Les renards mangent bel et bien des chats, c’est désormais attesté par la science. Et plutôt des chatons, même. Si cela peut nous paraître choquant de prime abord (mais pour quelle raison, finalement?), ce n’est en fait pas vraiment une surprise. « Il semble bien qu’à la campagne, tout le monde soit au courant », note Emiliano Mori, chercheur au département des Sciences naturelles de l’université de Sienne qui vient de publier une étude sur le sujet dans la revue Mammalian Biology. « Pourtant, lorsque j’ai épluché la littérature scientifique, je n’ai quasiment rien trouvé sur le sujet », raconte-t-il. Tout juste quelques références à de possibles chats écrasés dévorés de façon opportuniste.
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Pour en avoir le coeur net, le chercheur italien a ramassé 200 crottes de renards autour des villages de Prata et de Massa Marittima, dans le sud de la Toscane, avec l’aide d’un collègue de l’université de Vérone, Davide Sogliani. « Ces excréments ont une forme et une odeur caractéristique », précise Emiliano Mori. Les deux comparses ont effectué leurs relevés sur une année complète, entre juillet 2016 et juillet 2017, toujours sur les mêmes chemins. Ils disposent ainsi d’un échantillonnage représentatif permettant d’étudier les variations saisonnières du régime alimentaire d’une population a priori homogène de renards.
« Nous avons retrouvé des poils et des griffes de chats tout au long de l’année, mais avec une augmentation très nette à l’automne et pendant l’hiver », détaille le chercheur. À tel point que le chat devient même la principale ressource alimentaire des renards durant les mois les plus froids: ils représentent alors plus d’un tiers du menu! Les renards se rabattent apparemment sur cette nourriture lorsque les fruits, qui constituent l’essentiel de son régime pendant la saison chaude, viennent à manquer. Les renards se nourrissent principalement de chatons, probablement parce que ces derniers manquent d’expérience et sont faciles à chasser, précisent les auteurs.
Table des matières
- Les chats errants
- fAUNE Les renards aiment manger des chatons en hiver
- Que faire si vous croisez un renard en vadrouille dans Strasbourg (ou ailleurs) ?
- Pourquoi le renard se balade dans la ville ?
- Est-ce que les renards vont nous envahir ?
- Un renard, ça transmet la rage, non ?
- C’est méchant, un renard ?
- Un renard s’est installé dans mon jardin : comment le faire partir ?
- Et si la présence du renard ne me dérange pas ?
- Mes enfants adorent ce renard : est-ce que je peux l’adopter ?
- Les renards représentent-ils un danger pour mon chat?
Les chats errants
Les animaux tués n’appartenaient a priori à personne. « Les habitants n’ont pas rapporté de disparition de chat ou de chaton dans la zone pendant la période d’étude », souligne Emiliano Mori. « Nous savons que les chats d’un propriétaire décédé en 2013 sont retournés à l’état sauvage, formant une petite colonie. Nous pensons que ce sont eux qui sont victimes des renards. Cela expliquerait d’ailleurs pourquoi celle-ci ne semble pas s’agrandir. » Dans ce contexte, la prédation par les renards serait plutôt bénéfique sur le plan écologique: les chats errants sont en effet de redoutables chasseurs et de grands exterminateurs d’oiseaux…
Est-il possible d’étendre les résultats de cette étude à d’autres zones géographiques ou aux régions plus urbaines? Comme souvent, la plus grande prudence s’impose. La situation étudiée est peut-être très particulière. Selon les chercheurs, le danger que représentent les renards pour les chats domestiques reste a priori très limité en ville ou dans les zones périurbaines. Notamment parce que les renards sont des chasseurs nocturnes et que nos compagnons ont tendance à rentrer chez eux la nuit. Ou tout du moins à ne pas s’aventurer dans les bois où ils pourraient constituer un repas de choix.
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fAUNE Les renards aiment manger des chatons en hiver
Les renards mangent-ils vraiment des chats? Beaucoup le disent, mais un chercheur en sciences naturelles à l’Université de Sienne n’en a trouvé aucune trace dans les études scientifiques. Il a donc décidé d’aller s’en rendre compte par lui-même. Accompagné par un collègue de l’Université de Vérone, les deux hommes ont ramassé des crottes de renard entre juillet 2016 et juillet 2017 près des villages de Prata et de Massa Marittima, dans le sud de la Toscane.
Ils ont publié l’analyse de ce qu’ils ont trouvé dans quelques 200 excréments dans la revue « Mammalian Biology ». Ceux-ci contenaient des griffes et des poils de chats durant toute l’année, mais avec une très forte augmentation en automne et en hiver. A tel point que les chats, et surtout les chatons, constituent un tiers du menu des renards durant ces périodes. Pour les deux scientifiques, ils sont une alternative aux fruits, aliment prisé par les renards, lorsque ceux-ci viennent à manquer. Quant aux chatons, ils sont certainement plus faciles à attraper que des chats adultes.
Pas des chats domestiques
Les renards de la région ne semblent toutefois pas s’être attaqués à des animaux domestiques, car aucune disparition de chat n’a été signalée. Selon les deux scientifiques, il pourrait bien s’agir d’un groupe de félins retournés à l’état sauvage après la mort de leur propriétaire en 2013 et qui ont formé une petite colonie. Et si celle-ci ne semble pas s’agrandir, c’est certainement parce que les renards servent de régulateurs à cette population.
Si le renard est donc bien capable d’attraper, de tuer et de manger un chat, (tout du moins un chaton), les deux scientifiques se montrent prudents quant à une généralisation de cette pratique. Cela concerne peut-être particulièrement cette région où ces prédateurs ont trouvé une opportunité. En ville et aux alentours, le risque est bien moindre qu’un chat se fasse croquer par un renard. Déjà parce que le renard chasse la nuit, alors que le chat sort moins souvent à ce moment et généralement sans s’aventurer trop loin. Il n’y a donc pas trop d’inquiétude à se faire pour vos chatons.
Que faire si vous croisez un renard en vadrouille dans Strasbourg (ou ailleurs) ?
Il avait un peu d’avance pour la rentrée des classes… Un renard roux (vulpes vulpes, pour son nom scientifique) a été filmé devant le lycée Kléber de Strasbourg, dans la soirée du dimanche 5 août. Un événement plus courant qu’on pourrait ne le penser. « Les Strasbourgeois sont très surpris quand ils voient un renard… alors que c’est tout à fait normal! » nous confirme le service Médiation faune sauvage (MFS) de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Lequel a éclairé notre lanterne: il est possible de le contacter au 03 88 22 07 35 ou par courriel ([email protected]) si vous avez la moindre question à propos du renard (ou de toute autre animal sauvage).
Pourquoi le renard se balade dans la ville ?
Strasbourg n’usurpe pas son appellation de ville verte. Parmi ses espaces verts figurent les parcs de la Citadelle, de l’Orangerie, ou de Pourtalès, mais aussi les forêts du Neuhof et de la Robertsau. Et qu’est-ce qui vit dans la forêt? Le renard. La ville est contigüe à son espace naturel.
Or, le goupil est une espèce opportuniste, et adapte son alimentation selon l’environnement où il se trouve. Et Strasbourg regorge de poubelles et de rats (vous n’en avez jamais vu sur les quais de l’Ill?). Nous ne sommes pas en train de dire à monsieur le maire que sa ville est un dépotoir: c’est comme ça pour toute grande ville européenne. Et pour un renard, tout cela équivaut à un buffet à volonté: rien d’étonnant à ce qu’il s’y balade. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que l’on trouve énormément de renards à Londres: nos collègues de France 3 Bourgogne y ont consacré un documentaire.
Est-ce que les renards vont nous envahir ?
Un renard s’établit là où il y a de la place, et là où il y a à manger. Si l’un ou l’autre vient à manquer, le renard part tenter sa chance ailleurs. Il y a donc peu de risque de se retrouver face à une horde de goupils au cours d’une paisible balade à l’Orangerie. Dans tous les cas, après leur naissance en mars, les renardeaux quittent leur mère à la fin de l’été et partent coloniser leur propre territoire. On est loin de la surpopulation.
Un renard, ça transmet la rage, non ?
Il n’y a pas eu de cas de rage attrapée en France métropolitaine depuis 1924. La Protection suisse des animaux (PSA) précise que le renard ne doit plus être vu comme un vecteur de la rage. Il est impossible de croiser un renard enragé, car tous ont été vaccinés. Vous ne risquez donc pas d’attraper la rage, ni de vous faire mordre. Sauf si vous le provoquez…
Lutter contre l’échinococcose alvéolaire by Vincent Ballester on Scribd
Par contre, là où le renard peut poser problème, c’est au niveau de l’échinococcose alvéolaire. Kézako? Pour simplifier, il s’agit d’une maladie parasitaire transmise au renard par les rongeurs lui servant de proies. Transmise à l’être humain, cette maladie attaque le foie dans les derniers stades de son évolution. Mais pour que transmission il y ait, il faut que les déjections du renard aient éventuellement souillé les légumes de votre potager (ou vos champignons, etc.). Si tel est le cas, il suffit de bien laver lesdits légumes (comme vous le feriez habituellement, de toute manière), et/ou de cuire ce que vous ramassez à plus de 60°C. À noter que les animaux domestiques non vermifugés peuvent également transmettre cette maladie.
C’est méchant, un renard ?
Le renard est généralement peu craintif envers l’être humain. Il peut même s’habituer à sa présence. C’est d’autant plus le cas pour les (adorables) renardeaux, qui peuvent se comporter comme des chiots. Si vous n’essayez pas de l’attraper pour lui faire un câlin une caresse, le renard ne vous fera rien. Oui, il faut vous retenir, même si c’est très mignon. Il se peut aussi que votre chat, s’il a l’habitude de sortir seul, croise un renard. Pas d’inquiétude. L’agressivité des chats est réputée plus élevée que celle du renard. On a même déjà vu des chats et des renards partager la même gamelle… Par contre, si votre chat est très vieux ou malade, évitez de le laisser sortir. Quant au chien, évitez qu’il ne se jette sur le renard, afin que ce dernier ne transmette pas la gale à votre compagnon canin.
Un renard s’est installé dans mon jardin : comment le faire partir ?
Si un renard s’installe chez vous (enfin, dans votre jardin), c’est que quelque chose l’y a attiré. Par exemple, l’appétissante gamelle de votre chien, des chaussures ou des outils de jardinage (vus comme des jouets par le facétieux goupil), ou des sacs poubelles à l’air libre. Pour éviter que le renard ne s’installe chez vous en retournant vos parterres de magnifiques pensées, déchirant vos sacs poubelles, et poussant des cris suraigus lors de la saison des amours vous pouvez:
- éviter dans votre compost les aliments carnés, céréaliers, laitiers, et plus généralement cuits
- mettre vos sacs poubelles dans une poubelle
- ne pas laisser à manger dans l’écuelle de votre compagnon canin ou félin
- ramasser les fruits tombés des arbres (les renards sont omnivores)
- ranger tout ce qui traîne dans le jardin
« Tu ne vas quand même pas me chasser de ton jardin? » / © B. Lamm, MaxPPP Si le renard a déjà élu domicile dans votre jardin, faites simplement du bruit quand vous le voyez. Cela l’effrayera, il détalera, et il évitera à l’avenir d’approcher les êtres humains. Une autre option possible… est de l’asperger avec votre tuyau d’arrosage ou un seau d’eau. Un peu vilain, mais efficace.
Et si la présence du renard ne me dérange pas ?
Tant mieux! Le renard régule certaines populations d’animaux nuisibles: il est donc utile. Il se pourrait même qu’il permette de lutter contre la maladie de Lyme. Les jardins qui attirent le goupil sont aussi des habitats idéaux pour les hérissons ou une quantité d’oiseaux, de quoi passer des heures le nez collé contre la fenêtre de son jardin.Observer un renard est toujours intéressant, et captive les enfants (et les grands enfants, comme l’auteur de cet article). Une famille de renards s’était même installée sous une école strasbourgeoise, pour le plus grand bonheur des élèves. Mais il faut éviter d’approcher le renard: c’est comme au magasin, on touche avec les yeux!
Mes enfants adorent ce renard : est-ce que je peux l’adopter ?
Désolé, mais la réponse est non. Un grand non. Certes, le renard est un cousin du chien (tous deux sont des canidés). Mais le renard est, et doit rester, un animal sauvage. Il n’est pas question de (trop) l’approcher, ou pire, de vouloir le nourrir/l’apprivoiser. Les histoires de renards apprivoisés finissent (presque) toujours mal. Désolé si ça vous fend le cœur et que vous aviez toujours rêvé d’un renard comme compagnon.
Pour l’anecdote, la domestication du renard a été tentée en Russie. L’expérience a commencé en 1957, et se poursuit encore de nos jours. Mais elle pourrait péricliter, faute de moyens…
Il faut protéger le renard by Vincent Ballester on Scribd
Les renards représentent-ils un danger pour mon chat?
Les renards ne représentent pas un danger pour un chat adulte en bonne santé. Le renard nest pas beaucoup plus grand quun chat et il nest que légèrement plus lourd avec ses 5 à 7 kilos. De plus, les chats possèdent des dents aiguës et des griffes acérées pour se défendre.
Rencontres entre chats et renards
Des observations effectuées au cours des recherches qui ont eu lieu dans les villes de Zurich et Genève ont montré que durant la nuit il y a régulièrement des rencontres entre renard et chat. Celles-ci nont généralement aucune conséquence. Souvent, les animaux sobservent simplement. Il peut arriver quun renard hardi vienne titiller un chat par jeu ou quun chat mette en fuite un renard en feulant et en faisant le gros dos.
Il nexiste aucune preuve dattaque de renards sur des chats. Les analyses de contenus stomacaux effectuées à Zurich ont à quelques rares reprises mis en évidence la présence de restes de chats. Mais comme les renards sont des généralistes et quils sont également charognards, il peut arriver quils consomment des chats tués dans des accidents de circulation.
Les jeunes chats sont moins en état de se défendre et il peut arriver dans de rares cas quils soient capturés par un renard.
- Soyez attentifs à ce que vos chatons passent leur nuit à lintérieur.
Questions connexes
Le nombre de renards augmente en Wallonie. Danger pour l’homme, concurrent des chasseurs… le renard est loin d’être le bienvenu.
Mangeur de poules, éventreur de poubelles, prédateur opportuniste… le renard n’a pas bonne réputation. D’autant plus que sa population ne cesse de croître en Wallonie depuis des années, selon des statistiques de tir fournies par les conseils cynégétiques.
Ainsi, la moyenne des prélèvements par les chasseurs était de 2 renards par 100 hectares en 2006. En 2011, ces prélèvements atteignaient une moyenne de 2,7 renards.
» La population de ces canidés en Wallonie a évolué, tant en quantité qu’en dispersion sur le territoire, explique Benoît Petit, président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique, association de défense et de promotion de la chasse. Avant, ils n’occupaient que les régions boisées, maintenant ils sont partout et notamment dans les centres urbains où ils trouvent beaucoup de nourriture. «
Ainsi, la faculté du renard à s’adapter à l’homme et aux nouveaux habitats explique en partie cette prolifération.
Autant de prédateurs que de proies
Benoît Petit pointe du doigt une situation devenue dès lors inégale sur les terrains de chasse.
« Aujourd’hui, ces prédateurs sont aussi nombreux que certaines de leurs proies. On prélève ainsi 2 renards et 2 lièvres par 100 hectares. «
L’association de chasseurs estime que leur prolifération est néfaste pour la petite faune de plaine comme l’alouette, la perdrix, le lapin ou le lièvre.
» Ces renards, combinés aux nouvelles pratiques agricoles, découragent les chasseurs qui se désintéressent petit à petit de la plaine « , soupire Benoît Petit.
La solution? Élargir la période de tir en journée, selon le Royal Saint-Hubert Club. Aujourd’hui, le renard n’est pas une espèce protégée, sauf à Bruxelles où sa chasse est interdite.
Ailleurs, l’animal peut être tiré toute l’année, depuis une heure avant le lever du soleil jusqu’à une heure après son coucher.
» Un dératisateur gratuit «
L’association Connaissance et protection de la nature du Brabant (CPN) minimise cette prolifération. « Les renards ne sont pas trop nombreux. Je crains que les chiffres avancés ne soient faussés par les chasseurs pour pousser à l’éradication des renardsqui les gênent « , déclare Denis Salmon.
Or, selon le président du CPN, les renards ne se nourrissent essentiellement que de rongeurs (6 000 à 10 000 par an). Quand ils s’attaquent au petit gibier, proie des chasseurs, ce sont souvent des animaux malades ou faibles, d’après Denis Salmon.
» Le renard a son rôle à jouer et il faut le préserver. Il protège les cultures en tuant les petits rongeurs. C’est un dératisateur gratuit « , ajoute le président.
De plus, « allonger les périodes de chasse est dangereux pour l’espèce. Les chasseurs risquent de toucher des renardes. Et au lieu d’un animal, ils en tueront six « , conclut-il.
Un animal dangereux pour l’homme ?
Si, a priori, le renard n’est pas un animal dangereux pour l’homme, il est tout de même porteur d’une maladie parasitaire appelée l’échinococcose qui, transmise à l’humain, peut avoir de graves conséquences et même être fatale dans certains cas.
Dès lors, l’augmentation du nombre de renards en Wallonie depuis quelques années pose-t-elle un problème de santé publique ?
Si les cas de contamination sont rares chez nous, des précautions restent de mise. « Le danger est là. Or, nous ne pouvons pas tuer tous les renards. La solution, c’est la prévention « , assure le SPF Santé publique. Ainsi, il est important de ne pas toucher les renards morts ou malades, sauf avec des gants. Il est déconseillé de manger des fruits sauvages dans les régions susceptibles de contenir des animaux infestés. Tout comme les légumes des jardins potentiellement exposés. En effet, la contamination se fait souvent par ingestion des œufs du parasite, par exemple en mangeant des fruits sur lesquels le renard a uriné. Cependant, une cuisson à 60 °C pendant 10 minutes suffira à les détruire.