« Grumpy cat » aux Friskies awards, à New York, le 15 octobre 2013 (D.CALLISTER/SIPA)
Pour comprendre pourquoi le chat nous prend pour un gros félin un peu débile, il faut rappeler son histoire et le replacer dans son contexte : c’est un animal forestier, solitaire et nocturne.
Il y a environ 7000 ans, le chat s’est approché de nos campements. Attiré par les souris qui se nourrissaient de graines conservées dans nos réserves, il a peu à peu colonisé nos habitations. C’est ainsi qu’il a été ensuite intronisé dans nos demeures tel un roi, non plus pour son utilité, mais pour sa compagnie et sa beauté.
Nous sommes assez stupides pour lui donner à manger
Nous avons alors commencé à le nourrir alors que celui-ci était habitué à chasser. Auto-domestiqué, de fait, le chat n’a pu évoluer aussi vite que l’humain le souhaitait.
Il souffre d’un complexe infantile qui fait que nous sommes à ses yeux à la fois ses parents et ses enfants. Son instinct primordial de chasseur est resté intact. Cette habitude est décuplée par son instinct maternel.
Constamment tiraillé entre le sauvage qui persiste en lui et l’infantilisation que nous avons engendrée, le chat amène des souris pour nous apprendre à chasser. Devant notre peu d’intérêt, voire notre dégoût, il abandonne souvent sa proie et repart vers « notre » gamelle, l’air consterné. Le fait que l’on ne s’intéresse guère à ses trophées est incompréhensible pour lui, d’où le fait qu’il nous trouve quelque peu « débile » : nous ne savons pas capturer de proies, ignorons ses leçons, et sommes assez stupides pour lui donner à manger !
Le chien a des maîtres, le chat des esclaves
C’est très différent du chien, qui, domestiqué il y a plus de 10.000 ans, s’est adapté plus facilement. En effet, c’est un animal très sociable, aimant la meute, très polymorphe. Il est donc beaucoup plus malléable
L’attitude des chats est plus singulière. Par exemple, si l’on retire la gamelle d’un chien, il grogne. Le chat l’accepte mieux. Individualiste, il n’a pas d’idée de partage, il ira chasser. En résumé on a l’habitude de définir ainsi leur différence : le chien a des maîtres, le chat des esclaves.
Le chat somnole le jour et vit la nuit, pendant que nous dormons, cachés dans des lits. Il a une meilleure vision nocturne que nous, une vision différente des couleurs et du relief, une meilleure audition entre autres dans les ultrasons, un toucher exceptionnel grâce aux vibrisses qui constituent ses moustaches. Il a par ailleurs un cerveau dont les aires olfactives, auditives ou visuelles sont différentes de nous. Vivant dans un monde sensoriel différent, il a bien du mal à comprendre nos réactions.
Il ne comprend pas notre monde social
De la même façon, le chat cherche depuis des années à communiquer avec les humains en miaulant, ce qu’il ne fait pas dans la nature. Évidemment, nos réponses, silences ou expressions, lui restent incompréhensibles. S’il s’est habitué petit à petit à notre voix, il « considère » nos propos comme des babillages inconséquents.
Le fait que nous les caressions présente certes pour eux un côté rassurant, mais les chats sont vite ramenés à leur instinct. S’ils nous donnent des coups de tête, c’est uniquement pour nous marquer avec leurs phéromones. Et quand ils se lèchent, c’est pour enlever l’odeur que nous avons laissée sur eux.
Pour ce projet (initialement publié sur mydeals.com) Nickolay Lamm a consulté plusieurs experts: Kerry L. Ketring de la Clinique de la vision animale, le docteur DJ Haeussler de l’Institut de la vision animale et la section Ophtalmologie de l’Ecole vétérinaire de Penn.
Contacté par Le HuffPost, Nickolay Lamm a fait la liste des caractéristiques à partir desquelles il a retouché ses images sur Photoshop:
- Les chats ont un champ de vision de 200 degrés, les hommes de 180 degrés.
- La vision périphérique des hommes est de 20 degrés de chaque côté, d’où le flou. Les chats, 30 degrés.
- Les chats voient 6 à 8 fois mieux que les hommes lorsque la luminosité est faible.
- Le spectre des couleurs que perçoivent les chats tourne autour du bleu et du vert avec des couleurs plutôt pastels.
- La membrane réflectrice derrière la rétine du chat lui permet d’avoir une excellente vision nocturne mais la vision de jour du félin n’est pas très performante: le chat a la capacité de voir et de suivre les mouvements rapides, mais perçoit moins de couleurs, moins de détails. L’humain voit dix fois mieux les mouvements lents que le félin.
Ce travail a reçu l’approbation de William Crumley de l’Ecole vétérinaire de Penn. « Ces images illustrent bien les différences de perception des couleurs, de résolution, les capacités de jour et de nuit qui distinguent la vision du chat de la notre », a déclaré l’expert en découvrant cette série de photos.
Vous pouvez donc continuer à regarder des vidéos de chats sur Internet… tout en ayant une idée précise de la vision que ces félins ont de leurs maîtres.
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Table des matières
- Les chats aiment leur maître, c’est prouvé
- Une étude cherche à savoir si les chats aiment leur maître
- Faut-il éduquer son chat ?
- Les chats reconnaissent-ils leur maître ?
- Les chats reconnaissent-ils leur maître grâce aux phéromones ?
- Le chat aime vivre avec son maître
- Sait-on comment les animaux voient en couleurs ?
- Les chats apprécient les humains bien plus qu’on ne le pense
- Mon chat pense-t-il ?
Les chats aiment leur maître, c’est prouvé
Je n’ai jamais trop compris les gens qui sont fan des chats. Je trouve ça très triste d’aimer quelqu’un qui ne t’aime pas en retour, ou qui du moins ne démontre pas son affection.
Que tu sois déjà convaincue que les chats aiment leur maître ou non, tu ne peux pas nier que la plupart d’entre eux se montrent relativement distants voire indifférents.
D’après la science cependant, le chat aurait un grand cœur, et tout cela ne serait en fait qu’une façade.
Une étude cherche à savoir si les chats aiment leur maître
Selon une étude menée par Current Biology, l’amour d’un chat pour son maître serait en fait similaire à celui d’un bébé pour ses parents ou d’un chien pour son maître.
L’étude consistait à mettre des chats deux minutes dans une pièce avec leur maître, puis de les laisser deux minutes seuls, et de les mettre de nouveau deux minutes avec leur maître.
Les scientifiques ont ensuite observé le comportement du chat lorsque son maître revient après l’avoir laissé un moment seul.
Deux types de comportements ont été détectés : les chats qui se sentent en sécurité, et les chats anxieux.
Un chat qui se sent en sécurité va dire bonjour à son maître, même brièvement, ou au moins rester un moment dans les environs.
Un chat anxieux va éviter son maître. Des signaux d’un chat peu à l’aise vont être par exemple le remuage de queue ou le léchage de babines.
L’étude révéle que 64% des chats étudiés étaient en confiance auprès de leurs maîtres. Il y a donc bel et bien une majorité de chats qui apprécie leur maître.
Cependant, ça laisse quand même 36% de chats qui n’aiment pas leur maître, voire les craignent.
Maintenant, je veux pas dire mais si cette étude montre que 64% des chats se sentent en sécurité auprès de leur humain, ça ne démontre pas non plus qu’ils lui portent un amour inconditionnel !
Les chats SONT donc capables d’aimer leurs maître autant que les chiens, ce qui ne veut pas dire que c’est le cas pour tous. Peut-être que ton chat à toi ne t’aime pas. Désolée.
Faut-il éduquer son chat ?
Honnêtement, j’a toujours pensé que le vrai problème des chats qui ont l’air de s’en foutre de leur maître, c’est leur éducation.
Pourquoi éduquer les chiens et pas les chats ? D’aucuns diraient :
PArce Qu’iLs sOnt iNdépEndAnTs-anh !
Cette réponse est selon moi l’excuse de quelqu’un qui a peu envie de s’occuper de son animal. Car si tu penses vraiment cela, je ne comprends guère l’intérêt d’en faire ta créature de compagnie.
Un chien a besoin de son maître, il déteste la solitude et sera tellement dépendant de toi que tu n’auras pas d’autre choix que de lui porter de l’attention et donc de l’éduquer.
Un chat, en revanche, sait à peu près se tenir de lui-même et se passe assez bien de l’humain (sauf quand il s’agit de se faire nourrir, évidement).
Mais comme un enfant, si tu n’éduques pas ton animal, il fera ce qu’il veut et ne te respectera pas.
Pourquoi je raconte tout ça ? Et bien tout simplement parce que je pense que pour voir l’amour que ton chat te porte, il faut lui en porter aussi.
Ce qui, selon moi, ne passe pas par de l’indifférence mais par une éducation de qualité !
J’aime tous les animaux, mais presque à chaque fois que je rencontre un chat, il me saoule. Puis je me rends compte que c’est parce qu’il n’a jamais vraiment été éduqué, tout ça à cause d’une vielle croyance disant que les chats » ça ne s’élève pas « .
À mon humble avis, si tu ne veux pas l’élever, mieux vaut ne pas l’adopter !
Et toi, tu penses que ton chat t’aime ou qu’il s’en fout ?
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Les chats reconnaissent-ils leur maître ?
Les chats reconnaissent-ils leur maître ? Cette question, qui pourrait paraître puérile, ne l’est pas tant que ça à bien y regarder ! Si le chat reconnaît son maître, comment fait-il et comment le savoir ?
Le chat réagit principalement aux odeurs. C’est la base même de son mode de communication. Ce que nous appelons odeurs sont d’ailleurs des phéromones, des substances émises pour s’orienter et agir en fonction de son environnement.
Les chats reconnaissent-ils leur maître grâce aux phéromones ?
Comme pour une empreinte digitale, chaque individu a une odeur, son empreinte olfactive.
Ainsi, chaque chat a sa propre empreinte, et chaque groupe crée une empreinte propre à ce clan, qui permettra à tous les individus de se reconnaître en se sentant (ce qui explique qu’au retour d’une visite vétérinaire, le groupe grogne sur le chat concerné).
Les bases étant posées, revenons à Félix. Les chats reconnaissent-ils vraiment leur maître ? Eh bien oui ! Et ce même des années plus tard. Il suffit au chat de sentir l’odeur enregistrée dans sa mémoire pour faire le lien. Un peu comme une madeleine de Proust, le souvenir revient avec l’odeur.
Évidemment, au quotidien, votre chat sait qui vous êtes. Odeur, voix, aspect physique, tous ces éléments permettent au chat de reconnaître son maître. D’ailleurs, ceux qui s’absentent de chez eux et parlent à distance avec Minet le savent bien.
Le chat aime vivre avec son maître
Un chat abandonné, ou dont le maître a disparu, le cherche longtemps. Bien entendu, les perturbations dans la routine du chat sont une des causes de ce passage à vide. Toutefois, le manque d’une personne aimée et bien connue engendre une certaine forme de tristesse qui va parfois jusqu’à la dépression. Il est donc évident que le chat reconnait son maître, peut-être pas dans un rapport maître animal, mais au moins dans une relation amicale.
Nous avons tous lu un de ces récits où un chat parcourt des centaines de kilomètres pour retrouver les siens. Il serait pourtant plus simple de se faire adopter par un nouveau maître !
A l’inverse, il arrive aussi qu’un chat n’estime plus son maître et va trouver refuge dans un autre foyer. On peut le récupérer 10 fois, 10 fois il repartira à la première occasion.
Ainsi, on comprend que le chat choisit de vivre avec son ou ses maîtres, et qu’on ne lui impose pas cette relation comme la notion de » maitre » peut l’impliquer.
En conclusion, les chats reconnaissent leurs maîtres et ne les oublient pas, même des années plus tard !
Marie-Hélène Bonnet
Comportementaliste du chat
Sait-on comment les animaux voient en couleurs ?
Que d’idées circulent sur la façon dont les animaux voient en couleurs ! Les chats et les chiens ne verraient pas en couleurs, les taureaux seraient excités par la couleur rouge, etc. Il n’en est rien ! Avec des expériences judicieuses, on sait tester dans certains cas la réaction des animaux aux couleurs qu’on leur présente. Il est en outre possible d’extraire les photorécepteurs de leur organe visuel et ainsi d’en recenser les types et de cerner les domaines de longueurs d’onde dans lesquels ils sont sensibles. Il est toutefois difficile d’avoir une idée précise de leur vision colorée, car la couleur est une sensation que procure le cerveau ; or, c’est avec notre cerveau et non avec le leur que nous évaluons la fonction visuelle des animaux. Ils n’ont pas la parole pour nous dire ce qu’ils voient ! La plus grande prudence s’impose donc.
Fig. 1. Les chats sont dichromates. Ils voient en couleurs sauf dans le domaine que nous, les humains, qualifions de rouge. © Bernard Valeur
Deux types de photorécepteurs au moins pour voir en couleurs
Un seul type de photorécepteur ne donne une information que sur l’intensité lumineuse globale dans le domaine de longueurs d’onde où il est sensible. Pour voir en couleurs, il faut donc au moins un deuxième type de photorécepteur produisant, à chaque longueur d’onde, un signal d’amplitude différente de celui du premier. C’est en comparant les deux signaux produits par les deux types de photorécepteurs que le cerveau génère une sensation différente à chaque longueur d’onde, sensation dite colorée. En effet, le rapport de ces signaux dépend de la longueur d’onde sans dépendre de l’intensité lumineuse.
Les vertébrés : di-, tri- ou tétrachromates1-3
Il est très probable que l’ancêtre commun à tous les vertébrés avait une vision tétrachromatique : sa rétine possédait quatre types de cône, photorécepteurs responsables de la vision colorée. Par la suite, les yeux ont évolué différemment selon les animaux compte tenu de leur mode de vie (diurne ou nocturne) et du milieu (terrestre, aquatique ou aérien) dans lequel ils vivent.
Ainsi, les oiseaux, de même que certains poissons osseux (téléostéens), possèdent quatre types de cône, comme à l’origine, et sont donc tétrachromates. En revanche, la plupart des mammifères ont perdu deux types de cônes et sont donc devenus dichromates. C’est pourquoi les chiens et les chats en particulier (Fig. 1) sont dichromates et ne possèdent pas de cônes sensibles dans le rouge. Il en est de même des taureaux : ce sont les mouvements qui les excitent et non pas la couleur rouge !
Concernant les grands primates, un mécanisme génétique a provoqué, il y a environ quarante millions d’années, le dédoublement du type de cône sensible aux longueurs d’onde moyennes. Ils sont devenus trichromates. Capables alors de voir le rouge et donc de le distinguer du vert, ils savaient choisir les fruits mûrs, qui sont rouges, et laisser de côté les fruits non encore mûrs, qui sont verts. Un avantage certain pour la survie de l’espèce, sur fond de sélection naturelle…
Faisant partie des primates, nous les humains sommes trichromates : notre rétine possède trois types de cône dénommés S, M, L. Les cônes M et L issus du dédoublement mentionné ci-dessus ont des maxima peu distants : à 530 et 560 nanomètres, correspondant respectivement au vert et au jaune-vert avec toutefois, pour le cône L, une sensibilité qui se prolonge jusque dans le rouge.
Notre vision colorée s’étend de 400 à 700 nanomètres environ (Fig. 2), tandis que celle des oiseaux se prolonge dans l’UV. En outre, contrairement au cas des mammifères, on a montré chez les oiseaux la présence de gouttelettes d’huile colorées par des pigments caroténoïdes qui jouent le rôle de filtres. Les domaines de sensibilité des photorécepteurs sont ainsi rendus plus étroits et le chevauchement entre ces domaines est réduit, ce qui augmente le nombre de couleurs discernables.3 La figure 2 en donne une illustration avec le pigeon. Son domaine de vision s’étend de 300 à 700 nanomètres (Fig. 2). Ce banal volatile voit donc en couleurs bien mieux que nous !
Fig. 2. Sensibilités spectrales relatives des cônes de l’être humain (trichromate) et du pigeon (tétrachromate). © Bernard Valeur
Les invertébrés : tri- ou tétrachromates1
La plupart des invertébrés sont trichromates ou tétrachromates, avec souvent un photorécepteur sensible dans l’UV. Par exemple, l’abeille est trichromate : ses yeux sont sensibles aux longueurs d’ondes s’étendant de l’ultraviolet au jaune, mais pas au-delà (Fig. 3). L’abeille n’est donc pas sensible aux longueurs d’onde correspondant au rouge et si elle est attirée par les coquelicots, c’est parce que ces fleurs réfléchissent les UV qu’elles perçoivent.
Fig. 3. Sensibilités spectrales relatives des photorécepteurs de l’abeille. (Crédit photo : USG Bee Inventory and Monitoring Lab / Wikimedia commons). © Bernard Valeur
Certaines libellules, mouches et papillons possèdent cinq types de photorécepteurs, mais leur vision n’est pas pour autant pentachromatique. Aucun animal n’est en effet connu pour utiliser plus de quatre types de photorécepteurs en même temps. Les papillons machaons, quant à eux, possèdent huit types de photorécepteurs mais en fait, ils sont tétrachromates lorsqu’ils prospectent des fleurs pour se nourrir, tandis que la femelle est dichromate lorsqu’elle cherche une plante pour déposer ses œufs.
Quel que soit le nombre de types de photorécepteur que possède l’organe visuel d’un animal, et quelle que soit la façon dont les informations issues des photorécepteurs sont traitées par le cerveau, une question vient naturellement à l’esprit : à quoi cela sert-il à un animal de voir en couleurs ? Vaste question qui méritera une attention particulière.
Les chats apprécient les humains bien plus qu’on ne le pense
« Les chiens ont des maîtres, les chats ont des serviteurs ». Cette citation de l’auteur américain Dave Barry exprime particulièrement bien le ressenti qu’ont de nombreuses personnes sur les chats domestiques (Felis silvestris catus). « La croyance commune veut que les chats ne soient pas des animaux particulièrement sociables » avouent trois chercheuses américaines qui ont tenté de rétablir la vérité concernant ces petits félins. D’après leur article scientifique, qui sera publié dans la revue Behavioural Processes et qui est disponible en ligne depuis le 24 mars 2017, ces animaux sont en réalité bien différent de l’image de l’être ingrat et solitaire qui leur colle aux poils.
Entre nourriture et humain, le coeur du chat ne balance pas tant que ça
Les scientifiques ont étudié le comportement d’une trentaine de chats provenant de refuges ou de familles. Elles ont soumis tous les félins à quatre catégories de stimuli : une interaction avec un humain, de la nourriture, un jouet ou une odeur. Ensuite, les chercheuses ont mesuré le temps passé à interagir avec chaque stimulus pour tous les animaux. Lors d’une session finale, tous les stimuli ont été rassemblés dans une même pièce afin de voir lequel obtenait la préférence du chat.
Si les scientifiques ont noté de nombreuses variations d’un animal à l’autre suivant sa personnalité, les résultats montrent que la grande majorité des chats s’est dirigée vers l’humain, avant même de s’approcher de la nourriture. 50 % de tous les félins étudiés ont préféré s’approcher et interagir avec une personne alors qu’ils pouvaient accéder à de la nourriture, un jouet ou à une odeur.
Jeux, morceaux de thon et herbe à chat
Mais les chercheuses ne se sont pas limités à ce résultat : elles ont également analysé les variations de préférence pour chaque stimulus. Ainsi, les expérimentations menées dans la catégorie « interaction avec un humain » ont prouvé que les chats préfèrent jouer avec une personne plutôt que de l’écouter parler. Cependant, les chercheuses n’ont pas noté de préférence entre le jeu et les caresses.
Concernant la nourriture, ces animaux préfèrent en majorité (et sans réellement de surprise) manger de vrais morceaux de thon ou de poulet que de la nourriture aromatisée. Sinon, il semblerait que les jeux mobiles aient la côte chez nos amis félins. Ces derniers les préfèrent largement aux souris en peluche ou aux jouets munis d’une plume. Enfin, inutile de présenter l’odeur d’un congénère ou d’une gerbille lorsqu’un matou dispose d’herbe à chat : l’odeur de ces végétaux attire ces félins comme aucune autre.
Aider la recherche et améliorer le bien-être des chats en refuges
Mais pourquoi donc mener une étude si poussée sur les préférences des chats ? Pour les scientifiques, savoir ce qui les intéresse est avant tout un avantage pour la recherche.
En effet, l’utilisation du bon élément peut fournir à un animal la motivation nécessaire pour qu’il adopte le bon comportement lors d’une expérience, comme par exemple les chiens qui ont été dressés à rester couchés et immobiles pendant un scanner pour que des scientifiques puissent mesurer leur activité cérébrale. Mais les résultats de cette recherche peuvent également permettre d’enrichir plus efficacement le quotidien des chats présents dans les refuges notamment en leur permettant d’interagir plus régulièrement avec des humains.
Mon chat pense-t-il ?
Les chimpanzés peuvent fabriquer des outils et se regarder dans un miroir, certaines femelles s’accrochent des plantes au cou pour s’embellir. Ces animaux sont capables d’empathie et sensibles à la mort des leurs mais aussi de tromperie…! Où se situe la frontière entre humains et non-humains ? Qu’est ce qui sépare l’homo-sapiens des autres primates et des autres animaux ? La pensée ?
“Kador”, Binet, Fluide glacial, 1978.
Quelle est la nature de la pensée ? Quels sont ses liens avec le langage ? Faut-il savoir parler pour pouvoir penser ? Qu’est-ce qui nous différencie de l’animal ? La conscience ? La morale ? Le langage ? La culture ? L’intentionnalité ? La formation de concepts ? Les tabous ? La sagesse ?
Notre rapport à l’animal dépend aussi de notre culture : chez les Grecs anciens, l’homme devait s’abstenir d’en manger puisqu’il s’agit d’êtres rationnels, chez les Vezo à Madagascar, la frontière homme-animal est fluctuante et dépend du contexte.
“Dis-moi comment tu penses l’animal et je te dirais comment tu penses l’homme et la société”
Pour en savoir plus :
• Articles :
“Et si le lion pouvait parler… Enquêtes sur l’esprit animal”, Gérard Lenclud, Terrain n°34, Les animaux pensent-ils ? (texte intégral).
“L’animal intentionnel”, Joëlle Proust, Terrain n°34, Les animaux pensent-ils ?
“Techniques du corps et traditions chimpanzières” Frédéric Joulian, Terrain n°34, Les animaux pensent-ils ? (texte intégral).
“Les gens ressemblent-ils aux poulets ? Penser la frontière homme-animal à Madagascar”, Rita Astuti, Terrain n°34, Les animaux pensent-ils ? (texte intégral).
“Raison humaine et intelligence animale dans la philosophie grecque”, Jean-Louis Labarrière, Terrain n°34, Les animaux pensent-ils ? (texte intégral).
• Sites et Blogs :
sur la sensibilité des animaux, l’interview de de Waals dans Libé, la déclaration universelle des droits de l’animal.