Table des matières
- Nausées et vomissement de l’adulte : causes et traitements
- Les vomissements de l’enfant
- Les vomissements occasionnels
- Les vomissements récidivants ou habituels
- La maladie des vomissements acétonémiques
- Traitement des vomissements
- Vomissements chroniques inexpliqués de l’adulte
- Existe-t-il un trouble moteur grêlique s’intégrant dans une forme fruste de pseudo-obstruction ?
- Question 3 : existe-t-il une hypersensibilité duodénale ?
- Quand cette démarche diagnostique ne retrouve aucune explication aux vomissements ou que des éléments anamnestiques sont évocateurs, on peut envisager des situations rares
- Traitement symptomatique des vomissements inexpliqués
- Références
- Les Cinq points forts
- Pourquoi vomit-on ?
- Vomissement 3. Quelles sont les causes ?
- Causes digestives :
- Causes cérébrales :
- Causes vestibulaires (oreille interne) :
- Causes diverses :
- Causes extérieures :
Nausées et vomissement de l’adulte : causes et traitements
Les définitions de la nausée et du vomissement chez l’adulte
La nausée est la sensation d’avoir envie de vomir, on parle souvent de « mal au cœur » ou de « haut- le-cœur ». Le vomissement est un réflexe mécanique visant à rejeter le contenu de l’estomac. C’est un mécanisme de défense de l’organisme. Souvent, le vomissement est accompagné de douleurs abdominales, de sueurs et d’une augmentation du rythme cardiaque. Il peut y aussi avoir une diarrhée. En général, le patient vomit son repas, des aliments ou de la bile. Plus rarement, il peut vomir du sang. Les nausées s’arrêtent lorsque l’estomac est vide.
Les causes de la nausée et du vomissement chez l’adulte
Elles sont nombreuses mais souvent ne sont pas très graves.
Il peut s’agir :
– d’une gastro-entérite, surtout pendant les périodes d’épidémie ;
– du mal des transports, dans le bus en montage, par exemple ;
– d’une indigestion à cause d’une trop grande consommation d’un aliment ou d’alcool ;
– d’une grossesse, surtout en ce qui concerne les nausées plutôt en début et fin de grossesse.
En cas de vomissements répétés ou chroniques, il est recommandé de consulter un médecin pour établir un diagnostic. Dans ce cas, des complications sont également possibles : syndrome de Mallory-Weiss (déchirure longitudinale du cardia liée aux efforts de vomissements), rupture de l’œsophage (syndrome de Boerhaave), dénutrition…
Les vomissements peuvent s’expliquer par :
– une appendicite ou une maladie du tube digestif ;
– le stress ;
– une migraine ;
– une allergie alimentaire ;
– une méningite ;
– une intoxication au monoxyde de carbone ;
– une intoxication par voie orale ;
– un malaise vagal avec perte de connaissance ;
– une cholécystite aiguë.
La prévention de la nausée et du vomissement chez l’adulte
Une fois que l’on connaît les raisons des nausées ou d’un vomissement, il faut éviter de se mettre à nouveau dans la même situation, quand c’est possible. Lorsqu’il s’agit d’une gastro-entérite, il est recommandé de prévoir des mesures d’hygiène plus strictes que d’habitude et plus fréquentes. S’il s’agit de mal de transport, il est conseillé de donner un des médicaments qui réduit ce risque avant de voyager.
Le traitement de la nausée et du vomissement chez l’adulte
En cas de vomissement, il est important de :
– s’allonger ou de prendre l’air, si l’état de la personne le permet ;
– respirer à fond pour voir s’il s’agit d’une envie passagère qui est due à du stress par exemple ;
– boire suffisamment pour éviter une déshydratation ;
– ne pas manger tout de suite après avoir vomi et éviter les aliments trop gras ou épicés.
Il convient aussi de rassurer la personne en rappelant que c’est désagréable mais pas dangereux et qu’elle se sentira mieux après avoir vomi. Ensuite, il ne faut pas hésiter à proposer de laver le visage et de se laver les dents pour se sentir mieux, sans odeur de vomi. Si c’est possible, consommer petit à petit des aliments et veiller à proposer des boissons sucrées et salées.
Si les vomissements s’accompagnent d’autres symptômes comme de la fièvre, avec une raideur du cou et une intolérance à la lumière, si la personne semble confuse, si elle vomit du sang, si l’état général se détériore ou s’il a fait une chute moins de 48 heures avant, il faut appeler le médecin pour faire un bilan. Chez les personnes âgées, des diarrhées associées aux vomissements peuvent entraîner rapidement une déshydratation et il convient aussi de consulter un médecin traitant. Enfin, même si les nausées et vomissements ne sont pas graves, il est toujours déconseillé de faire de l’automédication, à part dans le cas du mal des transports.
Les vomissements de l’enfant
Les vomissements sont souvent associés à des maladies telles que la gastro-entérite, ou à des situations particulières comme le mal des transports. Fréquents chez les enfants, ils ne doivent pas pour autant être pris à la légère afin d’éviter de passer à côté d’une pathologie plus grave.
Les vomissements occasionnels
Les causes de vomissements chez un enfant qui n’a pas l’habitude de vomir régulièrement sont multiples. Les intoxications médicamenteuses peuvent être à l’origine des vomissements. Autre cause fréquente entre 3 et 10 ans, le mal des transport, avec nausées, malaise, angoisse surtout lors des trajets automobiles avec des virages répétés. L’enfant est souvent émotif, sensible, anxieux, migraineux.
Les urgences chirurgicales restent une hantise :
- L’ appendicite ;
- Une occlusion intestinale ;
- Une hernie étranglée ;
- Une péritonite ;
- Une torsion du testicule.
Les causes neurologiques :
- Une méningite virale (oreillons etc…) ou bactérienne.
- Une hypertension intra-crânienne ( tumeur cérébrale etc…) ;
- Une hémorragie cérébro-méningée ( malformation vasculaire etc…) ;
- Une épilepsie abdominale ;
- Une migraine abdominale ;
- Des vertiges labyrinthiques ;
- Après un traumatisme crânien : les vomissements sont le plus souvent banals traduisant un léger oedème cérébral spontanément réversible mais il faut toujours se méfier d’un hématome extra-dural.
D’autres causes peuvent également être à l’origine des vomissements :
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Les vomissements récidivants ou habituels
Les principales causes à évoquer chez un enfant qui vomit régulièrement sont :
- Une malposition cardio-tubérositaire (hernie hiatale avec reflux gastro-oesophagien) ;
- Une malrotation intestinale reconnue à la radiographie ;
- Une insuffisance rénale (dosage de l’urée et de la créatinine sanguines) ;
- Une hypertension intracrânienne (tumeur cérébrale) ;
- Des troubles psychologiques ;
- Sans oublier la grossesse chez l’adolescente.
La maladie des vomissements acétonémiques
La constatation chez un enfant d’une odeur particulière de l’haleine, parfois accompagnée de la recherche positive d’acétone dans les urines à l’aide de bandelettes réactives (N-Labstix®, Kéto-Diastix®, Ketostix®), réalise ce qu’on appelle dans le langage courant : la « crise d’acétone ».
Une cétonémie peut être mise en évidence par la bandelette Ketostix® ou les comprimés Clino-réactifs Acétone®.
Ce terme ne signifie rien de précis mais regroupe plusieurs entités pathologiques.
La cétose symptôme
Tout enfant en période de jeûne peut présenter une cétonurie surtout s’il est fébrile et/ou vomit et donc ne mange plus. Le pédiatre doit rechercher la cause de la fièvre. Il s’agit souvent d’une infection bénigne :
- Une rhino-pharyngite ;
- Une otite ;
- Une pneumonie etc…
Mais il faut se méfier d’infections plus graves :
- Une appendicite ;
- Une méningite…
L’intolérance alimentaire, l’ indigestion, la cétose de jeûne constatée le matin au réveil sont des causes fréquentes.
Le diabète doit toujours être évoqué.
La cétose maladie
Il s’agit de « crises d’acétone » qui se répètent périodiquement.
Le pédiatre doit rechercher les maladies métaboliques rares, d’apparition précoce, dont le diagnostic est urgent . Des signes sont souvent associés :
- Neurologiques : convulsions, coma, ataxie…
- Un gros foie ;
- Une hypoglycémie.
La cétose périodique idiopathique
C’est la vraie « crise d’acétone » (maladie des vomissements acétonémiques). Il s’agit d’une affection de cause inconnue. C’est une cétonurie avec vomissements qui apparaît chez l’enfant de 2 à 8 ans. L’haleine acétonique (odeur « pomme de reinette ») et la cétonurie font poser le diagnostic.
Elle est associée à :
- Des céphalées ;
- De la fièvre ;
- Des vomissements ;
- Des douleurs abdominales ;
- Une diarrhée ;
- Des selles décolorées font parler de « crise de foie » ;
- Des vomissements répétés, incoercibles et n’accepte rien dans l’estomac ;
- Une déshydratation.
Il est fatigué, abattu, irritable ou somnolent. Ces crises se répètent régulièrement et inquiètent les parents.
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Parfois, le tableau est plus dramatique. Des troubles neurologiques surviennent :
- Convulsions ;
- Troubles de la conscience ;
- Collapsus cardiovasculaire.
Il s’agit souvent d’enfants anxieux, émotifs et instables, sujets au mal des transport, aux migraines et aux maladies allergiques. Des antécédents familiaux identiques sont souvent retrouvés. La crise peut être déclenchée par le jeûne, une émotion, un stress, un traumatisme, une infection ou rien du tout… Les troubles disparaissent vers 12 ans mais sont souvent remplacés par d’autres maladies psychosomatiques : migraine, spasmophilie, céphalées etc…
Ce diagnostic doit rester un diagnostic d’exclusion. En effet, il serait dangereux de parler de vomissements acétonémiques alors qu’il s’agit d’une méningite tuberculeuse, d’une tumeur cérébrale ou d’une acidocétose diabétique. C’est la répétition des crises et leur aspect stéréotypé qui permet de porter le diagnostic.
Traitement des vomissements
Certains gestes sont indispensables en cas de vomissements de l’enfant :
- Aidez votre enfant à vomir la tête penchée en avant pour qu’il régurgite toutes les matières vomies ;
- Evitez de le coucher tant qu’il vomit ;
- Ne pas forcez votre enfant à manger même si dans certains cas, cela peut le soulager ;
- Si les vomissements sont dus à un état de stress, veillez à rassurer et détendre votre enfant.
- Maintenez un bon état d’hydratation de l’enfant, en lui offrant de l’eau souvent et en petites quantités.
Il est possible de diluez un sachet de sels d’hydratation en suivant les instructions. Le moindre doute ou signe de déshydratation nécessite une consultation en urgence. L’hydratation est primordiale. Dans tous les cas, les vomissements chez l’enfant doivent vous pousser à consulter un médecin ou un pédiatre.
Il est à noter que les médicaments contre les nausées et les vomissements chez l’enfant n’est pas recommandé sans avis médical. En cas de mal de transports, les antinauséeux antihistaminiques peuvent être utilisés avec l’avis du pharmacien.
Les médicaments des vomissements
Le mal des transports (naupathie)
- Prendre avant le départ un repas léger riche en glucides et sans boissons ;
- Sucer des bonbons durant le trajet ;
- Médicament anti-histaminique :
- Dramamine® : 2 à 8 ans : 1/4 à 1/2 comprimé ou 1/2 suppositoire enfant ; de 8 à 12 ans : 1/2 à 1 comprimé ou 1 suppositoire enfant à prendre 1/2 heure avant le départ et à répéter toutes les 4 heures ;
- Vogalib® : chez l’enfant de plus de 6 ans: 1 lyophilisat oral au moment des symptômes, à renouveler éventuellement si les symptômes persistent ou réapparaissent, sans dépasser 2 lyophilisats par jour (soit 15 mg de métopimazine) ;
- Mercalm®: de 30 mois à 5 ans : 1/2 comprimé 1 heure avant le départ, 1/4 de comprimé au cours du déplacement sans dépasser 1 comprimé par 24 h. De 5 à 15 ans : 1/2 comprimé 1 heure avant le départ, 1/2 comprimé 1/4 d’heure avant le départ, 1/4 de comprimé au cours du déplacement ;
- Nautamine® : entre 2 et 5 ans : 1/2 comprimé 1/2 heure avant le départ à renouveler 2 ou 3 fois durant le trajet. Entre 5 et 13 ans : 1 comprimé 1/2 heure avant le départ à renouveler 2 ou 3 fois durant le trajet
Ecrit par:
Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso
Médecin généraliste
Ecrit par:
Dr Lyonel Rossant
Pédiatre
Ecrit par:
Révision médicale effectuée par le Dr Jesus Cardenas
Révision médicale : Dr Jesus Cardenas, Directeur médical de Doctissimo, 21 mars 2017
Mis à jour le 06 janvier 2020
Sources :
- Comment réagir en cas de nausées et vomissements chez un enfant ?, fiche Eureka Santé Vidal, 2019 ( accessible en ligne).
- Deborah M. Consolini, Vomissements chez les nourrissons et les enfants, Manuel MSD, 2018 ( accessible en ligne).
- Deborah M. Consolini, Nausées et vomissements chez le nourrissons et les enfants, Manuel MSD (version grand public), 2018 ( accessible en ligne).
- Nausées et Vomissements : que faire et quand consulter ? Fiche Assurance maladie, 2019.
Vomissements chroniques inexpliqués de l’adulte
Existe-t-il un trouble moteur grêlique s’intégrant dans une forme fruste de pseudo-obstruction ?
Devant des vomissements récurrents sans obstacle mécanique, l’hypothèse d’un trouble moteur grêlique, notamment dans le cadre d’une pseudo-obstruction chronique intestinale, peut se discuter . Cependant, dans un tel contexte, les vomissements sont rarement isolés. Il existe souvent un ballonnement abdominal objectif, avec distension gazeuse des anses grêles dans leur ensemble et un ralentissement du transit. La manométrie antro-duodénale ou antro-duodéno-jéjunale est l’examen clé pour porter le diagnostic car elle est toujours anormale en cas de POIC, avec la réserve de disposer d’un examen d’une durée suffisamment longue pour éviter un diagnostic de POIC par excès. Ce risque existe notamment en cas d’absence de phase III du complexe moteur migrant pendant la période diurne après un enregistrement diurne trop court. En effet, cette absence a été observée chez des volontaires sains. En revanche, une manométrie antro-duodéno-jéjunale normale conduit à infirmer un diagnostic de POIC évoqué cliniquement .
La manométrie duodéno-jéjunale peut avoir un autre intérêt : faire rediscuter l’existence d’un obstacle mécanique sur le grêle, méconnu par le bilan radiologique lorsqu’elle révèle un » rythme minute » (courtes salves de contractions survenant toutes les minutes), des contractions géantes propagées (contractions de grande amplitude (> 30 mmHg, durant 15 à 20 secondes) et propagées sur la quasi-totalité du grêle), des contractions uniques ou en courtes bouffées, de grande amplitude ou de durée supérieur à 8 sec et survenant simultanément sur toutes les voies d’enregistrement sans artéfact de mouvement . Cet apport diagnostique de la manométrie a surtout été observé après les transits barytés du grêle. Avec les techniques modernes telles que l’entéro-scanner, le risque de méconnaissance d’un obstacle mécanique est moindre.
Question 3 : existe-t-il une hypersensibilité duodénale ?
Le rôle de l’hypersensibilité digestive dans des vomissements inexpliqués demeure mal établi. Cependant, à côté d’une hypersensibilité mécanique de l’estomac proximal, certains malades souffrent d’une hypersensibilité duodénale à des stimuli chimiques tels que les lipides et l’acide chlorhydrique qui peuvent déclencher des nausées importantes et des vomissements . Cette hypersensibilité n’est pas possible à démontrer en dehors de protocoles de recherche. L’administration de fortes doses d’inhibiteurs de la pompe à protons peut être essayée dans un but diagnostique.
Quand cette démarche diagnostique ne retrouve aucune explication aux vomissements ou que des éléments anamnestiques sont évocateurs, on peut envisager des situations rares
Le syndrome des vomissements cycliques idiopathiques
Il s’agit d’une entité clinique identifiée d’abord chez l’enfant , qui existe aussi chez l’adulte. Ce syndrome peut s’observer à n’importe quel âge mais il affecte surtout des sujets de la tranche d’âge 30-35 ans, surtout ceux de peau blanche. Sa prévalence est mal connue, oscillant entre 0,04 % et 1,9 % selon les études .
Les malades qui en sont atteints se plaignent d’épisodes aigus de nausées et de vomissements qui surviennent soit brutalement, sans phase prodromique, soit après une période marquée par des nausées, une anorexie et une léthargie inhabituelle. Lorsque les vomissements se déclenchent, on en dénombre entre 10 et 12 par jour. Une douleur abdominale contemporaine des vomissements existe dans 58 % des cas. Les périodes de vomissements sont stéréotypées. Les symptômes disparaissent ensuite totalement avant de récidiver après quelques semaines ou quelques mois. Habituellement, on recense 4 à 12 périodes symptomatiques par an, d’une durée moyenne de 6 jours (extrêmes : 1 à 21) . Les crises peuvent être déclenchées par une infection, un stress psychologique, une perturbation du sommeil, certains aliments (chocolat, fromage, glutamate). Chez les femmes atteintes, les périodes menstruelles semblent favoriser les crises de vomissements.
Certains antécédents sont fréquemment retrouvés chez les adultes souffrant d’un syndrome des vomissements cycliques idiopathiques. Ainsi plus d’un adulte sur 4 a une histoire personnelle ou familiale de migraine. L’anxiété est aussi une des caractéristiques assez habituelle de ces malades. Elle s’observe chez environ 20 % d’entre eux . Son interprétation n’en est pas simple : est-elle liée au retentissement social de la symptomatologie ? Traduit-elle un phénomène d’anticipation secondaire à la crainte de vivre une nouvelle période de vomissements ? Le terrain anxieux résulte-t-il de traumatismes psychologiques pendant l’enfance et précédant l’installation de ces vomissements cycliques ?
Le traitement de ces vomissements cycliques n’est pas codifié après échec des traitements de première intention (domperidone, metoclopramide). Une série récente a suggéré l’utilité d’une association amitryptiline-coenzyme Q10 (Decorenone ®) et L-carnitine . L’utilisation de Coenzyme Q10 nécessite une demande d’ATU.
Les vomissements secondaires à une prise chronique de cannabis ( » cannabinoid hyperemesis -syndrome « )
Ce syndrome a été décrit en 2004. Il doit être connu compte tenu de la consommation croissante de cannabis. Il se caractérise par des épisodes récurrents de nausées et de vomissements chez des consommateurs chroniques de cannabis. Il s’explique par un effet paradoxal des produits du cannabis (notamment le delta 9-tétrahydrocannabinol ou delta 9-THC) sur le système nerveux entérique et les cellules immunitaires intestinales (récepteurs CB2). Un stockage du delta 9-THC dans le tissu adipeux prolongerait la demi-vie de ce produit et son accumulation avant qu’une lipolyse provoquée par le stress ou un apport alimentaire insuffisant amène son relargage dans la circulation. Un polymorphisme génétique du cytochrome P450 hépatique amènerait alors une accumulation de molécules émétisantes, issues du métabolisme du delta 9-THC.
Ce syndrome s’observe tout particulièrement, au moins aux États-Unis, chez les sujets masculins, de peau blanche, issus de milieux défavorisés et en proie à des difficultés familiales majeures (séparation, divorce, veuvage).
Après une phase prodromique marquée par des nausées et un inconfort abdominal, les vomissements se déclenchent avec une fréquence qui interdit toute activité. Les douleurs abdominales persistent mais sont au second plan. Une déshydratation est habituelle ainsi qu’une perte de poids qui peut atteindre 5 kilos. Lorsque des explorations endoscopiques sont effectuées pendant cette phase aiguë, elles conduisent assez souvent à découvrir un syndrome de Mallory-Weiss et/ou des lésions d’œsophagite. Cette phase de vomissements profus dure en général 24 à 48 heures avant une phase de récupération au cours de laquelle le sujet atteint redevient rapidement asymptomatique. L’histoire naturelle de ce syndrome est mal connue.
Un élément anamnestique très important est le bénéfice symptomatique que retirent les sujets de douches chaudes répétées. Le mécanisme de cet effet bénéfique est mal compris. Une explication est la correction grâce à ces douches chaudes de la mauvaise thermo-régulation hypothalamique provoquée par le cannabis.
Le traitement de la phase aiguë repose sur les antagonistes des récepteurs 5-HT3 de la sérotonine, les antagonistes D2 et H1. Une prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons paraît légitime pour limiter les conséquences muqueuses œsophagiennes des vomissements. Mais le traitement le plus efficace demeure la prise régulière de douches très chaudes. Un essai récent a évoqué l’utilité de l’halopéridol dans cette indication . Le traitement de fond repose bien entendu sur l’arrêt de la consommation de cannabis.
Les vomissements psychogènes sont-ils une réalité ?
La réalité des vomissements psychogènes est remise en cause lorsque le malade n’a pas de trouble psychiatrique manifeste. En effet, plusieurs études ont révélé que ces malades n’avaient pas plus de perturbations psychologiques qu’une population contrôle . Le groupe d’experts ayant rédigé la version III des critères de Rome a ainsi défini une nouvelle entité, celle des vomissements fonctionnels, dont les critères de définition sont rappelés dans le Tableau III . La physiopathologie de tels vomissements n’est pas comprise, leur traitement est purement symptomatique.
Tableau III. Critères de définition des vomissements fonctionnels selon Rome III
Le malade doit répondre à tous les critères suivants au cours des 3 mois précédant la
consultation :
• Au moins un épisode de vomissement hebdomadaire
• Absence d’argument pour un trouble du comportement alimentaire
• Absence de maladie psychiatrique caractérisée
• Absence d’argument pour des vomissements provoqués
• Pas de consommation chronique de cannabis
• Bilan étiologique négatif éliminant notamment une atteinte du système nerveux central
ou une maladie métabolique
• Durée globale d’évolution de la symptomatologie supérieure à 6 mois
Traitement symptomatique des vomissements inexpliqués
Il repose sur les différentes classes thérapeutiques rappelées dans le Tableau IV. En cas de gastroparésie, les prokinétiques, y compris l’érythromycine ou l’azithromycine, peuvent être employés . Dans les cas réfractaires, surtout lorsque les vomissements ont un impact nutritionnel, la stimulation électrique de l’estomac peut être indiquée. Elle consiste à stimuler l’estomac par un courant à haute fréquence (5 mA, 14 Hz) délivré par 2 électrodes suturées sur l’antre. Le boitier de stimulation est implanté dans l’épaisseur de la paroi abdominale. Le traitement réduit significativement la fréquence des vomissements dans la plupart des séries publiées qui ont été majoritairement, jusqu’alors, des essais ouverts . Le mécanisme de l’effet thérapeutique paraît autant un effet sensitif qu’un effet moteur. La mise au point de nouvelles électrodes mises en place par voie percutanée devrait permettre, dans un avenir proche, une stimulation électrique temporaire sélectionnant les candidats à une implantation définitive.
Tableau IV. Mode d’action des anti-émétiques
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Les Cinq points forts
- Des vomissements sont considérés inexpliqués après une enquête étiologique exhaustive éliminant une cause non seulement digestive mais aussi une origine non digestive, particulièrement neurologique, vestibulaire ou médicamenteuse.
- Des vomissements mal expliqués doivent conduire à des explorations fonctionnelles cherchant une gastroparésie ou une pseudo-obstruction intestinale.
- Le syndrome des vomissements cycliques caractérise des vomissements survenant par crises tous les 1 à 2 mois, durant environ une semaine chez des sujets ayant une histoire personnelle ou familiale de migraine.
- Des vomissements répétés peuvent être l’effet paradoxal d’une prise chronique de cannabis.
- La réalité des vomissements psychogènes est très discutée.
Pourquoi vomit-on ?
Le vomissement a plusieurs origines : une maladie comme la gastro-entérite, le mal des transports ou encore la prise de certains traitements. Les vomissements sont aussi fréquents en début de grossesse. Ils seraient causés par des modifications hormonales. Pour certaines femmes, ces vomissements sont particulièrement intenses et durent toute la grossesse. C’est ce qu’on appelle l’hyperémèse gravidique ou hyperemesis gravidarum.
L’hyperémèse gravidique, qui touche près de 1% des femmes enceintes, est une pathologie qui a récemment été mise en lumière avec la Duchesse de Cambridge, Kate Middleton, qui en est victime. Elle se caractérise par l’incapacité à garder les aliments ingérés. Ce qui entraîne des risques de déshydratation et de carences nutritionnelles, une perte de poids et des palpitations. Certaines patientes doivent même être hospitalisées quand elles perdent trop de poids ou qu’elles sont déshydratées.
Longtemps l’hyperémèse gravidique a été traitée uniquement sous l’angle psychologique, mais peu à peu la prise en charge évolue. Des traitements anti-vomitifs peuvent être prescrits, associés à un accompagnement de réhydratation (par voie orale ou par voie veineuse). Enfin, des vitamines sont aussi prescrites pour éviter les carences.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les vomissements. Certaines femmes seraient plus sensibles aux modifications hormonales induites par la grossesse. Les médecins évoquent aussi une piste génétique.
Vomissement
3. Quelles sont les causes ?
Causes digestives :
Ce sont les plus classiques. Il s’agit de causes alimentaires avant tout, hernie étranglée, occlusion, appendicite, colique hépatique, péritonite, tumeur abdominale, distension de voies biliaires…
Causes cérébrales :
Certaines sont liées à une irritation du cortex cérébral, comme l’hypertension intracrânienne ou un œdème cérébral. D’autres sont soit d’ordre psychique, soit liées à une douleur interne.
Causes vestibulaires (oreille interne) :
Ce sont des vomissements directement liés aux fonctions d’équilibre qui sont localisées dans l’oreille. Ces vomissements sont ceux que l’on rencontre dans le mal des transports (voiture, bateau…) ou dans les grands syndromes de vertiges comme le vertige de Mennière. Le facteur déclenchant peut être ici la mobilisation de la tête.
Causes diverses :
Elles intègrent des vomissements qui surviennent soit dans le cadre de maladies comme l’infarctus du myocarde, l’insuffisance surrénale, certaines infections, soit lors du premier trimestre de la grossesse.
Causes extérieures :
Egalement appelées causes iatrogènes parce qu’elles découlent de soins prodigués, il s’agit en premier lieu des médicaments, plus spécifiquement de ceux employés dans les chimiothérapies anticancéreuses (antimitotiques) et les digitaliques qui sont des médicaments tonifiant pour le cœur.
Il existe aussi des causes toxiques : insuffisance rénale, hyperkaliémie (niveau de potassium dans le sang trop élevé), hyponatrémie (niveau de sodium dans le sang trop bas) ou infection.