Table des matières
- Composition d’une meute de loups
- Langage du corps
- Le Territoire
- La hiérarchie entre loups: la vie en meute
- LOUPS » la meute » alpha, bêta, gamma, delta, oméga ….
- Le Loup Alpha
- 1) Symbole du Loup Alpha
- 2) Diverses Études au sujet du Loup Alpha
- 3) Mythe et Réalité autour du Loup Alpha
- 4) Les Loups Alpha, Bêta, et Oméga
- 5) Plus d’informations sur le Loup Alpha
- 6) Le loup Alpha, un emblème de Louragan !
- Recevez les alertes de dernière heure du Devoir
Composition d’une meute de loups
La meute est très souvent constituée d’un couple dominant ayant le rôle de chef de groupe.
On appelle le mâle le Loup Alpha et femelle Alpha. C’est le couple dominant qui prend toutes les décisions pour la survie de la meute, déplacements, chasse marquage du territoire.
Le couple Alpha est le seul à se reproduire. Dans la meute l’ordre hiérarchique est constitué des Bêta, qui arrivent après les Alpha. Ils prendront la place du couple Alpha en cas de problème pour la meute (mort). Puis vient les loups Oméga position très peu envieuse dans une meute, car les Oméga subissent des agressions perpétuelles et quotidiennes. L’Oméga de par sa position dans le rang sera le dernier à manger, sur une proie tuée par la meute.
Langage du corps
Suivant l’attitude de leur corps, on peut comprendre de suite leur façon de dialoguer (les chiens font de même). Ce que nous pourrions appeler le langage corporel.
La queue du loup remonte recourbée ver le haut, il fronce du museau. C’est une attitude menaçante. Mais il ne faut pas en déduire que l’animal attaquera ; mais juste intimider. |
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Ici la queue est droite dans le prolongement du corps, les oreilles bien relevées, position dominante. Souvent l’animal a le poil hérissé. | |
Le port de la queue basse et pendante, les oreilles dressées, tête haute, c’est l’attitude du loup confiant et sûr de lui. Même attitude pour montrer sa neutralité lors d’une bagarre au sein de la meute. | |
La queue est placée sous le ventre de l’animal, les oreilles plaquées sur la tête ; attitude de peur, de crainte. Il prend cette attitude quand il sent une menace, il peut devenir agressif. | |
La queue relevée très haut, babines retroussées, poil hérissé, regard hargneux une attitude de colère, d’agressivité, , pouvant aller jusqu’à l’attaque. |
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Le corps ramassé, queue entre les pattes sous le ventre, les oreilles basses sur la tête, signe d’une domination. Un loup dominé peut se coucher sur le dos. |
Le Territoire
Le loup marque sont territoire en urinant. C’est une façon de prévenir les autres meutes que l’on rentre sur son territoire. L’odeur laissée par l’urine peut renseigner celui qui la renifle sur l’identité de l’animal (jeune loup, adulte mâle ou femelle). Les déjections sont aussi un moyens de marquage du territoire. Un loup peut ainsi savoir s’il l’animal fait parti de sa meute ou si c’est un inconnu.
Le territoire d’une meute est très étendu une meute peut parcourir entre 40 à 70 kilomètres par jour, afin de se trouver un territoire plus adapté à sa survie. Lorsqu’une meute se met en route à la recherche d’un autre territoire, les loups marchent à la que leu leu. Leu désignant loup en patois moyenâgeux.
Actuellement avec l’élevage extensif les éleveurs ont réduit comme peau de chagrin le territoire de chasse des loups. Pire encore les chasseurs qui se disent être propriétaire des terres et donc du gibier. N’oublions pas non plus la déforestation et la construction immobilière qui eux aussi ont favorisé en partie une modification du mode de vie des loups.
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La hiérarchie entre loups: la vie en meute
Dans une meute, il y a environs 2 à 7 loups.
Par Bernard Destrade, professeur documentaliste
Voici la structure sociale d’une meute de loups:
Le mâle et la femelle Alpha, les deux chefs occupent le plus haut de l’échelle, suivis de
près par le mâle Bêta.
Viennent ensuite les subordonnés: les jeunes des années précédentes.
Enfin, les individus agées d’un an (appelés louvarts), les louveteaux, et tout en bas de l’échelle,
l’Oméga. Il est le souffre douleur de la meute.
Le chef doit défendre coûte que coûte sa meute.
Les chefs Alphas mangent toujours en premier.
Si les autres loups les contrarient, alors, il pourrait y avoir de forts combats. Les chefs Alphas font ceci pour renouveler leur autorité: ils peuvent se battre jusqu’à la mort pour garder leur statut de chefs.
Par Bernard Destrade, professeur documentaliste
Sur cette photographie, le loup omega est repérable à l aposition de sa queue.
Il existe plusieurs meutes, donc, chacune délimite son territoire avec les extréments ou les urines.
Si par mégarde un loup d’une autre meute dépasse cette limite alors les autres loups essaient de les chasser. Soit ils partent en laissant leur proie ( si ils en ont une) mais si il ne veulent pas alors ils devront se battre jusqu’à la mort.
Par Romane Fauvre, élève en 5èmeA
LOUPS » la meute » alpha, bêta, gamma, delta, oméga ….
Dès l’âge de deux ou trois semaines, le louveteau oméga se trouve en permanence au centre des bagarres et chamailleries de la portée…Essentiels à la survie de la meute, les loups oméga font office de bouc émissaire.
Ils désamorcent la tension, et c’est sur eux que converge toute l’agressivité sociale de la famille… l’oméga se révèle indispensable pour apaiser le stress de ses congénères éviter les risques de blessure et rétablir l’équilibre au sein de la meute…
Il n’est pas rare, au cours du repas de la meute, de voir un oméga écarté sans cesse de la carcasse.
Un tel comportement permet aux individus de haut rang de changer de position autour de la carcasse, sans devoir se battre….
Une fois les autres loups rassasiés, l’oméga hérite, en guise de récompense, des meilleurs restes, laissés exprès à son intention par le loup alpha.
Le hurlement de l’oméga est le plus mélodieux du groupe, jouant autant du côté desgraves que des aigus.
On parle même de « chants » qui auraient un effet apaisant sur une meute en proie au stress.
Le loup omega, bouffon de la meute
Recourant à nombre de comportements instinctifs ou acquis, postures corporelles, expressions faciales et sons divers, l’oméga désamorce l’hostilité de son congénère et maintient la paix, son rôle est vital au sein de la meute.
BONNE NUIT
Le Loup Alpha
1) Symbole du Loup Alpha
Les caractéristiques principales d’un loup mâle alpha sont une confiance et une assurance fortement développées. Il sait ce qu’il doit faire ; ce qui est le mieux pour sa meute.
La façon dont le loup erre et survit depuis des milliers d’années, ainsi que ses prouesses en tant que prédateur, font de lui un symbole puissant du guerrier, de la liberté, de la sauvagerie et de la férocité masculine. Mais ce n’est qu’un côté du loup et un côté de ce que signifie réellement être un homme.
Oui, les loups mâles alpha peuvent parfois être sauvages et agressifs mais ils sont également, dans la plupart des cas, très tendres et protecteurs.
Donc, si vous voulez incarner le loup alpha, vous devrez faire plus que devenir une bête dans le sport et vous efforcer de vaincre vos concurrents. Vous devrez devenir un père de famille engagé et dévoué, un père aimant et protecteur. Le loup est aujourd’hui un symbole presque parfait de l’idéal masculin.
2) Diverses Études au sujet du Loup Alpha
Le loup alpha est une figure bien connue du grand public. Il est souvent représenté comme le chef de meute se battant pour dominer et régnant au-dessus des autres loups de son clan.
Bien que les notions de « loup alpha » et « chien alpha » semblent bien ancrées dans notre langage, l’idée du nom « alpha » vient avant tout de Rudolph Schenkel, un comportementaliste animal. Entre les années 1930 et 1940, cet homme s’est énormément penché sur l’étude des loups en captivité au Zoo de Bâle en Suisse. Il y a étudier la façon dont ces animaux vivent ensemble.
Durant ses diverses recherches, Schenkel a finalement réussi à identifier deux loups primaires au sein de la meute qu’il analysait : un mâle et une femelle. Ceux-ci avaient une différence par rapport aux autres, ils avaient un leadership bien plus développé. Schenkel les a donc décrits comme étant les premiers membres de la meute et bien que le loup alpha n’existait pas de base, il les a nommé ainsi afin de donner naissance à un nom, aujourd’hui très employé et connu du grand public.
Il a également remarqué certaines rivalités violentes entre le reste des membres de la meute. Il y a de fortes chances pour que la raison de ces conflits était liée aux différents rangs sociaux attribués à chaque individu.
3) Mythe et Réalité autour du Loup Alpha
Pendant la majeure partie du 20e siècle, des chercheurs croyaient que des meutes de loups gris se formaient chaque hiver. Il se trouve que tous ces loups étaient en réalité des loups solitaires vivant les uns près des autres et qu’ils s’étaient rassemblés pour former une meute dans le but de ne plus être seuls. Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion en observant attentivement ces différents groupes de loups, capturés dans différents zoos et ensuite relâchés ensemble dans la faune sauvage.
Basé sur d’autres observations pointues, ces mêmes chercheurs auraient observé que les loups organiseraient leur meute en fonction de l’agressivité physique et de la domination. Le loup mâle alpha serait celui qui serait le plus fort, inspirerait le plus la crainte et aurait le plus d’autorité.
Mais c’est ensuite que d’autres chercheurs ont décidé d’observer plus en profondeur comment se formait réellement une meute en pleine nature sauvage.
Bien évidemment, à cause des études faussées du passé, ils pensaient observer des combats et duels agressifs mais il n’en était rien ! À la place, ils ont pu assisté à un vrai spectacle de famille. Au lieu de former des meutes dans lesquelles les loups se battent et rivalisent pour atteindre le sommet et prendre la place du leader, les meutes de loups sauvages se composent en réalité de petites familles aux membres très unis. Il arrive parfois que certains loups solitaires rejoignent l’aventure en cours de route.
En d’autres termes, le loup alpha ne gagne pas son statut grâce à l’agressivité et la domination des autres mâles, mais parce que les autres loups de la meute sont généralement sa compagne et ses petits. Il est le patriarche de la meute. Et comme tout bon père de famille, un loup alpha mâle protège sa famille et la traite avec gentillesse, générosité et amour.
Richard McIntyre, un autre chercheur ayant étudié les loups pendant des dizaines d’années, a rarement observé un loup mâle alpha agir de façon agressive envers sa propre meute. Justement, un père alpha reste souvent dans les parages jusqu’à ce que ses petits soient complètement mûrs.
Il chasse seul ou avec son compagnon et ses enfants dans le but de les nourrir (et attend parfois qu’ils n’aient plus faim avant de manger à son tour). Il invite également parfois ses petits à se battre et les laisse même souvent gagner afin de garder une touche d’amusement et leur donner goût au jeu. Bien évidemment, il leur fait tout de même comprendre que la nature sauvage peut être dangereuse et qu’il ne faut pas tout le temps s’amuser.
Mais attention, ce n’est pas parce que le loup alpha mâle peut être un gentil papa joueur et protecteur qu’il n’est pas un féroce prédateur. Celui-ci peut facilement abattre de grosses proies comme l’élan ou le bison.
Cela ne veut pas non plus dire que les loups mâles ne font pas parfois preuve de domination sociale. Il arrive parfois que différents pères de familles se rencontrent et s’opposent l’un à l’autre. C’est une bonne façon de rappeler à leur famille respective qui est le patron. Et lorsque leur famille est menacée par des ennemis et concurrents extérieurs comme dans ce cas, les mâles dominants défendent les leurs jusqu’à y laisser parfois leur propre vie.
Un frère loup plus âgé aime également démontrer sa supériorité à son petit frère loup.
4) Les Loups Alpha, Bêta, et Oméga
Comme vous le savez déjà, les loups sont des animaux sauvages sociaux organisés en différents groupes familiaux. Dans chacun d’eux règne une hiérarchie bien définie et très distincte. Le mâle et la femelle alpha, les deux chefs de meute, sont les membres occupant le rang social le plus élevé. Ceux-ci sont suivis de près par le mâle bêta, considéré comme leur second.
On retrouve ensuite le loup oméga. Celui-ci vit un petit peu reculé de la meute et est souvent considéré comme le souffre-douleur. Comme tout loup, il a besoin d’entretenir des liens sociaux, ce qui peut l’amener à accepter certaines agressions du reste de la meute ou de certains individus seulement, plutôt que de fuir et vivre comme un loup solitaire.
Pour finir, on retrouve les subordonnés. Il s’agit d’individus âgés d’un an (louvarts) et de louveteaux se situant tout en bas du classement social. En revanche, les louveteaux descendants du couple alpha ont souvent un plus gros poids social que les omega et peuvent même les dominer à leur tour.
5) Plus d’informations sur le Loup Alpha
Il y a de grandes chances pour que les différents caractères énoncés, parfois génétiques, déterminent le rôle social que mérite chaque individu. Ces comportements sont généralement détectables dès l’âge de 3 ou 4 semaines.
En revanche, ils ne permettent pas de prédire si l’individu sera avantagé ou non pour se reproduire une fois l’âge adulte atteint. La raison étant que des louveteaux élevés sans adultes sont également capables de développer les mêmes rôles sociaux que certains membres de meute bien établie (sans absence de parents).
Il est également bien de savoir que la façon d’uriner avec la patte levée semble principalement réservée aux membres dominants et augmenterait pendant la saison des amours.
Cette règle possède cependant un grand nombre d’exceptions. Par exemple, entre deux territoires bien distincts, il existe généralement une zone libre. Dans cette zone, les membres moins privilégiés d’une meute ont alors le droit d’uriner à leur tour, sans s’opposer aux règles instaurées par les chefs de clan.
Les autres loups de la meute s’organisent également en fonction de divers critères parmi lesquels on retrouve l’âge et le sexe, qui jouent des rôles prédominants. Lorsque la nourriture se fait rare, le rang social importe beaucoup pour l’accès aux différentes sources alimentaires.
Le rôle du Loup Alpha
Le couple Alpha rassemble la meute et dirige les activités vitales de celle-ci telles que la chasse, les déplacements, la défense du territoire et la reproduction. Il hurle également pour avertir ses proches du danger et pour se repérer pendant une tempête, lorsqu’il traverse un territoire inconnu avec sa famille ou encore lorsqu’il est séparé de celle-ci par une grande distance. Ce n’est pas l’appel du loup solitaire en colère et antisocial dont il s’agit mais bien celui d’un père qui dirige, guide et rassemble sa meute avec amour.
Un autre rôle majeur du couple dominant (et également du mâle bêta si celui-ci est le principal reproducteur à la période du rut), est de réguler les activités reproductrices de la meute. Ce contrôle est principalement exercé par la femelle, empêchant ainsi les autres louves du groupe de se reproduire.
Généralement, c’est la femelle alpha qui donne naissance aux petits et le mâle alpha, lui, reste vigilant et agit comme sa partenaire, même s’il n’est pas forcément le géniteur de la portée.
Les meutes de loups correctement mises en place disposent d’une organisation sociale bien définie et limitent la reproduction au sein du groupe. À l’inverse, les meutes de loups désorganisées, par exemple suite à la disparition d’un loup alpha, sont souvent composées de plusieurs femelles donnant chacune naissance à ses propres louveteaux.
Il faut savoir que la structure sociale d’une meute est souvent remise en question, principalement à la période du rut. Cependant, si une femelle de rang inférieur s’accouple avec le mâle alpha, le statut de celle-ci ne changera en aucun cas.
Il est possible que certains mâles restent dominants durant 8 années consécutives, tandis que d’autres ne le restent pas plus d’un 1 an.
Le rang de la femelle alpha peut également être remis en question par d’autres louves. Le système de dominance est très complexe et met en jeu de nombreux et divers facteurs.
6) Le loup Alpha, un emblème de Louragan !
Si vous êtes arrivé jusqu’à la fin de cet article, c’est que la signification et l’histoire du loup alpha vous intéresse particulièrement.
Pour aller plus loin, notre équipe vous propose d’incarner ce puissant chef de meute en enfilant dès à présent ce magnifique sweat loup hurlant !
Question posée par Patrick le 22/05/2019
Une photo d’une meute de loup marchant en file indienne dans la neige connaît un franc succès sur les réseaux sociaux depuis 2017 (1). Pourquoi ? La légende associée loue la solidarité de l’animal en affirmant que « les 3 premiers sont vieux ou malades Le dernier est le seul, c’est le chef de meute. Il dirige tout de l’arrière. La meute se déplace selon la vitesse des aînés, ils s’entraident les uns les autres ». L’idée serait donc que la position des loups dans la file viserait à la protection des anciens, ce qui consisterait une leçon de vie pour nous autres, humains.
Coupons immédiatement court à cette interprétation, « c’est un non-sens », affirme Luigi Boitani, biologiste à l’université de Rome. Même son de cloche du côté de l’éthologue Pierre Jouventin pour qui « c’est une fake news, très séduisante en effet mais complètement fausse sur le plan scientifique ». Alors d’où vient cette photo ?
Une vieille erreur
Elle a été publiée en 2011 par la BBC dans le cadre d’un documentaire « planète gelée » sur les régions polaires. L’auteur est le photographe Chadden Hunter et la légende officielle ne laisse aucune place à l’idée que les plus vieux seraient à l’avant de la file :
« Une grande meute de 25 chassant le bison sur le cercle polaire au nord du Canada. La meute, dirigée par la femelle alpha, voyage en file indienne dans une épaisse couche de neige pour économiser de l’énergie ».
La mésinterprétation est née sur les réseaux américains. Elle a été débunkée par le site de vérification Snopes en 2015. Elle est ensuite arrivée en France. La publication dont nous parlons date de 2017. 20 Minutes en avait débusqué une autre en 2018.
« Il y a dans cette description une analogie militariste qui n’est pas représentative de ce qu’est la biologie. C’est une erreur de s’imaginer que les loups suivent des modèles d’organisations inventés par les hommes », réagit Guillaume Chapron, professeur d’écologie en Suède.
Rappelons qu’une meute de loup est en réalité une famille, avec un couple reproducteur et les jeunes de moins de deux ans. Il arrive qu’il y ait deux femelles reproductrices au sein d’une même meute. Enfin, l’ordre de déplacement dépend de la raison du mouvement (chasse ou autre) et des conditions extérieures (ici, la neige).
(1) Pour lutter contre les « fake news », Facebook a mis en place un partenariat avec cinq fact-checkers français (dont Libération). Des articles très partagés sur le réseau social et signalés par des utilisateurs sont vérifiés par les médias français.
Service Checknews
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Nous terminons cette série estivale dans laquelle nos collègues du « Temps » se penchent sur la zoologie hasardeuse que les humains utilisent pour parler d’eux-mêmes. Dans le dernier de cinq articles, on s’interroge : un mâle domine-t-il vraiment la société des loups, image idéale du leadership humain ?
Ayant passé treize étés à observer une meute sur l’île d’Ellesmere, au Canada, le zoologiste états-unien L. David Mech fait, en 1999, une déclaration dont le ton penaud cache des implications fracassantes pour le petit monde des experts en loups. » On s’est trompés « , dit-il, en gros, dans un article intitulé » Alpha Status, Dominance, and Division of Labor in Wolf Packs « , publié dans le Canadian Journal of Zoology : les individus alpha, censés dominer le groupe à l’issue d’un processus de compétition, n’existent pas. Pas comme on le croyait, en tout cas.
Flash-back : on est en 1947. Le Bâlois Rudolf Schenkel publie, dans la revue Behaviour, un article intitulé » Ausdrucks-Studien an Wölfen : Gefangenschafts-Beobachtungen « . Pionnier de ce qu’il appelle la » sociologie des loups « , le zoologiste décrit la compétition et la dominance au sein de la meute, introduisant l’expression » animal alpha « . Vingt ans plus tard, L. David Mech reprend l’idée, l’amplifie par ses propres observations et vulgarise le tout dans un livre intitulé The Wolf : The Ecology and Behavior of an Endangered Species (1970), qui devient un best-seller.
La notion de » mâle alpha » est ainsi prête à l’emploi dans la culture générale, qui l’adopte avec enthousiasme, oubliant au passage que Schenkel parlait d’un couple dominant, et pas seulement d’un mâle… Quoi qu’il en soit, le » loup alpha » inspire des réflexions sur le leadership en entreprise, devient un modèle de programmation algorithmique (Grey Wolf Optimizer), s’invite dans la psychologie des religions lorsque le psychiatre texan Hector A. Garcia invente la notion d’ » Alpha God » (2015) pour décrire la manière dont les sociétés monothéistes imaginent leur dieu.
Une histoire de famille
Le hic ? Mech le dévoile en 1999 : à l’image de Schenkel qui observait les loups du zoo de Bâle, » la plupart des études sur la dynamique sociale des meutes de loups ont été conduites sur des regroupements artificiels d’animaux en captivité « . Mech lui-même a observé des loups en liberté, mais, comme cela arrive souvent, il a vu ce qu’il avait lu chez Schenkel plutôt que ce qu’il avait sous les yeux. À l’état sauvage, explique-t-il, le » couple alpha » est en réalité un couple parental, dont le reste du groupe est la progéniture : » la meute de loups typique est une famille « .Exit le modèle classique de la dominance animale. Qui, à vrai dire, avait déjà été ébranlé trente ans plus tôt.
Re-flash-back. On est au début des années 1960. La primatologue britannique Thelma Rowell publie une série d’études basées sur ses observations chez les babouins de la forêt d’Ishasha, en Ouganda. Signes particuliers : ces singes, membres d’une espèce réputée belliqueuse et hiérarchique, » ne connaissaient pas la hiérarchie « . Mieux : » une atmosphère paisible règne dans la troupe, les agressions sont rares et les mâles semblent beaucoup plus attentifs à coopérer qu’à entretenir la compétition « , rapporte la philosophe des sciences belge Vinciane Despret, qui reprend et développe les études de Thelma Rowell dans son livre Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? (2012). Encore plus étonnant, » il ne semble pas y avoir de hiérarchie entre mâles et femelles « .
Babouins et management
Perturbés par ce constat, les confrères de la primatologue suggèrent que les » extravagances babouines d’Ishasha » doivent être dues à des » circonstances écologiques exceptionnelles » : cette forêt, disent-ils, est un » véritable paradis terrestre avec ses arbres offrant abris contre les prédateurs, sites de sommeil et, surtout, abondance de nourriture « … Mais Thelma Rowell a une autre explication. Analysant les études menées jusque-là sur les babouins, elle découvre que les résultats se classent en trois types : d’un côté, » des animaux qui visiblement ne sont pas très intéressés par la hiérarchie » ; pour ceux-ci, les primatologues ont forgé le concept étonnant d’une » dominance latente « , c’est-à-dire invisible.
Viennent ensuite les études en captivité : c’est en observant les babouins du zoo de Londres que le zoologiste Solly Zuckermann a élaboré la théorie de la dominance, à la fin des années 1920. L’histoire de cette colonie est un cauchemar simiesque : 110 babouins, essentiellement mâles, sont rassemblés dans un enclos ; une trentaine sont tués par leurs congénères en l’espace de six mois ; les effectifs sont alors renfloués en ajoutant une trentaine de femelles, et les bagarres redoublent en intensité. Moralité ? Zuckermann croit voir là un comportement naturel, alors qu’il observe la pagaille que le zoo lui-même a créée… Le dernier type d’études identifié par Thelma Rowell est basé sur des observations faites en nature, mais » les chercheurs ont nourri les animaux pour les attirer » : ces bouchées balancées aux singes suscitent une compétition et font émerger une hiérarchie qui jusque-là n’existait pas. Il s’agit là de ce que les scientifiques appellent un » artéfact » : un phénomène qu’on observe parce qu’on l’a créé.
Aujourd’hui, les primatologues (et les » loupologues « , si on ose) savent que la théorie classique de la dominance est périmée. Mais qu’importe ? Maintenu en vie par des ouvrages de management tels que Corporate Plasticity (2014), qui consacre un chapitre aux » meutes de loups : culture, esprit, leadership « , l’ » animal alpha » continue à rôder dans les limbes des concepts zombies — les idées mortes-vivantes qui grignotent nos cerveaux.
Les trois premiers sont les plus vieux ou les plus malades : ce sont eux qui rythment le groupe. Si ce n’était pas le cas, la meute les distancerait et, en cas d’attaque, seraient sacrifiés.
Ils sont suivis par cinq loups forts et puissants, puis par le reste de la meute et de nouveau cinq loups puissants.
Le dernier loup, bien derrière, est le mâle alpha. Le chef de meute. Depuis sa position, il contrôle le groupe, décide de la direction à prendre et anticipe les attaques des adversaires.
La meute avance au rythme des anciens sous le commandement de leur leader qui impose l’esprit d’entraide en ne laissant personne derrière.
Une chose est sur, notre société moderne technocratique ne fonctionne pas ainsi.
Les soi-disant « leaders » sont devant et font tout pour y rester. Ils sont en permanence poursuivi par des loups puissants – des jeunes males qui n’attendent qu’une chose, prendre la place des leaders le plus vite possible. Le reste de la meute suit comme il peut, et parfois n’arrive pas à suivre, ce qui provoque des pertes dans la harde. Quand aux anciens, on en parle plus …. cela fait depuis longtemps qu’ils ont été laissé derrière, sacrifié sur l’autel de la sur-performance et de l’exigence d’une perfection absolue durant l’ensemble d’une carrière qui dure plus de 40 ans exigés par les critères de notre société moderne, quelque chose qui n’est absolument pas possible de fournir toute une vie.
Qu’elles leçons pouvons nous en tirer pour le milieu social, familial et professionnel ?