pitbull, gris foncé, qui réside sur la rue.
Le Journal a pu s’entretenir avec deux personnes qui racontent avoir été attaquées par ce même animal, décrit comme particulièrement agressif envers les autres chiens. L’une de ces histoires s’est déroulée il y a moins d’un mois, le 16 mars, et l’autre à l’automne.
» Le mois dernier, il est arrivé sournoisement, sans japper, et a attaqué mon chien. Heureusement, j’ai réussi à attraper le pitbull par le cou et les blessures ont été moins graves. Ça aurait pu vraiment mal tourner. Et là, je vois hier que c’est le même chien « , raconte Michel Raymond.
Une fois de plus
Son chien de 22 livres, un croisement entre un cocker et un caniche, s’en est sorti avec des morsures.
Scénario pratiquement identique à l’automne dernier, le 7 octobre. La bête en question a pratiquement arraché l’oreille d’un berger allemand qui habite sur la place Laval.
Photo courtoisie On voit les blessures subies en octobre dernier à un berger allemand par ce même pitbull.
» Il est vraiment costaud, pour un pitbull. On l’avait déjà rencontré sans animal avec nous et ça avait bien été. Il en a vraiment contre les autres chiens. On commence à être inquiets, il est incontrôlable « , témoigne sa propriétaire qui a préféré ne pas être nommée.
Porté plainte
Les deux personnes qui ont subi des attaques de l’animal agressif soutiennent avoir porté plainte, mais rien n’aurait été fait par la suite.
» On m’a dit qu’il a été évalué, mais qu’il n’était pas considéré comme dangereux. On voit ce que ça a donné. Moi je doute de leur compétence. Il faut que les autorités s’en occupent pour de vrai, maintenant « , s’inquiète Michel Raymond.
Le Journal a aussi pu parler avec plusieurs gens du secteur qui se disaient très inquiets. » On a trois enfants, deux petits chiens. Il y a d’autres chiens dans le secteur. Quelque chose doit être fait « , a soutenu une voisine qui a requis l’anonymat.
Il a été impossible hier soir d’obtenir l’identité du maître ou de s’entretenir avec le service de contrôle animalier, SPA régionale.
Six agressions récentes
►29 mars 2019
Potton, Estrie
Capture d’écran, TVA Nouvelles
Une joggeuse a été gravement mordue par trois chiens. Les bêtes seront finalement euthanasiées. Les premiers répondants qui sont arrivés sur les lieux ont qualifié la scène de » véritable massacre « . La victime a subi six interventions chirurgicales et devrait en subir d’autres.
►24 janvier 2019
Beauport, Québec
Une femme a été attaquée par deux chiens de type pitbull. La victime, qui fait de l’entretien ménager, a été mordue à son arrivée sur les lieux. Ses blessures étaient sérieuses.
►4 décembre 2018
Sainte-Béatrix, Lanaudière
Deux femmes ont été gravement mordues par un pitbull en tentant de le séparer d’un autre chien avec lequel il se bagarrait, dans un foyer d’accueil pour personnes handicapées. Elles ont dû être opérées d’urgence pour éviter une amputation.
►28 août 2018
Pontiac, Outaouais
Un chien a été abattu par les policiers après qu’il eut attaqué deux personnes, dont son propriétaire. Les deux hommes ont subi d’importantes blessures aux bras.
►23 août 2018
Laval
Photo Antoine Lacroix
Un jeune pitbull a attaqué une femme deux fois en 15 minutes et a été tué de plusieurs coups de feu tirés par les policiers. La victime de 42 ans a subi des blessures au pied, à la jambe, au bras et à la main.
Un pitbull attaque des handicapées
Voulez-vous bien me dire ce que ça va prendre pour que l’État québécois prenne des mesures musclées contre les chiens de type pitbull ?
Tuer et bouffer une femme dans sa propre cour ? Pas assez ?
Attaquer et blesser gravement des dizaines d’enfants ? Pas assez ?
Attaquer et blesser gravement deux femmes de 31 et 73 ans, dont une qui risque de perdre un bras, dans un foyer pour handicapés ? On verra.
Mais pour l’instant, le lobby pro-pitbull gagne à tout coup.
Et voilà que la nouvelle ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui parle de ‘trouver un règlement pour encadrer l’ensemble des chiens au Québec.’
C’est quand la dernière fois qu’un Yorkie a envoyé quelqu’un sur la table d’opération le bras à moitié arraché ?
Comment les Ontariens ont-ils réussi à faire interdire les chiens de type pitbull sans que le ciel leur tombe sur la tête ?
Sont interdits dans la province voisine les Staffordshire bull terriers, les American Staffordshire terrier, les American pitbull terrier et les chiens croisés qui ont l’air de pitbulls, à moins que leurs maîtres puissent prouver qu’ils sont d’une autre race et purs.
Les Britanniques, qui adorent les chiens autant que les libertés individuelles, interdisent le pitbull terrier et les chiens qui lui ressemblent, ainsi que le Tosa japonais, le Dogo argentin et le Fila brésilien.
L’Australie aussi interdit les pitbulls.
C’EST QUOI NOTRE PROBLÈME ?
Des narines déchirées. Des paupières arrachées. Des semaines d’école ratées. Des jeunes qui n’osent plus se montrer en public sans porter un masque.
De tous les chiens agressifs, les pitbulls font en moyenne les pires ravages, observe année après année le chef de la chirurgie plastique à l’hôpital Sainte-Justine.
Pour le Dr Daniel Borsuk, qui a reconstruit le visage de Vanessa Biron, les crocs de ces molosses peuvent infliger l’équivalent des blessures par balle, voire des morsures d’ours. Ce qui explique pourquoi certains de ses confrères traitent carrément ces bêtes de » requins terrestres « .
» Quand les pitbulls mordent le centre du visage – le nez, la bouche, la joue ou les paupières – et qu’ils arrachent complètement les tissus, on ne peut les remettre à leur place. «
— Le Dr Daniel Borsuk
À Cincinnati, un chirurgien pédiatrique indigné a pris la peine d’alerter le public en 2014. » Une nuit, j’ai vu un enfant saigner à mort sur la table d’opération, parce qu’un chien lui avait arraché la gorge. Je répare actuellement un enfant dont la moitié du visage a été déchirée jusqu’à l’os « , expose la lettre ouverte du Dr David A. Billmire.
» Dans tous les cas, le chien en cause est un pitbull ou un mélange de pitbull « , précise l’Américain.
À Montréal, le Dr Borsuk voit d’autres atrocités. Et le cas de Vanessa n’est même pas le plus terrible, assure-t-il.
Trois études médicales américaines publiées l’an dernier le confirment. Les pitbulls chargent plus souvent sans avoir été provoqués et infligent des blessures plus catastrophiques (voir plus bas).
En 1989, déjà, le prestigieux Journal de l’Association médicale américaine sonnait l’alarme, rapportant que les pitbulls tuent près de trois fois plus que les bergers allemands (1). Des chercheurs texans ont ensuite conclu que le risque d’être tué par un pitbull était 2500 fois plus élevé que celui d’être tué par un labrador (2). À leurs yeux, la loi devrait donc traiter ces molosses de la même manière que d’autres espèces dangereuses, comme les léopards.
AUSSI D’AUTRES CHIENS
Sur le terrain, à Montréal, le patrouilleur canin Gilbert Trahan croit qu’on fait fausse route en ciblant un type de chien. » Le seul chien qui ne mordra jamais est en peluche « , ironise l’employé de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui a déjà vu des caniches et des chihuahuas féroces.
Les études présentées ci-dessus font en effet état d’agressions commises par plus de 20 autres races – essentiellement des molosses (rottweilers, mastiffs, cane corso, parfois boxers), des bergers allemands, des chiens nordiques et quelques retrievers.
On voit aussi des cas de petits chiens qui ont mordu au visage de très jeunes enfants les ayant dérangés, rapporte le Dr Mirko Gilardino, qui dirige l’unité de chirurgie cervicofaciale à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Vrai, les petits chiens n’ont pas la force requise pour faire autant de dommages qu’un pitbull, nuance-t-il. » Mais les blessures les plus graves que j’ai vues ont été causées par un husky affamé. Il avait arraché la moitié du visage d’un petit Inuit qui était entré dans son enclos. «
» L’été dernier, un de nos patients avait été mordu par un golden, renchérit le Dr Borsuk. Tu ne peux pas dire que tous les autres chiens sont gentils et que tous les pitbulls sont horribles. Certains sont excellents. «
1. » Dog-Bite Related Fatalities From 1979 through 1988 « , JAMA, 1989
2. » Mortality, Mauling, and Maiming by Vicious Dogs « , Annals of Surgery, 2011
LISEZ LES TROIS ÉTUDES DE 2015 ( EN ANGLAIS )
EN CHOC POST-TRAUMATIQUE
Plus de la moitié des enfants mordus par des chiens ont encore des symptômes de choc post-traumatique des mois après l’agression (1).
» Leur terreur est incroyable, puisque leur vie a été menacée de façon primitive. Certains se retrouvent dans le même état que les enfants que j’ai vus en Haïti après le séisme « , expose la psychologue clinicienne Sandra Rafman, chercheuse à l’UQAM et auteure de publications sur les traumatismes.
Quand le chien appartient à un ami ou à un membre de la famille – qui décide de garder l’animal –, la blessure s’intensifie. » C’est comme une trahison. L’enfant comprend que la vie du chien passe avant la sienne ; ça bouleverse toute sa notion du bien et du mal « , prévient la psychologue, en repensant à deux jumeaux de 5 ans, suivis jadis à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Le garçon avait failli mourir sous les crocs des deux molosses d’un proche parent, devant les yeux de sa sœur impuissante. Le souvenir de l’attaque était si intolérable que la fillette implorait la psychologue d’effacer ses notes et barbouillait ses propres dessins. » Elle me demandait toujours : Vérifie s’ils ont tué les chiens, prends de bonnes jumelles pour aller voir « , raconte la Dre Rafman.
L’enfant soupçonnait qu’une des deux bêtes vivait toujours à quelques portes de chez elle. Elle ne croyait pas les adultes autour d’elle. Et elle avait raison.
— Marie-Claude Malboeuf, La Presse
1. » Posttraumatic stress disorder after dog bites in children « , The Journal of Pediatrics, 2004
ICI Radio-Canada
Un texte de Bouchra Ouatik à Découverte
Pour départager le vrai du faux, nous avons consulté plus d’une centaine d’études scientifiques indépendantes provenant d’une dizaine de pays, sur des questions allant des statistiques de morsures à la morphologie des chiens, en passant par la génétique et le comportement.
Pour écoute le reportage diffusé à l’émission Découverte, cliquez ici.
Mythe 1 : Le pitbull est une race de chien
On parle souvent, à tort, de la race pitbull. Le terme définit plutôt trois races de chiens de lignées différentes : le pitbull terrier américain, le terrier américain du Staffordshire et le bull terrier du Staffordshire. Selon des historiens, le premier a été utilisé dans les combats de chiens au 19e siècle, tandis que les deux autres ont plutôt été élevés pour des concours canins. Seuls les deux derniers sont considérés comme des races pures par les principaux clubs canins nord-américains.
Dans les années 1990, une autre race a vu le jour : l’American bully. Ce chien est très court sur pattes et musclé. Il n’est cependant pas reconnu par la majorité des clubs canins et son appartenance à la catégorie » pitbull » ne fait pas encore l’unanimité dans le domaine.
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Un terrier américain du Stafforsdhire, un bull terrier du Staffordshire et un American bully
Photo : iStock / GlobalP/Cynoclub
Mythe 2 : Les pitbulls sont faciles à identifier
Les trois chiens de types pitbull sont physiquement différents les uns des autres. Le terrier américain du Stafforsdhire est le plus massif des trois, tandis que le bull terrier du Stafforsdhire est beaucoup plus petit et a une tête plus carrée que les deux autres. Leurs points communs sont une mâchoire carrée, une musculature bien définie et le poil court. On retrouve une variété de couleurs de pelage chez ces chiens.
Cependant, une dizaine d’autres races de chiens de divers pays ressemblent aux pitbulls. Ces chiens appartiennent généralement à la catégorie des molossoïdes. Parmi eux, on retrouve notamment des races européennes (dogue des Canaries, dogue de Bordeaux, dogue de Majorque, cane corso), des races américaines (bouledogue américain, dogue argentin), des races africaines (boerboel) et des races asiatiques (tosa inu).
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Un dogue argentin
Photo : iStock / Lunja
- Jeu : Ces chiens sont-ils des pitbulls?
La compagnie canadienne DNA My Dog est l’une des rares qui effectuent des tests d’ADN sur les chiens. Sa présidente, Mindy Tenenbaum, qui est aussi formée en médecine vétérinaire légale, explique que ces tests peuvent déterminer avec précision si un chien est un pitbull à une condition : il doit posséder de l’ADN terrier américain du Staffordshire ou de bull terrier du Staffordshire. Le pitbull terrier américain est exclu, car il ne s’agit pas d’une race reconnue par les clubs canins nord-américains.
» Il arrive souvent que l’on teste des chiens que l’on croit être des pitbulls, mais qui finalement n’en sont pas « , souligne-t-elle. Elle ajoute que lorsque des attaques se produisent, la race du chien n’est identifiée que de manière visuelle, généralement par des policiers ou des témoins.
Elle souligne également que lorsqu’un chien est issu du croisement de deux races, il est difficile de l’associer à une seule race. » Si on croise un chihuahua et un labrador, est-ce plus un chihuahua ou un labrador? «
- À lire aussi : Un autre chien impliqué dans une attaque n’était pas un pittbull, dit la SPCA
Mythe 3 : Les pitbulls font plus de victimes que les autres chiens
Des statistiques véhiculées par des groupes anti-pitbulls indiquent que les pitbulls seraient responsables de plus de 60 % des attaques graves. Cependant, ces chiffres comportent de nombreuses erreurs et ne recensent qu’une infime portion des attaques graves.
À lire aussi : Pitbulls : des données non scientifiques fréquemment citées par les médias
Il existe pourtant des études scientifiques sérieuses à ce sujet. La chercheuse en médecine vétérinaire Karen Overall, de l’Université de Pennsylvanie, a analysé toutes les études sur les statistiques de morsures, publiées à travers le monde, entre 1950 et 2000. Son constat : la race qui cause le plus grand nombre de blessures dépend de la région et de l’année étudiée. » En résumé, si les bergers allemands étaient populaires une année, il y avait plus de morsures de bergers allemands. Mais avec le temps, les blessures catastrophiques ont été de plus en plus souvent attribuées aux pitbulls, dit-elle. Pendant une époque, c’était les rottweilers. «
Dans les études que nous avons consultées, on constate aussi que dans plusieurs pays européens, ce sont les bergers allemands qui sont en tête, loin devant les autres chiens.
Au Canada, les chiens responsables du plus grand nombre d’attaques graves sont les huskys, les malamutes, les bergers allemands et les rottweilers.
Une chercheuse de l’Université du Manitoba a recensé toutes les morts causées par des chiens au Canada entre 1990 et 2007. Sur 28, 8 avaient été causées par des chiens nordiques, tels que les huskys et les malamutes. Trois personnes avaient été tuées par des rottweilers, et une, par un pitbull.
Le portrait est semblable au Québec où, depuis 30 ans, sur 7 morts causées par des chiens, 5 étaient attribuables à des chiens nordiques, 1 à un berger allemand, et 1 à un chien identifié comme un pitbull. Dans le dernier cas, la Ville de Montréal attend toujours les résultats d’un test d’ADN pour confirmer la race du chien.
Les morts causées par des huskys ou des malamutes ne surviennent pas toujours dans des régions nordiques. Au Québec, dans la moitié des cas, l’attaque a eu lieu en ville.
À lire aussi : Bébé tué par un chien : la mère plaide coupable d’homicide involontaire
Dans une autre étude sur 287 cas d’hospitalisations d’enfants pour des morsures de chien à Edmonton, les rottweilers étaient en tête avec 29 % des morsures, suivi par les bergers allemands, les huskys, et finalement les pitbulls.
Les rapports d’hôpitaux ne contiennent cependant pas toujours de mention de la race du chien. Dans plusieurs études, entre 60 et 80 % des victimes n’étaient pas en mesure d’identifier la race du chien qui les a mordues.
» Lorsqu’une morsure sévère se produit, peu importe la race du chien, si ce n’est pas un golden retriever, la tendance est de l’étiqueter comme un pitbull, sans preuve, affirme Karen Overall. N’importe quel chien un peu grand et costaud peut tomber dans cette catégorie. «
Une étude texane avance que ces chiens sont 2520 fois plus à risque de tuer que les labradors. Cependant, les chercheurs ont obtenu ce chiffre en se basant sur le nombre de pitbulls enregistré auprès d’un club canin qui ne reconnaît pas les pitbulls terriers américains. Les auteurs utilisent également des chiffres provenant de groupes anti-pitbulls.
À lire aussi :
- Étude sur les statistiques de morsures, publiées à travers le monde, entre 1950 et 2000 (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
- Étude sur les décès causés par des chiens au Canada entre 1990 et 2007 (Nouvelle fenêtre)(en anglais)
- Étude sur les cas d’hospitalisations à Edmonton (Nouvelle fenêtre)(en anglais)
- Étude sur 1109 cas de morsures en Californie (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
- Étude sur la prévention des morsures canines (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
- Étude des Centers for Disease Control sur les décès causés par les chiens (Nouvelle fenêtre)(en anglais)
- Étude texane sur les morsures de chiens (Nouvelle fenêtre)(en anglais)
Mythe 4 : Les pitbulls représentent 6 % de la population des chiens
Pour évaluer si une race de chiens attaque de façon disproportionnée, il faut d’abord connaître la proportion de cette race dans la population totale des chiens.
Certains experts tentent d’estimer le risque posé par les pitbulls en se basant sur le nombre de chiens enregistrés soit auprès des municipalités, soit auprès des clubs canins. Cependant, le pourcentage total de chiens enregistrés est très faible. À Montréal, par exemple, seuls 14 % des chiens sont enregistrés. De plus, certaines études soulignent que les propriétaires de pitbulls sont moins enclins à enregistrer leur chien que les propriétaires d’autres races. Cela peut donner l’impression que les pitbulls sont moins nombreux qu’ils ne le sont en réalité.
Quant au Club canin canadien, il compte 48 000 chiens enregistrés au Canada, dont 7500 au Québec. L’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux (AMVQ) estime qu’il y a plus d’un million de chiens au Québec. Cela signifie que moins de 1 % des chiens québécois sont enregistrés auprès du Club canin canadien.
Mythe 5 : Les pitbulls mordent avec plus de force que les autres chiens
Un des principaux mythes sur les pitbulls est qu’ils mordent avec plus de force que les autres chiens et que leur mâchoire se » verrouille « . Plusieurs études prouvent que c’est faux.
En effet, des chercheurs de l’Université Guelph, en Ontario, ont démontré que la force de la mâchoire du chien était directement proportionnelle à la taille du crâne, indépendamment de la race.
Le zoologiste Brady Barr, qui a réalisé une série documentaire sur les forces de morsures d’animaux pour National Geographic, a mesuré la force de divers chiens. Dans son expérience, le pitbull et le berger allemand avaient une pression de mâchoire presque égale, tandis que le rottweiler était une fois et demie plus puissant.
Il n’y a aucune preuve qu’une race de chiens a une morsure différente d’une autre race. Tous les chiens mordent de la même façon. Évidemment, un gros chien aura une morsure plus puissante qu’un petit chien.
Il arrive que des pitbulls mordent si fort qu’il est presque impossible de leur faire lâcher prise. Cela peut cependant arriver avec n’importe quel gros chien lorsqu’il commet une attaque de prédation, souligne le Dr Godbout. Par exemple, en février dernier, en Oklahoma, un saint-bernard a mordu son propre maître si fort que la police a dû recourir à un pistolet taser pour qu’il lâche sa victime.
Le rapport de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) sur les chiens dangereux présente un tableau selon lequel la mâchoire du pitbull serait trois fois plus puissante que celle d’un loup et presque aussi puissante que celle d’un requin. Cependant, ces données ont été prises de la thèse d’une étudiante au doctorat qui a elle-même trouvé son information sur un site d’éleveurs de bergers allemands, qui ne cite aucune source.
En réalité, il a été démontré que la mâchoire du loup est environ quatre fois plus puissante que celle d’un chien sauvage, et celles des requins, encore plus. À ce sujet, le président de l’OMVQ, Joël Bergeron, concède qu’il y a pu avoir des erreurs dans ces chiffres.
Mythe 6 : Les blessures causées par les pitbulls sont les plus graves
Bien que les pitbulls puissent infliger des blessures très graves, cela est comparable à ce que peuvent faire d’autres chiens de la même taille.
Nous avons consulté des dizaines de cas d’autopsies de personnes tuées par des chiens, et tous les gros chiens ont la capacité de défigurer et de mutiler des victimes. Dans les dernières années, des pitbulls, des bergers allemands, des rottweilers, des huskys, des labradors et des golden retrievers ont infligé des blessures extrêmement graves, voire mortelles. Un des cas les plus connus est celui d’Isabelle Dinoire, une Française qui a eu le visage arraché par son labrador alors qu’elle dormait, en 2005. Elle a été la première femme au monde à subir une greffe complète du visage.
Voici quelques exemples d’autres chiens :
- Étude du médecin légiste en chef de Terre-Neuve-et-Labrador (Nouvelle fenêtre)(en anglais) : On y décrit le cas d’une femme de 44 ans, attaquée par des huskys, qui a eu le bras droit arraché, la cage thoracique défoncée et ses organes internes avaient disparu.
- Étude sur des rapports d’autopsie au Kentucky (Nouvelle fenêtre)(en anglais) : On y retrouve entre autres le cas d’une femme de 53 ans qui a eu la peau du visage et du crâne arrachée par deux rottweilers et l’artère carotide gauche sectionnée, ainsi que le cas d’un garçon de trois ans qui a eu la peau du visage et les oreilles arrachées par un rottweiler.
- Étude sur des cas de décharnement et de décapitation causés par des chiens (Nouvelle fenêtre)(en anglais) : On y signale notamment les cas de deux enfants tués par des bergers allemands, dont une fillette de 11 ans qui a eu la peau arrachée jusqu’au squelette.
- Étude menée à Denver sur 75 cas de blessures au visage (Nouvelle fenêtre) (en anglais) : Les auteurs concluent qu’il n’y a pas de lien significatif entre le nombre de blessures et la race du chien, ni entre la sévérité des blessures et la race du chien.
Mythe 7 : Les pitbulls sont plus agressifs que tous les autres chiens
Dans les attaques de pitbulls les plus médiatisées, on constate souvent que le chien a mordu sans donner d’avertissement, sans avoir été provoqué et qu’il s’est acharné sur la victime. Ce comportement correspond à une attaque de prédation et n’est pas propre aux pitbulls.
La majorité des chiens ont été sélectionnés pour avoir un instinct de prédation : les chiens de berger, les chiens de chasse, les terriers, etc. Cependant, lorsque cette prédation est dirigée vers l’humain, il s’agit d’un comportement anormal, quelle que soit la race du chien. Ces attaques peuvent être dues à une maladie mentale chez l’animal, explique le Dr Martin Godbout, qui traite de tels chiens.
Le zoologiste James Serpell a recueilli depuis une dizaine d’années des données sur le comportement de plus de 30 000 chiens de 300 races différentes. Selon sa recherche, les chiens les plus agressifs envers les humains sont les chihuahuas, les teckels et les jack russell terriers.
Les pitbulls se classent dans la moyenne et sont moins agressifs que les bergers allemands et les dobermans. Par contre, en ce qui concerne l’agressivité envers les autres chiens, les pitbulls sont parmi les plus agressifs, derrière les akitas.
Deux autres études menées par des chercheurs de l’Université de Hanovre, en Allemagne, ont comparé le comportement des pitbulls et des golden retrievers. Bien qu’ils aient observé que les pitbulls étaient plus enclins à mordre dans une situation menaçante (par exemple, si une personne s’approche d’eux avec un briquet ou un bâton), les chercheurs ont noté que 95 % des pitbulls ont réagi de façon appropriée ainsi que 98,57 % des golden retrievers.
À lire aussi :
- Étude sur l’agressivité en fonction de la race du chien (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
- Étude comparative entre les pitbulls et les golden retrievers (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
Mythe 8 : Les pitbulls ont été utilisés dans les combats, car ils aiment se battre
Les pitbulls sont issus du croisement entre deux chiens : le bouledogue anglais, un chien robuste utilisé dans les combats contre les taureaux et les ours, et le terrier anglais, un chien agile qui servait à chasser la vermine. Le pitbull a ensuite été sélectionné pour être agressif envers les autres chiens, afin d’être utilisé dans des combats au 19e siècle.
On croit à tort que si les pitbulls ont été utilisés dans les combats, c’est parce qu’ils ont un instinct naturel pour se battre jusqu’à la mort. Or plusieurs enquêtes sur les combats de chiens ont révélé les méthodes cruelles employées par les propriétaires de ces chiens afin de les forcer à se battre, même lorsqu’ils sont blessés.
Un des cas les plus médiatisés a été celui du joueur de football Michael Vick. Il a été arrêté en 2007 et condamné à la prison pour avoir géré une organisation de combats de chiens en Virginie. L’enquête a démontré que les chiens qui refusaient de se battre étaient pendus, noyés, électrocutés ou abattus.
Karen Overall a traité des dizaines de chiens rescapés des combats, et elle constate qu’ils sont généralement très craintifs devant les humains. » C’est un peu comme ce qu’on voit chez un enfant battu ou une personne qui a vécu un traumatisme « , explique-t-elle.
Ils ont généralement peur, car les choses qui sont faites pour amener un chien à se battre jusqu’à la mort ne sont pas tendres. Ces chiens se méfient beaucoup des gens et ils sont à l’affût du prochain chien qui va les attaquer.
- À lire aussi : Article de CBC sur le cas de Michael Vick (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
Mythe 9 : Les pitbulls ont gardé un instinct de combat dans leurs gènes
Il est vrai qu’au 19e siècle les pitbulls étaient sélectionnés pour le combat. Les éleveurs reproduisaient ceux qui étaient le plus agressifs envers les autres chiens. Toutefois, à compter du début du 20e siècle, les pitbulls ont de plus en plus été élevés pour être des animaux de compagnie ou pour participer à des concours canins.
On croit souvent que le pitbull aurait malgré tout conservé un instinct inné pour le combat, tout comme un chien de berger aurait un instinct pour garder le bétail. Selon Karen Overall, qui aussi mené des études sur la génétique des chiens, cette perception est fausse.
C’est le plus grand mythe que je combats depuis 25 ans. Le comportement d’un chien n’est pas déterminé par sa race. Ce n’est pas le cas.
Lorsque les éleveurs cessent d’élever une race de chiens en fonction d’un comportement particulier, celui-ci se dissipe. En effet, un chercheur en zoologie de l’Université de Stockholm, en Suède, a démontré que les chiens d’aujourd’hui ont peu en commun avec leurs ancêtres sur le plan du comportement. Après avoir analysé le comportement de plus de 13 000 chiens, il en conclut qu' » aucune relation n’a été trouvée entre le comportement typique des races et la fonction d’origine de ces races. » Il précise aussi qu’il y a d’importantes variations de comportement au sein d’une même race.
Plusieurs études ont démontré, par ailleurs, que le comportement d’un chien dépend beaucoup plus de l’environnement que des gènes.
» Même si un animal est né avec une prédisposition innée à l’agression, explique James Serpell, il n’aura pas nécessairement ce trait à l’âge adulte s’il n’est pas exposé à un environnement propice à stimuler ce genre de réactions, dès son jeune âge. «
Il est aussi impossible de prédire le comportement d’un chien à partir de son apparence, car les gènes qui déterminent les traits physiques ne sont pas les mêmes que ceux influant le comportement.
À lire aussi :
- Étude sur le comportement typique des races de chiens (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
- Étude sur le rôle des gènes dans le comportement (Nouvelle fenêtre) (en anglais)
Mythe 10 : Les pitbulls ont toujours été la race de chiens la plus crainte aux États-Unis
Le pitbull est un chien populaire aux États-Unis depuis plus de 150 ans. Au début du 20e siècle, des pitbulls ont soutenu des soldats durant la Première Guerre mondiale, ils ont été les mascottes d’équipes sportives, et certains ont tenu des rôles au cinéma.
Au cours du siècle précédent, de nombreux autres chiens ont été montrés du doigt comme étant des chiens à éliminer. Le berger allemand a longtemps été perçu comme un chien dangereux, car il était couramment utilisé comme chien de garde. En 1925, le magistrat de la ville de Queens, aux États-Unis, James Conway, sonnait l’alarme, comme le rapporte un article du New York Times de l’époque. Il écrivait que les bergers allemands étaient des » chiens sauvages » apparentés aux loups. Il leur reprochait d’être responsables de la majorité des morsures et disait : » Ces chiens doivent être bannis de la ville. » L’Australie a d’ailleurs banni les bergers allemands à compter de 1928, et ce, pour quatre décennies.
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Article publié le 14 septembre 2000 dans le quotidien américain The Item
Photo : The Item
Au cours des années 1970 et 1980, les saint-bernards ont aussi été responsables d’un grand nombre d’attaques et ont tué plusieurs enfants. Ils étaient alors considérés comme des chiens d’attaque. En 1976, un chirurgien du Massachusetts, Robert Goldwyn, écrivait dans la revue scientifique Archives of Surgery que les saint-bernards étaient devenus » plus vicieux et imprévisibles que jamais auparavant « .
Les recherches sur la génétique et les comportements menées durant les 50 dernières années démontrent qu’il n’y a pas de race de chiens fondamentalement dangereuse. Cependant, il existe des chiens dangereux.