Table des matières
- Tumeurs testiculaires du chien : approche clinique et diagnostique
- 1 Nature des tumeurs testiculaires
- 2 Signes cliniques
- 3 Démarche diagnostique
- 4 Bilan lésionnel précastration
- Conclusion
- Références
- Conflit d’intérêts
- ENCADRÉDiagnostic différentiel de l’hyperœstrogénisme
- La cryptorchidie chez le chien ou le chiot : causes, symptômes, traitement
- Qu’est ce que la cryptorchidie chez le chien ? Quels sont ses symptômes ?
- Les conséquences de la cryptorchidie chez le chien
- Les causes de la cryptorchidie chez le chien
- Les traitements de la cryptorchidie chez le chien
- Quels sont les symptômes du cancer du testicule ?
- Si la plupart des mammifères en sont dotés, les hommes sont dénués d’os pénien. Une absence qui pourrait s’expliquer par la monogamie et la (trop grande) rapidité de l’acte sexuel, selon une nouvelle étude.
- La fracture pénienne
- Quelles sont les conséquences d’une testicule ectopique chez le chien ?
- Comment établir un diagnostic d’une testicule ectopique chez le chien ?
- La cryptorchidie en laparoscopie chez le Chien et le Chat
- Sommaire
- Objectifs pédagogiques
- Crédit de formation continue
- Description de la technique
- Discussion
- Mémo
- Vétérinaire – Clinique vétérinaire Patton – 233 Avenue Général Georges Patton – 35000 Rennes – 02 99 38 94 79
Tumeurs testiculaires du chien : approche clinique et diagnostique
Après la peau, les testicules sont la localisation anatomique la plus fréquente des tumeurs chez le chien mâle . Les tumeurs testiculaires représentent 4 % des tumeurs dans l’espèce canine et 90 % de celles de l’appareil génital du mâle . Leur prévalence oscille entre 16 et 27 % d’après deux études rétrospectives portant respectivement sur 580 et 232 chiens .
Les tumeurs testiculaires constituent un groupe hétérogène, sur le plan tant histogénétique que clinique. Les chienscryptorchides présentent un risque 9,2 à 13,6 fois plus élevé de développer une tumeur testiculaire . L’âge d’apparition des tumeurs testiculaires de localisation scrotale oscille entre 9 et 11 ans, bien que des cas aient été décrits chez des chiens de 2 ans . Les sertolinomes sont diagnostiqués significativement plus tôt (8,6 ans) que les autres tumeurs testiculaires . Cela est probablement lié à la présence concomitante d’un syndrome paranéoplasique qui permet une détection précoce, avant même qu’une asymétrie testiculaire n’ait été constatée. Les tumeurs issues d’un testicule malpositionné se développent plus tôt. En effet, les tumeurs testiculaires rencontrées chez de chiens de moins de 10 ans étaient significativement associées à une cryptorchidie, en particulier pour les animaux cryptorchides abdominaux . Aucune influence de l’âge sur la nature histologique de la tumeur n’a été clairement mise en évidence .
Lesraces prédisposées sont le boxer, le berger allemand, le colley, le shetland, le bichon maltais, le braque de Weimar, le fox-terrier, l’husky sibérien et le lévrier afghan .
1 Nature des tumeurs testiculaires
Les tumeurs testiculaires sont presque exclusivement primitives chez le chien. Des cas de tumeurs secondaires dues à des métastases issues d’autres néoplasies, comme des lymphomes, ont été décrits, mais semblent exceptionnels . Néanmoins, dans un contexte de cancer généralisé, la présence de métastases testiculaires est peut-être sous-estimée.
Parmi les tumeurs primitives, trois types se distinguent :
– les leydigomes, issus des cellules interstitielles dites de Leydig, localisées entre les tubes séminifères. Ils produisent de la testostérone ;
– les séminomes, issus des cellules germinales localisées dans les tubes séminifères ;
– les sertolinomes, issus des cellules épithéliales dites de Sertoli, bordant les tubes séminifères. Ces cellules forment la barrière hémato-testiculaire, participent à la spermatogenèse et synthétisent, entre autres, de l’œstradiol.
Au sein d’un même testicule, il n’est pas rare d’observer plusieurs tumeurs de types histologiques éventuellement distincts (tableau 1).
Leur incidence dépend de la position du testicule atteint. Ainsi, les leydigomes se développent rarement sur les testicules malpositionnés. En revanche, les sertolinomes et les séminomes sont majoritaires lors de cryptorchidie.
D’autres types de tumeurs testiculaires primitives ont été décrits, mais leur incidence demeure faible : des adénomes et des adénocarcinomes du rete testis, des carcinomes anaplasiques ou embryonnaires, des fibrosarcomes, des gonadoblastomes, des hémangiosarcomes, des kystes épidermoïdes bénins, des léiomyomes, des lymphomes, des sarcomes et des tératomes .
2 Signes cliniques
Si les tumeurs testiculaires présentent, en général, une symptomatologie commune sans atteinte de l’état général, les tumeurs à activité endocrine fonctionnelle se démarquent, en revanche, par le développement d’un syndrome paranéoplasique dû à une production d’hormones sexuelles.
Signes communs à toutes les tumeurs
L’asymétrie testiculairesans douleur associéeest le principal signe d’appel lors de tumeurs testiculaires en position scrotale. Elle est fréquente mais pas systématique . De plus, dans 45 % des cas, les tumeurs testiculaires sont bilatérales .
L’asymétrie est liée à :
– une déformation progressive du contour testiculaire à mesure que l’hypertrophie tumorale s’installe ;
– une consistance dure du testicule tumoral, qui contraste avec le testicule controlatéral. Ce dernier est mou, voire atrophié, en raison de la perte du rétrocontrôle négatif de l’axe gonadotrope en cas de tumeur testiculaire sécrétante (notamment pour les sertolinomes et les leydigomes sécrétants) (photo 1). Le parenchyme péritumoral peut présenter la même atrophie et tromper le clinicien lors de la palpation de la tumeur. De même, l’augmentation de la température intrascrotale et la disparition de la barrière hémato-testiculaire provoquent la dégénérescence du parenchyme testiculaire.
L’augmentation de taille d’un testicule cryptorchide est évocatrice d’une tumeur testiculaire. Si elle est brutale et douloureuse, une torsion testiculaire est à suspecter.
Chez les chiens reproducteurs, une baisse de la libido et de la qualité de la semence peut être constatée quel que soit le type de tumeur. Elle est associée à un hypogonadisme dû à un manque de sécrétion de testostérone .
Tous types de tumeur confondus, le taux de métastases locorégionales ou à distance rapporté est inférieur à 20 % et il est tardif . Ces tumeurs métastasent plus fréquemment par voie lymphatique. De plus, des métastases à distance par voie sanguine peuvent aussi être observées sur les poumons, la peau, le foie et la rate . Les signes à repérer lors de l’examen clinique sont :
– des adhérences aux structures locales telles que l’épididyme, la tunique vaginale, le cordon testiculaire et le scrotum, signant un envahissement tumoral seulement présent lors de tumeur maligne ;
– une adénopathie inguinale et/ou poplitée,que peut accompagner une infiltration d’autres nœuds lymphatiques satellites intra-abdominaux(iliaques médiaux, lombo-aortiques et mésentériques), visible à l’examen échographique abdominal ;
– une baisse de l’état général, une dyspnée et/ou une cachexie signant un processus métastatique avancé et/ou des métastases pulmonaires.
Syndrome paranéoplasique
Un syndrome paranéoplasique résulte de la sécrétion autonome d’hormones par certaines tumeurs testiculaires et leurs métastases. Les deux principaux syndromes observés sont associés à la production d’œstrogènes (hyperœstrogénisme) ou de testostérone (hyperandrogénisme).
HYPERANDROGÉNISME
L’hyperandrogénisme reste rare et est principalement associé aux leydigomes. Il se traduit par l’apparition de lésions hormono-dépendantes telles que des affections prostatiques non tumorales ou des hernies périnéales. Les glandes hépatoïdes répondent également à la stimulation androgénique sous forme de lésions d’hyperplasie nodulaire ou d’adénomes dont la localisation n’est pas limitée à la région péri-anale (“circumanalome”) (photo 2). Ceux-ci peuvent en effet se développer sur des glandes hépatoïdes ectopiques, principalement en région supra-caudale, le long de la ligne médiane du dos ou autour du prépuce . Une dépilation des glandes supra-caudales est aussi parfois observée en cas d’adénite secondaire à une infection bactérienne ou fongique.
HYPERŒSTROGÉNISME
Un hyperœstrogénisme conduit à suspecter une tumeur testiculaire sécrétante, notamment un sertolinome, mais un leydigome est également possible.
L’hyperœstrogénisme se traduit par :
– un syndrome de féminisation caractérisé par une disparition de la libido, l’attirance d’autres mâles, un fourreau pendulaire consécutif à une diminution de la taille de la verge et le développement du tissu mammaire (gynécomastie), parfois lié à une sécrétion de lait (galactorrhée) (photos 3a et 3b) ;
– un pelage plus sec et fragile, avec une alopécie symétrique non prurigineuse d’installation progressive et dont la topographie correspond à la densité en récepteurs aux œstrogènes. Ainsi, l’alopécie débute souvent en région périnéale pour s’étendre progressivement sur le dos, l’abdomen, les flancs, le périnée et la partie caudale des membres postérieurs. L’hyperpigmentation de la ligne moyenne du prépuce est également très caractéristique (photos 4a à 4c) ;
– une hypoplasie ou une aplasie médullaireavec épuisement des lignées cellulaires sanguines sous l’action myélotoxique des œstrogènes. Cliniquement, elle se traduit par des signes d’anémie non régénérative et d’immunodépression (un abattement, une pâleur des muqueuses, des pétéchies, une épistaxis, une hématémèse, un méléna et une hématurie) ;
– une métaplasie squameuse de laprostate, qui peut augmenter le risque d’affections prostatiques (prostatite, abcès, kystes, etc.) ;
– une subfertilité ou une infertilité acquises .
3 Démarche diagnostique
L’approche diagnostique reste avant tout clinique. L’intérêt des examens d’imagerie et de l’évaluation des capacités fonctionnelles est de déterminer le type de tumeur testiculaire et de réaliser un bilan d’extension (figure). Néanmoins, seule l’analyse histologique du testicule permet d’établir le diagnostic de certitude.
Examens d’imagerie
L’échographieest l’examen de choix pour confirmer la présence d’une tumeur testiculaire. Le testicule tumoral est souvent de taille augmentée, de forme ronde ou ovale, avec un contour irrégulier dans la plupart des cas et un parenchyme hétérogène. L’examen du testicule en Doppler couleur permet d’apprécier la néovascularisation tumorale. Cependant, les images échographiques sont variables et la nature histologique ne peut être évaluée avec certitude sur le seul aspect échographique . Malgré cela, les séminomes et les leydigomes sont souvent décrits comme un ou plusieurs nodules de petite taille et bien délimités (photo 5). En revanche, les sertolinomes sont le plus souvent uniques, d’aspect hétérogène, et peuvent être entourés, ou non, d’une capsule hyperéchogène de contours irréguliers (photo 6) .
Évaluation des capacités sécrétantes des tumeurs testiculaires
La mise en évidence de capacités hormono-sécrétrices oriente le diagnostic sur la nature histologique de la tumeur. De plus, la détection d’un hyperœstrogénisme ou d’une sécrétion d’androgènes permet d’établir un lien entre les signes cliniques du syndrome paranéoplasique et la tumeur testiculaire.
DIAGNOSTIC D’UN HYPERœSTROGÉNISME
L’imprégnation œstrogénique est à explorer systématiquement face à toute tumeur testiculaire, surtout si le chien présente un syndrome de féminisation (encadré).
Le frottis préputial est une méthode simple, rapide et peu onéreuse. Grellet et coll. considèrent qu’un frottis préputial est kératinisé en présence de plus de 20 % de cellules superficielles (photos 7a à 7c) . Dans cette étude, une hyperœstradiolémie et une kératinisation étaient associées chez 3 chiens sur 5 atteints par une tumeur testiculaire .
Le dosage de 17-β-œstradiol peut être quantifié, mais il n’a que peu d’intérêt en pratique. il est à réserver aux cas douteux où le frottis ne permet pas d’exclure une kératinisation et une sécrétion anormale d’œstrogènes. De plus, des cas de chiens atteints de syndrome de féminisation sans hyperœstradiolémie associée ont été décrits. Cela est probablement lié à la difficulté de doser des œstrogènes autres que le 17-β-œstradiol .
DIAGNOSTIC D’UN HYPOGONADISME
La testostéronémie est souvent modifiée chez les chiens atteints d’une tumeur testiculaire. En raison de sa sécrétion pulsatile au cours de la journée, elle ne peut être évaluée que par un test de stimulation (tableau 2).
La moitié des chiens atteints d’une tumeur testiculaire présentent une hypotestostéronémie, qui engendre un hypogonadisme . Néanmoins, des valeurs normales sont retrouvées dans les autres cas. Une concentration plasmatique de testostérone anormalement élevée n’est pas interprétable, sauf si l’animal présente des signes cliniques compatibles avec un hyperandrogénisme.
DIAGNOSTIC D’UNE SÉCRÉTION ANORMALE DE PROGESTÉRONE
La progestérone est un précurseur de la testostérone synthétisée par les cellules de Leydig. Dans des conditions physiologiques, un faible taux de progestérone sanguine est retrouvé. Néanmoins, le dosage de la progestéronémie peut être utilisé comme un marqueur de la présence d’une tumeur testiculaire car certaines tumeurs, comme les sertolinomes, peuvent sécréter un taux significativement élevé de progestérone .
Cytoponction testiculaire
Une aspiration à l’aiguille fine de 23 G peut être pratiquée afin d’établir un diagnostic cytologique. Masserdotti et coll. indiquent une sensibilité supérieure à 88 % et une spécificité de 100 % pour l’appréciation du type tumoral . La fiabilité de cet examen dépend de la qualité des prélèvements, mais aussi de leur représentativité. En présence de tumeurs multiples, les plus petites lésions sont probablement sous-diagnostiquées. De plus, contrairement à l’examen histologique, l’analyse cytologique ne permet pas d’apprécier le degré d’infiltration des tissus ou la présence d’emboles tumoraux, qui sont souvent les seuls signes de malignité lors de tumeur testiculaire. Une confirmation par un examen histologique est donc toujours recommandée.
4 Bilan lésionnel précastration
La démarche diagnostique doit être complétée par un bilan d’extension et la recherche d’une insuffisance médullaire chez les chiens présentant des signes d’imprégnation œstrogénique. Les performances reproductrices sont à évaluer chez les animaux plus jeunes destinés à la reproduction, pour lesquels une hémicastration est souhaitée. Un spermocytogramme pré- et postopératoire (à court et long terme) permet de contrôler l’évolution de la qualité de la semence une fois l’hémicastration réalisée.
Recherche de métastases
Le foie, la rate et les nœuds lymphatiques locorégionaux inguinaux, iliaques médiaux et lombo-aortiques sont à échographier systématiquement. Ils sont augmentés en taille, hypoéchogènes et de forme ronde, et non ovale, en cas d’infiltration métastatique, voire de réaction inflammatoire à rapprocher de la tumeur testiculaire . Les nœuds lymphatiques métastatiques localisés dans l’abdomen envahissent parfois l’aorte ou la veine cave caudale. En cas de doute sur la dissémination métastatique, un examen tomodensitométrique (scanner) peut être envisagé.
Si la tumeur est sécrétante, la prostate est modifiée sous l’influence des hormones sexuelles. Sa taille peut être augmentée en cas d’hyperplasie bénigne ou diminuée lors de métaplasie squameuse liée à l’imprégnation œstrogénique. Son parenchyme présente parfois des kystes ou des plages hyperéchogènes, ce qui suggère une prostatite.
Le faible pouvoir métastatique incite à réserver les clichés radiographiques thoraciques (recherche de métastases pulmonaires) aux cas où ces tumeurs sont associées à une adénopathie satellite et lors de suspicion de sertolinome (présence d’un syndrome de féminisation, par exemple).
Exploration d’une insuffisance médullaire
La myélotoxicité liée à un hyperœstrogénisme peut concerner toutes les lignées sanguines. Sur la numération et la formule sanguines, l’insuffisance médullairese traduit par une anémie arégénérative, une leucopénie et une trombocytopénie. Un diagnostic de pancytopénie sévère correspond à un hématocrite inférieur à 19 %, à une numération leucocytaire inférieure à 2 000 cellules/ml et à une numération plaquettaire inférieure à 25 000 plaquettes/ml .
Évaluation des performances reproductrices
Le spermocytogramme est intéressant avant une hémicastration chez un chien reproducteur. Bien que la semence puisse s’améliorer après la récupération du contrôle de l’axe gonadotrope, le spermocytogramme permet d’avancer un pronostic et de conseiller une congélation du sperme avant la castration, si la qualité de l’éjaculat l’autorise.
Conclusion
Le diagnostic d’une tumeur testiculaire est souvent établi au moment de l’examen clinique. Néanmoins, des examens complémentaires, destinés à évaluer la présence de métastases ou à explorer les complications liées à une sécrétion hormonale, sont incontournables. Ils permettent d’émettre un pronostic et de décider d’un éventuel traitement chimiothérapique après la castration.
Références
Conflit d’intérêts
Aucun.
ENCADRÉ
Diagnostic différentiel de l’hyperœstrogénisme
Les sertolinomes sont la cause principale de l’imprégnation œstrogénique chez le chien mâle. Néanmoins, des leydigomes ont aussi été diagnostiqués . Le mécanisme est méconnu, mais l’hypothèse la plus probable est que les cellules de Sertoli du parenchyme testiculaire sain autour du leydigome sont capables de transformer la testostérone en œstrogènes .
En théorie, un apport en œstrogènes d’origine exogène peut être observé chez des chiens de petite taille lorsque leur propriétaire reçoit une supplémentation topique par des crèmes œstrogéniques appliquées sur les bras. Une contamination de la nourriture par des mycotoxines avec capacité œstrogénique est également envisageable, bien que cette hypothèse soit peu probable chez le chien.
Un trouble cortico-surrénalien (hyper- ou hypocorticisme), particulièrement dans les cas d’hypercorticisme atypique, entraîne une augmentation de l’œstradiolémie due à l’aromatisation des précurseurs du cortisol .
Un hypogonadisme testiculaire idiopathique, dû à une dégénérescence testiculaire ou secondaire à une hypothyroïdie, conduit à une hyperœstradiolémie. Celle-ci est liée à une élévation de l’aromatisation des androgènes en œstrogènes, à la place de la sécrétion de testostérone chez les vieux chiens .
La cryptorchidie chez le chien ou le chiot : causes, symptômes, traitement
La cryptorchidie ou monorchidie est une maladie du chien ou du chiot, le plus souvent d’origine héréditaire, qui touche uniquement les mâles, puisqu’il s’agit d’un handicap concernant les testicules. Si, à première vue, cela peut sembler sans grande incidence, ce handicap peut, sur le long terme, entrainer de graves conséquences si la maladie n’est pas traitée. Il est donc important de s’informer à ce sujet pour pouvoir agir au mieux.
Qu’est ce que la cryptorchidie chez le chien ? Quels sont ses symptômes ?
La cryptorchidie canine est un handicap qui touche les mâles, empêchant les testicules de descendre dans les bourses. Normalement ils descendent à l’âge de dix jours environ en passant par le canal inguinal, mais il se peut qu’ils ne descendent pas, ce qui est appelé la cryptorchidie canine. Il en existe deux types :
- cryptorchidie : lorsqu’aucun des deux testicules n’est descendu dans les bourses,
- monorchidie : lorsqu’un seul des deux testicules est descendu dans les bourses.
La cryptorchidie ou la monorchidie ne sont détectables par le vétérinaire qu’à l’âge de trois mois seulement, par palpation ; les testicules étant trop petits pour être sentis avant cette âge.
Les conséquences de la cryptorchidie chez le chien
Même si le problème peut paraître bénin, en réalité il n’en est rien, puisque cela provoque des troubles physiques et comportementaux chez le chien :
- en cas de cryptorchidie, les testicules du chien ne produiront pas de spermatozoïdes, ce qui empêche irrémédiablement le chien de se reproduire. En d’autres termes, il sera stérile. La monorchidie en revanche, n’empêche pas le chien de se reproduire, puisque son unique testicule présent dans ses bourses produira des spermatozoïdes,
- les testicules qui ne sont pas descendus, même s’ils ne produisent pas de spermatozoïdes, produisent tout de même de la testostérone, et parfois en excès. Le comportement du chien en sera donc changé, puisqu’on remarquera une agressivité accrue, notamment envers les autres mâles, ainsi qu’une hausse de la libido.
- les testicules non descendus continueront à se développer dans l’abdomen, ce qui provoquera des dérèglements hormonaux qui aboutiront souvent à de graves problèmes de santé, comme des tumeurs testiculaires, qui peuvent malheureusement parfois être à l’origine d’un cancer généralisé.
- dans certains cas, la cryptorchidie est accompagnée de diverses anomalies touchant le pénis du chien.
Les causes de la cryptorchidie chez le chien
Il a été prouvé par des études scientifiques que la cryptorchidie canine est un trouble héréditaire d’origine génétique, on ignore encore quel gène précisément provoque ce handicap.
Il faudra donc vous renseigner auprès de l’éleveur chez qui vous adopterez un chiot, concernant une potentielle cryptorchidie touchant le père du jeune chien, ou même des générations antérieures, pour éviter au maximum un chien cryptorchidique (dans le cas ou vous ne souhaiteriez pas gérer ce genre de problème).
Les traitements de la cryptorchidie chez le chien
Avant d’envisager un potentiel traitement, il est important de savoir que les testicules d’un chien qui ne sont pas descendus peuvent le faire de façon plus tardive. En effet, même s’ils descendent en moyenne vers l’âge de dix jours, cela peut aussi être vers l’âge de deux mois, jusqu’à six mois au grand maximum. Au delà, si l’un ou les deux testicules ne sont pas descendus, le chien sera officiellement cryptorchidique ou monorchidique.
Concernant le traitement en lui même, beaucoup d’expérimentations ont été entreprises pour faire descendre le ou les testicules manquants : traitements hormonaux, traitement par chirurgie, mais aucun n’a été réellement efficace. Soit les testicules ont fini par remonter, soit des nécroses se sont formées.
Une méthode cependant, bien qu’elle ne soit pas efficace dans tout les cas, peut fonctionner si le ou les testicules ne sont pas loin des bourses. Il s’agit d’une sorte de massage par traction douce, qu’il faut répéter plusieurs fois par jour pour potentiellement faire descendre ce qui manque. Bien que cette technique soit plutôt rebutante, elle n’en reste pas moins efficace dans certains cas.
Si cette dernière méthode n’a pas fonctionné et qu’à l’âge de six mois aucun testicule n’est descendu, il faudra alors envisager l’opération de stérilisation. Réalisable dès l’âge de dix mois, cette opération consiste tout simplement, comme une stérilisation standard, à retirer les deux testicules. Cela préviendra de potentielles tumeurs testiculaires, et empêchera les excès de production de testostérone, évitant ainsi de potentiels changements d’humeurs du chien.
Quels sont les symptômes du cancer du testicule ?
Les réponses avec le Pr. François Desgrandchamps, urologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris) :
« La douleur est très rare pour un cancer du testicule. Il s’agit d’une région où la peau se distend très facilement. Il n’y a donc pas de traction, de tension. Il n’y a aucune douleur, sauf quand à l’intérieur de la tumeur, quelque chose saigne. À ce moment-là, il y a une tension brutale sur les tissus. Sinon cela se fait très progressivement, et seule la palpation permet de déceler les premiers signes. C’est vraiment le message principal qu’il faut faire passer. C’est l’autopalpation qui va permettre de sentir à l’intérieur du testicule quelque chose de dur. En moyenne, il y a 6 mois de retard entre le moment où la personne sent une anomalie dans le testicule et le moment où l’homme ose aller consulter.
« Toute bosse n’est pas un cancer. La tuméfaction la plus fréquente dans le testicule, ou autour du testicule, est le kyste de l’épididyme qui est en fait une poche de liquide, ou l’hydrocèle qui est encore plus fréquent. Il s’agit de liquide autour du testicule complètement bénin. L’examen qui permet de le confirmer est une échographie. La palpation permettra également à un urologue de distinguer des choses. L’échographie fait le diagnostic, si le nodule est dans le testicule, c’est un cancer jusqu’à preuve du contraire. Si au contraire le nodule est à côté du testicule, à l’intérieur de la peau de la bourse, mais pas dans le testicule, c’est bénin. Il s’agit alors soit d’un kyste sur l’épididyme, soit de l’eau que l’on appelle hydrocèle. Il ne faut pas attendre plusieurs années avant de consulter. En moyenne il y a 6 mois de retard.
« Le passage chez le médecin généraliste est souvent suffisant. Le généraliste va examiner le patient, et va demander l’échographie qui va permettre de déterminer la gravité. Si c’est le testicule alors c’est dangereux. Si c’est en dehors du testicule mais dans la bourse, c’est le plus souvent bénin.
« Pour les sensations de chaleur, ce n’est pas du tout un signe. Pour les sensations de chaleur, il n’y a pas de cause particulière. »
En savoir plus
Dossier :
- Cancer du testicule, priorité au dépistage
Questions/réponses :
- Est-ce que la masturbation peut causer le cancer des testicules ?
Voir la réponse en vidéo*
- J’ai été opéré à l’âge de 14 ans d’une hydrocèle. Est-ce un début de cancer ?
Voir la réponse en vidéo*
- Mon mari a eu un cancer du testicule il y a deux ans. Est-ce qu’il peut y avoir récidive ?
Mon ami a eu un cancer du testicule, l’autre testicule a des calcifications. Pourrons nous avoir des enfants ?
Voir la réponse en vidéo*
* Les réponses avec le Pr. François Desgrandchamps, urologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris)
Si la plupart des mammifères en sont dotés, les hommes sont dénués d’os pénien. Une absence qui pourrait s’expliquer par la monogamie et la (trop grande) rapidité de l’acte sexuel, selon une nouvelle étude.
Mais pourquoi l’Homme n’a-t-il plus d’os pénien? La question, très sérieuse, agite la communauté scientifique depuis des dizaines d’années. Et pour cause, le baculum -son petit nom scientifique-, est présent chez de nombreux mammifères. Le chat en est équipé, le chien aussi, tout comme le rat, le raton-laveur, le morse ainsi que nos « cousins » les chimpanzés et les gorilles. L’Homme, lui, en est dénué.
Selon deux anthropologues de l’University College London, cette absence pourrait s’expliquer par la monogamie et la (trop courte) durée de relations sexuelles humaines. Dans leur étude repérée par The Guardianet publiée par la britannique Royal Society , les deux scientifiques expliquent avoir retracé l’histoire de l’os pénien depuis son apparition dans le règne animal, il y a environ 145 millions d’années.
Chez l’Homme, « la durée moyenne de l’acte est de moins de deux minutes »
Leur conclusion est que l’os pénien est « significativement plus allongé » chez les primates et les carnivores dont « l’intromission » est « prolongée », sous-entendu qu’il dure « plus de trois minutes ». Ce qui indique que « l’allongement de la taille du baculum au cours de l’histoire de l’évolution des mammifères était probablement déterminé par son utilité lors d’actes sexuels prolongés », soulignent-ils.
Pourquoi les hommes n’en seraient-ils pas pourvus? « Eh bien, ils n’entrent pas vraiment dans la catégorie des espèces dont l’intromission est prolongée, précise Matilda Brindle, l’une des auteurs de l’étude, sur The Conversation. La durée moyenne entre la pénétration et l’éjaculation, chez les hommes, est de moins de deux minutes ». Mais cela n’explique pas tout.
Plus la compétition est élevée, plus l’os pénien est utile
L’étude avance un autre facteur potentiel: les mammifères -et en particulier les primates- qui ont plusieurs partenaires sexuels et qui évoluent dans des systèmes d’accouplement polygames subissent « une compétition post-copulatoire très élevée ». En clair? La polygamie induit plus de concurrence pour les mâles puisqu’ils ne sont pas assurés de fertiliser à tous les coups les femelles -qui peuvent l’être ensuite par d’autres mâles.
Des chimpanzés sur « L’île aux singes », le 29 juin 2015.
afp.com/ZOOM DOSSO
Selon les deux scientifiques, un acte sexuel de « longue durée » est un moyen pour ces animaux d’augmenter leurs chances de fertiliser avec succès une femelle. « Prolonger l’intromission pourrait ainsi avoir pour fonction de retarder le prochain accouplement de la femelle, ce qui augmenterait les chances de fertilisation », précise l’étude.
Or l’os pénien fonctionne comme structure de « soutien » du pénis lors de pénétration prolongée, en protégeant l’urètre et en empêchant le pénis de se contracter. Mais aussi en « accrochant » la femelle pour l’empêcher de fuir ou s’assurer qu’un maximum de sperme arrive à destination, soulignait cet article du Monde. Bref, plus la compétition est élevée, plus l’os pénien est utile.
La goutte qui fait déborder le vase
Une compétition qui s’est affaiblie chez les humains il y a environ 1,9 million d’années, quand l’homo erectus est progressivement devenu monogame. En s’installant avec un seul partenaire, l’utilité du baculum de l’homme s’est faite de moins en moins ressentir, avancent les chercheurs. « On pense que c’est à cette période, quand le système d’accouplement a changé, que l’os pénien a disparu », confie Christopher Opie, le principal auteur de l’étude, au Guardian.
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« Le mâle humain fait (généralement) face à une très faible compétition sexuelle puisque les femelles s’accouplent (généralement) avec un seul d’entre eux à la fois. Il est possible que l’adoption de la monogamie ajoutée à la courte durée d’intromission de notre espèce aient été fatale au baculum », ajoute Matilda Brindle.
La fracture pénienne
La fracture pénienne correspond à la fracture du pénis (verge, …). Mais attention contrairement aux croyances populaires, l’homme ne possède pas d’os pénien. En effet seul certain animaux en possèdent, tels que les chiens…
Qu’est-ce donc la fracture de la verge ? Il s’agit en fait d’un déchirement des corps caverneux. Ces corps caverneux sont au nombre de deux et constituent avec le corps spongieux le corps de la verge. Cet accident se fait en temps normal lors de coïts très dynamiques, mais également lors de masturbations. La fracture de la verge reste tout de même exceptionnelle. Ne trouvez donc pas, messieurs, le prétexte du mal de tête pour refuser une avance de votre partenaire, par peur de perte de votre virilité.
Le déchirement des corps caverneux peut entraîner d’autres lésions comme celle de l’urètre (canal pénien transportant l’urine), ainsi que celle de l’albuginée (membrane entourant le corps de la verge et les testicules) qui peut être la cause d’une propagation de la zone hématique.
Après » craquement « , la verge est extrêmement douloureuse, tumescente et prend une couleur caractéristique témoignant de la présence d’hématomes au niveau des corps caverneux. Ceci entraîne une miction difficile et douloureuse.
Suite à cet incident, il est important de tout de suite appliquer de la glace, et à moyen terme, l’individu devra maintenir un état de repos sexuel. Une intervention médicale est recommandée dans certaine conditions. Dans 10% des cas on observe un risque de déformation pénienne avec difficulté d’érection, et ceci dû à des cicatrisations discontinue des corps caverneux.
Quelles sont les conséquences d’une testicule ectopique chez le chien ?
Les animaux atteints de cryptorchidie bilatérale sont habituellement stériles, car les testicules en position intra-abdominale ne sont pas capables de produire des spermatozoïdes » fonctionnels « . Cependant, la production de testostérone est maintenue.
Les animaux atteints de cryptorchidie unilatérale sont fertiles, mais dans une moindre mesure que les animaux » normaux « . Ces patients ont un taux de testostérone moins important, moins de libido, une fonction érectile moins importante, un éjaculat de plus faible quantité, et des spermatozoïdes moins » fonctionnels « . De plus, la présence d’un testicule ectopique peut avoir une influence négative sur la fonctionnalité du testicule en place.
Les complications liées à la cryptorchidie sont essentiellement associées au risque de dégénérescence tumorale et de torsion testiculaire, à l’origine de douleurs abdominales d’apparition brutale et importantes. Le risque de développement tumoral sur un testicule ectopique est d’environ 10% chez le chien. Le risque d’apparition d’une tumeur testiculaire chez les chiens atteints de cryptorchidie est selon les auteurs de 9,2 à 13,6 fois plus élevé.
Comment établir un diagnostic d’une testicule ectopique chez le chien ?
En théorie, les testicules doivent être complètement descendus dès 30 à 40 jours après la naissance. Cependant, des variabilités raciales existent, et une descente prolongée est rapportée dans certaines races. C’est pourquoi il est considéré qu’un diagnostic définitif de cryptorchidie ne peut se faire qu’à partir de 6 mois de vie.
Localiser un testicule non descendu peut s’avérer difficile. Lorsqu’il se trouve en position inguinale ou pré-scrotale, une palpation manuelle de la zone peut permettre de le mettre en évidence. Sinon, une échographie de l’abdomen permet le plus souvent de le localiser. Lorsque les 2 testicules ne sont pas descendus, il peut être utile de réaliser des dosages hormonaux afin de différencier une cryptorchidie bilatérale d’une anorchie(absence de développement des 2 testicules).
La cryptorchidie en laparoscopie chez le Chien et le Chat
Ecrit par [email protected] sur 22 février 2019. Publié dans Articles de Chirurgie, Articles Dr. Libermann, Articles Dr. Ployart, Articles scientifiques, Nouvel article, Nouvelles publications, Publications, Système reproducteur
Sommaire
- La cryptorchidie est une des anomalies de développement les plus communes chez les animaux de compagnie.
- En cas de position intra-abdominale, le ou les testicule(s) peu(ven)t être retiré(s) par laparoscopie.
- Cette technique permet un abord minimal de la cavité abdominale ainsi qu’une bonne visualisation de la localisation testiculaire.
Auteurs : Drs. S. Ployart et S. Libermann 13-11-2010
Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux.
E-mail : [email protected]
Cet article a été publié dans : PratiqueVet (2010) 45 : p 698-700
Objectifs pédagogiques
- Préciser les indications et les avantages de la laparoscopie dans le traitement de la cryptorchidie chez le Chien et le Chat.
- Connaître la technique opératoire.
Crédit de formation continue
La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC.
La cryptorchidie ou ectopie testiculaire est une anomalie congénitale dans laquelle un ou les deux testicule(s) ne migre(nt) pas en position scrotale. Chez le Chien, la prévalence de la cryptorchidie est de 0,8 % à 10 % .
Le ou les testicule(s) est (sont) généralement atrophié(s) et situé(s) en position inguinale, inguino-scrotale ou abdominale.
Dans 80 % des cas, l’affection est unilatérale et le plus souvent à droite.
Les races de petite taille (Yorkshire terrier, Caniche, Chihuahua) sont prédisposées, avec une origine génétique probable.
Un testicule ectopique a 13,6 fois plus de risque de tumoriser et plus de risque de torsion, lors de position abdominale, qu’un testicule sain.
Le traitement le plus efficace est la castration .
En cas de position inguinale ou inguino-scrotale, le site chirurgical se situe en regard du testicule, mais en cas de position abdominale, une castration assistée par laparoscopie peut être réalisée.
Photo 1 – Position des canules
Noter, dans ce cas, la présence à gauche d’un testicule inguinal (flèche).
Photo 2
Visualisation laparoscopique du testicule abdominal à droite de la vessie.
Photo 3
Préhension du testicule par une pince de Babcock.
Photo 4
Extraction du testicule au niveau du site d’insertion du canal instrumental.
Photo 5
Vue laparoscopique du pédicule vasculaire et du canal.
Photo 6 – Vue post-opératoire
Noter la taille des plaies entre 0,5 et 1 cm. déférent s’enfonçant dans le canal inguinal.
Description de la technique
Le matériel se compose d’une colonne de cœlioscopie comprenant un insufflateur, une source de lumière froide, une caméra et une optique, un écran moniteur et deux trocarts qui serviront de portes optique et instrumentale.
Préparation et positionnement de l’animal
L’animal est préparé comme pour une laparotomie ; la vessie est préalablement vidangée par taxis.
L’animal est placé en décubitus dorsal, sur un plan légèrement incliné, avec la tête en position déclive pour refouler les organes crânialement (position de Trendelenburg).
La possibilité de basculer l’animal de 20° latéralement facilite la localisation des testicules sur les animaux obèses.
Technique chirurgicale
Une première canule est placée à 2-3 cm (1 cm chez le Chat) en avant de l’ombilic (Photo 1). Elle permet l’insertion de l’optique et l’insufflation de la cavité abdominale avec du gaz carbonique à une pression de 12 mmHg.
Une canule instrumentale est ensuite insérée sur la ligne blanche en regard du testicule abdominal, sous contrôle laparoscopique.
Une pince de Babcock permet de saisir le testicule et de le tracter hors de l’abdomen, avec éventuellement un élargissement du site d’insertion de la canule (Photos 3 et 4).
Une ou deux ligature(s) avec un fil résorbable tressé type polyglactine 2/0 est (sont) réalisée(s) sur le pédicule vasculaire ainsi qu’une ligature sur le canal déférent après extériorisation du testicule.
Le tissu sous-cutané et la peau sont refermés de façon conventionnelle.
En cas de cryptorchidie bilatérale
La procédure est identique jusqu’à la préhension d’un des deux testicules.
Le premier est alors approché du site d’insertion de la canule instrumentale. Un fil monté sur une aiguille courbe est utilisé pour traverser la paroi abdominale et le testicule sous contrôle laparoscopique ; le testicule est alors fixé provisoirement à quelques millimètres de la plaie.
Cette technique permet de conserver l’étanchéité abdominale pour la recherche du deuxième testicule. Celui-ci est extériorisé et ligaturé comme décrit plus haut. Le premier testicule peut alors être récupéré à l’aide d’une pince, juste en regard de la plaie abdominale.
Discussion
La castration chirurgicale lors de cryptorchidie est le traitement de choix pour deux raisons principales :
- d’une part, le risque de tumorisation du testicule ectopique est non-négligeable ;
- d’autre part, pour des raisons éthiques : un animal cryptorchide doit être stérilisé pour éviter sa reproduction et la pérennité de cette anomalie héréditaire.
Dans la technique usuelle, un testicule ectopique est retiré par laparotomie.
Une laparotomie oblige à une incision médiane ou paramédiane relativement étendue pour rechercher le testicule qui est mobile dans la cavité abdominale. Le recours à une mini-laparotomie avec un crochet à ovariectomie a été décrit.
Cependant, à cause de la faible visualisation des organes abdominaux, cette technique peut provoquer des lésions prostatiques, des avulsions urétrales ou des lésions urétérales . Compte tenu de ces complications potentielles importantes, cette technique a été abandonnée.
Apport de la laparoscopie
La laparoscopie permet une localisation aisée de la position testiculaire grâce à l’insufflation et à une excellente visualisation de l’abdomen..
L’utilisation d’une pince à préhension est efficace pour saisir le testicule ainsi que pour récliner certains organes lorsque celui-ci n’est pas visible.
En cas de doute sur la localisation des testicules, les canaux inguinaux sont observés :
- l’absence de canaux déférents et de pédicules vasculaires dans le canal signifie que le testicule est intra-abdominal ;
- la présence de ces structures signifie que le testicule est inguinal ou que l’animal est déjà castré (Photo 5).
En cas de position inguinale, une légère traction permet de le placer dans l’abdomen et de continuer la procédure. Dans le cas inverse, la procédure est avortée et le testicule est recherché en position inguinale avec un abord classique.
Lorsque le testicule inguinal est de petite taille ou que l’animal présente un embonpoint important, il est fréquent qu’il n’ait pas été identifié. La laparoscopie permet dans ce cas d’éviter une laparotomie inutile.
Le choix de la position du canal opérateur est capital
Dans la plupart des cas, la longueur des pédicules vasculaires et du canal épendymaire permet d’extérioriser les testicules pour réaliser les sutures de manière plus aisée.
Pour cette raison, le choix de la position du canal opérateur est capital : celui-ci est inséré en regard du testicule pour faciliter son extraction.
De même, la perte de la pression d’insufflation au moment de cette extraction permet une meilleure exposition des structures vasculaires et spermatiques.
Lorsque cette extériorisation est impossible, plusieurs techniques permettent de réaliser la section intra-abdominale des pédicules.
L’électrocoagulation doit être réservée au canal déférent, la mise en place d’une ligature par un canal opérateur secondaire (nœud de Roeder, Endoloop®) ou la pose d’un clip vasculaire doit être préférée pour assurer l’hémostase vasculaire .
Ces techniques nécessitent néanmoins la pose d’un canal opérateur supplémentaire.
La technique décrite ici possède tous les avantages de la chirurgie mini-invasive (Photo 6). La douleur péri- et post-opératoire est moindre et la durée d’hospitalisation diminuée.
Le temps opératoire pour un chirurgien expérimenté est équivalent à celui d’une laparotomie classique mais la reconstruction abdominale est considérablement diminuée .
Mémo
- La laparoscopie permet de localiser aisément un testicule ectopique et facilite son exérèse.
- L’abord minimal de la cavité abdominale permet de réduire la douleur postopératoire et le risque de complications (sepsis, hernie, cicatrice).
Vétérinaire – Clinique vétérinaire Patton – 233 Avenue Général Georges Patton – 35000 Rennes – 02 99 38 94 79
L’ectopie testiculaire correspond à une position anormale d’un ou des deux testicules. Le chien peut être cryptorchide (aucun des testicules n’est présent dans les bourses) ou monorchide (un seul des testicules est en place).
Un peu d’anatomie
Chez le fœtus, les testicules se forment dans l’abdomen, en région lombaire, près des reins, puis au cours de la gestation, ils migrent et sortent de l’abdomen à travers l’anneau inguinal. Ils se déplacent ensuite sous la peau jusqu’à leur position définitive – dans les bourses – en général au plus tard 6 à 10 jours après la naissance. Compte-tenu du parcours, le ou les testicule(s) peu(ven)t se retrouver coincé(s) à divers niveaux : dans l’abdomen près des reins, sous ou dans l’anneau inguinal, ou sous la peau à proximité (mais en dehors) des bourses.
En pratique, on ne parle d’ectopie testiculaire qu’à partir de l’âge de 2 mois environ, mais on se donne souvent un peu de temps, et on refait un contrôle vers l’âge de 4 mois. Si à cette période, un (ou les deux) testicule(s) manquent toujours à l’appel, l’ectopie testiculaire est considérée comme définitive.
À quoi cela est-il dû ?
La descente des testicules dans le scrotum est liée à des facteurs génétiques et hormonaux (influence de la testostérone). Même si la nature exacte de l’anomalie génétique est inconnue, il existe un caractère familial de l’ectopie testiculaire. Certaines races sont prédisposées : Berger Allemand, Bulldog Anglais, Caniche, Chihuahua, Teckel, Yorkshire, Husky, Schnauzer nain…
En quoi est-ce gênant ?
◘ Pour des raisons médicales :
• Les spermatozoïdes ont besoin, pour se développer et être » performants « , d’une température inférieure d’au moins un degré à celle du corps (environ 38,5 °C chez le chien). Si les deux testicules sont restés dans l’abdomen, le chien est stérile. Pour les monorchides, la reproduction est possible (puisqu’un testicule est à bonne température !), mais déconseillée (voir ci-dessous).
• Autre raison médicale non négligeable : le testicule ectopique présente un risque 12 à 15 fois supérieur de développer une tumeur par rapport à un testicule normalement descendu, tumeur qui aura tendance à métastaser. Le risque de torsion testiculaire est également accru sur les testicules ectopiques.
◘ Pour des raisons réglementaires : l’ectopie testiculaire étant souvent familiale, un chiot de race avec certificat de naissance, mais souffrant de cette anomalie, ne pourra pas être confirmé, ne pourra pas participer à des expositions, et ne pourra pas se reproduire » officiellement « .
NB : l’ectopie testiculaire n’est un vice rédhibitoire que sur les chiens de plus de 6 mois, avec un délai de rédhibition de 30 jours (loi du 22/06/1989).
◘ Pour des raisons génétiques : il s’agit d’une anomalie transmissible à la descendance, du moins pour les chiens qui ne sont pas stériles !
Que faire si votre chien présente une ectopie testiculaire ?
En pratique, si l’on découvre une ectopie testiculaire sur un chiot lors de sa première visite chez le vétérinaire : pas de panique ! La première chose à faire est d’attendre, et de voir à la visite suivante. Toutefois, si le chiot est un chiot de race avec certificat de naissance, il est nécessaire de prévenir rapidement le vendeur.
Un traitement hormonal peut être tenté, mais généralement sans grand succès. D’autant qu’il s’agit d’une tricherie, dans la mesure où l’on pourra être amené à considérer comme normal un chien présentant un défaut d’origine génétique…
Si à six mois, rien n’a changé, on peut se dire que cela ne bougera plus. Dans ce cas, le seul traitement possible consiste en l’exérèse chirurgicale du ou des testicules ectopiques. Il faudra parfois avoir recours à l’échographie pour localiser précisément le testicule ectopique, souvent atrophié et difficile à trouver s’il est dans l’abdomen.
La castration – si possible avant la fin de la première année – évitera la tumorisation ultérieure, et empêchera la propagation de l’anomalie si le chien n’est pas totalement stérile. À ce propos, il sera bon d’écarter de la reproduction non seulement le chien atteint d’ectopie testiculaire, mais aussi ses parents (père et mère) ainsi que ses frères et sœurs…
Enfin, il faudra se montrer vigilant quant à une éventuelle prise de poids après la castration.