Table des matières
- Pancréatite aiguë : les dix choses à faire et à ne pas (plus) faire
- Références
- Les point forts
- Causes de la pancréatite
- Qui est touché par la pancréatite? Quels sont les facteurs de risque?
- Contagion
- Les principaux symptômes
- Diagnostic de la pancréatite
- Possibles risques de complications
- Traitement de la pancréatite
- Prévention de la pancréatite
- A lire aussi sur le sujet
- Introduction
- Définition
- Épidémiologie
- Étiologies
- Définition d’Atlanta
- Diagnostic
- Biologie
- Imagerie
- Critères de gravité
- A l’admission : quels critères faut il rechercher pour admettre le patient en unité de soins intensifs ?
- Traitement symptomatique
- Conclusion
- Les pancréatites aiguës
- Les pancréatites chroniques
- Le diagnostic
- Les traitements
Pancréatite aiguë : les dix choses à faire et à ne pas (plus) faire
Références
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Les point forts
Les » 10 commandements » de la pancréatite aiguë
- Ne dosez plus l’amylase ;
- Ne pas faire un scanner à chaque poussée de pancréatite en l’absence de
signe de gravité ; - La sonde gastrique est sans intérêt voire nocive en l’absence de vomissements
abondants ; - L’utilisation d’anti-sécrétoires gastriques acides doit être proscrite chez
les malades sans antécédent ulcéreux sans défaillance viscérale ; - L’évaluation de la gravité repose sur la collection d’informations simples
cliniques, biologiques et radiologiques généralement facile à obtenir ; - L’antibiothérapie à visée prophylactique n’est pas justifiée (voire délétère).
- En cas de suspicion d’infection de nécrose, employez tous les moyens
pour la prouver ; - En cas d’infection prouvée, drainez aussi bien que possible et antibiothérapie
adaptée ; - N’envisager une nutrition artificielle qu’en cas de pancréatite sévère ;
- Dans ce cas, la mettre en place urgemment (< 48 heures après le début
des symptômes) par voie gastrique ; - La seule indication clairement validée de la sphinctérotomie endoscopique
en urgence est l’angiocholite ; - Chercher et rechercher les causes les plus fréquentes : alcoolisme chronique
et lithiase biliaire ; - Toute PA non alcoolique non biliaire est d’origine tumorale jusqu’à preuve
du contraire ; - La recherche des autres causes doit dépendre du contexte ;
- La pancréato-IRM permet de mettre en évidence un nombre important de
causes canalaires aux pancréatites aiguës notamment les TIPMP.
La pancréatite est en fait une inflammation du pancréas qui fait que, au lieu de passer dans l’estomac pour aider à la digestion, les enzymes restent bloqués dans le pancréas. On pourrait dire qu’il se » digère » lui-même.
On distingue deux formes de pancréatites :
- Aiguë : elle arrive soudainement et dure quelques jours.
- Chronique : elle se prolonge longuement (parfois après un épisode de pancréatite aiguë) et peut durer pendant plusieurs années.
Causes de la pancréatite
La pancréatite aiguë est presque toujours causée par des calculs biliaires ou une forte consommation d’alcool. D’autres causes peuvent entrer en jeu, mais beaucoup plus rarement (nourriture trop grasse, suite d’une chirurgie, infection, certains médicaments, traumatisme localisé.) Pour 15 à 25 % des pancréatites aiguës, on ne connaît pas la cause.
La pancréatite chronique est causée dans 45 % des cas par une consommation d’alcool abusive et prolongée. Les autres causes peuvent être des troubles héréditaires, une maladie (lupus, fibrose kystique, cholestérol.) 25 % des cas ne peuvent pas être expliqués.
Qui est touché par la pancréatite? Quels sont les facteurs de risque?
On estime qu’environ 1 million de personnes au Canada souffrent de pancréatite dans l’une ou l’autre de ses formes. Les personnes les plus touchées sont :
- Les hommes de plus de 45 ans.
- Les femmes de plus de 55 ans qui sont ménopausées précocement.
- Les personnes dont la famille proche a souffert de troubles cardiovasculaires ou cholestérol élevé.
De plus, certains facteurs augmentent les risques de pancréatite :
- L’obésité.
- Le tabagisme.
- Une forte consommation d’alcool.
- Une alimentation trop grasse et sucrée.
- Avoir des calculs biliaires.
- La sédentarité.
- Certaines maladies qui font monter les taux de cholestérol.
- Certains médicaments.
Contagion
La pancréatite n’est pas contagieuse.
Les principaux symptômes
Les symptômes de pancréatite diffèrent un peu selon la sorte.
Aiguë :
- Douleurs à l’abdomen intenses, qui vont parfois jusque dans le dos
- Les douleurs sont plus fortes après les repas
- Le ventre est enflé et sensible au toucher
- Fièvre
- Nausées
- Vomissements
- Les battements du cœur sont accélérés
Chronique :
- Douleurs dans la partie haute du ventre
- Perte de poids inexpliquée
- Indigestions fréquentes
Diagnostic de la pancréatite
En présence des symptômes significatifs de pancréatite, le médecin procède à un examen physique complet ainsi qu’un questionnaire visant à évaluer les facteurs de risques. Le diagnostic est ensuite vérifié à l’aide d’analyses sanguines, de radiographies et échographies de l’abdomen, d’une IRM ou d’un scan.
Possibles risques de complications
Lorsqu’elle n’est pas traitée, la pancréatite peut être à l’origine de nombreux problèmes sérieux tels :
- Le diabète
- Une infection
- Une insuffisance rénale
- Des troubles respiratoires
- Des kystes pancréatiques
- Un cancer du pancréas (les risques d’en souffrir sont augmentés par une inflammation prolongée)
- La malnutrition : le corps ne parvient pas à assimiler les nutriments dont il a besoin pour fonctionner
Traitement de la pancréatite
En cas de pancréatite aiguë, il est normalement nécessaire d’être hospitalisé pour quelques jours. Le traitement inclut le jeûne afin de mettre le pancréas au repos, la prise d’anti-inflammatoires et d’antibiotiques en cas d’infection. Dans certains cas, il faut également envisager une chirurgie.
Pour la pancréatite chronique, les traitements visent à soulager la douleur et à éviter les complications à long terme. Il peut aussi être nécessaire de procéder à une opération chirurgicale.
Dans les deux cas, la guérison dépend beaucoup de la mise en place de nouvelles habitudes alimentaires et une bonne hygiène de vie.
Prévention de la pancréatite
La prévention de la pancréatite est avant tout basée sur une bonne hygiène de vie globale :
- Ne pas fumer
- Éviter la consommation excessive d’alcool
- Avoir une alimentation saine
- Pratique une activité physique régulière
- Traiter les maladies à risque (comme la présence de calculs biliaires)
Note
Les informations contenues dans cette fiche vous sont fournies à titre informatif seulement et vous permettront de poser des questions éclairées à votre médecin. En aucun cas, elles ne peuvent remplacer l’avis d’un professionnel de la santé. Notre équipe de rédacteurs et d’experts met tout en oeuvre pour vous fournir de l’information de qualité. Toutefois, Canal Vie ne saurait être tenu responsable si le contenu d’une fiche s’avérait incomplet ou désuet. Nous vous rappelons qu’il est fortement recommandé de consulter un médecin si vous croyez souffrir d’un problème de santé.
A lire aussi sur le sujet
La PA est une urgence médicochirurgicale nécessitant une prise en charge immédiate dans les services d’urgence.
Retenir
La pancréatite dans sa forme nécrotique est une urgence
La gravité est liée à la nécrose (5-10 %) et surtout à l’infection (5-10 %)
Le traitement médicochirurgical doit être conduit en soins intensifs
Introduction
La pancréatite aigue (PA) est une affection particulièrement fréquente dans les services d’urgence, responsable d’une importante morbidité et mortalité. La Pancréatite Aigue sévère (PAS) constitue encore un défi diagnostique et thérapeutique pour les équipes des urgences. Les recommandations actuelles concernent la prise en charge du patient présentant une forme sévère de pancréatite aigue.
Définition
La PA peut se constituer depuis des formes modérées entrainant des hospitalisations brèves jusqu’à des formes sévères fulminantes entrainant des défaillances multivicérales, avec ou sans sepsis.
La PA peut être retrouvée sous 4 entités : œdémateuse, nécroticohémorragique (avec nécrose stérile ou infectée), les abcès pancréatiques et les pseudo kystes.
La PA sévère évolue en deux phases :
- phase initiale (première semaine) avec risque de retentissements sur les fonctions vitales (cardiovasculaire, respiratoire,rénale, hépatique et gastro intestinales) lié à la libération de substances toxiques vaso actives ;
- deuxième phase évoluante en nécrose pancréatique ou autour du pancréas avec risque de complications (abcédation, hémorragie, infections, pseudo kystes).
Épidémiologie
L’incidence de la PA semble s’être accrue dans les pays occidentaux (Ecosse, sud du Royaume Uni : 150 à 420 cas/million de population ; 210000 admissions /an aux USA), probablement grâce à une meilleure détection.
L’incidence et la mortalité augmentent considérablement avec l’âge.
L’incidence annuelle de la maladie est estimée à 30 – 50 cas/100000 habitants/an.
Le taux annuel de mortalité de la pancréatite aigue reste stable : 1,5 décès/100000 patients/an.
Il existe de nombreuses recommandations en langues anglaise et japonaise publiées dans la littérature. Notamment, l’American College of Gastroenterology propose un guide de recommandations et d’objectifs de prise en charge de la pancréatite aigue sévère dans les services d’urgence
- Qu’est ce qui est important lors de la prise en charge initiale de la PA ?
- Quand doit on admettre un patient en soins intensifs ?
- Doit on donner des antibiotiques ?
- Quel type d’apport nutritionnel ?
- Quelles sont les traitements d’appoint ?
- Quelle est la place de la chirurgie ?
- Quel est le rôle du drainage percutané et de la laporoscopie ?
Les recommandations sont établies par un groupe d’experts chirurgiens, internistes, gastroentérologues et réanimateurs. Elles ne concernent pas la pédiatrie.
Étiologies
80 % des PA sont dues à 2 causes : les lithiases biliaires et l’alcool.
Dans la majorité des séries rapportées dans la littérature, la lithiase représente environ la moitié des cas de pancréatites aigues et 20 à 35 % seraient liées à une consommation abusive d’alcool. L’hypertriglycéridémie est une cause rare (1-4 %) principalement pour des valeurs de TG > 1g/dl (10 mmmol/l). Une minorité sont classées en » autres causes » ou idiopathiques.
- Lithiases biliaires (45 %)
- Excès d’alcool (35 %)
- Mixte (10%)
- Autres ou idiopathiques (10 %)
La répartition schématisée des causes de pancréatite aigue est bien établie
- Nord de l’ Europe (38- 60 %) alcool
- Sud de l’Europe (60- 71 %) lithiases
De nombreuses études semblent indiquer qu’il n’y aurait pas de différence de pronostic entre les PA d’origine alcoolique et lithiasique.
Définition d’Atlanta
Une définition de la PAS a été établie au cours d’un symposium international tenu à Atlanta en 1992. La PA est définie comme un processus inflammatoire du pancréas pouvant s’étendre aux tissus péri pancréatiques ou aux organes voisins. La PA est une maladie regroupant une grande variété de formes physiopathologiques différentes dans leur gravité.
Dans 80 à 90 % des cas, la pancréatite aigue se présente sous une forme mineure avec une faible morbi/mortalité, régressant à la normale en 3 à 4 jours, quasi totalement en 1 semaine. Seuls 15 -20 % sont des formes sévères pouvant entrainer des complications locales ou systémiques avec nécroses (17%) voire des défaillances multi viscérales (47%).
Diagnostic
Le diagnostic de PA repose sur 3 critères
- Clinique : douleur épigastrique caractéristique
- Biologique : élévation des enzymes pancréatiques amylase et/ou lipase sériques à 3 fois la limite supérieure de la normale
- Imagerie : images caractéristiques au scanner abdominal.
Clinique (CF Figure) : douleur abdominale aigue typique débutant dans la région épigastrique.
La douleur est le symptôme cardinal ; elle est présente dans 95 % des cas. Le début de la douleur représente le début de l’histoire de la maladie. Elle apparaît typiquement dans la région haute de l’abdomen en particulier dans la région du quadrant supérieur droit, épigastrique et occasionnellement dans la région du quadrant gauche. La douleur est exacerbée par le repas ou la boisson, en particulier l’ingestion d’alcool.
Le patient se présente classiquement aux urgences allongé sur le coté, couché en » chien de fusil » (ou position fœtale) avec une douleur épigastrique à type de coup de poignard à son paroxysme en intensité (EVA ++++), irradiant fréquemment dans le dos , accompagnée de nausées et de vomissements.
La douleur atteint son maximum d’intensité dans les 30 minutes et peut persister plus de 24 heures.
Biologie
La présence d’une douleur abdominale aigue avec vomissements associée à une élévation des concentrations sériques en enzymes pancréatiques sont des éléments essentiels au diagnostic de la maladie.
La littérature concernant l’utilité du dosage de l’amylase et de la lipase dans les services d’urgence est contradictoire.
D’une manière générale, l’amylase et la lipase s’élèvent simultanément au cours des premières heures de la PA.
Lors de la pancréatite aigue, l’amylase sérique (amylasémie) augmente progressivement au cours des 6-24h pour atteindre son pic en 48h puis se normalise dans les 5 à 7 jours suivants. La lipasémie peut rester modérément moins élevée que l’amylasémie. Il n’y a pas de corrélation entre les chiffres élevés d’amylasémie ou de lipasémie et la gravité de la pancréatite. Une amylasémie peut être normale dans d’authentiques cas de PA quel que soit le niveau de sévérité.
Il n’est généralement pas nécessaire de doser simultanément amylasémie et lipasémie.
Il est préférable de doser la lipasémie car cette enzyme ne s’élève pas lors de pathologies non pancréatiques au cours desquelles l’amylasémie s’élève (cf tableau 1)
Tableau 1 pathologies pancréatiques et extra pancréatiques associées à une hyperamylasémie
En effet, plusieurs organes contiennent des enzymes à activité de lipolyse comme la langue, l’œsophage, la jonction œsogastrique, certaines parties de l’estomac, du duodénum, du grêle et du foie.
D’une manière générale, la lipasémie semble être plus sensible et spécifique que l’amylasémie pour le diagnostic de pancréatite aigue.
Une majorité des auteurs suggèrent qu’une valeur minimale de lipasémie élevée à 3 fois la valeur normale signe le diagnostic de pancréatite aigue avec une quasi-certitude.
Imagerie
L’échographie abdominale est plus utile à l’admission pour retrouver la présence de calculs dans la vésicule biliaire que pour affirmer le diagnostic de pancréatite aigue. Sa sensibilité est seulement de 67 % lorsque la PA est secondaire à une lithiase biliaire et nettement moins bonne dans les autres étiologies.
Figure 5 Lithiases de la vésicule biliaire en échographie abdominale | Figure 6 vésicule biliaire normale (Fig 1) et lithiasique (Fig 2) |
La détection des lithiases comme la dilatation de la voie biliaire principale est limitée par la faible sensitivité de l’échographie, mais sa spécificité est élevée lorsque les calculs sont identifiés. En échographie, la pancréatite aigue peut être diagnostiquée lorsque le pancréas est visualisé s’il est élargi, sa texture hypoéchogène reflet d’un œdème, ou bien en cas de présence d’ascite.
Le scanner abdominal
Selon plusieurs auteurs, une majorité des patients avec un tableau typique de pancréatite aigue ne devraient pas bénéficier d’un scanner abdominal à l’admission aux urgences, voire à aucun moment de leur hospitalisation.
Par exemple, le scanner n’est pas essentiel chez les patients présentant une forme récurrente et modérée de pancréatite alcoolique.
Une indication raisonnable du scanner abdominal à l’admission (et pas obligatoirement avec injection de produit de contraste) est le diagnostic différentiel entre une pancréatite aigue et une autre cause de douleur abdominale aigue comme l’ulcère perforé.
L’autre indication raisonnable du scanner est la réalisation au 2ème ou 3ème jour d’admission d’un scanner abdominal avec injection de produit de contraste afin de distinguer les formes de pancréatites interstitielles des formes nécrotiques, dès lors qu’il existe des signes évidents de sévérité clinique.
Le pancréas peut apparaître normal sur un scanner abdominal sans injection dans 30 % des pancréatites aiguës. Le scanner abdominal multibarettes avec injection de produit de contraste est actuellement la meilleure technique d’imagerie pour :
- exclure les autres causes qui pourraient masquer une PA ;
- le diagnostic de sévérité d’une PA : élargissement du pancréas avec œdème diffus, parenchyme pancréatique hétérogène et collections péri pancréatiques ;
- rechercher les complications de la pancréatite : obstruction biliaire duodénale, inflammation du colon transverse, infarctus splénique, vasculaires (pseudo anévrysmes, thrombose de veines splénique, thrombose de la veine porte), ascite…
- le critère principal de nécrose du pancréas est la présence de zones diffuses bien limitées et non rehaussées de parenchyme pancréatique de taille > 3 cm ou étendues à > 30 % du pancréas.
L’utilisation de l’Imagerie à Résonnance Magnétique (IRM) pour le diagnostic et la sévérité de la PA est actuellement à l’étude, mais les premiers résultats sont prometteurs.
Critères de gravité
Plusieurs indices pronostiques sont utilisés pour déterminer la gravité de la maladie, afin de décider l’orientation du patient en réanimation.Les scores utilisés sont les scores IGS, IGS II et APACHE II utilisant les paramètres calculés sur des données de routine au cours des 24 premières heures.
Il est courant d’utiliser les 11 critères de Ranson : la pancréatite est dite sévère lorsque 3 items au moins sont présents.
Critères de Ranson
Dans les 48 h :
- Chute de l’hématocrite > 10 %
- Urée sanguine > 0,83 mmol/l
- Calcémie
- PaO2
- Chute des bicarbonates > 4 mEq/l
- Séquestration liquidienne > 6l
A l’admission : quels critères faut il rechercher pour admettre le patient en unité de soins intensifs ?
Rechercher les signes de sévérité
- âge (>55 ans),
- Obésité (BMI >30),
- Défaillance d’organe dès l’admission, définie par la présence d’un choc, défaillance pulmonaire, épanchement pleural à la radiographie des poumons, insuffisance rénale ou saignements gastro-intestinaux,
- épanchement pleural et/ou infiltrats.
Le signe de Cullen ou ecchymose périombilicale est associé à un hémopéritoine et peut être présent dans de nombreuses pathologies intra abdominales.
Le signe de Grey Turner est un exsudat rétropéritonéal lié à une pancréatite aigue sévère. Il a également été observé dans les traumatismes abdominaux sévères (accidents de route) ou rupture d’anévrysme abdominaux.
Tableau 2 signe de Grey Turner | Tableau 3 signe de Cullen |
Traitement symptomatique
- Aspiration nasogastrique
- Analgésiques morphiniques (recommandations anglo saxonnes) ou non morphiniques
- Surveillance des paramètres vitaux : pouls, TA, température, oxymétrie de pouls, diurèse
- Lutte contre l’état de choc et maintien d’une volémie efficace, voire transfusion de culots globulaires
- Oxygénothérapie adaptée à l’oxymétrie de pouls et à la gazométrie artérielle
- Correction de l’insuffisance rénale aigue et maintien d’une diurèse efficace
- Correction des troubles de l’hémostase
- Apport nutritif précoce par voie parentérale
- L’utilisation des antibiotiques est largement discutée par les auteurs et n’est actuellement plus recommandée.
Le traitement chirurgical est discuté selon les équipes
Conclusion
La PA est une urgence médicochirurgicale nécessitant une prise en charge immédiate dans les services d’urgence. Le diagnostic doit être facilement évoqué devant l’association de la triade douleur typique + biologie et/ou imagerie. Le pronostic de cette pathologie fréquente est amélioré par un traitement symptomatique administré le plus tôt possible et par la recherche des complications aigües.
{encart} Retenir :
La pancréatite dans sa forme nécrotique est une urgence
La gravité est liée à la nécrose (5-10 %) et surtout à l’infection (5-10 %)
Le traitement médicochirurgical doit être conduit en soins intensifs
{fin de l’encart}
inter : Introduction : La pancréatite aigue (PA) est une affection particulièrement fréquente dans les services d’urgence, responsable d’une importante morbidité et mortalité. La Pancréatite Aigue sévère (PAS) constitue encore un défi diagnostique et thérapeutique pour les équipes des urgences. Les recommandations actuelles concernent la prise en charge du patient présentant une forme sévère de pancréatite aigue.
Inter : Définition : La PA peut se constituer depuis des formes modérées entrainant des hospitalisations brèves jusqu’à des formes sévères fulminantes entrainant des défaillances multivicérales, avec ou sans sepsis.
La PA peut être retrouvée sous 4 entités : œdémateuse, nécroticohémorragique (avec nécrose stérile ou infectée), les abcès pancréatiques et les pseudo kystes.
La PA sévère évolue en deux phases :
phase initiale (première semaine) avec risque de retentissements sur les fonctions vitales (cardiovasculaire, respiratoire,rénale, hépatique et gastro intestinales) lié à la libération de substances toxiques vaso actives ;deuxième phase évoluante en nécrose pancréatique ou autour du pancréas avec risque de complications (abcédation, hémorragie, infections, pseudo kystes).
{encart} Retenir :
La pancréatite dans sa forme nécrotique est une urgence
La gravité est liée à la nécrose (5-10 %) et surtout à l’infection (5-10 %)
Le traitement médicochirurgical doit être conduit en soins intensifs
{fin de l’encart}
inter : Introduction : La pancréatite aigue (PA) est une affection particulièrement fréquente dans les services d’urgence, responsable d’une importante morbidité et mortalité. La Pancréatite Aigue sévère (PAS) constitue encore un défi diagnostique et thérapeutique pour les équipes des urgences. Les recommandations actuelles concernent la prise en charge du patient présentant une forme sévère de pancréatite aigue.
Inter : Définition : La PA peut se constituer depuis des formes modérées entrainant des hospitalisations brèves jusqu’à des formes sévères fulminantes entrainant des défaillances multivicérales, avec ou sans sepsis.
La PA peut être retrouvée sous 4 entités : œdémateuse, nécroticohémorragique (avec nécrose stérile ou infectée), les abcès pancréatiques et les pseudo kystes.
La PA sévère évolue en deux phases :
phase initiale (première semaine) avec risque de retentissements sur les fonctions vitales (cardiovasculaire, respiratoire,rénale, hépatique et gastro intestinales) lié à la libération de substances toxiques vaso actives ;deuxième phase évoluante en nécrose pancréatique ou autour du pancréas avec risque de complications (abcédation, hémorragie, infections, pseudo kystes).
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- Illustrations Franck Netter (Fig 1,2) Eric Revue ( Fig 4,8)
Dr Eric REVUE
Rédacteur Infirmiers.com
Les pancréatites sont des maladies rares chez le chat, elles sont dues à une inflammation du pancréas. Elles peuvent être aiguës ou chroniques. Le diagnostic des pancréatites est difficile car les symptômes ne sont pas spécifiques. Il arrive aussi parfois que le chat n’ait aucun symptôme. Des tests rapides réalisables en clinique par les vétérinaires permettent de faciliter le diagnostic des pancréatites.
Le pancréas est un organe qui a à la fois une fonction endocrine (sécrétion d’insuline et de glucagon, hormones impliquées dans la régulation de la glycémie) ainsi qu’une fonction exocrine (sécrétion d’enzymes digestives telles que l’amylase pancréatique).
Les pancréatites correspondent à une inflammation du pancréas. Ce sont des maladies rares chez le chat. La plupart du temps, la cause des pancréatites n’est pas identifiée, on parle alors de pancréatites idiopathiques.
On distingue les pancréatites aiguës des pancréatites chroniques :
Les pancréatites aiguës
Les pancréatites aiguës apparaissent de façon brutale. Les signes cliniques peuvent être sévères et conduire au décès de l’animal.
On distingue deux types de pancréatites aiguës : les pancréatites suppuratives et les pancréatites nécrotiques. Leur origine serait différente (cause infectieuse versus activation des enzymes pancréatique) et elles touchent des chats d’âges différents (jeunes chats pour les pancréatites suppuratives contre des chats majoritairement âgés de plus de 7 ans pour les pancréatites nécrotiques).
Les pancréatites peuvent être associées à des maladies hépatiques, à une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), etc… On parle de triade féline lors d’association entre une pancréatite, une cholangite et une MICI chez le chat.
Les symptômes sont peu spécifiques c’est-à-dire qu’ils sont rencontrés dans d’autres maladies et ne sont pas caractéristiques des pancréatites : anorexie, abattement, perte de poids, déshydratation, vomissements, douleur abdominale, etc…Ils peuvent aussi être dus aux maladies associées. Une pancréatite doit toujours être envisagée lors de symptômes peu spécifiques chez le chat.
Attention : le jeûne est très mal toléré par les chats. Une consultation chez un vétérinaire est indispensable dès 24 heures de jeûne. Les chats peuvent présenter une lipidose hépatique lors de jeûne prolongé. L’association d’une lipidose hépatique et d’une pancréatite est de très mauvais pronostic. N’hésitez pas à lire notre fiche » Mon chat ne mange plus : anorexie et risques encourus » pour plus de renseignements.
Les pancréatites chroniques
Les pancréatites chroniques sont près de 2 fois plus fréquentes que les pancréatites aiguës. Elles peuvent faire suite à des pancréatites aiguës.
L’inflammation chronique du pancréas conduit à la destruction progressive de l’organe. La perte des fonctions du pancréas peut conduire à un diabète sucré et une insuffisance pancréatique exocrine.
Certains animaux expriment des symptômes de manière périodique alors que d’autres animaux sont asymptomatiques.
Le diagnostic
L’examen clinique ne permet généralement pas d’orienter le vétérinaire vers une pancréatite. En effet, l’animal présente des symptômes peu spécifiques voire parfois aucun symptôme (lors de pancréatites chroniques).
Il existe des tests rapides réalisés en clinique qui permettent de faciliter le diagnostic. Ces tests mesurent le taux de lipase pancréatique spécifique.
D’autres examens complémentaires peuvent être réalisées pour orienter le vétérinaire : échographie, radiographie, analyse biochimique, etc…
Seule une analyse histologique permet un diagnostic de certitude lors de pancréatites mais il est difficilement réalisable en routine.
Les traitements
La cause des pancréatites étant rarement connue, le traitement est souvent symptomatique (c’est-à-dire qu’il vise à traiter les symptômes présentés par l’animal).
Lors de pancréatite aiguë, les animaux sont généralement placés sous perfusion et réalimentés rapidement (pour éviter les effets délétères liés au jeûne). D’autres traitements sont souvent associés : antalgiques (si l’animal est douloureux), anti-vomitifs, etc…
Lors de pancréatite chronique, un régime pauvre en graisse et hyperdigestible (sur prescription vétérinaire) est souvent mis en place. Divers compléments alimentaires pour soutenir le fonctionnement du pancréas peuvent aussi être mis en place (enzymes pancréatiques notamment).
Des suivis réguliers sont nécessaires, la fréquence des contrôles est déterminée par le vétérinaire traitant de l’animal.
Le traitement consiste à adresser 4 avenues :
- corriger la déshydratation et les désordres électrolytiques
- contrôler les vomissements et les nausées
- contrôler la douleur
- commencer la ré-alimentation au plus vite
À cette fin, nous conseillons l’hospitalisation de tout chat présentant une pancréatite. Nous installons un cathéter intraveineux afin de faire une fluidothérapie pour quelques jours (point 1). Des médicaments (anti-vomitifs/anti-nauséeux/anti-acides) peuvent être ajoutés dans le sac de solutés et ainsi être administrés 24h sur 24 ou encore en injection une à deux fois par jour (point 2). Lorsque la perfusion intra-veineuse n’est plus nécessaire, ces médicaments sont passés en comprimés pour quelques jours supplémentaires. Des anti-douleurs seront prescrits selon la sévérité de l’inconfort. Ils peuvent être administrés en injections ou sous forme de timbre transdermique (point 3).
Enfin, lorsque les points 1, 2, et 3 sont contrôlés, il faudra recommencer à présenter de la nourriture à l’animal. Certains mangeront d’emblée tandis que d’autres auront besoin d’être gavés pour commencer. Le meilleur moyen pour réalimenter un chat qui ne mange pas est la pose d’un tube de gavage. Le tube est chirurgicalement installé dans l’œsophage (tube qui relie la gueule à l’estomac) ou directement dans l’estomac et la nourriture, ainsi que la médication, sont administrées par le tube. Selon le risque de complication, une antibiothérapie est parfois instaurée; celle-ci est primordiale lors de l’installation d’un tube.
Les pancréatites légères à moyennes répondent généralement bien aux traitements mentionnés ci-haut, quoique certains patients soient parfois réfractaires à la thérapie. Les pancréatites sévères quant à elles ont un moins bon pronostic car elles peuvent entraîner des complications sérieuses menant parfois au décès de l’animal. Il est possible d’avoir une guérison complète sans aucune séquelle mais il arrive parfois que certaines pancréatites, surtout les chroniques, provoquent d’autres problèmes d’origine pancréatique : diabète, insuffisance pancréatique exocrine ou encore une hypocobalaminémie.