Table des matières
- Quel est l’ancêtre du chat ?
- Avec l’invention de l’agriculture, la rencontre homme-chat
- Un peu de paléontologie
- Sauvage, apprivoisé puis domestiqué
- Les chats ont-ils évolué à partir des fauves ou est-ce l’inverse?
- L’histoire du chat
- L’histoire du chat
- Les origines
- La domestication du chat
- Apparition des races crées par l’Homme
- Origine du chat
- Un allié élevé au rang de divinité
- Le Moyen Âge, période noire pour les chats
- Les temps modernes
- ICI Radio-Canada
- Les premiers chats apprivoisés
- Quel est l’ancêtre du chat ? Depuis quand est-il domestiqué ?
- Ancêtre du chat : un félidé du Moyen-Orient
- Comment est née la domestication de l’ancêtre du chat ?
- Comment la domestication du chat par l’Homme a modifié ses gênes
- Le chat a conquis la planète
Quel est l’ancêtre du chat ?
Qu’ils soient persans, siamois ou de gouttière, les 600 millions de chats domestiques (Felis catus) qui miaulent aujourd’hui dans les chaumières du monde ont tous le même ancêtre : le chat ganté, Felis silvestris lybica. Soit un chat sauvage qui peuplait le Moyen-Orient, il y a environ 11 000 ans avant notre ère.
Ses descendants sauvages, encore présents en Afrique, sont légèrement plus petits que nos chats domestiques. Ils ont un corps longiligne, sont hauts sur pattes, et arborent un pelage fauve, plus clair sur le bout des pattes, d’où leur nom de chat ganté. C’est lui l’ancêtre de nos chats domestiques et non pas, comme on pourrait le croire, le chat forestier d’Europe (Felis silvestris silvestris) qui vit toujours à l’état sauvage en France et qui est seulement leur cousin.
Avec l’invention de l’agriculture, la rencontre homme-chat
Le chat ganté ignorait superbement ce drôle d’animal qu’était Homo sapiens, jusqu’au jour où ce dernier se sédentarisa, inventa l’agriculture et se mit à stocker de la nourriture… De quoi attirer les rongeurs à des kilomètres à la ronde et faire des villages humains un lieu de chasse très prisé des chats sauvages. Les hommes ont probablement toléré ce nouveau venu car il les débarrassait des nuisibles et les deux espèces se sont acoquinées. Le matou, de plus en plus docile au fil des générations, est devenu un animal domestique.
La plus ancienne trace connue de cette cohabitation est la tombe d’un homme enterré auprès d’un chat à Chypre, datant de 9 500 ans. Le séquençage du génome a montré que la domestication du chat avait modifié au moins 281 gènes régulant son comportement, son métabolisme, sa réaction à la peur, ses facultés d’apprentissage ou la couleur de sa robe. Mais il a gardé de ses ancêtres sauvages son caractère indépendant et son talent pour la chasse qui lui permet de survivre avec ou sans l’homme. C’est pourquoi certains scientifiques le considèrent plutôt comme un animal semi-domestiqué.
D’après Science & Vie QR n°23 » Nos ancêtres & nous » – Feuilleter / Acheter
Un peu de paléontologie
Bien qu’il n’existe que très peu de fossiles félins, les scientifiques sont parvenus à remonter le temps et à mieux comprendre l’origine du chat.
L’aventure paléontologique des félidés remonte à quelques 60 millions d’années. De petits carnivores, les Miacidés ont donné naissance une dizaine de millions d’années plus tard à deux groupes :
- Les Miacidés, ancêtres des carnivores actuels comme l’ours, le chien,
- Les Félidés, très lointains parents des félins qui partagent nos vies.
Il y a 25 à 30 millions d’années, est apparu le Proailurus (en Grec, littéralement traduit “ avant le chat”). Carnivore de petite taille (une dizaine de kilos), il vivait dans les forêts d’Europe et d’Asie et est sans doute l’ancêtre du Pseudælurus, félin préhistorique qui peuplait l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord entre 20 et 8 millions d’années avant notre ère.
Le Pseudælurus, a été, il y a une vingtaine de millions d’années, à l’origine de 2 grands groupes : les Machairodontinés, tigres à dents de sabre, féroces prédateurs dont les canines supérieures surdimensionnées infligeaient des blessures mortelles aux pachydermes de l’époque et les Néofélidés, ancêtres lointains des chats sauvages (Felis silvestris) qui ont donné naissance il y a 6 millions d’années à la branche mère de nos chats domestiques.
Au cours des 10 000 dernières années, le statut du chat a profondément changé puisqu’il est désormais l’animal de compagnie N°1 dans de nombreux pays.
Les chats et leurs cousins
Sauvage, apprivoisé puis domestiqué
Le chat sauvage (Felis silvestris) se retrouve sur plusieurs continents : Asie occidentale, Europe, Afrique. Des récentes études génétiques ont défini six sous-espèces bien distinctes dont Felis silvestris catus, le chat domestique, celui qui nous intéresse.
Ce petit carnivore partage l’habitat de ses proies, ce qui explique son implantation géographique étendue. Le processus de domestication a probablement débuté à partir du F silvestris libyca, dans le croissant fertile environ 7500 ans avant notre ère, au moment où l’agriculture commençait à se développer. Cette théorie est étayée par le fait que le patrimoine génétique des sous-populations de F s lybica, qui subsistent aux Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite est similaire à celui des chats domestiques. Ce phénomène renforce l’hypothèse de l’origine géographique de notre F s catus. En outre, il s’avère impossible d’apprivoiser des chats sauvages européens (comme ceux que l’on trouve encore en Écosse par exemple). Le chat qui partage nos maisons vient donc du désert d’Afrique du Nord, ce qui permet de mieux comprendre certaines de ses caractéristiques physiologiques.
À la différence des autres espèces dites “domestiques” (c’est-à-dire contrôlées et biologiquement modifiées par l’homme) comme les chiens, les chèvres ou les bovins, le chat a conservé une grande indépendance vis-à-vis de l’être humain. La relation homme-chat est surtout basée sur un bénéfice mutuel.
Tigre à dents de sabre
Qu’est-ce que la domestication ?
Il s’agit d’un processus long dans le temps, généralement divisé en deux séquences qui peuvent se chevaucher. Dans un premier temps, les animaux sont capturés, apprivoisés et gardés sans aucune interférence avec leur comportement naturel ou leur reproduction.
La deuxième étape de la domestication est le fait de contrôler de façon sélective leur reproduction et leur comportement. Cette deuxième étape sélectionne des caractéristiques physiques, physiologiques ou fonctionnelles, ayant un bénéfice pour l’homme.
Les chats ont-ils évolué à partir des fauves ou est-ce l’inverse?
La question du jour: « Est-ce que ce sont les chats qui ont évolué à partir de félins plus gros ou l’inverse? »
La réponse d’Adriana Heguy, biologiste moléculaire, chercheuse sur le génome:
Je ne pense pas qu’il y ait une unique réponse à la question « Est-ce que ce sont les chats qui ont évolué à partir de félins plus gros ou l’inverse? ». Si on considère les branches les plus proches sur l’arbre phylogénétique ci-dessous (qui présente les ancêtres génétiques), un scénario probable est que les chats domestiques ont évolué à partir de félins plus gros, mais pas forcément ceux que l’on connait aujourd’hui. Ces branches proches contiennent les pumas, les lynx et les ocelots.
Les membres de la famille des félidés se séparent en deux branches principales. L’une d’entre elles contient le gène panthera. Ce dernier inclut les plus gros félins, c’est-à-dire les lions, les tigres et les jaguars (ainsi que les léopards et léopards des neiges, qui sont plus petits).
En suivant l’autre branche, on arrive au gène felis (celui du chat, dont le nom scientifique est felis catus), où les animaux sont plus petits. La lignée qui amène au chat domestique s’est séparée du « chat-léopard » (gène prionailurus) il y a à peu près 6,2 millions d’années, selon les estimations génétiques. Les chats-léopards sont assez petits, pas beaucoup plus gros que les chats domestiques. En continuant de remonter l’arbre, la scission suivante se fait avec la branche qui contient les pumas et les guépards. Ces félins sont plus gros que les chats domestiques.
State of cat genomics
À LIRE AUSSI Comment les chats ont profité de l’homme pour conquérir le monde
Ancêtre lointain
Toutefois, si l’on va assez loin en remontant les branches de l’arbre phylogénétique, il semblerait que la famille des félins ait démarré avec des animaux assez petits. Le félin le plus vieux est le proailurus, éteint depuis, et qui était à peine plus grand que le chat domestique. Il est présumé que le proailurus est l’ancêtre du pseudaelurus, dont descendent tous les félins, y compris les branches éteintes, comme les tigres à dents de sabre. Le pseudaelurus faisait la taille d’un puma.
Ainsi, il semblerait que de cet animal soient descendues deux branches. Panthera, une branche de très gros félins (plus que leurs ancêtres) et felis, une branche plus petite, où se placent les guépards, les chats sauvages et les chats domestiques.
Les ancêtres proches du chat sont donc pour la plupart des gros animaux. Mais si on remonte assez loin, le plus vieil ancêtre du chat faisait à peu près sa taille.
L’histoire du chat
Pour les amoureux des chats, ils représentent l’incarnation même de la beauté et de la grâce. Pour d’autres, les chats sont sournois et un peu trop indépendants.
L’amitié harmonieuse entre le chat et l’homme remonte jusqu’à l’an 3000 avant J.-C., dans l’Egypte ancienne. Des études archéologiques ont mis au jour des éléments prouvant que le chat sauvage africain (Felis sylvestris lybica) est le premier ancêtre du chat domestique.
C’est pourquoi, on trouve souvent aujourd’hui des chats sauvages africains comme animaux de compagnie chez certaines populations traditionnelles. Des études fondées sur l’ADN menées en Afrique du Sud n’ont pas réussi à établir de distinction entre le chat domestique et le chat sauvage africain. Alors que le chat sauvage européen (Felis sylvestris sylvestris), souvent considéré comme ayant contribué au développement du chat de compagnie, se distingue clairement des deux autres.
Selon les scientifiques et les historiens, les chats sauvages africains ont commencé à s’approcher des entrepôts de grains égyptiens le long de la rive du Nil, attirés par les souris et les rats qui s’y trouvaient. Les chats éliminant les rongeurs, les populations ont commencé à les apprécier, les jugeant très utiles. Comme il y avait peu de prédateurs dans ces régions, ces chats ont commencé à se reproduire et se multiplier, à côté des hommes. Les portées de nombreux petits chatons attachants ont attendri les populations.
Très vite, les hommes ont emmené chez eux ces petits chatons pour en prendre soin et ils n’ont pas tardé à les adopter. La relation très affectueuse entre l’homme et le chat a commencé alors à se renforcer, surtout en les nourrissant très tôt, entre l’âge de 2 à 8 semaines. Il y avait donc toutes les chances que ces chatons une fois l’âge adulte atteint restent.
C’est sans doute sa fonction de protection des entrepôts d’aliments contre les rongeurs qui explique pourquoi les habitants de l’Egypte ancienne aient fait du chat une divinité sacrée. Ces chats étaient appelés » miw » (de l’onomatopée miou). Les maîtres étaient en deuil lorsqu’un » miw » mourait : les chats morts étaient embaumés et placés dans des cercueils en bois. Les chattes et les lionnes étaient associées à Sekhmet, la très vénérée déesse égyptienne de la guerre, tandis que les chats mâles étaient consacrés au dieu du soleil, Ra.
Les chats étaient si protégés, que si quelqu’un passait près d’un chat blessé gravement, il quittait rapidement les lieux de crainte d’être incriminé. Après sa mort, le chat était alors momifié avant d’être inhumé – souvent dans des tombeaux énormes, avec des dizaines de milliers d’autres chats.
Malgré les efforts des Egyptiens pour empêcher l’exportation de leurs chats adorés, les Grecs volèrent les animaux afin de résoudre leurs propres problèmes de rongeurs. Les premiers animaux domestiques sont apparus en Europe autour de l’an 900 avant J.-C. Puis, les Egyptiens ont commencé à vendre les chats aux Romains, aux Ecossais, aux Celtes et, plus tard, à d’autres Européens, si bien que la population des chats a commencé à s’étendre dans le monde entier. En l’an 500 avant J.-C., le chat était devenu un animal commun en Chine. Initialement, les chats étaient offerts en cadeau aux empereurs. Au fil du temps, la noblesse a été autorisée à en posséder, puis le clergé et enfin les gens du peuple. De nombreux chats se sont croisés avec les chats sauvages locaux, créant certaines des races que nous connaissons aujourd’hui. La trace la plus ancienne de chats domestiques dans les îles britanniques remonte à l’an 936 après J.-C., quand Howell Dla, le prince du sud du Pays de Galles central, a promulgué une loi visant à les protéger.
Malheureusement, les chats domestiques ont changé au cours des années, et peu à peu ils ont été associés à de mauvais comportements, des maladies et des méfaits. En 1484, le pape Innocent VII a décrété que tous les adorateurs de chats en Europe seraient brûlés comme des sorcières. Il croyait que les sorcières vénéraient Satan et qu’elles prenaient la forme de leurs acolytes de l’espèce animale, qui étaient le plus souvent des chats. Leur habitude de rôder la nuit les a associés encore davantage au diable et à la sorcellerie. Un chat en compagnie d’une vieille femme était aussitôt considéré comme le compagnon diabolique d’une sorcière. L’Inquisition a ordonné la chasse à tous ceux qui possédaient des chats et les jugeait en tant que sorcières. Des centaines de chats et de propriétaires de chats ont été brûlés à mort !
La vie des chats ne s’est pas guère améliorée jusqu’au XVIIe siècle, lorsqu’ils sont devenus des chasseurs de souris, en particulier à bord des navires. A l’époque victorienne, cependant, les chats ont de nouveau été acceptés dans les foyers comme animaux de compagnie et à la fin du XIXe siècle, les premières races pures étaient présentées dans les premières expositions de chats. En 1871, une grande exposition était organisée au Crystal Palace sur les British Shorthairs et les chats persans. A la même époque, en Nouvelle Angleterre, la race Maine Coon était présentée lors de la première exposition de chats aux Etats-Unis.
De nos jours, la qualité de vie d’un chat est très certainement meilleure que jamais. Avec leur aura de sagesse surnaturelle et d’indépendance, les chats ont un bel avenir devant eux.
L’histoire du chat
Felis silvestris est une des espèces sauvages de base du chat domestique
Complexe et incertaine, l’histoire du chat est à l’image du petit félin : pleine de mystères et de rebondissements. Tantôt vénéré, tantôt diabolisé, le petit animal fait pourtant partie intégrante de nos vies actuelles.
Les origines
Tout commence il y a une quarantaine de millions d’années, lorsque le Proailurus, un carnassier arboricole apparût. Il est considéré comme étant à l’origine de tous les félins actuels. Diverses évolutions se feront alors, jusqu’à ce que vers 10 millions d’années avant notre ère apparaissent les smilodons aux dents acérées en forme de sabres, qui évolueront ensuite vers nos félidés. Felis silvestris est une des espèces sauvages de base tout comme Felis Lybica ou Felis ornata provenant d’autres parties du monde. De multiples croisements entre ces espèces donneront ensuite Felis silvestris catus notre chat domestique.
La domestication du chat
Jusqu’à récemment, on tenait les égyptiens pour précurseurs dans la domestication du chat, mais une sépulture datant de -7000 avant J.C à Chypre a révélé la présence d’un petit félin inhumé au côté d’un humain. D’autres études, ont mis à jour la présence de chats dans un village agricole de Chine entre 5560 et 5280 BP ce qui chamboule sérieusement les croyances.
Ses talents de prédateur auraient influencé son rapprochement de l’humain qui l’aurait alors domestiqué afin de protéger ses récoltes des rongeurs.
Certes l’Égypte Antique marque un tournant dans l’histoire du chat puisqu’il y est déifié sous les traits de la déesse Bastet qui veillait sur les âmes des morts, protégeait des maladies et assurait la fécondité. Une déesse précieuse qu’il ne fallait surtout pas offusquer en s’attaquant à sa matérialisation féline. Tout acte de cruauté sur un chat à cette époque, conduisait à la peine de mort. Les momies de chats étaient légion puisque l’on en retrouva plus de 300 000 sur les sites de Beni-Hassan ou Ghizeh.
Le commerce allant bon train avec les grecs, ces derniers introduisirent le chat en Europe, évidemment, les romains toujours à l’affût de ce qui se faisait en Grèce furent très intéressés par les petits félins. Le chat devint donc un des compagnons de Diane sur les représentations en mosaïques. C’est le début de son expansion en Europe, notamment avec les légions de Jules César. Les moines les recueillirent sur le chemin et en firent l’attribut de nombreux saints.
Les chats vécurent alors paisiblement, moins vénérés mais toujours respectés jusqu’à cette sombre période moyenâgeuse où ils furent persécutés, torturés et tués. Ils étaient alors associés à certains cultes païens proches de la sorcellerie. Les chats noirs faillirent d’ailleurs disparaître à cette époque, victimes d’une croyance qui les apparentait au diable en personne.
À la Renaissance, le chat retrouva sa tranquillité auprès de la bourgeoisie mais aussi d’artistes dont il était l’animal de compagnie de prédilection.
Apparition des races crées par l’Homme
Le naturaliste suédois Linné fut le premier au XVIIIe siècle à établir une classification de 4 grandes races félines : Catus domesticus, Catus hispanicus, Catus coeruleus et Catus angorensis.
Ce n’est qu’au XIX e siècle que les anglais commencèrent à créer des races déterminées par des documents officiels. Les premières expositions félines eurent lieu et posèrent les standards de plusieurs races comme le British Shortair ou le Persan. Depuis, la ferveur pour les diverses races de chats s’est développée de part le monde avec toujours plus d’engouement.
Origine du chat
Mais loin de suivre les traditions égyptiennes, les grecs ont utilisé les chats afin de contrôler la population de rongeur ainsi que comme monnaie d’échange avec les romains, les français et les celtes. Et grâce à l’intense commerce entre ces civilisations, les chats ont commencé à peupler tous les pays du pourtour méditerranéen. Toutefois, à cette époque s’est produite un genre de rupture affective entre le chat et l’être humain, car, dans ces civilisations, les chats n’étaient pas proches de l’homme et l’élevage du chien comme animal de compagnie, de protection et de garde prédominait largement.
Néanmoins, le moment le plus complexe de la relation chat-homme s’est passé durant le Moyen-âge en Europe, une période qui s’est étendue entre les siècles V et le XV. Bien que les paysans appréciaient les chats pour leurs talents de chasseurs et qu’ils étaient utilisés pour contrôler la prolifération des rongeurs même à l’intérieur des monastères, leur apparence, leurs habitudes nocturnes et même le mythe des sept vies ont fini par être associés à la pratique de la sorcellerie et aux mouvements hérétiques, selon la doctrine religieuse imposée et dictée par l’église. A partir de l’entrée en vigueur de l’inquisition, s’est produit une persécution massive des chats (principalement ceux de couleur noire) qui étaient sacrifiés lors de fêtes populaires, comme partie intégrante du combat contre l’hérésie.
Avec le début de la Renaissance, ce type de pratique a commencé à perdre en popularité, et les chats ont recommencé, petit à petit, à être intégré dans la société majoritairement en tant qu’agent de contrôle de rongeurs. Néanmoins, après le succès de la révolution française les bûchers et les sacrifices populaires de chats ont été interdits, ils commencent à être compris comme ce qu’ils étaient ; des actes de cruauté animales. Avec les crises de la peste bubonique du Moyen-âge, les chats gagnent de plus en plus en popularité dans les villes et leur présence est de plus en plus appréciée au sein des foyers, des bateaux, des commerces et mêmes des bureaux. C’est à cette époque qu’on commence à penser que les chats absorbent les mauvaises, mais, les préjugés des chats, à cette époque, sont toujours très vifs.
Ainsi, la reprise en main de ce lien affectif entre Homme et chat renaîtra à partir du mouvement romantique qui a fleuri en Europe au XIX ème siècle. L’art a un rôle clé dans le changement de perspective de la société envers les chats ainsi que dans l’abandon des superstitions et préjudices d’anciennes époques. En conséquence, finalement, le chat finit par être adopté de nouveau en tant qu’animal de compagnie et c’est ainsi que, petit à petit, a grandi l’intérêt d’étudier et classifier les différent types de chats.
Au XX ème siècle, l’élevage sélectif de chats afin de créer des nouvelles races a gagné en puissance, gardant en compte les caractéristiques et les traits les plus désirés des tuteurs de chaque pays. Pour vous faire une idée, en 1900 il n’y avait que 8 races enregistrées, alors qu’au début du XXI ème siècle, ce chiffre se situe autour de 100 races de chats dispatchés dans le monde entier.
Jusqu’à récemment on pensait que les relations homme – chat avaient commencé environ 2000 ans avant J.-C.
Les premiers fermiers, en stockant leur récolte, ont inévitablement attiré les rongeurs. Le chat a alors très rapidement identifié une source quasi inépuisable de proies. Il est probable que des félins curieux et peu craintifs se soient installés à proximité des villages primitifs, tirant parti de la manne de muridés. Ces intérêts convergents ont motivé l’instauration d’une relation de bon voisinage avec l’homme. L’Homo sapiens (ou un de ses enfants) a, sans aucun doute, recueilli un jour un chaton orphelin, initialisant ainsi un processus d’apprivoisement (habituation d’un animal sauvage au contact de l’homme).
Cette théorie était étayée par des peintures murales et des tombes égyptiennes. En 1984, une mandibule de chat a été découverte au cours de fouilles dans le village néolithique de Khirokitia, sur l’île de Chypre. Comme nous le savons tous, les chats ne sont pas particulièrement attirés par la natation ! Or Chypre est une île… On peut, par conséquent, conclure que les ossements découverts appartenaient à des animaux qui ont accompagné les premiers colons. La découverte plus récente – publiée en 2004 – du squelette d’un chaton de huit mois enterré aux côtés d’un jeune adulte à Shillourokambos, toujours à Chypre, permet de conclure que, dès 7500 ans avant notre ère, le chat avait conquis le cœur des hommes.
Bastet, la déesse chat
» Dieu a fait le chat pour donner à l’homme le plaisir de caresser le tigre. » Joseph Méry, La Comédie des Animaux
Un allié élevé au rang de divinité
L’Égypte ancienne, fille du Nil, entreposait les céréales. Les greniers pleins de grains attiraient les rongeurs voraces et souvent porteurs de maladies. Le chat, en éliminant la vermine, préservait la population de la famine, ce qui lui valut rapidement le statut tout à fait mérité de divinité. En Égypte, le chat est sacré.
Lorsqu’un chat meurt, sa “famille” porte le deuil. Malheur à celui qui sera responsable de la mort d’un chat : il sera exécuté comme en témoignent les écrits de Diodore de Sicile (Diodorus Siculus), un historien grec auteur de la première histoire universelle. De nombreux témoignages picturaux illustrent la vénération vouée à Bastet, la déesse chat. De nombreuses momies de chat ont été retrouvées, preuves que les chats recevaient les rites funéraires et l’embaumement, au même titre que leurs propriétaires.
Néanmoins des travaux archéologiques récents ont permis de démontrer que des chats (souvent des chatons) étaient délibérément sacrifiés et momifiés à des fins commerciales, vendus comme reliques aux pèlerins. Les Égyptiens gardaient précieusement leurs chats et veillaient à ce qu’ils ne quittent pas le territoire. Cependant, les échanges commerciaux entre l’Égypte et ses voisins a permis l’extension géographique de F catus autour de la Méditerranée. Avec le déclin de l’Égypte, le chat perd son côté “divin” au profit de celui d’animal de compagnie, comme en témoigne de nombreuses sculptures gréco-romaines. Ce n’est qu’au début de notre ère, que l’intérêt du chat chasseur de vermine sera formellement établi. Les Grecs et les Romains utilisaient surtout des furets et des putois pour se débarrasser des rongeurs.
Momie de chat
L’extension géographique du chat domestique est due aux Romains qui l’ont introduit en Europe du Nord, comme en attestent des découvertes archéologiques du 4ème siècle en Grande-Bretagne. Le chat semble avoir le pied marin et c’est par voie maritime et fluviale que l’espèce a gagné l’Asie mineure, la Scandinavie et l’Europe entière.
Le Moyen Âge, période noire pour les chats
Après le déclin des civilisations grecques et romaines, en Europe, le Moyen Âge et son obscurantisme déclarent la guerre aux chats. Accusés de sorcellerie, créatures maléfiques, fourbes et retors, les chats (surtout les noirs) sont victimes de sévices et de rites expiatoires : brûlés, précipités du haut des clochers ou emmurés vivants, rien ne leur est épargné. Cette extermination massive des félins a probablement joué un rôle dans la propagation de la peste noire. La maladie est en effet transmise par les puces des rats qui ont pu proliférer en l’absence de prédateurs.
Les temps modernes
À compter du 18ème siècle, la gent féline retrouve une certaine popularité et l’engouement général pour le chat ne fait que croître depuis. À l’heure d’internet, les sites proposant photos, vidéos et histoires de chats sont les plus visités et les publicitaires ont désormais reconnu le pouvoir vendeur de notre félin domestique. L’urbanisation, les changements dans le mode de vie, les habitations verticales, l’exigüité des logements ont concouru à faire redécouvrir le chat. Cet animal demande en apparence bien moins d’attention qu’un chien. Il est discret, il reste seul sans se plaindre ni déranger les voisins, il n’est pas nécessaire de le sortir pour ses besoins et pourtant, il nous apporte une présence apaisante ou un compagnonnage bienveillant. Dans de nombreux pays industrialisés, il est désormais l’animal de compagnie numéro un, détrônant le chien dans nos maisons et dans nos cœurs.
En Asie, si le chat continue à être consommé comme viande dans certains pays, il bénéficie par ailleurs d’une aura sacrée et a la réputation d’éloigner les mauvais esprits depuis bien avant notre ère.
La prescience féline demeure mystérieuse, mais de nombreux possesseurs témoignent de comportements étranges avant les séismes, ce qui n’est peut-être pas étranger à la vénération qu’on leur porte.
Au Japon, la plupart des commerces hébergent un Maneki Neko en signe de prospérité. La Thaïlande donna le Siamois, chat impérial, au reste du monde au 19ème siècle.
ICI Radio-Canada
» On n’apprivoise pas les chats sauvages « , chantait Marjo dans les années 80. Eh bien la chanteuse avait tout faux. Des scientifiques britanniques estiment que les premiers félins à avoir créé un contact avec les humains l’ont fait il y a 10 000 ans au Proche-Orient.
Leurs recherches menées sur l’ADN de chats domestiques permettent de localiser leur ancêtre sauvage dans la région du Croissant fertile, entre les États actuels d’Israël, d’Irak, de Syrie, et du Liban.
Une qualité particulière
Le lien entre les humains et le chat sauvage, ancêtre du chat domestique, est apparu quand les premiers agriculteurs se sont sédentarisés et ont entreposé du grain. Les chats sauvages se sont alors approchés d’eux, afin de chasser les rongeurs attirés par le grain.
Selon le chercheur américain Stephen O’Brien, de l’Institut national du cancer, le chat sauvage présentait deux avantages importants pour les agriculteurs:
- il aidait à se débarrasser des milliers de rongeurs qui convoitaient les récoltes de grains;
- il était une source d’amusement pour les familles et les enfants.
Les félins sont bien connus pour être de redoutables prédateurs – très meurtriers, très féroces et très menaçants pour les autres espèces y compris celle des humains.
Tranquillement, le prédateur féroce a changé de comportement et est devenu amical avec les humains.
Les Adam et Ève félins
Les auteurs de l’étude ont également retracé les origines du premier couple de chats à quelque 100 000 ans. Il n’existe toutefois pas de preuve de domestication à cette époque.
Les scientifiques ont utilisé les échantillons ADN de près de 1000 chats pour analyser les liens qui unissent le chat domestique et cinq espèces de chats sauvages issues de trois continents.
Ils sont parvenus à exclure comme ancêtre du chat domestique quatre espèces de chats sauvages : le chat sauvage européen, celui d’Asie centrale, celui du sud de l’Afrique et celui du désert chinois.
Ils ont établi que chaque sous-espèce et le chat domestique se retrouvait dans un groupe génétiquement distinct.
Cependant, le chat domestique et son parent du Proche-Orient étaient issus du même groupe, ce qui laisse supposer une parenté.
Les premiers chats apprivoisés
Distant ou affectueux, serein ou sauvage, attachant ou agaçant, le chat domestique est un animal lunatique. Cependant, il reste l’animal de compagnie le plus apprécié au monde. On dénombre près de dix millions de chats domestiques en France, et plus de 600 millions dans le monde. Certains animaux sauvages furent domestiqués pour leur lait, leur viande, leur laine ou pour le travail de la terre. Les chats domestiques » modernes » ne semblent servir aujourd’hui qu’à l’agrément des hommes. Comment expliquer qu’ils soient devenus si proches ?
Pendant longtemps, on a considéré que les Anciens Égyptiens avaient été les premiers – il y a environ 3 600 ans – à avoir des chats comme animaux de compagnie. Des découvertes génétiques et archéologiques réalisées au cours des cinq dernières années ont proposé une nouvelle approche de l’origine du chat domestique et de l’évolution de sa relation avec les hommes. On arrive à la conclusion que le chat aurait été domestiqué il y a près de 10 000 ans.
Dans quelle partie du monde les chats domestiques sont-ils apparus ? Beaucoup de chercheurs s’accordent sur le fait que toutes les races de chats descendaient d’une seule espèce – Felis silvestris, le chat sauvage – présente partout dans l’Ancien Monde, de l’Écosse à l’Afrique du Sud en passant par l’Espagne et la Mongolie. Jusqu’à présent, on n’avait aucun moyen de déterminer avec certitude laquelle de ces populations de chats sauvages avait donné naissance au chat domestique. Certains se sont opposés à l’idée d’une origine égyptienne de la domestication du chat, qui, selon eux, se serait produite dans différents endroits, aboutissant à des races distinctes. Mais le problème reste entier : comment distinguer les membres de groupes différents de chats sauvages et les différencier des chats domestiqués ayant le même pelage ? En effet, non seulement leurs pelages étaient similaires, mais ils étaient interféconds, ce qui brouille encore davantage les frontières entre les diverses populations.
En 2000, l’un d’entre nous (Carlos Driscoll) s’est attaqué au problème en collectant des échantillons d’adn de quelque 979 chats sauvages et domestiques, en Afrique australe, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Mongolie et Moyen-Orient. Comme les chats sauvages occupent généralement un même territoire toute leur vie, il s’attendait à ce que la composition génétique des groupes de chats sauvages varie d’une région à l’autre, mais soit stable dans chaque région, comme c’est le cas chez de nombreuses autres espèces de félins. Si les différents groupes de chats sauvages avaient eu des adn différents, et si l’adn des chats domestiques avait ressemblé à celui de l’un des groupes, alors on aurait eu une idée de l’origine du chat domestique.
Le berceau du chat
L’analyse génétique publiée en 2007 a-t-elle apporté une réponse ? Nous avons étudié avec nos collègues deux types d’adn que les biologistes moléculaires examinent généralement pour différencier des sous-groupes de mammifères : l’adn mitochondrial (adn circulaire présent dans les mitochondries, des organites transmis uniquement par la mère et qui fabriquent l’énergie des cellules) et les microsatellites,
qui abondent dans les villes, villages et campagnes du monde entier.
Les petits chats ne provoquant aucun dégât important, l’homme ne les a pas repoussés. Il est même possible qu’il les ait encouragés à demeurer auprès de lui, dans la mesure où ils chassaient les souris et les serpents. Il est même possible que certaines caractéristiques morphologiques des chats aient favorisé leur » adoption » par l’homme : ils ont de grands yeux, une petite tête, un front haut et arrondi. Les hommes trouvent les chatons » mignons » et attachants, et en auraient pris chez eux pour les élever, première étape de l’apprivoisement.
Pourquoi F.s.lybica fut-elle la seule sous-espèce de chat sauvage à être domestiquée ? Il semble que certaines autres sous-espèces, tels le chat sauvage européen et celui de Biet ou chat des montagnes chinoises, tolèrent moins bien la présence des hommes. Par ailleurs, les chats sauvages d’Afrique australe et d’Asie centrale auraient pu être domestiqués, mais la sous-espèce F.s.lybica a eu l’avantage d’être déjà sur place quand l’homme a développé l’agriculture au Proche-Orient. À mesure que l’agriculture s’y développait, les chats, descendants de F.s.lybica, ont suivi l’homme, qui migrait vers de nouvelles régions, fermant ainsi la porte aux populations locales de chats sauvages. Si les chats domestiques du Proche-Orient n’étaient jamais parvenus en Afrique ou dans le reste de l’Asie, les chats sauvages indigènes vivant dans ces régions auraient très certainement été attirés vers les villages, marquant le début des civilisations urbaines.
L’ascension de la déesse
Nul ne sait combien de temps a pris la transformation du chat sauvage du Moyen-Orient en un compagnon domestique affectueux. Le processus a peut-être été rapide. Au cours d’une expérience, ayant commencé en 1959, des scientifiques russes ont réussi à domestiquer des renards argentés sauvages. Mais il est fort probable que les fermiers du Néolithique auraient eu beaucoup de mal à contrôler la reproduction de leurs chats sans les isoler. Comme les chats étaient libres de leurs déplacements, les croisements avec les chats sauvages étaient sans doute fréquents et ont ralenti l’apprivoisement. Ce phénomène a vraisemblablement duré quelques milliers d’années.
Le calendrier exact de la domestication du chat reste imprécis. Toutefois, diverses preuves archéologiques, notamment la découverte chypriote déjà évoquée, confirment que le lien entre l’homme et le chat est très ancien : par exemple, une molaire de chat, estimée à 9 000 ans, a été mise au jour en Israël et une autre dent, vieille de 4 000 ans, trouvée au Pakistan.
Le premier témoignage d’une domestication totale est plus récent. Une statuette de chat en ivoire de près de 3 700 ans, trouvée en Israël, suggère que la présence du chat était familière dans les maisons et les villages du Proche-Orient, même avant son introduction en Égypte. En effet, tous les autres animaux domestiques (l’âne excepté) ont été introduits dans la vallée du Nil à partir du Proche-Orient. C’est une peinture égyptienne datant du Nouvel Empire (l’âge d’or de l’Égypte, de –1500 à – 1000 environ) qui fournit les illustrations les plus anciennes d’une domestication complète. Ces peintures représentent des chats installés sous des chaises, portant parfois un collier ou une laisse, s’alimentant souvent dans des bols ou se nourrissant de restes. L’abondance de ces illustrations signifie que les chats sont devenus des membres à part entière des foyers égyptiens de cette époque.
C’est à cause de ces représentations que l’Égypte ancienne a toujours été considérée comme le berceau de la domestication des chats. Mais les plus anciennes représentations égyptiennes de chats sauvages sont beaucoup plus récentes (de 3 500 à 4 500 ans) que la sépulture chypriote. Même si les Égyptiens de l’Antiquité n’ont pas été les premiers à domestiquer le chat, ils ont certainement joué un rôle important dans la dissémination des chats domestiques à travers le monde. Les Égyptiens vénéraient les chats. Il y a 2 900 ans, le chat devenait une divinité officielle en Égypte, sous les traits de la déesse Bastet. En outre, les chats étaient sacrifiés, momifiés et enterrés en grand nombre dans la ville sacrée dédiée à cette déesse, Bubastis. Les innombrables momies de chat retrouvées ont montré que les Égyptiens ont élevé des chats pour la première fois dans l’histoire de l’homme.
Pendant des siècles, l’Égypte a officiellement interdit l’exportation de ses chats vénérés. Mais alors, comment expliquer qu’il y a quelque 2 500 ans, les animaux étaient présents en Grèce ? Cela prouve l’inefficacité des mesures interdisant l’exportation des chats égyptiens. Plus tard, des chats ont été embarqués sur les bateaux transportant des céréales d’Alexandrie vers les ports de l’Empire romain pour lutter contre les rats. Ainsi introduits, les chats ont colonisé les villes portuaires. La propagation du chat était lancée. Il y a 2 100 ans, quand les Romains ont étendu leur empire, ils ont emporté avec eux leurs chats qui se sont répandus dans le Nord de la France et dans les îles britanniques.
Dérive génétique en Extrême-Orient
Pendant ce temps, dans le bassin méditerranéen, la présence des chats domestiques date probablement de près de 2 000 ans ; on les rencontre le long des routes commerciales qui relièrent la Grèce et Rome à l’Extrême-Orient. Ils atteignaient la Chine via la Mésopotamie et arrivaient en Inde par terre et par mer. C’est alors qu’intervint un phénomène intéressant. Comme en Extrême-Orient il n’existait pas de chats sauvages natifs avec lesquels les nouveaux arrivants auraient pu se croiser, les chats domestiques d’Orient ont évolué d’une façon particulière. De petits groupes isolés de chats domestiques orientaux ont progressivement subi un processus de dérive génétique, au cours duquel, des traits qui ne sont ni avantageux ni nuisibles sont fixés dans une population.
Ainsi apparurent plusieurs races de chats : Korat, Siamois, Birman et autres » races naturelles « . Elles furent décrites par les moines bouddhistes thaïs dans un ouvrage : Poèmes du livre des chats datant de 1350. L’ancienneté supposée de ces races est étayée par des études génétiques récentes. Marilyn Menotti-Raymond, de l’Institut américain du Cancer, et Leslie Lyons, de l’Université de Californie à Davis, ont montré que les différences génétiques entre les races européennes et les races orientales actuelles correspondent à 700 ans d’élevage indépendants.
Quand les chats ont-ils atteint le continent américain ? Nous pensons que Christophe Colomb et d’autres navigateurs de la même époque auraient transporté des chats avec eux lors de leurs voyages transatlantiques. Les voyageurs à bord du Mayflower et les résidents de Jamestown, la première colonie britannique sur le continent américain, auraient pris des chats à bord pour lutter contre les animaux nuisibles et pour leur porter chance. Les chats domestiques seraient arrivés en Australie en même temps que les colons européens de la fin du xixe siècle. Mais cette hypothèse reste à confirmer.
Depuis quelques années, l’homme tente de sélectionner des races nouvelles. Les Égyptiens ont été de grands éleveurs, mais ne semblent pas avoir pratiqué une sélection des animaux en fonction de leur pelage, sans doute parce qu’ils se ressemblaient encore tous : sur les fresques égyptiennes, les chats sauvages et les chats domestiques ont tous un pelage tigré. Les races modernes seraient apparues sur les îles britanniques au xixe siècle, à en croire les écrits de l’artiste naturaliste
anglais Harrison Weir. En 1871, les premières races sélectionnées de chats de compagnie furent présentées lors d’une exposition féline, au Crystal Palace de Londres. Un persan remporta le premier prix. Un siamois fit sensation.
Aujourd’hui, 60 races de chat domestique sont officiellement recensées. Seule une dizaine de gènes déterminent les différences dans la couleur de la robe, la longueur, la texture, la teinte et le lustre du poil.
En 2007, le séquençage complet du génome d’un chat Abyssin nommé Cinnamon a permis aux généticiens d’identifier les mutations qui produisent les motifs tigrés, la coloration blanche, noire ou rousse, ou encore la longueur des poils. Cependant, au-delà des différences dans les gènes liés au pelage, les différences génétiques entre les races de chats domestiques sont infimes – comparables à celle que l’on constate entre des populations humaines géographiquement proches, telles que les Français et les Italiens. Le large éventail de tailles, formes et caractères que l’on retrouve chez les chiens – du Chihuahua au Dogue allemand – n’existe pas chez les chats.
Aujourd’hui les chats sont-ils parfaitement domestiqués ? Oui, mais l’affirmation est à nuancer. Même s’ils savent vivre en présence de l’homme, ils peuvent se nourrir ou se reproduire sans son intervention. De surcroît, alors que d’autres animaux domestiques, les chiens par exemple, sont très différents physiquement de leurs ancêtres sauvages, le chat domestique a une morphologie proche de celle du chat sauvage. On note seulement que ses pattes sont légèrement plus courtes, son pelage est différent, et, comme l’avait déjà noté Charles Darwin, son intestin est plus long – une adaptation à la consommation des restes de repas.
Le chat domestique continue à évoluer. Armés des techniques d’insémination artificielle et de fécondation in vitro, les éleveurs actuels explorent la génétique du chat domestique, croisant des chats domestiques avec d’autres espèces de félidés pour sélectionner de nouvelles races exotiques. Le Bengal et le Caracat, par exemple, sont issus du croisement du chat domestique et du chat léopard asiatique pour le premier et du chat domestique et du Caracal pour le second. Le chat domestique donnera-t-il naissance à de multiples espèces composites fruits d’une évolution accélérée sans précédent ?
séquences courtes et répétitives d’adn nucléaire. En utilisant des programmes informatiques, nous avons étudié la filiation de chacun des 979 chats en nous fondant sur leur signature génétique. Notamment, nous avons comparé l’adn de chaque chat et celui de tous les autres chats, puis regroupé les animaux présentant un adn similaire. Nous nous sommes ensuite demandé si les animaux d’un groupe vivaient dans la même région.
Les résultats ont révélé l’existence de cinq groupes génétiques – ou lignées – de chats sauvages. Quatre de ces lignées correspondent parfaitement à quatre des sous-espèces connues de chat sauvage et vivent dans des régions bien définies : F. silvestris silvestris en Europe, F.s.bieti en Chine, F.s. ornata en Asie centrale et F. s. cafra en Afrique australe. La cinquième lignée, toutefois, comprenait non seulement la cinquième sous-espèce connue de chat sauvage – F. s. lybica du Moyen-Orient – mais aussi les centaines de chats domestiques recensés, ainsi que des chats de race pure ou croisés vivant aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon. En fait, les chats sauvages F. s. lybica des déserts d’Israël, des
Émirats arabes unis ou d’Arabie saoudite étaient pratiquement indiscernables au plan génétique des chats domestiques. Le fait que les chats domestiques soient si proches de la lignée F. s. lybica– et seulement de cette lignée – signifierait que toutes sont issues d’une unique région : le Moyen-Orient, et non d’autres lieux où les chats sauvages sont nombreux.
La question de l’origine géographique des chats domestiques ainsi résolue, il restait donc à déterminer à quel moment avait eu lieu la domestication. Les généticiens datent souvent un événement d’après les mutations génétiques aléatoires qui s’accumulent de façon constante au cours du temps. Cette horloge moléculaire est cependant un peu trop lente pour permettre de dater avec précision des événements ayant eu lieu il y a moins de 10 000 ans, l’époque qui nous intéresse pour la domestication du chat. C’est pourquoi nous avons fait appel à l’archéologie et une découverte récente nous a été particulièrement utile.
En 2004, Jean-Denis Vigne et ses collègues, du Muséum national d’histoire naturelle, mnhn, de Paris et ses collègues, au Collège de France, ont déclaré avoir retrouvé la plus ancienne preuve de début de la domestication du chat. Cette découverte fut réalisée sur l’île de Chypre où, il y a 9 500 ans, un homme adulte de sexe inconnu fut enterré dans une fosse peu profonde. Divers objets avaient été disposés avec la dépouille : des outils de pierre, un bloc d’hématite, une poignée de coquillages. Mais pas seulement. Les fouilles ont permis d’identifier dans la même tombe le squelette d’un chat de huit mois, placé à 40 centimètres du squelette, et le corps orienté aussi vers l’Ouest.
Puisque les chats ne sont pas natifs des îles méditerranéennes, ils ont dû être apportés par bateau, probablement des
côtes du Moyen-Orient. Le transport de chats sur l’île de Chypre et l’enterrement d’un chat auprès d’un être humain sont deux preuves indiquant que l’homme entretenait une relation privilégiée avec les chats, il y a près de 10 000 ans. Cette localisation géographique est compatible avec celle indiquée par nos analyses génétiques. Ainsi, le chat aurait été apprivoisé par les hommes qui se sont installés à cette époque au Moyen-Orient.
Un jeu du chat et de la souris ?
Jusqu’alors nous avions établi une carte géographique et une date approximative de début de la domestication du chat. Mais pourquoi l’homme et le chat ont-ils établi une telle relation ?
Les ancêtres de la plupart des animaux domestiqués vivaient en troupeaux ou en groupes, avec des hiérarchies de dominance bien établies. Les hommes ont inconsciemment tiré profit de cette structure. Supplanter l’individu dominant leur a permis de contrôler plus facilement des groupes entiers. Ces animaux disciplinés étaient déjà habitués à vivre en groupes, de sorte qu’ils s’adaptèrent facilement à l’homme tant qu’on leur assurait nourriture et protection.
En revanche, les félins sont des chasseurs solitaires qui défendent farouchement leur domaine face aux autres félins du même sexe (les groupes de lions faisant exception à la règle). De plus, la plupart des animaux domestiques se nourrissent de plantes facilement disponibles, alors que les chats sont carnivores, ce qui signifie qu’ils ont une capacité limitée à digérer autre chose que la viande. Qui plus est, les chats n’obéissent pas aux ordres que pourrait leur donner leur maître. En résumé, si divers animaux sauvages ont été domestiqués par l’homme qui leur fait accomplir des tâches qui lui sont utiles, les chats sont probablement devenus des compagnons de l’homme uniquement par opportunisme.
Au Néolithique, il y a entre 9 000 et 10 000 ans, les premières colonies implantées au Proche-Orient ont offert un nouvel environnement à quelques animaux sauvages suffisamment adaptables. La souris commune, Mus musculus domesticus, fut l’une de ces espèces. Les archéologues ont trouvé des restes de ce rongeur, originaire du sous-continent indien, parmi les premières réserves humaines de grains sauvages en Israël datant de 10 000 ans environ. Les souris domestiques, en concurrence avec les souris sauvages vivant à l’extérieur, ont prospéré en trouvant refuge dans les maisons et les silos, et ont certainement attiré les chats sauvages.
Toutefois, les détritus accumulés aux abords des villes étaient sans doute tout aussi alléchants, apportant une nourriture garantie aux chats suffisamment habiles pour la dénicher. Ces deux sources de nourriture ont probablement encouragé les chats à se rapprocher de l’homme. En termes de biologie évolutionniste, la sélection naturelle aurait favorisé les chats qui étaient capables de cohabiter avec les hommes et se nourrir de déchets alimentaires et de souris.
Progressivement, les chats sauvages prédisposés à vivre dans des environnements dominés par l’homme se sont multipliés dans les villages du Proche-Orient. Dans cette nouvelle niche écologique, les chats dociles ont été sélectionnés, mais la concurrence avec les autres chats a influé sur leur évolution et limité leur docilité. Dans la mesure où ces chats protodomestiques étaient livrés à eux-mêmes, ils n’ont rien perdu de leur aptitude à trouver de la nourriture. Aujourd’hui encore, la plupart des chats domestiqués sont très indépendants et capables de survivre sans aide, comme le prouvent les chats marron
1 page
Quel est l’ancêtre du chat ? Depuis quand est-il domestiqué ?
Si l’on a longtemps pensé que le chat avait pour ancêtre le Chat forestier d’Europe (Felis silvestris silvestris), il n’en est rien. Celui-ci n’est qu’un cousin du chat qui peuple nos foyers. Il est d’ailleurs toujours de ce monde puisque c’est un animal que l’on peut encore apercevoir sur notre territoire national, à l’état sauvage. Mais alors, qui est le véritable ancêtre de notre chat domestique ?
Ancêtre du chat : un félidé du Moyen-Orient
Le véritable ancêtre est Felis Silvestris lybica ou Chat ganté. Ce chat sauvage est apparu au cours du XIIIe millénaire av. J.-C., au Moyen-Orient d’où il est originaire. A l’époque de l’Homo Sapiens, le chat n’était pas encore domestiqué.
Comment est née la domestication de l’ancêtre du chat ?
Tout a changé au moment la révolution néolithique et plus précisément avec la naissance de l’agriculture, 8 000 ans avant notre ère. Du fait que les populations ont commencé à entreposer leurs stocks de blé et d’orge, cela a favorisé la prolifération des rongeurs dans les villages. Une sacrée aubaine pour les Chats gantés sauvages, chasseurs émérites, qui trouvaient là de quoi assurer aisément leurs moyens de survie.
Mais cet instinct de chasseur n’est pas passé inaperçu chez l’Homme qui n’a pas tardé à lorgner sur ces petits félins puis, plus tard, à les domestiquer, trouvant en ces animaux agiles et malins un excellent moyen de lutter contre l’assaut des rats, souris et autres nuisibles tels que les serpents venimeux. Cette première vague de domestication du chat remonte donc à environ 5 000 ou 6 000 ans.
Comment la domestication du chat par l’Homme a modifié ses gênes
Des études scientifiques ont été menées suite à la découverte, à Chypre, d’une tombe datant d’environ 7 500 ans avant J.-C., dans laquelle se trouvaient les ossements d’un enfant et de son chat. Ces investigations ont mis en évidence de nombreuses caractéristiques d’un chat de l’époque et ont permis de voir combien la domestication du chat par l’Homme a pu modifier cet animal à bien des niveaux : métabolique, physique, comportemental, réactionnel.
Le séquençage du génome de différents chats domestiques et chats sauvages de notre époque a permis aux Chercheurs en paléogénétique – après des études comparatives – d’en savoir plus sur l’évolution du chat depuis qu’il a été apprivoisé. Ainsi, on sait que la domestication de cet animal a entraîné d’innombrables modifications génétiques.
Heureusement, le chat domestique du XXIe siècle tient encore de son ancêtre une once d’indépendance et n’a pas totalement perdu son instinct de chasseur, mais pour combien de temps encore ?
Le chat a conquis la planète
Le chat a été très tôt adopté par l’Homme et de nombreuses représentations iconographiques en attestent. On peut en tout cas dire que l’ancêtre du chat a assuré sa descendance ! En effet, on recense aujourd’hui plus ou moins dans le monde 600 millions de chats domestiques toutes races confondues, ce qui inclut le chat de gouttière. Rien qu’en France, ils sont près de 13 millions d’individus.
A l’heure actuelle, il existe encore en Afrique des descendants sauvages de l’ancêtre du chat domestique, identifiables à leurs pieds gantés, à leurs grandes pattes et à leur fourrure fauve. Mais ceux-ci ne sont pas apprivoisés.