Table des matières
- Kyste mucoïde : les glandes salivaires en cause
- L’aphte : bouton blanc dans la bouche
- Tumeurs et affections non cancéreuses de la bouche
- Verrue
- Aphte
- Feu sauvage
- Muguet
- Torus
- Mucocèle
- Fibrome
- Lichen plan
- Hyperkératose frictionnelle
- LES PROBLÈMES BUCCO-DENTAIRES DU CHAT
- Calicivirose féline
- Symptômes de l’infection par calicivirus
- Comment poser le diagnostic ?
- Les traitements
- Vétérinaire – Clinique vétérinaire Patton – 233 Avenue Général Georges Patton – 35000 Rennes – 02 99 38 94 79
Kyste mucoïde : les glandes salivaires en cause
Le kyste mucoïde, appelé aussi kyste mucocèle, peut évoquer un petit bouton dans la bouche. Il siège plus fréquemment au niveau de la lèvre inférieure mais peut aussi apparaître sur la partie interne d’une joue ou au niveau du plancher buccal. D’apparition subite lorsque le sujet se mord en mangeant par exemple, ce kyste résulte du traumatisme d’une glande salivaire ou du canal extracteur. Il présente un aspect caractéristique à savoir une tuméfaction molle, translucide légèrement bleutée. Il est bénin, peu ou pas douloureux, et disparaît spontanément. De quelques millimètres de diamètre, le kyste mucoïde peut parfois être plus important au point de gêner la déglutition. Dans ce cas, il peut faire l’objet d’une petite intervention chirurgicale. En cas de récidive, un examen complémentaire peut être souhaité afin de rechercher d’éventuelles lésions au niveau bronchopulmonaire ou digestif, voire un carcinome.
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L’aphte : bouton blanc dans la bouche
Bien différent du kyste labial, l’aphte est dû à l’ulcération d’un organe ou de la muqueuse buccale. Douloureux, il peut siéger sur le plancher buccal, la langue, l’intérieur des joues, le palais ou les gencives. Dans la majorité des cas, l’aphte disparaît en moins d’une semaine de façon tout à fait spontanée. Toutefois, pour limiter la douleur au moment des repas et les risques de surinfection de l’aphte, un remède peut s’avérer utile. Il convient de consulter un médecin qui prescrira un antalgique, un antiseptique local, voire un anti-inflammatoire. Il est recommandé de consulter lorsque les récidives sont fréquentes, si les aphtes buccaux persistent, d’autant plus lorsque leur diamètre dépasse 1 cm. Certains symptômes doivent également alerter, comme la fatigue, la fièvre, les diarrhées et/ou de violents maux de tête.
Tumeurs et affections non cancéreuses de la bouche
Une tumeur non cancéreuse (bénigne) de la bouche est une masse qui ne se propage pas à d’autres parties du corps (pas de métastases). L’affection non cancéreuse (bénigne) de la bouche est un changement subi par les cellules de la bouche, mais ce n’est pas un cancer. Les tumeurs et affections non cancéreuses ne mettent habituellement pas la vie en danger.
Il existe de nombreux types de tumeurs et d’affections non cancéreuses de la bouche.
Verrue
La verrue est une petite masse ronde ou ovale. La verrue buccale peut apparaître dans la bouche ou sur les lèvres. Elle est causée par des types de virus du papillome humain (VPH). La verrue peut aussi se propager des mains à la bouche. Les verrues génitales peuvent se propager à la bouche lors des relations sexuelles orales. La verrue peut disparaître d’elle-même ou être traitée à l’aide d’un médicament spécial appliqué directement sur la verrue ou de la chirurgie (cryochirurgie ou électrochirurgie).
Aphte
L’aphte (ulcère aphteux) est une lésion couverte d’une membrane blanc jaunâtre entourée d’un anneau rougeâtre. On ne sait pas exactement pourquoi cet ulcère se forme. Il a tendance à récidiver, mais il guérit rapidement, habituellement en 1 à 2 semaines. On le traite souvent à l’aide de corticostéroïdes ou d’une crème appliqués directement sur la lésion.
Feu sauvage
Le feu sauvage (herpès labial) est une infection de la bouche causée par le virus de l’herpès simplex (VHS). Il provoque la formation d’un kyste ou de boursouflures en forme de bulle et de lésions (ulcères) sur les muqueuses buccales et la peau entourant la bouche. Le feu sauvage guérit habituellement en une semaine, mais il peut réapparaître. On peut avoir recours à des médicaments antiviraux pour traiter cette infection.
Muguet
Le Candida est un type de champignon qu’on trouve normalement dans la bouche. Il arrive parfois que la prolifération de Candida provoque une infection appelée muguet, ou candidose. Elle peut affecter les personnes dont le système immunitaire est affaibli, celles qui prennent des antibiotiques ou celles qui prennent des stéroïdes pendant de longues périodes. On traite la candidose à l’aide d’antifongiques.
Torus
Le torus est une excroissance osseuse qui peut se former dans le plafond de la bouche (torus palatin) ou dans la mâchoire inférieure, à côté de la langue (torus mandibulaire). Il ne requiert pas souvent de traitement sauf s’il empêche de manger ou de porter des prothèses dentaires.
Mucocèle
Le mucocèle est une boursouflure molle semblable à une bulle ou à un kyste qui apparaît habituellement sur la gencive ou le plafond de la bouche, à l’intérieur de la lèvre inférieure ou sous la langue. Il se forme souvent quand on a mordu sa lèvre inférieure accidentellement, ce qui cause des dommages à une glande salivaire et l’accumulation de salive. Il disparaît souvent sans traitement, mais si ce n’est pas le cas, on peut l’enlever par chirurgie.
Fibrome
Le fibrome est une masse ronde, lisse et ferme qui apparaît dans la bouche. On l’observe le plus souvent dans le revêtement interne des joues (muqueuse buccale) et des lèvres (muqueuse labiale). On peut l’enlever par chirurgie.
Lichen plan
Le lichen plan est une affection inflammatoire qui peut toucher la langue, les gencives, la bouche et la peau. Le lichen plan buccal a été lié à un petit nombre de cancers de la cavité buccale. Une meilleure hygiène de la bouche et l’application de stéroïdes permettent de traiter le lichen plan buccal.
Hyperkératose frictionnelle
L’hyperkératose frictionnelle, c’est l’épaississement blanchâtre du revêtement interne de la bouche (muqueuse) qui peut être causé par un frottement constant. On l’observe souvent sur la surface interne des joues, des lèvres, de la langue ou des gencives. On la traite en évitant la cause de la friction, comme les prothèses dentaires, ou en lissant des dents rugueuses.
Mme F., 45 ans, sans antécédent pathologique notable, consulte à deux reprises, à un an d’intervalle, pour apparition brusque d’une bulle en regard de la voûte palatine. Le premier épisode était survenu pendant un repas festif (punch, paella, vin). L’épisode suivant survenait après un repas plus frugal (crudités et jambon) (figure 1). La symptomatologie était identique : apparition d’une bulle d’environ 10 mm, la première fois à droite, puis à gauche du voile du palais. Le contenu est hémorragique, se rompt au moindre contact, et laisse place à une érosion sensible disparaissant spontanément, sans cicatrice au bout de quelques jours.
Un érythème pigmenté fixe a été éliminé en raison de l’absence de prise médicamenteuse et de la variabilité du site d’apparition.
Le diagnostic de lésion infectieuse virale était infirmé par la négativité des prélèvements. La recherche d’auto-anticorps et une étude en immunofluorescence sur examen histologique de la muqueuse buccale ont éliminé une maladie bulleuse. La patiente avait par ailleurs évoqué une possible allergie aux huîtres : un bilan allergologique exhaustif, comprenant des pricks aux aliments consommés, s’est avéré négatif.
Il s’agit d’une angine bulleuse hémorragique. Le phénomène est bénin et caractérisé par l’apparition brusque d’une bulle de sang sur la muqueuse orale pharyngée ou oesophagienne, le plus souvent en regard du palais mou. Aucune étiologie précise n’est connue. La prédominance féminine est légère ainsi que la survenue durant la seconde partie de la vie. La survenue après un repas épicé ou une boisson chaude est fréquente. Stephenson et al., sur une série de 30 patients, n’ont pas trouvé de désordre hématologique ou immunologique sous-jacent mais ont identifié parfois un traumatisme initiateur, ce qui a fait suggérer la possibilité d’une anomalie de structure du collagène ou de l’élastine.
LES PROBLÈMES BUCCO-DENTAIRES DU CHAT
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Épaisse couche de tartre sur les dents d’un chat, avec suppuration, et affreuse inflammation de la gencive. Comme on peut s’en douter, l’ensemble ne sentait pas très bon… et était surtout très douloureux pour le chat ! une telle bouche constitue évidemment un très bon réservoir de bactéries, prêtes à partir à l’assaut de tout l’organisme de l’animal.
Points forts :
. Du tartre peut se déposer sur les dents du chat, comme sur celles du chien, entraînant progressivement le décollement de la gencive, et le déchaussement des dents.
. À cela s’ajoutent chez le chat une résorption des tissus dentaires (lésions de résorption du collet), et surtout de très fortes inflammations des gencives (gingivite) et des piliers de la langue (stomatite caudale).
. Toute une série de causes peut provoquer l’apparition d’une stomatite caudale, entre autres une infection chronique par le calicivirus du coryza, et un mauvais fonctionnement de l’immunité locale.
. Les stomatites caudales sont extrêmement douloureuses pour le chat. En cas d’échec des traitements médicaux, l’extraction complète ou quasi-complète des dents, bien supportée par l’animal, entraîne souvent une guérison, ou au moins une nette amélioration.
. La prévention se fait par la lutte contre les facteurs favorisants, et une bonne hygiène dentaire.
Le chat peut avoir les dents entartrées, comme un chien. Mais il peut surtout présenter de sévères inflammations du fond de la bouche (stomatite caudale), des gencives (gingivite ou parodontite) et/ou de la langue (glossite), très douloureuses, et souvent difficiles à traiter.
1 – Tartre et maladie parodontale
En ce qui concerne le tartre, le mécanisme est le même que chez le chien : sous l’effet de facteurs favorisants, (aliments mous notamment), une plaque dentaire se forme à la surface de l’émail des dents. Les bactéries se multiplient facilement sur cette plaque, entraînant sa minéralisation : la plaque dentaire calcifiée constitue le tartre.
La prolifération de ces bactéries entraîne la destruction progressive des racines dentaires, et une inflammation de la gencive : celle-ci se décolle des dents, constituant des poches dans lesquelles l’émail dentaire est entartré, la gencive œdémaciée, et où des débris alimentaires s’accumulent (photo ci-dessous). Ces poches constituent d’excellents milieux de culture, où d’autres bactéries se multiplient et sécrètent des toxines nauséabondes (dérivés soufrés : c’est l’odeur des œufs pourris et des boules puantes !), qui vont aussi attaquer l’os des alvéoles dentaires, entraînant à terme la chute de la dent. Ces bactéries peuvent aussi se disséminer par voie sanguine, entraînant des infections à distance (foie, cœur…)
Photo de gauche : forte inflammation et décollement de la gencive, constituant une véritable poche autour des racines de la dernière prémolaire supérieure, chez un chat infecté par le FIV. Photo de droite : déchaussement important du croc inférieur chez un chat : un bon tiers de la racine est exposé, ce qui conduira probablement, à terme, à la perte de la dent.
2 – Résorption du collet, gingivite, stomatite caudale
Chez le chien, la présence de tartre, le déchaussement et la chûte des dents sont des problèmes gênants (à cause de l’odeur !), et spectaculaires. Dans certains cas, le développement de fistules (sous les yeux, ou entre la bouche et le nez), peut même mettre la santé de l’animal sérieusement en danger. Malgré tout, dans la plupart des cas, les chiens ne semblent pas trop souffrir de ces problèmes de bouche, et continuent à se nourrir comme si de rien n’était.
Il en va différemment chez le chat, qui ne va pas « se contenter » de dépots de tartre et d’un déchaussement des dents, comme le chien, mais développera des lésions beaucoup plus spécifiques :
a – une résorption des tissus dentaires, conduisant à la formation de véritables cavités creusées dans le cément, ou même dans la dentine de la dent : ce sont les lésions de résorption du collet, ou « neck lesions » des anglo-saxons. (Photo ci-dessous)
Lésions de résorption du collet, sur une prémolaire et une molaire inférieures d’un chat en cours de détartrage : une distance importante sépare la gencive (qui saigne au moindre contact), de la couronne de la dent : cette dernière est lysée, notamment sur la partie la plus caudale de la molaire.
Aspect radiographique de lésions de résorption du collet : la racine caudale des deux molaires inférieures a quasiment disparu (flèche).
b – une inflammation tout à fait disproportionnée le long des gencives (gingivite : photos du haut de cette page et ci-dessous), et surtout au fond de la bouche, de chaque côté des piliers de la langue (stomatite caudale : photos ci-dessous) : ces lésions sont généralement très enflammées : rouges, proliférantes, elles saignent au moindre contact.
Photos ci-dessus : à gauche : affreuse stomatite caudale chez un chat de sept ans : aspect juste avant les extractions dentaires. Le fond de la bouche n’est plus qu’une plaie, et l’inflammation a gagné les piliers de la langue. À droite : même aspect (en pire), chez une chatte Maine Coon de un an.
Une particularité du chat est que ces lésions de la bouche se révèlent extrèmement douloureuses : les chats atteints hésitent à saisir leur nourriture, montrent des signes d’anxiété ou d’irritation devant leur assiette (battements de queue, miaulements…), changent leur manière de manger (sur un seul côté de la bouche, par exemple), et lorsqu’ils se décident enfin à manger, c’est en poussant de véritables cris de douleur, avant de s’enfuir loin de leur assiette. Dans les cas les plus graves, le chat peut manger moins, voire cesser de s’alimenter, ce qui entraîne un amaigrissement, et peut aller jusqu’à mettre sa vie en danger.
Plusieurs causes, isolées ou associées, peuvent conduire à l’apparition de telles lésions inflammatoires :
– une infection bactérienne associée à la plaque dentaire, comme décrit plus haut,
– une infection virale (portage chronique du calicivirus du « coryza », notamment : photos ci-dessous),
– un mauvais fonctionnement de l’immunité locale (réponse immunitaire exacerbée)
– un déficit immunitaire dû à l’infection par les virus FeLV et/ou FIV
– les lésions dentaires (résorption, fracture, inflammation et destruction de l’os de l’alvéole), entretiennent à leur tour l’inflammation, les racines dentaires jouant alors le rôle de véritables corps étrangers,
– une maladie générale, et notamment une insuffisance rénale chronique…
Importante gingivite chez une jeune chatte Maine Coon : un écouvillonage des lésions a mis en évidence (par Polymerase Chain Reaction) la présence de Calicivirus (l’un des virus du « coryza du chat »), à l’intérieur des lésions.
D’autres cas plus rares d’inflammation de la bouche peuvent être dûs à des tumeurs, ou à des réactions allergiques dont le chat a le secret : un exemple ci-dessous avec un granulome éosinophilique, chez un chat de sept ans souffrant d’allergie à la salive de puces : la masse importante le long d’un des piliers de la langue ressemblerait tout à fait à une tumeur (photo de gauche), mais une ponction réalisée à l’intérieur de la masse révèle la présence de nombreux polynucléaires éosinophiles, caractéristiques d’un processus allergique (photo de droite). L’injection de médicaments contre l’allergie a permis de faire disparaître la masse.
ALORS, QUE FAIRE ?
1 – Le détartrage
Tartre, inflammation de la gencive (gingivite) et déchaussement modéré des dents, sur les mâchoires droites et gauches d’un chat. À ce stade, un « simple » détartrage est encore suffisant.
Lorsque la bouche du chat est « seulement » entartrée (photos ci-dessus), le détartrage se déroulera dans les mêmes conditions que chez le chien : sous anesthésie générale, après un bilan sanguin et sous perfusion si le chat est âgé (photos ci-contre et ci-dessous). Le détartrage va permettre, à l’aide d’un appareil à ultrasons, de décoller le tartre qui agresse les dents et les gencives. De l’eau est projetée en permanence à travers l’embout du détartreur, le but étant de refroidir l’ensemble, évitant ainsi des lésions de l’émail dentaire, de faciliter l’attaque du tartre par un processus de cavitation, et d’éliminer les débris de tartre décollés de la dent. Le détartrage est réalisé sur une table baignoire, ce qui permet à l’eau et aux débris de tartre d’être éliminés au fur et à mesure, sans souiller la tête du chat. Les différentes phases du détartrage (supra, puis sous-gingival), sont les mêmes que chez le chien.
Photos ci-dessus : détartrage d’un chat à la clinique vétérinaire de Villevieille : le matou est placé sous perfusion, et intubé, à la fois pour éviter les fausses déglutitions (eau et morceaux de tartre giclent dans la bouche tandis qu’il est endormi), et aussi pour administrer un anesthésique gazeux (isoflurane). Le détartrage peut alors commencer, avec un détartreur à ultrasons, délivrant un jet d’eau continu qui évite l’échauffement excessif des dents, et permet l’élimination du tartre au fur et à mesure que celui-ci se détache.
Il peut être nécessaire, à l’occasion du détartrage, de réaliser l’extraction de certaines dents, que la maladie parodontale a largement déchaussées. Contrairement à une idée reçue solidement ancrée, ce n’est évidemment pas le détartrage qui fait tomber les dents : il finit juste de faire partir les dents déchaussées qui ne tiennent plus que par le tartre ! et ces dents-là étaient de toute façon une source d’infection pour tout l’organisme, et de douleur pour le chat qui ne pouvait plus s’en servir. Donc, no regret !
Un polissage de l’émail dentaire permet de lisser la surface des dents et ainsi de limiter la réapparition du tartre qui pourra survenir après le détartrage. Il faut savoir que la plaque dentaire recommence à se déposer quelques heures seulement après la fin d’un détartrage ! (Photo ci-dessous : à la fin du détartrage, les dents sont polies à l’aide d’un polisseur et d’une pâte abrasive. La sonde trachéale et son ballonnet sont visibles dans la partie gauche de la photo).
2 – Traitements médicaux et extractions dentaires
En cas d’inflammation très importante, notamment en présence d’une stomatite caudale ou des fortes gingivites décrites plus haut, un « simple » détartrage n’est plus suffisant.
Il est d’abord nécessaire de réaliser un bilan, le plus souvent sous anesthésie générale à cause de la douleur : description précise des lésions, recherche de virus (calicivirus notamment, à l’intérieur des lésions buccales, mais aussi FeLV et FIV sur prise de sang), radiographies dentaires…
Une fois ce bilan réalisé, on commencera généralement par un traitement médical : anti-inflammatoires, antibiotiques, stimulants ou modulateurs de l’immunité (interféron à forte ou faible dose). Pas trop compliqué, pas trop invasif, pas trop coûteux, ce traitement fait généralement disparaître l’inflammation et la douleur… mais pas toujours pour très longtemps ! si le chat va bien pendant six mois ou un an, pas de problème : le traitement pourra être répété une ou deux fois par an sans inconvénient. Là où les choses se compliquent, c’est si les lésions et les douleurs de bouche réapparaissent quelques semaines seulement après le traitement.
Dans ce cas, il faudra s’attaquer aux causes du problème, et procéder à l’extraction de
toutes les dents à proximité des lésions, voire à l’extraction complète des dents du chat (à l’exception des incisives et des canines) : les racines dentaires infectées jouent en effet un rôle de corps étranger au milieu de la gencive et de l’os alvéolaire, et les bactéries de la plaque dentaire entretiennent l’infection : l’inflammation de la bouche ne diminuera pas de façon durable tant que ces racines et plaque dentaire seront présentes. Comme précédemment, des traitements anti-inflammatoires contre la douleur, antibiotiques et/ou antiviraux (interféron félin), en injection locale ou par voie générale, accompagnent ces soins dentaires. Précision importante : un chat mange très bien sans ses prémolaires et ses molaires : il avale ses croquettes sans les mâcher, et cela se passe très bien. Beaucoup mieux en tout cas qu’avec une stomatite caudale, à cause de laquelle chaque bouchée avalée constitue pour le chat un véritable supplice !!
Fonds de bouche de deux chats atteints de stomatite caudale, après extractions dentaires : dans les deux cas, les lésions n’ont pas complètement disparu, mais ont nettement diminué d’intensité. (À comparer avec les images de stomatite caudale, dans le paragraphe 2).
De tels traitements peuvent paraître lourds, mais ils constituent le meilleur moyen de soulager des chats qui souffrent, et leurs résultats sont assez prédictibles : sur 60 chats atteints de stomatite caudale et traités par extractions dentaires, 87 % ont présenté une amélioration clinique, et 50 % une guérison, après six mois (photo ci-dessus).
Chez les 13 % de chats insuffisamment améliorés par les extractions dentaires, il est encore possible de prescrire de la ciclosporine : dans une étude récente, 7 chats sur 9 (77,8 %) qui présentaient une stomatite chronique en dépit d’extractions dentaires, ont été significativement améliorés à l’issue de six semaines de traitement par ce médicament. Ce traitement doit s’accompagner d’un suivi assez strict.
ET ENSUITE ?
PRÉVENTION ET HYGIÈNE DENTAIRE
La plaque dentaire commence à se redéposer huit heures à peine après le détartrage. Il sera donc nécessaire de mettre en place une hygiène dentaire, faute de quoi la bouche de votre chat sera dans le même état qu’avant le détartrage au bout de six mois !
Brosser les dents de Félix ou de Belzébuth peut paraître une idée saugrenue, a priori. Il est pourtant possible d’y arriver, surtout si l’animal y a été habitué tout jeune. Les études montrent malgré tout qu’un certain nombre de propriétaires se découragent en cours de route, et que 40 à 50 % seulement continuent à brosser régulièrement les dents de leur chat au bout de six mois. Donner quotidiennement des bâtonnets ou autres friandises à mâcher constitue une alternative aussi efficace, et plus agréable à la fois pour l’animal et pour ses maîtres. La probabilité d’avoir des problèmes de bouche est de 12 % pour les chats dont les dents sont brossées quotidiennement, de 10 % pour les chats recevant tous les jours une friandise à mâcher, de 14 % chez les chat dont les dents sont brossées, ou qui reçoivent une friandise à mâcher de temps en temps dans la semaine, et de 44 % chez ceux qui ne bénéficient d’aucune hygiène dentaire.
Des croquettes « spécial tartre » assurant une abrasion mécanique lors de la mastication, constituent un excellent outil de prévention, et qui a l’avantage d’être très pratique, puisque l’hygiène dentaire se fait en mangeant.
Références :
– Ph. Hennet : La gingivostomatite chronique du chat. Pratique Vét 2012, 97 : 34 et suivantes
– C. Buckley & coll : The impact of home-prepared diets and home oral hygiene on oral health in cats and dogs. British Journal of Nutrition, Oct 2011, 106 : 124-127
Calicivirose féline
L’infection par les calicivirus est une maladie féline à juste titre redoutée. Le calicivirus est l’agent pathogène impliqué dans cette affection aux symptômes multiples, qui touche principalement les voies respiratoires du chat, ainsi que sa bouche.
Éternuements, conjonctivite, écoulements purulents : si votre félin présente ces symptômes, il a peut-être attrapé une infection par calicivirus. Cette affection respiratoire, entité du coryza, est souvent associée à un virus herpétique.
Symptômes de l’infection par calicivirus
Qu’est-ce que le calicivirus ?
Le calicivirus félin est un virus provoquant chez le chat des symptômes respiratoires et buccaux. On le retrouve dans plus de 50 % des affections des voies respiratoires, parfois associé à l’herpès virus. L’infection peut être aiguë ou chronique, les deux formes ne s’excluant pas. Les virus se trouvent surtout dans la salive et les écoulements (yeux, nez) et, de façon plus anecdotique, dans l’urine et les excréments.
Les symptômes de l’infection comprennent la fièvre, qui peut être élevée (jusqu’à 40 °C), des écoulements plus ou moins purulents par les narines, une conjonctivite qui peut, elle aussi, être purulente, des éternuements. L’un des symptômes les plus douloureux est la stomatite qui peut empêcher le chat de se nourrir normalement. Ce symptôme est le principal symptôme d’une maladie chronique et est très difficile à enrayer.
Comment poser le diagnostic ?
Le diagnostic d’infection par calicivirus est difficile à poser au seul regard des symptômes évoqués ci-dessus. Il peut parfois s’y associer une pneumonie secondaire, et, plus rarement, des troubles articulaires et cardiaques. La maladie se présente au début comme un coryza, mais qui traîne à guérir. Il est alors nécessaire de chercher la cause de cette chronicité et un écouvillon buccal permettra au vétérinaire de faire une recherche par PCR.
Les traitements
Prévention par le vaccin du coryza
Le vaccin contre le coryza du chat est, en partie du moins, efficace contre le calicivirus. Ce dernier présente cependant de nombreuses mutations qui expliquent que la protection ne puisse pas être totale. Il est d’autant plus intéressant que les chats qui ont connu une infection par calicivirus et ont guéri restent porteurs du virus qui peut se réveiller à l’occasion d’une période de stress.
Traitements
Il n’existe pas de traitement réellement efficace contre les virus. Il en va de même du calicivirus félin que du virus de la grippe humaine. On peut administrer des antibiotiques contre les infections bactériennes secondaires ou de la cortisone pour les douleurs gingivales et pour l’inflammation. L’utilisation de l’interféron recombinant félin peut être proposée dans les cas les plus graves.
Avez-vous pensé aux traitements alternatifs ?
De plus en plus de propriétaires de chats interrogent leur vétérinaire sur les thérapies alternatives. S’agissant du calicivirus, il est possible de lutter contre les symptômes grâce à l’homéopathie, qui prend bien en charge les affections respiratoires supérieures, comme le Respyl. Votre vétérinaire pourra vous conseiller un traitement sur mesure et, si le chat est fragile, un traitement de terrain pour soutenir l’immunité, comme l’utilisation de l’extrait de pépin de pamplemousse. Il est aussi possible d’avoir recours aux huiles essentielles, mais attention, pas n’importe lesquelles et pas n’importe comment !
Dr Elisabeth Tané, vétérinaire.
Ecrit par:
La rédaction de Doctissimo
Relecture et validation : Dr Jesus Cardenas, Directeur médical de Doctissimo, 27 janvier 2017
Créé le 19 août 2015
Vétérinaire – Clinique vétérinaire Patton – 233 Avenue Général Georges Patton – 35000 Rennes – 02 99 38 94 79
Le chat est un des mammifères domestiques qui a le moins de dents (30) ; tout comme les autres animaux et l’homme, il a des dents de lait qui tombent entre l’âge de 4 et 6 mois.
Le chat se sert de sa bouche non seulement pour manger, mais aussi pour chasser et faire sa toilette.
Signes d’alerte
Un chat qui souffre d’une affection bucco-dentaire ne mange plus ou peu, présente une dysphagie (difficulté à l’ingestion des aliments et/ou régurgitations associées). Souvent, il a une mauvaise haleine. Il peut être abattu, amaigri, avoir un aspect négligé (ne parvient plus à faire correctement sa toilette). Si l’affection est douloureuse, il peut se montrer irritable, voire agressif, sans raison particulière.
A l’examen, si l’animal se laisse manipuler, on observe une inflammation (rougeur), associée à de la douleur, et parfois des saignements. Souvent aussi, on observe une hypersalivation. Des ulcères (parfois très impressionnants) peuvent apparaître, surtout sur la langue.
Diagnostic
S’il est facile de reconnaître une gingivite ou une gingivo-stomatite, il est par contre beaucoup plus difficile d’en trouver la cause.
Au-delà de l’origine la plus fréquente (plaque dentaire et tartre), il peut y avoir des causes infectieuses, notamment virales (calicivirus, herpèsvirus), que l’on peut rechercher en cas de récidive ou d’échec du traitement de base : on réalise un écouvillonnage des lésions ulcéreuses, et on recherche les virus cités. Il peut aussi être intéressant de faire une sérologie FIV et FeLV. En cas de suspicion de cancer, on peut pratiquer une biopsie de la lésion (les tumeurs les plus fréquentes sont le carcinome épidermoïde et le fibrosarcome). On peut enfin signaler que certaines races (notamment les Abyssins) sont génétiquement prédisposées aux gingivo-stomatites récidivantes et récalcitrantes à tout traitement.
Traitement
La première chose à faire, étant donné que la cause première d’inflammation buccale est une réaction à la plaque dentaire, est un détartrage des dents. Il s’agit d’une petite intervention, néanmoins pratiquée sous anesthésie générale, et effectuée avec quasiment les mêmes instruments qu’en dentisterie humaine (appareil à ultra-sons). Le détartrage est aussi l’occasion d’examiner plus attentivement la cavité buccale, de voir s’il y a des dents abîmées, et le cas échéant, de les extraire. Contrairement à l’homme, le chat n’a pas de caries, mais là où l’émail disparaît (au niveau de la jonction couronne/racine = collet), la dent se gâte, se creuse et finit par casser, laissant la racine à nu. On ne peut alors pas réparer la dent, et on doit l’enlever. 50 à 80% des chats présentent de telles lésions.
On peut aussi retrouver des abcès de la carnassière supérieure (=croc) : le chat a la joue enflée du côté atteint, et refuse de manger. Le traitement consiste en l’extraction de la dent concernée, et en un traitement antibiotique.
Par la suite, il faut essayer de ralentir au maximum la réapparition du tartre, par une alimentation adaptée (croquettes, plutôt qu’aliments humides qui collent aux dents et favorisent la formation de la plaque dentaire) et quelques gestes d’hygiène bucco-dentaire (brossage par exemple, si le chat se laisse faire).
Dans certains cas de gingivo-stomatite récidivante ou chronique, une solution radicale et définitive (controversée) consiste à retirer toutes les dents en regard d’une inflammation sévère de la gencive, ainsi que celles pour lesquelles on observe un déchaussement ou une résorption odontoclastique : on commence par les molaires et prémolaires, et on essaie de conserver les crocs. On obtient d’assez bons résultats chez 80% des chats. Un traitement antibiotique est préconisé, parfois associé à un traitement anti-inflammatoire simple (AINS) si l’état des reins de l’animal le permet. Si l’inflammation ne diminue pas, on peut éventuellement envisager les corticoïdes.