Chez les spermatophytes (les plantes à graines), une des étapes du cycle de reproduction consiste à disséminer les graines, organes qui contiennent l’embryon d’un nouvel individu.
Et les différents mécanismes de dispersion qu’on trouve dans la nature sont parfois très surprenants. Et surtout, c’est plein de mots pour faire gagner Tante Yvette au scrabble !
Table des matières
- La zoochorie
- L’autochorie
- La barochorie
- L’hydrochorie
- La myrmécochorie
- L’anémochorie
- Pyrochorie : du grec pyros, le feu
- Un cas particulier est l’anthropochorie
- Définition de ectozoochorie
- Privilégier les solutions mécaniques
- Choisir à défaut des solutions écologiques
- Éviter les herbicides conventionnels
- Pour aller plus loin
- Gaillet gratteron, le pot de colle
- Elle vous colle à la peau : desmodium incanum l’attach(i)ante
La zoochorie
Du grec ancien ζῷον, zỗion ( » animal « ) et χωρεῖν, khôrein (se déplacer), la zoochorie désigne les stratégies de dispersion des graines par les animaux.
Elle peut se faire de deux manières :
– si les graines sont ingérées par un animal, on parle alors d’endozoochorie. Et comment ressortent les graines ? Bin, lorsque l’animal en question défèque évidemment ! Voici un exemple de cette stratégie le chameau mange, entre autres, des prosopis. Lorsqu’il a fini de manger, il continue sa balade au cours de laquelle son tube digestif digère la chair du fruit des prosopis mais pas les graines (protégées par leur enveloppe). En fin de course, les graines se retrouvent au sol dans le crottin des chameaux où elles peuvent germer grâce à cet engrais naturel de 1re classe.
Les graines du prosopis résistent à la digestion du chameau.
Les meilleurs alliés des plantes pour ce qui est de la dissémination des graines, ce sont les oiseaux. Et plus particulièrement ceux qui parcourent de longues distances. On parle dans ce cas d’ornythochorie. C’est grâce aux oiseaux (mais pas uniquement) que des plantes à graines ont pu coloniser des îles désertes.
Comme les biologistes aiment bien mettre des noms sur tout, ils se sont amusés à décliner la zoochorie selon le type d’animaux. Ainsi, l’ichtychorie est la dispersion par les poissons, la saurochorie est la dispersion par les reptiles, la chiroptorie c’est par les chauve-souris, la myrmécochorie c’est par les fourmis. Et la mammichorie ? Par ta grand-mère ? En partie oui : c’est la dispersion par les mammifères.
– si les graines sont transportées par un animal mais sans ingestion, on parle d’ectozoochorie (ou d’épizoochorie). Soit les graines s’accrochent à la fourrure d’un animal qui passe (c’est le cas de la bardane, par exemple – à Bruxelles, on les appelle » plek madame » ou » plek gendarme » – dont les graines sont munies de petits poils aux extrémités en forme de crochet) soit les graines sont volontairement transportées par un animal : on pense à l’écureuil qui rassemble et enterre des réserves de glands ou de noisettes (on parle alors de synzoochorie).
Les fruits de la bardane sont équipés de poils en forme de crochets qui leur permet de s’accrocher aux animaux qui passent.
L’autochorie
Dans ce cas, tu l’auras deviné, la plante assure elle-même la dispersion de ses graines. C’est le cas, par exemple, du concombre d’âne. Lorsque les fruits arrivent à maturité, ils enflent. Ils sont tellement gonflés que le pédoncule se détache et les graines sont expulsées dans une pulpe liquide. La pression à l’intérieur du fruit est de l’ordre de 6 bars, c’est semblable à une bouteille de champagne et 3 fois plus qu’un pneu de voiture.
(voir la vidéo à partir de 1:00)
La barochorie
Ce n’est pas la stratégie la plus efficace pour disséminer les graines sur de grands distances mais c’est la plus simple : la barochorie est la stratégie de dispersion des graines par gravité (Du grec ancien βάρος, báros » pesanteur « ) : bref, les graines tombent sous l’arbre. C’est ce que fait le marronnier.
Un cas typique de barochorie : le marronier dont la stratégie consiste à simplement laisser tomber le fruit au pied de l’arbre.
L’hydrochorie
Tu l’auras deviné sans peine, l’hydrochorie est une stratégie de dispersion qui utilise l’eau. Cette stratégie se retrouve dans le cas de nombreuses espèces aquatiques comme l’iris, le nénuphar, le lotus et bien d’autres.
Un cas particulier est celui du cocotier : ce sont les courants marins qui emmènent les noix vers d’autres plages où elles vont pouvoir germer. On parle ici de nautochorie. L’exocarpe, c’est-à-dire l’enveloppe dure et fibreuse de la noix de coco est résistant aux chocs, imperméable à l’eau et retient une quantité d’air qui permet à la noix de coco de flotter jusqu’à sa destination finale.
L’enveloppe de la noix de coco en assure la flottaison et le transport par la mer vers une autre plage.
Un cas intéressant est celui de l’ombrochorie. Du grec ancien ὄμβρος, ombros ( » orage, eau « ). Ici, ce sont les gouttes de pluie qui permettent aux graines de se disperser. On retrouve cette stratégie dans le cas de la rose de Jéricho (qui n’est d’ailleurs pas une rose) : cette plante vit en milieu aride, du Maghreb au Pakistan. Dès que les graines arrivent à maturité, la plante dessèche et forme une sorte de pelote qui peut facilement être détachée du sol par le vent. Si elle arrive sur une terre humide, au bord de l’eau ou qu’il pleut, elle se reverdit et lâche les graines. Elle refait des feuilles, des racines et même des fleurs qui donneront de nouvelles graines.
La myrmécochorie
Myrmécochorie : du grec myrmex = fourmi. C’est la dispersion par les fourmis ! Comment cela fonctionne ? Les graines de ces plantes possèdent une excroissance charnue qui s’appelle un élaïosome (du grec elaios– huile et some– corps). Cette partie de la graine est nutritivement intéressante pour la fourmi. La fourmi toute seule est incapable de séparer l’élaïosome de la graine. Elle va donc ramener la graine complète dans la fourmilière qui située à une distance plus ou moins longue de la plante mère. Cette stratégie n’a de sens que pour les espèces de fourmis non granivore bien entendu ! Digressons un peu, cette relation entre la plante et la fourmi est-elle avantageuse pour les deux (on parle de mutualisme) ? Pour la plante, c’est clair, ses graines sont dispersées (1) et en plus, elles germent dans un milieu très riche en nutriments puisqu’elle est jonchée d’excréments et de cadavres de fourmis (2) ! Pour la fourmi c’est discutable. D’un part il y a un apport nutritif et d’autre part lorsque la graine germe (ce qui n’est pas toujours le cas) ça peut faire un intrus qui peut prendre pas mal de place dans la fourmilière et parfois devenir gênant. Les chercheurs n’ont pas encore pu trancher la question. Des études sont en cours. J’allais oublier de vous donner des exemples, en voici quelques-uns en vrac : l’euphorbe, l’ajonc nain, la chélidoine, le ricin commun et la violette sauvage. Pour la petite histoire, ces plantes n’ont pas de parents proches. On parle dans ce cas de convergence évolutive.
L’anémochorie
Du grec anemos, le vent. C’est la dispersion des graines par le vent. Qui n’a jamais soufflé sur un pissenlit en fruit ? L’akène du pissenlit est surmonté par une structure, le pappus, qui a pour fonction de maximiser la portance au vent. Qu’est-ce que l’akène ? Un akène est un fruit sec, indéhiscent (ne s’ouvre pas spontanément) à graine unique. Un autre exemple bien connu est celui des érables. Les akènes portent une structure en forme d’aile qui a pour fonction de ralentir leur chute et donc maximiser les chances de dispersion en cas de coup de vent.
Il y a des espèces où c’est carrément la partie aérienne qui se fait la malle et part à l’aventure au gré du vent. Tu connais John Wayne ? T’as déjà vu un western ? Au moment du duel, dans un silence brisé par le vent, on peut apercevoir une sorte de petit buisson qui roule. C’est ce qu’on appelle des virevoltants ou tumbleweed en anglais. Les botanistes ils disent Salsola. Comment ça fonctionne ? C’est simple, une fois que la plante a produit ses graines et que les fruits sont à maturité, elle dessèche et la partie aérienne se détache des racines. Comme elle est sèche elle devient toute légère et peut donc facilement être transportée par le vent. En roulant, ses graines se détachent et germeront plus tard. Mais si la boule atteint un point d’eau, elle peut reformer des racines et régénérer puis fabriquer de nouvelles fleurs qui à leur tour produiront de nouvelles graines.
Pyrochorie : du grec pyros, le feu
C’est la dispersion des graines par le feu. Les cônes de l’épinette noire – un résineux du canada – s’ouvre brutalement après une exposition au feu. Les graines sont éjectées et tombent à une distance équivalent à 1 à 2 fois la hauteur de l’arbre.
Les cônes de l’épinette noire
Un cas particulier est l’anthropochorie
Du grec anthropos, l’Homme. Dispersion des graines par l’Homme et ses activités. Voyons ces différents cas (non exhaustif) d’un petit peu plus près.
Speirochorie : du grec speiro, disséminer.
La speirochorie est la dissémination d’une plante grâce à la culture d’une autre plante. Comment cela fonctionne ? Prenons l’exemple de la matricaire. Cette plante que l’on confond parfois avec la camomille pousse dans les champs de céréales comme le blé. Lors des moissons, l’agriculteur va bien évidemment récolter des graines de blés mais aussi des graines de matricaire. Ces dernières vont donc se retrouver mélangées avec des grains de blés dont une partie sera semée l’année suivante. Attention, ce n’est bien évidemment pas le mode de dispersion majoritaire de la matricaire. La matricaire produit des akènes surmontés par un pappus, elle est donc anémochore.
Agochorie : du grec agos, entraîner.
C’est la dispersion involontaire par les humains via les transports. Un cas bien connu est celui du séneçon du Cap aussi appelé séneçon sud-africain. Il est arrivé en Europe via le commerce de la laine. L’Europe a importé massivement de la laine d’Afrique du Sud, d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Cette laine arrivait brute et contenait un tas de graines issues des prairies où broutaient les moutons. Les industries lainières, toutes situées au bord d’un court d’eau traitaient la laine avec ces eaux et les rejetaient dans ce même court d’eau… avec les graines. Ces graines germaient sur le bord des rivières et se dispersaient ensuite dans la nature. Cela ne concernait qu’une minorité d’espèces bien entendu. Donc en résumé, notre séneçon est agochore mais également ériochore, du grec érion, la laine. Et ce n’est pas tout, il n’y a pas forcément de moutons dans son milieu naturel (les moutons ont été importés dans ces pays par les européens). Il produit lui aussi des akènes surmontés d’un pappus. Il est donc originellement anémochore.
Éthelochorie : du grec éthélo, vouloir.
Cela concerne les plantes introduites volontairement par l’Homme dans un nouvel habitat pour leur qualité alimentaire, ornementale ou industrielle. C’est le cas par exemple du maïs, des patates et des tomates qui sont originaires d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud et qui sont pourtant abondamment cultivées en Europe.
Le maïs a volontairement été introduit en Europe. Ici, des variétés péruviennes.
Polémochorie : du grec polémos, la guerre.
Déjà pendant l’Antiquité, la luzerne aurait été introduite par les Perses au Ve siècle avant J-C lors des guerres médiques (selon Pline). Plus récemment, lors de la 1re guerre mondiale, ce sont 93 espèces de plantes qui ont été introduites en France. Les principaux vecteurs étant les herbes fourragères, les chevaux et l’envoi de blé et autres céréales aux troupes alliées. L’Axyris amarantoides, originaire de Sibérie s’est retrouvée en France en 1917 suite à l’envoi de blé par les Russes aux troupes françaises. L’ambroisie à feuilles d’armoise, originaire des prairies d’Amérique du Nord, a été introduites à plusieurs reprises en Europe. Une première fois en 1863 en Allemagne via l’importation de légumineuses fourragèrespuis lors de la 1re guerre mondiale lorsque les troupes américaines débarquèrent avec leurs chevaux et le fourrage provenant des plaines de Pennsylvanie. Bien entendu, toutes ses plantes se dispersent autrement dans leur milieu naturel.
Définition de ectozoochorie
- Les graines et fruits collants (collépizoochorie) ont des sécrétions collantes autour de la coquille sous l’action de l’humidité et collent aux animaux, tels que certaines courges de jardin.
- L’euépizoochorie concerne des graines/fruits spéciaux, dans lesquels la capsule de graines/fruits est empêtrée et distribuée aux animaux, tels que la bardane, le girofle, le datura, etc.
Avantages et inconvénients de l’épizoochorie:
L’épizoochorie est un moyen efficace de dissémination des graines, dans lequel la plante, contrairement à l’endozoochorie, n’a pas à offrir de « récompense » sous forme de glucides, de protéines, de graisses, etc., et peut donc se propager très « économiquement ». Un autre avantage considérable de ce type de distribution réside dans les distances relativement longues que peuvent parcourir passivement les graines et le développement associé de nouveaux habitats.
L’île Macquarie, située à 950 km au sud de la Nouvelle-Zélande, en est un exemple extrême. Sur cette île, les 35 espèces présentes ont toutes été introduites par épizoochorie, probablement dans le plumage des oiseaux. Une autre raison des grandes distances est le fait que les grands prédateurs transportent également les plantes à propagation épizoochoroïde parmi les mammifères parcourant des zones beaucoup plus vastes que les herbivores.
Les inconvénients sont dans certains cas la dépendance vis-à-vis des conditions météorologiques, notamment si les semences ne comportent pas de dispositif adhésif explicite et s’appuient sur les forces d’adhésion qui les lient aux animaux via un sol humide ou de la boue. De plus, les plantes dépendent exclusivement des animaux errants. Cela peut entraîner des conditions relativement médiocres pour la plante concernée lorsque celle-ci se trouve dans un endroit défavorable rarement visité par les animaux.
Les mauvaises herbes n’ont rien de mauvais, si ce n’est qu’elles poussent là où le jardinier s’en passerait. On les appelle plus justement adventices. Comment les réguler sans pesticides désherbants, nocifs pour la santé et à l’environnement ?
- Privilégier les solutions mécaniques
- Pour prévenir l’apparition des mauvaises herbes
- Pour se débarrasser des mauvaises herbes installées
- Pour la pelouse
- Choisir à défaut des solutions écologiques
- Éviter les herbicides conventionnels
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Privilégier les solutions mécaniques
Pour se débarrasser des herbes indésirables, rien de mieux que les solutions mécaniques. Les grands atouts du jardinier : la prévention et l’observation.
Pour prévenir l’apparition des mauvaises herbes
Pour prévenir l’apparition des mauvaises herbes, il faut mettre en place des conditions qui freinent leur développement :
Le paillage
Le paillage, ou mulching, consiste à couvrir le sol d’une bonne couche de matières organiques broyées. La paille, les copeaux de bois, la tonte de la pelouse, les fougères, le carton… il existe énormément de matériaux différents. On privilégie les matières naturelles. En plus de limiter les mauvaises herbes, le paillage enrichit le sol, le maintient au frais, permet de limiter les arrosages…
Le faux-semis
La technique du faux-semis consiste à préparer son sol (désherbage, ajouts d’engrais…) 15 jours avant d’y semer ses graines. Pendant ce temps, les herbes indésirables enfouies dans le sol se développent sur cette surface toute propre. Au moment du vrai semis, on extrait ces herbes sauvages du sol. Et on sème les plantes potagères ou du jardin sans même retravailler le sol.
Le couvre-sol
Certaines plantes ont tendance à s’étendre et à couvrir le sol. Quand elles occupent l’espace, les adventices, gênées, se développent moins.
Au potager
Le potiron ou la pomme de terre se développent largement. Ils limitent l’apparition mauvaises herbes.
Les engrais verts, comme le seigle ou le sarrasin, ont une croissance rapide qui limitent les herbes sauvages. On les utilise aussi et surtout pour améliorer la qualité du sol.
Au jardin
Le lierre, la petite pervenche, le muguet, le lamier… Ces végétaux vivaces sont bas et couvrants. Ils freinent les mauvaises herbes.
Pour se débarrasser des mauvaises herbes en place
Quand les adventices apparaissent, on les élimine aussi vite que possible. Il faut agir quand les plantes sont fragiles et avant qu’elles montent en graines.
- au printemps ou au début de l’été pour certaines plantes vivaces (qui vivent plusieurs années) comme le rumex, le chardon, le liseron, la renoncule…
- les dix derniers jours de juin pour les plantes dites » sarmenteuses » (qui possède des tiges ou branches ligneuses) comme la ronce ou le framboisier.
Il existe différentes solutions mécaniques pour éliminer les » mauvaises » herbes présentes au jardin et au potager.
Le sarclage
Le sarclage consiste à couper ou arracher manuellement les herbes indésirables. Les plantes enlevées sont compostées ou laissées sur le sol pour servir d’engrais verts. L’important est de sarcler le plus tôt possible, et au fur et à mesure de la croissance des plantes.
Le brossage
Sur les trottoirs, les pavés ou les dallages, un brossage vigoureux enlève facilement les plantules. On utilise pour cela une brosse à poils durs.
L’ébouillantage
On peut ébouillanter les plantes indésirables. Cette technique est particulièrement utile sur un sentier, un trottoir, une allée. Pour être écolo jusqu’au bout, on utilise l’eau de cuisson des légumes, à condition qu’elle ne soit pas salée. Même s’il est efficace contre les plantes, le sel modifie la nature du sol.
Le désherbage thermique
Le désherbage thermique est une solution très efficace pour l’entretien des dallages, bordures, trottoirs, graviers… 3 à 5 passages par an sont nécessaires. En effet, cette technique détruit seulement les parties aériennes de la végétation en chauffant à plus de 80°C. Dès lors, les graines enfouies dans le sol peuvent encore germer. Attention au mobilier en plastique et au risque d’incendie des feuilles mortes, des aiguilles de résineux…
Pour la pelouse…
Une pelouse avec quelques pissenlits et autres trèfles peut amener de la diversité au jardin. Mais si l’on tient absolument à s’en débarrasser, exit les désherbants chimiques. On les remplace par un bon entretien : tondre le gazon entre 6 et 8 cm, par temps clément. Quand l’herbe est haute, l’enracinement de la pelouse est renforcé. De plus, cela freine la germination des graines présentes sur le sol et la croissance de la mousse. Cela évite aussi aux plantes qui se développent en largeur de pousser, comme le plantain ou la pâquerette.
On doit aussi penser sa pelouse en fonction des conditions du terrain et de ses besoins. On la choisit selon le type de sol, le climat et sa fonction (ornementale, résistante au piétinement…).
Choisir à défaut des solutions écologiques
On peut utiliser certains produits écologiques pour se débarrasser des » mauvaises » herbes. Ils doivent présenter une toxicité faible, respecter les organismes et se dégrader rapidement. Comme on les applique souvent par pulvérisation, on veille à bien cibler les plantes à éliminer.
Les acides gras
Les acides gras sont des savons herbicides qui ne laissent pas de résidus toxiques dans le sol. Certains acides gras se dégradent en 48 heures. Ils détruisent la couche de protection des végétaux, provoquant leur desséchement. Ils ne détruisent pas les racines des vivaces bien implantées.
Autres solutions
On utilise certains herbicides naturels en agriculture biologique, comme l’huile de colza. On utilise aussi l’huile de menthe ou la farine de gluten comme anti-germinatif. On utilise la farine de gluten contre le pissenlit, le plantain ou encore le chénopode.
Éviter les herbicides conventionnels
Certains herbicides sont dangereux. C’est le cas du chlorate de sodium, aujourd’hui interdit en Belgique. Il faut s’abstenir d’utiliser d’anciens stocks. Cet herbicide total, parfois considéré comme écologique, se dégrade en sel nocif pour le sol et l’imprègne pour longtemps.
D’autres herbicides conventionnels comme le » Roundup » et autres produits au glyphosate ont désormais leur réputation. On espère bannir ce type de produis grâce à une initiative citoyenne européenne. N’hésitez pas à la signer. Le glyphosate est classé comme » cancérigène probable » par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer).
Il vaut mieux tenter des solutions mécaniques ou écologiques. Les herbicides conventionnels doivent rester l’ultime recours. Il faut alors les utiliser correctement.
On peut aussi laisser une place à la nature au lieu de vouloir la contrôler. Par exemple, si on a un sol acide, ombragé et humide, la mousse peut devenir un cauchemar. Plutôt que d’utiliser du sulfate de fer (un anti-mousse), on peut aménager ce terrain en jardin d’ombre, avec des plantes adaptées à ces conditions. Et pourquoi ne pas remplacer une partie de la pelouse par une prairie fleurie ? Cela limite l’entretien et accueille une belle biodiversité.
Pour aller plus loin
Gaillet gratteron, le pot de colle
Gaillet gratteron, Poitiers chemin de la Cagouillère
Galium aparine (Gaillet gratteron ou Guifron en poitevin-saintongeais) appartient au clan Rubiaceae, dont fait partie le célèbre caféier (Coffea). Autrefois, on pensait certains Gaillets capables de faire cailler le lait; une croyance (invalidée aujourd’hui) qui aurait inspiré le nom de la plante, Gala signifiant « lait » en grec. Pour d’autres, l’origine du nom serait latine, Gallus signifiant « coq » et la forme des feuilles ressemblant aux pattes d’une poule.
Fleurs discrètes du Gaillet gratteron: corolle à 4 lobes pointus, 4 étamines libres autour d’un pistil à deux styles au centre.
Galium aparine est une annuelle qui aime les terrains riches en azote, en matière organique animale et végétale. Originaire des sous-bois, elle se plait aujourd’hui sur les terres amendées et cultivées, où sa présence concurrentielle aux céréales (qu’elle renverse en leur grimpant dessus) n’est pas la bienvenue.
Feuilles du Gaillet gratteron: sessiles, verticillées et mucronées.
Sa tige carrée et ses partie aériennes sont hérissées de petits aiguillons recourbés qui lui permettent de s’accrocher à tout ce qui lui tombe sous la feuille. Aparine en latin signifie littéralement « qui s’agrippe »; et pour agripper, Galium aparine agrippe! C’est un véritable tentacule végétale qui se colle aux plantes alentour pour s’élever et trouver la lumière; mais aussi aux fourrures des animaux et aux vêtements des promeneurs, qui en disséminent les graines malgré eux (les fruits, des diakènes, sont aussi munies de crochets).
Vous allez à Paris ? Hein ? A Lyon ? Oh oui, oh ben alors…
Ça me rapprochera toujours un petit peu. Bon allez va !
(L’auto-stoppeur, Coluche)
Fruit crochu de Gaillet gratteron égaré sur le canapé : un souvenir de promenade ? (epizoochorie)
A force de s’incruster dans les jardins via les bas de pantalon, le Gaillet gratteron a fini par se faire remarquer. Ses parties aériennes très fournies ont servi autrefois à rembourrer les matelas; avec un tel garnissage, il ne fallait pas s’étonner si les siestes s’éternisaient et si les dormeurs restaient collés, au lit. A propos de coucherie, on racontait autrefois que celui ou celle qu’on surprenait avec un brin de gaillet collé dans le dos (Gaillet d’avril) avait surement un(e) amant(e) secret(e) quelque part, l’échantillon végétal trahissant un rendez-vous et des galipettes champêtres!
Quand le Gaillet gratteron s’emmêle les tentacules : sans doute les conséquences de la présence du Phytopte du Gaillet (Cecidophyes galii), un acarien qui s’attaque aux feuilles de la Sauvage.
L’usage populaire du Gaillet gratteron veut qu’une infusion massée sur la peau soulage un coup de soleil, une brulure, un eczéma, ou fasse même office shampoing anti-pelliculaire… Les jeunes pousses (lorsqu’elles sont encore tendres) de Galium aparine sont comestibles, crues en salade ou cuites, bien que légèrement amères. Les petits fruits cueillis verts (bon courage pour le ramassage), grillés à sec, écrasés et finalement mis à bouillir dans de l’eau fournissent un excellent succédané de café (Pour rappel, Galium aparine est de la même fratrie que le caféier, peut-être est-ce là un goût de famille?).
Je m’appelle John Caffé, comme le café sauf que ça s’écrit pas pareil !
(La Ligne Verte, Stephen King)
Gaillet gratteron, le café du shérif!
Et puis qui sait, garder la Sauvage près de soi augmente ses chances de pouvoir observer l’incroyable Moro sphinx (Macroglossum stellatarum), un papillon capable de vol stationnaire et d’une vitesse de déplacement ahurissante, au point d’être surnommé le Sphinx Colibri. Car c’est sur les Galium, mais aussi sur d’autre Sauvages collantes du clan Rubiaceae, comme la Garance voyageuse (Rubia peregrina), que le papillon pond et installe sa progéniture.
Chenille du Moro sphinx (ici sur Galium verum).
Crache sang (Timarcha tenebricosa), un coléoptère qui se nourrit exclusivement de Gaillets à feuilles tendres (ici Galium mollugo).
Si le Gaillet gratteron (Galium aparine) est le plus célèbre des Gaillets (peut être parce qu’il est le plus attachant!), on peut croiser d’autres membres de sa tribu dans les jardins et aux bords des routes. La liste n’est pas exhaustive, mais parmi les plus communs:
le Gaillet Mollugine (Galium mollugo) est une vivace à la taille plus modeste, mais dont la floraison blanche est plus généreuse (les fleurs sont regroupées en panicules étalés). Les tiges, les feuilles et les fruits glabres de ce dernier n’accrochent ni les pantalons, ni les mains qui les caressent…
Gaillet Mollugine (Galium mollugo), Biard (86)
Un peu moins urbains, les Gaillet jaune (Galium verum) et Gaillet croisette (Cruciata laevipes) sont deux vivaces qui fréquentent les prairies ou les bords des routes de campagne. Le Gaillet jaune dresse des feuilles très minces, non agrippantes, et des fleurs jaunes groupées en panicules le long de sa tige.
Gaillet jaune (Galium verum), Biard aérodrome (86)
Le Gaillet croisette forme parfois d’importantes colonies qui dégagent une odeur de miel au printemps. Ses fleurs jaunes sont portées par des pédoncules bien plus courts que ses feuilles ovales, poilues, non agrippantes, et toujours groupées (verticillées) par quatre.
Gaillet croisette (Cruciata laevipes), Quinçay (86)
Pour aller plus loin:
– Norb de Sauvages du Poitou raconte le Gaillet gratteron au micro de France Bleu Poitou
– Galium aparine sur Tela-botanica
– Galium aparine: identification assistée par ordinateur
– Galium mollugo sur Tela-botanica
– Galium mollugo: identification assistée par ordinateur
– Galium verum sur Tela-botanica
– Galium verum: identification assistée par ordinateur
– Cruciata laevipes sur Tela-botanica
– Cruciata laevipes: identification assistée par ordinateur
Elle vous colle à la peau : desmodium incanum l’attach(i)ante
On en retrouve prisonniers des poils, agrippés aux vêtements, s’entremêlant où ils peuvent. Il faut croire qu’ils nous aiment ! Ils veulent voyager avec nous ces fruits minuscules et pourtant si attachant. Au sens propre du terme, vous l’aurez compris.
Cette plante n’a pas choisi le vent, ni de servir d’apéritif aux oiseaux et encore moins de se laisser choir lamentablement sur le sol pour assurer sa reproduction. Elle a choisi de prendre en main son destin. Ou plutôt entre crochets. Ses fruits adhèrent vigoureusement à tout ce qui passe grâce leurs poils crochus. D’ailleurs, elle sait y faire et se place à des endroits stratégiques. J’en suis persuadée : elle a tout calculé !
Une bonne tranche de rire grâce au Trèfle savane : qui est le plus malin ?
Je ne comprenais pas pourquoi tous les jours je me retrouvais avec ces graines collées à mes vêtements. Peu importe où j’allais, même en plein centre-ville, elles se retrouvaient là le soir, scotchées à mes vêtements du jour. Jusqu’à ce qu’un matin, sûrement mieux réveillée qu’un autre, je l’ai vu faire. Elle pousse dans le massif de fleurs qui borde le chemin. Camouflée par ses voisines, comme une intruse parmi les élégantes qui sont là, mais discrète, elle se penche. Elle se penche et s’étire de manière à être juste dans le chemin, mais pas trop, invisible et camouflée parmi les autres, dépassant juste assez pour accomplir son œuvre.
Quelle merveille de la nature, quelle intelligence tout de même. J’ai bien rigolé en la voyant là et j’ai pris quelques photos qui illustrent l’article. Sans rancune… elle m’aura fait cogiter quelques semaines la vilaine, à me demander où j’avais été traîné mon pantalon 🙂
hop! Scotchée au pantalon
Cette plante c’est Desmodium incanum que l’on appelle ici en Martinique » Collant » ou » Trèf savann « . J’avoue que j’ai une préférence pour son premier surnom. Il lui va si bien… Evidemment, il y a d’autres desmodium qui lui ressemblent énormément et qui présentent des caractéristiques botaniques à peine différentes. On la trouve dans les jardins où on la chasse comme une vulgaire mauvaise herbe, mais aussi… un peu partout en fait même si sa préférence va à des altitudes inférieures à 300m. Elle ne fait pas la difficile et nous offre ses jolies fleurs en papillons toute l’année. Une plante pas compliquée en somme et qui gratifie nos espaces cultivés de sa présence azotée, comme toutes les fabacées, les cultivateurs comprendront : c’est une plante de couverture intéressante qui fait l’objet d’expérimentations par le CIRAD ici en Martinique pour éviter d’utiliser des désherbants. En plus elle constitue un fourrage intéressant pour les bêtes.
Soyez vigilants si vous voulez l’utiliser à des fins médicinales : il vous faudra une bonne flore pour être sûr que c’est bien elle : combien de fruits ? L’inflorescence est-elle plus trapue que sur les photos ? La couleur des fleurs ? Les feuilles à 3 folioles ? La vigilance est de mise !
Une médicinale de renom… mais est-ce le bon ?
La vérité, c’est qu’il serait aisé de confondre un trèfle avec un autre. On m’a demandé par email il y a quelques mois si c’était bien le desmodium qui éliminait les calculs rénaux que l’on trouve sur les marchés en Guadeloupe.
Hum…
Voilà qui est bien vague. Méfiez-vous des promesses faites par les vieilles femmes qui vendent leurs herbes au marché. Si vous n’êtes pas fin connaisseur, vous aurez vite fait d’y perdre votre latin botanique et de vous retrouvez avec une plante sans effet pour le mal qui vous amène. C’est le problème avec les noms vernaculaires. Un trèfle, un trèfle, c’est bien vague pour en faire sa médecine, non ?
Il faut savoir d’abord que certains Desmodium font l’objet de recherches scientifiques poussées et très prometteuses. Mais ce n’est pas le cas de celui qui pousse dans mon allée (zut, alors!). Ainsi, c’est Desmodium styracifolium qui empêche la formation de calculs urinaires. Le Desmodium gangeticum est lui originaire d’Inde et possède la propriété étonnante de favoriser les facultés mnésiques entre autres.
Le Desmodium gyrans est quant à lui reconnu pour ses facultés extraordinaires en tant que… danseur ! Des expériences ont montré qu’il bougeait avec de la musique. Ces desmodiums sont vraiment une famille étonnante, vous trouvez pas ?
Il y a aussi le célèbre Desmodium africain, dont on ne prend même pas la peine de décliner l’identité complète (D. adscendens) tant il est connu pour ses vertus hépatoprotectrices : il protège le foie. Il a largement dépassé la seule utilisation en médecine traditionnelle africaine. Il est aujourd’hui très utilisé de part le monde, et en gélules (on peut aussi le trouver en tisane) pour traiter la dépendance alcoolique. Oui, c’est vrai qu’en cas de cure detox, on utilise beaucoup en Europe le radis noir, l’artichaut ou le chardon-marie, mais vraiment, le Desmodium adscendens les surpasse tous ! Bon à savoir aussi : il facilite l’arrêt du tabac… avis aux fumeurs.
Enfin, j’ai aussi trouvé un desmodium utile en cas d’envoûtement et de magie!
Et le mien alors ? Mon Desmodium incanum aux jolies fleurs roses ? Eh bien il est aussi médicinal, même s’il ne sait pas danser et rassurez-vous, je devrai pouvoir lui trouver une utilité sans problème !
Propriétés médicinales du Desmodium incanum
Clairement, après les prouesses de ses cousins mentionnés juste au-dessus, il va sembler moins intéressant. Mais quand même…Traditionnellement utilisé à Porto Rico contre les dysenteries (racine et plante entière), Longuefosse valide son usage contre la diarrhée légère (infusion des feuilles). En Guadeloupe, on prend une tisane des feuilles quelques jours avant l’accouchement pour faciliter la délivrance. A Trinidad, on l’utilise contre les inflammations, la cystite, la fièvre.
La plante est utilisée à Sainte-Lucie contre les hémorragies et en application externe contre la blesse.
Elle entre dans la composition des bains domestiques avec d’autres plantes.
Longuefosse la recommande également en cas de rétention hydrique (tisane des feuilles).
Et vous ? Avez-vous du Desmodium qui pousse sauvagement près de chez vous ?
Sources : Longuefosse, tome 2
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Le guérit vite a pour nom scientifique » sigesbeckia orientalis » (orientalis = orient). c’est une plante qui nous vient d’Asie si l’on se fie à son nom scientifique.
A la Réunion, on l’appelle guérit vite, herbe de Saint Paul ou colle colle. La dernière appellation est due au fait que c’est une espèce zoochore, en effet les semences s’accrochent à nos vêtements mais aussi aux poils et aux plumes des animaux.
Cette plante de la famille des astéracées peut atteindre jusqu’à 1m de hauteur. ses feuilles sont veloutées et ses tiges rougeâtres.
J’avoue que j’ai connu le guérit vite il y a environ 4 ans. Certes je l’avais dans mon jardin et je l’arrachais systématiquement car je le considérais comme une mauvaise herbe. Mon opinion sur le colle colle a quelque peu changé depuis, au vue de ses nombreuses propriétés, notamment celles reconnues scientifiquement :
– anti-hypertensive,
– anti-inflammatoire,
– détoxifiante,
– antipuritive (soulage les démangeaisons),
– asséchante et cicatrisante.
A la Réunion, nous l’utilisons comme rafraichissant (décoction des racines), mais également par voie externe contre :
– les plaies et les maladies cutanées : décoction de la plante entière (racines, tiges, feuilles) en bain,
– les affections buccales,
– La goutte,
– les maladies du cuir chevelu,
par voie interne contre :
– les maux de tête,
– la fièvre,
– la gastro entérite des enfants (tambave),
– la goutte et les maladies vénériennes,
– le diabète,
– l’hypertension,
– les maladies uro-génitales et les pertes blanches.
A noter que les propriétés asséchantes et cicatrisantes du guérit vite étaient sous brevet de la société Pierre Fabre. Aujourd’hui ce brevet est dans le domaine public.
Par ailleurs, il est utilisé en cosmétique pour ses actions calmantes dans les produits solaires Clarins.
Maintenant avant d’arracher vos » mauvaises herbes » vous allez faire attention à ne pas arracher une plante aux multiples vertus comme le colle-colle.