Table des matières
- Paris : une publicité dans le métro veut vous faire aimer les rats
- Pourquoi les rats ont-ils une image si négative ?
- Quelles sont les déclinaisons de cette image de nuisible dans les représentations artistiques ?
- Vous pouvez citer d’autres représentations ?
- Pour reprendre la fable de La Fontaine, le rat des villes n’a-t-il pas une image encore plus négative que celle du rat des champs ?
- La mauvaise image du rat des villes est donc plus récente ?
- Cette peur des rats n’est-elle pas un peu irrationnelle en ville ?
- On évoque aussi les dangers sanitaires que les rats feraient courir à la population humaine…
- Donc le rat ne représente plus un vrai danger sanitaire ?
- Est-ce que l’image du rat ne s’améliore pas ces dernières années ? A travers des dessins animés comme Ratatouille par exemple…
- Les rats à Paris, héritage de la fan-zone de l’Euro 2016 ?
- Le rat musqué, un animal nuisible et invasif
- Le rat musqué : carte d’identité
- La nourriture du rat musqué
- Les dégâts causés par le rat musqué
- Lutter contre le rat musqué
Paris : une publicité dans le métro veut vous faire aimer les rats
Un rat mignon qui vous regarde avec amour en tenant une pancarte proposant des « bisous gratuits ». C’est la campagne de publicité lancée ce jeudi 4 octobre dans le métro de Paris par l’association Paris animaux Zoopolis, à contre-courant de la vision habituelle que l’on a de ces animaux.
Une campagne conçue pour « remettre en cause l’image négative des rats », explique l’association , qu’elle estime issue de « préjugés ». Paris animaux Zoopolis assure par exemple que les rats ne sont pas porteurs de maladies, n’attaquent pas les humains ou encore qu’ils ne sont pas sales : « Ils font leur toilette avec minutie, même s’ils vivent dans les égouts ».
L’association, au-delà de déconstruire les clichés, veut dénoncer la chasse aux rats menée avec vigueur par la mairie de Paris. Les rongeurs se sont multipliés dans la capitale, envahissant poubelles, jardins publics, quais de Seine… bien souvent appâtés par les déchets abandonnés par les Parisiens eux-mêmes ou les touristes.
¿Demain, notre association @ParisZoopolis lance une campagne d’affichage sur les quais du métro
¿¿Cette campagne est destinée : à remettre en cause l’image négative des rats issus de préjugés ET à contester l’empoisonnement des #rats à #Paris
¿https://t.co/OChewon3Im pic.twitter.com/L60OOyQPlg
— Paris Animaux Zoopolis (@ParisZoopolis) 3 octobre 2018
Si Paris animaux Zoopolis trouve que la mairie en fait beaucoup, certains veulent aller encore plus loin, à l’image de Geoffroy Boulard, maire (LR) du XVIIe arrondissement. En juin, il avait lancé une carte interactive, à l’efficacité discutée, pour signaler les rats repérés par les passants, et recherche de nouveaux moyens pour éradiquer les rats sur son territoire. Il y a donc encore du chemin à faire pour une cohabitation entre les humains et les rats comme en rêve l’association.
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Philippe Reigné est juriste et professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Il est le cofondateur de l’association Paris Animaux Zoopolis.
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Pourquoi les rats ont-ils une image si négative ?
Cette mauvaise réputation est très ancienne, elle remonte à l’antiquité. Les rats étaient accusés de s’attaquer aux récoltes, provoquant famines et disettes. En réalité, c’était peut-être l’inverse ; les famines, endémiques, affaiblissant les humains, les rats s’enhardissaient à piller les récoltes, accentuant la pénurie. Les rats étaient alors perçus comme de dangereux concurrents des humains : rapaces, belliqueux, intelligents, ils auraient envahi des villes et des pays entiers. Cette image leur est encore attachée de nos jours. Le Parisien a ainsi récemment titré un de ses articles : « Les rats sont entrés dans Paris ! ». J’attends donc que le gouvernement se réfugie à Bordeaux et que les rats défilent sur les Champs-Elysées !
Les sources anciennes, en revanche, n’associent guère le rat à la peste, car son rôle exact dans la transmission de cette maladie n’a été connu qu’à la fin du XIXe siècle. On sait aujourd’hui que la peste noire, qui aurait tué entre un tiers et la moitié de la population européenne au XIVe siècle, était transmise par les puces des rats. La plupart des contemporains l’ignoraient cependant. L’association du rat et de la peste est donc récente et pourrait bien être un produit de l’hygiénisme du XXe siècle. Par ailleurs, il ne s’agit pas du même animal que celui nous côtoyons aujourd’hui dans nos villes. Le rat de la peste est le rat noir (Rattus rattus). Il a été supplanté par son cousin, le rat gris (Rattus norvegicus) au cours du XVIIIe siècle. Le rat noir n’était pas un porteur sain de la peste : il en était lui aussi victime. Toutefois, contrairement au rat gris, il mourrait souvent hors de son terrier. C’était un facteur supplémentaire de contamination.
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Quelles sont les déclinaisons de cette image de nuisible dans les représentations artistiques ?
On pense immédiatement à la légende du joueur de flûte de la ville de Hamelin en Basse-Saxe. Cette ville aurait été envahie par les rats. Le maire promit mille écus à un joueur de flûte pour qu’il les débarrassât des rats. Celui-ci attira les rats hors de la ville jusqu’à la Weser proche, où ils se noyèrent. Toutefois, les habitants refusèrent de verser la somme promise au joueur de flûte et le chassèrent. Pour se venger, le musicien revint à Hamelin un peu plus tard et, une nuit, il joua de nouveau de la flûte. Les enfants de la ville le suivirent et on ne les revit jamais. Il convient cependant de relever que, dans les premières versions de la légende, les rats ne sont pas mentionnés ; ils ne font leur apparition qu’à la fin du XVIe siècle, sans doute pour fournir une explication au récit, dont le sens premier s’était perdu. La légende du joueur de flûte de Hamelin racontait donc, à l’origine, une tout autre histoire.
Les rats sont aussi présents dans la célèbre nouvelle d’Edgar Allan Poe, le Puits et le pendule, publiée en 1842. Grouillant sur le corps du condamné, ils contribuent à le rendre fou de terreur, alors qu’il est enfermé dans un cachot aveugle, à Tolède, pendant la Guerre d’indépendance espagnole. Ils rongent ses liens, enduits de nourriture, et le libèrent avant que le pendule, au tranchant inférieur affilé comme celui d’un rasoir, ne le tue. Bien qu’ils contribuent, à leur manière, à une fin heureuse, les rats sont présentés sous un jour détestable : « Ils étaient tumultueux, hardis, voraces – leurs yeux rouges dardés sur moi, comme s’ils n’attendaient que mon immobilité pour faire de moi leur proie. » La littérature des XIXe et XXe siècles diffusera ainsi la figure fantasmagorique du rat anthropophage, qui inspire encore, de nos jours, la presse à sensation.
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Vous pouvez citer d’autres représentations ?
En héraldique, la famille dont est issu le dramaturge Racine portait, au XVIe siècle, « d’azur au rat et au cygne d’argent ». Il s’agissait d’armoiries parlantes (rat-cygne). Le grand tragédien supprima le rat pour conserver le cygne ; le rat était devenu indigne de l’auteur de Phèdre… On remarquera cependant que le rat, comme meuble héraldique, convenait encore au père de Jean Racine, qui portait le titre d’écuyer et était procureur au baillage et greffier du grenier à sel de La Ferté-Milon.
Pour reprendre la fable de La Fontaine, le rat des villes n’a-t-il pas une image encore plus négative que celle du rat des champs ?
La Fontaine, qui s’inspira d’Esope, écrivit plus d’une douzaine de fables mettant en scène des rats. L’une des plus connues est assurément le Rat de ville et le rat des champs. Toutefois, le vocabulaire du XVIIIe siècle, plus souple que le nôtre, désignait sous le terme de rat aussi bien une souris qu’un campagnol ou qu’un rat, noir ou gris. Cette fable, qui est le prétexte d’une comparaison entre la vie à la Cour et la vie sur un grand domaine foncier, n’a rien perdu de sa pertinence, mais elle est étrangère à la littérature « anti-rat » précédemment évoquée.
La mauvaise image du rat des villes est donc plus récente ?
Il faut se rappeler que les villes sont considérées, depuis la fin du XIXe siècle, comme des territoires réservés aux êtres humains. Les animaux n’y ont plus leur place ; les chiens doivent être tenus en laisse ; de nombreuses boutiques leur sont interdites. Les autres animaux de compagnie sont pratiquement cantonnés dans les appartements ou les maisons.
Les rats sont des animaux liminaires : ce ne sont pas des animaux domestiques, mais ils se sont adaptés aux espaces habités par les humains parce qu’ils trouvent de nombreux avantages à vivre parmi nous (nourriture, abri, protection contre les prédateurs, etc.). Prisonniers de la distinction que nous avons établie entre les animaux domestiques et les animaux sauvages, nous considérons que les animaux sauvages doivent vivre dans la nature sauvage et traitons les animaux liminaires comme des intrus. « Comme ils ne font pas partie de notre société, nous sommes persuadés de pouvoir éliminer en toute impunité ces prétendus nuisibles par des méthodes semblables à celles du nettoyage ethnique », relèvent Sue Donaldson et Will Kymlicka, dans leur ouvrage Zoopolis, une théorie politique des droits des animaux (Alma éditeur, 2016).
Encore les rats sont-ils tolérés dans les sous-sols (caves, égouts, etc.) ; en revanche, ils ne doivent pas remonter à la surface. S’ils y paraissent, ils seront immanquablement considérés comme des « envahisseurs », sans que l’on se donne la peine de les dénombrer, et seront livrés aux dératiseurs, jusqu’à ce qu’ils disparaissent des rues, parcs et jardins. En revanche, la présence des rats est mieux acceptée à la campagne, car il s’agit d’un milieu où les animaux ont encore une place, pourvu qu’ils ne gênent pas les activités humaines, cependant de plus en plus envahissantes et destructrices.
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Cette peur des rats n’est-elle pas un peu irrationnelle en ville ?
Elle est totalement irrationnelle ! Nous voulons voir une invasion et, pour cette raison, nous surestimons le nombre de rats présents dans nos villes. On admettait ainsi qu’il y avait autant de rats que d’habitants à New York, soit huit millions à peu près. Toutefois, un doctorant de l’université de Columbia, Jonathan Auerbach, a montré, de manière rationnelle, qu’il n’y avait que deux millions de rats environ qui vivaient dans la métropole américaine.
On évoque aussi les dangers sanitaires que les rats feraient courir à la population humaine…
On insiste longuement sur la leptospirose, dont les rats sont parfois porteurs. On souligne le risque de contamination par les eaux douces souillées par les urines des rats. On relève encore l’augmentation de l’incidence de cette maladie, mais on oublie souvent de rappeler que cette augmentation est une conséquence du changement climatique en cours. Elle n’est pas due à un accroissement de la population de rats.
Donc le rat ne représente plus un vrai danger sanitaire ?
En Inde, à Deshnok (Rajasthan), le temple de Karni-Mata abrite plus de vingt mille rats. Ils sont les manifestations des poètes et conteurs ramenés à la vie sous cette forme par Karni, mystique du XIVe siècle, avec l’autorisation de Yama, dieu de la mort. La nourriture et les boissons goûtées par les rats sont bénies. Aussi, les fidèles, en signe de communion divine, lèchent leurs doigts après les avoir trempés dans les bols de lait mis à la disposition des rats. De mémoire humaine, la ville de Deshnok n’a pourtant jamais été le foyer d’épidémies. Les touristes occidentaux visitant le temple de Deshnok se plaignent parfois de la forte odeur qui y règne (pour un nez occidental), mais ne font pas état de maladies contractées à cette occasion.
Est-ce que l’image du rat ne s’améliore pas ces dernières années ? A travers des dessins animés comme Ratatouille par exemple…
Au XXe siècle, la scène était davantage occupée par les souris comme Mickey ou Jerry (de Tom et Jerry). Le dessin animé Ratatouille souligne enfin l’intelligence et le caractère social du rat. Le nombre de rats de compagnie a augmenté après la sortie du film en Grande-Bretagne, par exemple. L’apparition de rats de compagnie est un phénomène relativement nouveau. Le rat est en retard par rapport à d’autres animaux de compagnie, mais son image s’améliore enfin. De petite taille, il n’occupe pas un trop grand territoire ; il est possible d’en faire cohabiter plusieurs dans un appartement exigu et de constituer une petite société de rats, toujours très étonnante à observer. C’est un animal de compagnie d’avenir, adapté aux petits logements.
Le rat emprunte ainsi le chemin suivi par le lapin, troisième animal de compagnie derrière le chien et le chat. Lapins et rats se ressemblent à certains égards : les lapins de garenne sont aussi considérés comme des animaux nuisibles, car ils s’attaquent quelquefois aux récoltes. Comme les rats, ils vivent dans des terriers et constituent des sociétés hiérarchisées. Toutefois, les lapins sont associés à la campagne, à la nature, à Pâques, alors que le rat de compagnie appartient à la même espèce que le rat gris, aussi dénommé rat d’égout. C’est donc un peu plus compliqué pour le rat, avec de telles origines souterraines, de trouver sa place dans nos foyers.
Catherine Calvet
Les rats à Paris, héritage de la fan-zone de l’Euro 2016 ?
Plusieurs dizaines de rongeurs entassés dans une benne à ordures gigotent pour tenter d’en sortir : l’impressionnante vidéo tournée par un éboueur parisien dans le 7e arrondissement marque un basculement dans le feuilleton « Les rats à Paris ». Et pose la question de l’augmentation de leur population. On jurerait qu’ils prolifèrent désormais dans la capitale. Mais est-ce vraiment le cas ?
« Si les rats n’avaient pas à manger à l’extérieur, ils ne sortiraient pas des égouts ! »
« Personne ne sait combien il y a de rats à Paris », a répondu à Sciences et Avenir la Mairie de Paris, qui semble d’ailleurs considérer que la question est sans réel objet : « Le nombre total n’est pas un problème, la majorité des rats vivant dans les égouts. Ces rats-là sont peu nuisibles et peuvent même rendre quelques services : consommation de matière organique, reperméabilisation d’avaloirs bouchés… ». Les professionnels eux ne sont pas forcément de cet avis. C’est notamment le cas du gérant de l’entreprise « Urgence nuisibles » basée à Paris. L’homme assure pour sa part que le nombre de rongeurs a bel et bien augmenté dans la capitale. « Il y en a de plus en plus dans les parcs car les gens jettent leurs déchets par terre. Si les rats n’avaient pas à manger à l’extérieur, ils ne sortiraient pas des égouts ! », déclare à Sciences et Avenir ce professionnel de la dératisation.
Pour lui, le problème a débuté durant l’Euro 2016 et plus particulièrement dans la fan-zone parisienne installée au Champ-de-Mars : « Lorsque vous avez des milliers de personnes qui jettent de la nourriture par terre, c’est forcément propice à la reproduction ». Interrogé par Sciences et Avenir, le docteur Benoît Pisanu, chercheur au Muséum national d’Histoire naturel (MNHN) juge cela possible : « Les variations du nombre de rats peuvent être liées à des modifications du paysage urbain comme l’installation d’une fan-zone. Un endroit pareil, avec une surfréquentation et où il y aura de nombreux déchets jetés, devient une localisation de choix qui permet une meilleure survie et une meilleure reproduction. C’est tout à fait évident ». Les rats auraient donc effectivement pu proliférer dans cette zone durant la compétition.
Mais dans d’autres quartiers, la hausse du nombre de rats n’en est peut-être pas une : ces derniers ne sont pas plus nombreux, juste plus visibles. « La ville est un environnement changeant, assure le chercheur. Les quartiers se rénovent, il y a des constructions, des travaux et tout cela contribue à faire bouger les rats ». Dans une rue en pleine mutation, les rongeurs délogés, et qui normalement ne se déplacent que sur de courtes distances, bougent cette fois à plus grande échelle pour trouver un coin plus sécurisé. Une fois les animaux installés, ils peuvent passer inaperçus et retomber dans l’oubli, notamment si des travaux ne sont pas prévus dans le quartier.
Pour le docteur Pisanu, l’augmentation du nombre de crues ces dernières années risque de ne pas arranger les choses concernant la visibilité des rongeurs dans la capitale : « Ces phénomènes engendrent des mouvements de populations. Comme tout le monde, ces animaux partent se mettre à l’abri et ils peuvent ponctuellement se retrouver en grand nombre dans un endroit ».
Le risque de transmission d’une maladie du rat à l’homme est très faible
Concernant les risques sanitaires, les services de la ville de Paris tiennent cependant à rassurer les riverains : « Les rats sont porteurs de nombreux germes mais les possibilités de transmission à l’homme sont très réduites : il faut en effet qu’il y ait un contact direct ou indirect entre l’homme et l’animal » et ces derniers sont rarissimes. Les plus exposés sont les éboueurs mais la mairie assure qu’ils sont protégés, notamment grâce à leurs gants.
Des contacts indirects sont également possibles, par exemple via la contamination d’un support comme de l’eau contaminée ou encore des aliments souillés. « Plusieurs maladies peuvent se transmettre de cette manière, la principale étant la leptospirose qui se transmet au contact d’eau souillée par de l’urine de rats », indiquent les services de la ville de Paris. « Ces risques ne sont pas nuls, mais ils sont tout de même très faibles », ajoutent-ils. Les contacts indirects peuvent également se faire via des piqûres d’insectes. Mais une fois encore, les risques sont très limités : actuellement, aucune maladie qui sévit dans la capitale ne peut se transmettre à l’homme via un insecte vecteur.
Le rat musqué, un animal nuisible et invasif
Le rat musqué (Ondatra zibethicus) est un rongeur qui est parfois appelé rat d’Amérique puisqu’il vient du nord de ce continent d’où les européens l’ont convoité pour sa fourrure, au début du XXème siècle. Progressivement, il s’est retrouvé dans la nature autour des rivières, faisant des dégâts importants sur les berges et dans les cultures agricoles. Attention, il ne doit pas être confondu avec le ragondin.
Le rat musqué : carte d’identité
Le rat musqué pèse 1,5 kg en moyenne et mesure autour de 35 cm de long sans la queue, qui fait, elle, environ une vingtaine de centimètre. Il est recouvert d’une fourrure foncée marron noirâtre composée de poils brillants et drus, sous laquelle se cache un duvet fin lui permettant de se protéger efficacement du froid ; ses poils du ventre sont plus clairs tirant davantage sur le marron grisâtre.
Sa tête est imposante, ses yeux et ses oreilles sont tout petits. Il peut utiliser ses incisives en nageant puisque ses lèvres se ferment derrière elles, ce qui évite que l’eau ne s’introduise. Ses pattes arrière sont puissantes tandis que ses pattes avant sont plus petites avec des griffes imposantes. Sa queue écailleuse longue et aplatie latéralement est son atout de bon nageur amphibie. Il peut rester immergé sans respirer près d’un quart d’heure, soit en nageant, soit en se cachant s’il craint quelque chose. Il pourra vivre environ 4 ans dans la nature.
Son nom vient des glandes sexuelles via lesquelles mâles et femelles émettent des secrétions à l’odeur fortement musquée destinées à marquer leur territoire et à indiquer qu’ils sont arrivés à maturité sexuelle, soit vers 1 an. Après l’accouplement de printemps-été, la gestation dure un mois et fait naitre 5 à 6 petits que la femelle allaite. A l’automne, ils sont devenus adultes. A raison de 1 à 3 portées par an, la prolifération des rat musqués s’explique aisément !
Le rat musqué vit surtout le soir et la nuit mais on le voit aussi le jour : ce ne sont pas des animaux sociables, ils se battent facilement entre eux. La proximité de l’eau lui est indispensable (cours d’eau, marécage…) : il vit dans un terrier qu’il creuse lui-même et qui débouche sur l’eau. Il construit aussi des huttes à partir de branchages, plantes aquatiques et détritus végétaux de toutes sortes : il y accède par le sous-sol où ses galeries sous-marines peuvent être très organisées et très vastes.
En hiver, lorsque la température baisse de façon importante, les rats musqués hibernent dans leur terrier en se serrant les uns contre les autres.
Comment distinguer un rat musqué d’un ragondin
La différence entre le rat musqué et le ragondin est physiquement inratable : le premier pèse entre 1,5 et 2,5 kg maximum tandis que le second verra son poids osciller entre 7 et 9 kg !
La nourriture du rat musqué
Le rat musqué est surtout herbivore en choisissant des massettes, joncs, nénuphars et autres plantes de rivage, mais il peut étendre son menu aux céréales, pommes de terre, betteraves ou maïs cultivés aux alentours. En hiver, lorsque les végétaux sont plus rares, il mange un peu de mollusques, de crustacés, de poissons et d’amphibiens. Il fait des réserves sous des sortes d’abris pour l’hiver. Dans tous les cas, il mange toujours sa nourriture aquatique hors de l’eau.
Les dégâts causés par le rat musqué
Le rat musqué n’est vraiment pas un animal à favoriser autour de votre jardin. Non seulement il peut être porteur de maladies telles que la leptospirose ou la maladie de Lyme parmi d’autres, mais en plus il est classé nuisible en France, et appartient aux espèces dites invasives, en Europe.
Avec ses galeries de terriers qui fragilisent les terrains, il cause des dégâts importants sur les digues et tous les aménagements hydrauliques qui se trouvent autour des fossés et cours d’eau, y compris lorsqu’il s’agit de lagunage naturel.
De ce fait, les racines des arbres sont également atteintes, tout comme les roselières qu’il saccage pour se nourrir et construire ses huttes. Le point positif réside justement dans les huttes qui peuvent accueillir des nids et développer certaines plantes et petits insectes décomposeurs.
Lutter contre le rat musqué
Il est très difficile d’éradiquer le rat musqué d’un site à cause de sa reproduction intensive d’une part, et d’autre part, du fait qu’il n’a quasiment pas de prédateurs naturels en Europe (rapaces, serpents, raton laveur, loutre de rivière mais aussi l’alligator peu commun par chez nous tout comme le vison !).
Des opérations de piégeages sont régulièrement entreprises (nasse), ainsi que des attaques au tir à l’arc ou au fusil qui sont autorisées. Tout ce qui concerne les produits chimiques poisons (anticoagulants) sont interdits pour éradiquer les rats musqués depuis un arrêté ministériel de 2007 qui stipule que « l’emploi de la lutte chimique avec des appâts empoisonnés est réservé à des cas exceptionnels ».
Comme les rats musqués n’apprécient pas les berges en pente douce, les aménagements de bords de rivières sont de plus en plus refaits de la sorte, dès que l’occasion se présente.
(photo du haut : domaine public du U.S. Fish and Wildlife Service)